Abbaye des Dunes
L'abbaye des Dunes (ou abbaye Notre-Dame-des-Dunes) est une abbaye ayant existé entre 1127 et 1796.
Ancienne abbaye des Dunes | |||
Ruines de l'abbaye des Dunes | |||
Présentation | |||
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Nom local | Abdij Onze-Lieve-Vrouw Ten Duinen | ||
Culte | Catholicisme | ||
Type | Ermitage en 1107 Abbaye en 1127 |
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Rattachement | Ordre bénédictin en 1127 Ordre cistercien en 1138 |
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Début de la construction | 1107 | ||
Fin des travaux | Supprimée en 1796 | ||
Autres campagnes de travaux | Bâtiments de l'actuel séminaire de 1623 à 1628 | ||
Site web | www.tenduinen.be | ||
Géographie | |||
Pays | Belgique | ||
Région | Région flamande | ||
Département | Province de Flandre-Occidentale | ||
Ville | Coxyde au XIIe siècle Bruges au XVIIe siècle |
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Coordonnées | 51° 06′ 34″ nord, 2° 37′ 50″ est(Coxyde) | ||
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Flandre-Occidentale
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Il s'agit d'abord d'un ermitage établi au milieu des dunes, à Coxyde, en Belgique, en 1107. Au XIIe siècle, l'ermitage est élevé au rang d'abbaye, s'adjoint une chapelle et des bâtiments plus solides, puis est affilié à l’ordre de Cîteaux.
L'abbaye eut un grand prestige au XIIIe siècle, mais des crises financières, des inondations, les guerres, le relâchement de la discipline et la diminution des vocations provoquèrent son déclin. La communauté s'est réduite et n'a pu empêcher l’envahissement progressif des bâtiments par le sable.
Au XVIe siècle, les iconoclastes calvinistes puis les Gueux de mer vandalisent l'abbaye, qui est finalement incendiée et les moines dispersés. Début XVIIe siècle, l’abbé mettra en chantier la construction d’un nouveau monastère, puis son successeur décide du transfert de l’abbaye à Bruges. Le traité de Münster qui reconnait l’indépendance des Pays-Bas septentrionaux porte un coup dur à l’abbaye qui perd un grand nombre de possessions en Zélande et voit ses dettes s’accumuler.
L'abbaye est supprimée en 1796 par l’autorité révolutionnaire française, ses biens confisqués, et les moines sont expulsés. Au XIXe siècle, après avoir servi comme école centrale du département de la Lys, lycée impérial puis hôpital militaire, les bâtiments de l’abbaye des Dunes à Bruges sont occupés par le Grand séminaire du diocèse de Bruges.
En 1949, les vestiges de l'abbaye de Coxyde ont été exhumés, et l'ancien domaine abbatial forme aujourd'hui un musée en plein air réunissant les ruines recouvrées.
Situation géographique
L’abbaye des Dunes était située à Coxyde près de Furnes, en Belgique, en Flandre-Occidentale, depuis sa fondation, en 1107, au milieu de dunes sauvages dans une région peu habitée comportant quelques huttes et une petite chapelle, puis fut transférée à Bruges au XVIIe siècle.
Origine
En 1107, un ermite bénédictin, Ligier, et ses disciples, installent un ermitage dans une région peu habitée de la Flandre-Occidentale. Selon Émile Poumon[1], un monastère bénédictin présent à cet endroit est élevé au rang d'abbaye par l’évêque Jean Ier de Warneton dès 1122, sous le nom de Sainte-Marie-des-Dunes.
En 1127, l’abbé Foulques, successeur de Ligier, construit une chapelle et des bâtiments plus solides. En 1138, le même Foulques demande l’affiliation à l’ordre de Cîteaux, fondé une vingtaine d’années auparavant : en effet, des pourparlers ont lieu à Ypres, avec le frère de saint Bernard, et le de la même année, Foulques visite l’abbaye de Clairvaux, quatrième fille de Cîteaux, soumettant son monastère des Dunes à l’autorité de saint Bernard. Ainsi, Foulques et ses compagnons sont devenus ‘moines cisterciens’.
Développement rapide
Foulques lui-même se démet de sa charge et un proche de saint Bernard, moine à Clairvaux, saint Robert de Bruges est nommé premier abbé de l’abbaye des Dunes pour y établir au mieux les coutumes du nouvel ordre monastique. Comme le veut la Carta Caritatis des cisterciens, saint Bernard, comme abbé de Clairvaux (abbaye-mère), visite l’abbaye des Dunes, en , pour y installer le nouvel abbé. Lorsque, en 1153, Robert de Bruges est appelé à Clairvaux, comme successeur de saint Bernard, Albéron lui succède et peu après, en 1155, saint Idesbald.
Sous l’abbatiat d’Idesbald l’abbaye se développe rapidement et acquiert un grand prestige, autant pour la piété de ses moines (saint Idesbald et dom Bernard Campmans, par exemple[1]) que pour leur érudition (Gilles de Roya, Charles de Visch et Adrien de But, par exemple[1]). Le ménologe de l’abbaye conserve le souvenir de la sainteté de ses abbés et moines de ces temps de pionniers.
XIIIe au XVIe siècle
La construction de l’église abbatiale prend un temps considérable. Elle n'est inaugurée qu’en 1262. Elle était alors - avec une nef et sanctuaire s'étirant sur 115 mètres de long - une des plus grandes églises de Flandres. Il est vrai que plus de 300 moines logent à l’abbaye des Dunes. Les chiffres montent encore au point d'arriver à la fin du XIIIe siècle, à 181 moines et 350 convers. Très vaste, très prospère, l'abbaye étend son rayonnement sur quantités de fermes exploitant, ensemble, environ 10 000 hectares[2] répartis entre Dunkerque et l'embouchure de l'Escaut.
Des crises financières, des inondations, les guerres, le relâchement de la discipline et la diminution des vocations provoquèrent le déclin du monastère : c’est déjà la fin du siècle de grande ferveur. En particulier, la Flandre est sporadiquement engagée dans la guerre de Cent Ans et l’abbaye n’est pas épargnée. L’instabilité s’installe. L’abbaye perd plusieurs de ses fermes (et sources de revenus). La situation est si mauvaise que, en 1453, les moines songent à quitter l’abbaye. La communauté est réduite et ne parvient plus à entreprendre les travaux nécessaires pour empêcher l’envahissement des bâtiments par le sable. La municipalité de Furnes refuse cependant de laisser partir ses moines. Vers 1550, seuls une vingtaine de moines vivent encore à l’abbaye.
Fin de la première abbaye (à Coxyde)
Une première catastrophe survient en 1566 quand les iconoclastes vandalisent l’abbaye. Le mobilier est mis en pièces, la bibliothèque incendiée et les moines chassés de leur abbaye. Les moines sont à peine revenus que les calvinistes prennent le pouvoir dans plusieurs villes importantes des Pays-Bas méridionaux (1577), les Gueux de mer aggravant les détériorations en 1578[2]. L’abbaye est finalement incendiée par des troupes calvinistes, et les moines dispersés.
Selon une légende colportée au XVIIe siècle, une étrange lueur s'élevait la nuit au-dessus des décombres de l'abbaye. Lorsqu'on fouilla le sol, on mit au jour le tombeau de Idesbald des Dunes, son 3e abbé, considéré comme perdu. L'apparition de la lumière fut interprétée comme une manifestation de Dieu pour rendre aux fidèles les restes du saint abbé[3].
L’abbaye des Dunes à Bruges
En 1601, l’abbé Laurent van den Berghe installe ce qui reste de sa communauté dans une des fermes de l’abbaye, à Bogaerde, entre Furnes et La Panne, mettant en chantier la construction d’un nouveau monastère. L'architecte du relèvement est cependant l’abbé Bernard Campmans (1632-1642), qui décide du transfert de l’abbaye des Dunes à Bruges. Selon Émile Poumon[1], le transfert à Bruges s'effectue dès 1622, au quai de la Poterie précisément.
L'abbaye occupe donc le refuge que possédait l’abbaye de Ter Doest, une abbaye-fille des Dunes. Pour marquer la continuité, l’abbaye de Bruges garde le nom de Notre-Dame des Dunes. La bibliothèque est reconstituée avec des livres venant des deux abbayes de Ter Doest et des Dunes. Le traité de Münster (1648) avec la reconnaissance de l’indépendance des Pays-Bas septentrionaux porte un coup dur à l’abbaye qui perd un grand nombre de fermes et possessions en Zélande. Les dettes s’accumulent et l’abbaye ne reprendra plus son essor.
Fin de la seconde abbaye
Le marque l’expulsion des moines de leur abbaye de Bruges. Bâtiments et biens sont confisqués et l'abbaye est supprimée. À cette date, avec l’abbé Maur de Mol, il n’y a plus que 18 moines et 5 frères convers. Les moines prêtres reçoivent des postes de curés ou d’aumônier. L’abbé meurt en Allemagne en 1799. Il semble que, en 1819, les 5 moines encore survivants firent ensemble une visite des ruines de ce qui fut leur ancienne et puissante abbaye. En 1833 s’éteint à Bruges le dernier de ces moines, don Nicolas de Roover.
XIXe et XXe siècles
À sa mort don Nicolas de Roover lègue au diocèse de Bruges ce qui était devenu sa propriété personnelle : les bâtiments de l’abbaye des Dunes à Bruges. Ce qui lui vaut d’y avoir son portrait en une place prééminente, avec l’inscription : « Don Nicolas de Roover, dernier religieux de l’abbaye des Dunes et bienfaiteur insigne du diocèse (de Bruges) ; décédé le ».
Après avoir servi comme école centrale du département de la Lys (1798-1803), lycée impérial (1808-1814) et hôpital militaire, les bâtiments de l’abbaye des Dunes à Bruges sont occupés, à partir de 1833 par le Grand séminaire du diocèse de Bruges[note 1] - [2]. Le l’année académique s’ouvre avec 122 séminaristes. Cela fait donc plus de 175 ans que le séminaire est installé dans les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne.
Personnalités
- Robert de Bruges, premier abbé des Dunes
- Robert de Châtillon, (Neveu de Saint-Bernard de Clairvaux) jusqu'en 1153, rappelé au Gouvernement de Clairvaux à cette date[4].
- Thomas, abbé en 1273, en litige, tranché après arbitrage de tiers, avec la comtesse de Flandre Marguerite de Constantinople, à propos de la possession de terres[5].
- saint Idesbald des Dunes, troisième abbé des Dunes
- Charles de Visch (1596-1666), prieur des Dunes fut un historien de renom.
Aujourd'hui
Vestiges
Les vestiges de l'abbaye de Coxyde, délaissés, ont été recouverts par le sable poussé par les vents du large. En 1949, l'exhumation de ces ruines a été entreprise et, depuis lors, des souvenirs de l'abbaye comme des briques, des colonnettes, des bases de piliers, ont été retrouvés. Il a été possible de dater l'église (1250) détruite par les iconoclastes en 1638[1].
L'ancien domaine abbatial forme aujourd'hui un musée en plein air réunissant les ruines recouvrées. Des trouvailles de tous genres, faites sur les lieux mêmes, occupent les salles d'un conservatoire ou centre muséographique, construit en style traditionnel[6]. À part les collections archéologiques et le parc des ruines, la commune de Coxyde montre la ferme Ten Bogaerde, ancienne dépendance de l'abbaye, et sa vaste grange. Par ailleurs, une chapelle moderne, au hameau de Saint-Idesbald, est dédiée à la mémoire du troisième abbé des Dunes, mort en l'abbaye[6].
Produits dérivés
La St-Idesbald et la Ten Duinen, des bières d'abbaye reconnues, se référant à l'abbaye des Dunes sont produites par la brasserie Huyghe. Elles n'ont aucun lien avec l'abbaye historique.
Patrimoine architectural et culturel
En définitive, les éléments suivants caractérisent l'ancienne abbaye des dunes[1] :
- le grand cloître (daté 1628 env.) est orné de 29 peintures murales de la fin du XVIIe siècle ;
- l'église date de 1775 à 1778 ;
- treize grands portraits d'abbés sont conservés au réfectoire ;
- la bibliothèque monastique contient de nombreuses archives, des manuscrits dont beaucoup rehaussés de miniatures et des reliures précieuses. D'autres manuscrits sont à la bibliothèque communale de Bruges. Sandérus recense 1 025 manuscrits en 1638, et il s'y trouvait plus de 12 000 volumes à la suppression de l'abbaye ;
- il existe un triptyque de Jacob van Oost le Vieux.
Notes et références
Notes
- Selon Joseph Delmelle : « Ces bâtiments ont été édifiés de 1623 à 1628 et gardent maintes reliques de l'ancienne présence des moines : portraits de plusieurs abbés et manuscrits de haute valeur notamment. Toutefois, la majeure partie de la bibliothèque abbatiale se trouve à la Bibliothèque communale de Bruges, place Van Eyck ».
Références
- Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Bruxelles, 1954, p. 72-73.
- Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages en Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, p. 31.
- Raymond de Bertrand, Notice sur Zuydcoote, Dunkerque, Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, (lire en ligne), p. 44
- Derache [] Abbaye de Noirlac, Congrès archéologique de France (1932) page 175
- Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome V, année 1273
- Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages en Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, p. 32.