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Abbaye de Lisle-en-Barrois

L'abbaye de Lisle, dans le département de la Meuse (France) a été fondé vers 1140 par Ulrich de Lisle qui lui a donné son nom.

Abbaye de Lisle
Image illustrative de l’article Abbaye de Lisle-en-Barrois
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattachement Diocèse de Verdun
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIe siècle
Style dominant Ogival
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Lorraine
DĂ©partement Meuse
Ville Lisle-en-Barrois
CoordonnĂ©es 48° 53′ 43″ nord, 5° 07′ 34″ est
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Abbaye de Lisle
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Abbaye de Lisle
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Abbaye de Lisle

Fondation

L'abbaye est fondĂ©e vers 1140 par Ulrich de Lisle et son Ă©pouse Mathilde, qui donnèrent leurs terres et maisons des Anglecourts (Ă  Courcelles-sur-Aire) Ă  l'abbĂ© Eustache de Montiers-en-Argonne. Ce dernier s'y Ă©tablit avec huit chanoines qui y Ă©difièrent une Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  Notre-Dame. En 1143, AlbĂ©ron de Chiny (46e Ă©vĂŞque de Verdun), exempta cette abbaye de toutes redevances. Le pape Lucius III confirma cette exemption par une bulle spĂ©ciale en 1144. Dès 1150, les Cisterciens de Saint-BenoĂ®t-en-WoĂ«vre vinrent remplacer les chanoines de Montiers aux Anglecourts. Vers 1160, en souvenir du premier fondateur, quelques religieux essaimèrent des Anglecourts pour s'Ă©tablir Ă  Lisle au lieu-dit « Melche Â», dans la vallĂ©e de la Melche.

Avec les donations que Rainiers d'Aspremont et Elvide, son épouse, firent à Albert de Mercy (47e évêque de Verdun) des droits de pâture sur Rembercourt, Mondrecourt et Seraucourt, les moines construisirent, près de leur monastère de Lisle, leur église abbatiale à l'honneur de Notre-Dame.L'abbaye de Lisle devint vite très puissante et très riche. De nombreuses bulles d'exemption et de protection lui furent accordées, entre autres par les papes Alexandre III, Lucius III, Innocent III, Innocent IV, Urbain IV et Léon X. Par lettres patentes de 1263, Thibaut, comte de Bar, lui assura protection.

En 1609, l'abbé de Lisle jouissait de la haute, moyenne et basse justice sur ses terres (pouillé de Verdun tome II, p.748).

Architecture

L’église abbatiale de style ogival du XIIe siècle avait un transept doublé d'un collatéral surbaissé, en encadrant l'autel abbatial de quatre autels mineurs comme Rembercourt. En 1936, on voyait encore dans le mur d'enceinte de la propriété Collet, des pierres faites de tronçons de colonnes jumelées très fines. Consacrée en 1202, cette église avait subi une sérieuse réfection en 1744.

Plan de l'abbatiale et des bâtiments monastiques

D'après Dom Guyton, voici comment se présentait l'église abbatiale de Lisle en 1744 : « Elle est fort belle, longue, beau sanctuaire, beau chœur, nouveau ; la couverture en thuiles creuses posait sur la voûte immédiatement, c’est ce qui, à la suite des temps, a surchargé la voûte et fait écarter les murailles et met en danger ladite église. On y remédie actuellement et on fait une charpente pour recevoir les thuiles. La sacristie est de plain-pied, fort mignone, nouvelle, a trois autels fort propres. Le chapitre a deux piliers. Du cloître, on monte à l’église par onze marches. » Une tour carrée à galerie ornait l’entrée de l’église Notre-Dame, à droite. Elle contenait quatre grosses cloches et quatre petites, donnant une bonne, forte et harmonieuse sonnerie. Cette tour était bien ouvragée, haute et coiffée d’un clocher en bois de très belle allure.

L’église abbatiale était bâtie dans le grand pré qui borde à l’est l’ancienne cour d’honneur du monastère.

Liste des abbés

Les armoiries de l'abbaye étaient d'azur au pal d'or coupé d'argent.

L'abbaye fut gouvernée par 41 abbés, dont les noms sont consignés sur le pouillé de Verdun.

  • Jean Ier, premier inscrit au registre.
  • Hugues, qui transfĂ©ra le monastère des Anglecourts Ă  Lisle, vers 1162. Il est mort en 1170.
  • Gonthier, qui souscrivit d'importantes chartes en 1175, 1183 et 1190.
  • Arnulphe Ă©tait abbĂ© de Lisle en 1197, 1198 et en 1201.
  • Jeoffroy, qui acheta une mĂ©tairie Ă  Aracost, en 1202.
  • Jean II gouvernait l'abbaye en 1226.
  • GĂ©rard, qui en 1234, signa un acte d'accord avec l'abbĂ© de Saint-Paul de Verdun concernant quelques terres laissĂ©es en cens, au bĂ©nĂ©fice de l'abbaye verdunoise.
  • Galon, en 1235.
  • Philippe, en 1245, d'après Dom Calmet.
  • Pierre, en 1250.
  • Nicolas Ier, qui signa en , les lettres de protections accordĂ©es aux religieux de Lisle par ThiĂ©baut, comte de Bar. En 1279, cet abbĂ© affranchit Deuxnouds Ă  la loi de Beaumont.
  • Jean III de Xammes, vers 1286.
  • Philippe, qui fut inhumĂ© au chapitre en 1309.
  • Jean IV de Mussey, abbĂ© en 1314 jusqu'en 1320.
  • Nicolas II signa divers actes de 1321 Ă  1327.
  • Jacques, qui signa un accord entre Édouard, comte de Bar, et Jean d'AutrĂ©court, en .
  • Jean V de Revigny, qui signa divers actes en 1339, 1348. Il mourut en 1350.
  • Etienne, qui abdiqua la crosse abbatiale en 1352. Il fut inhumĂ© au chapitre en 1354.
  • Jeoffroy, qui fit inventorier devant l'official de Toul les diplĂ´mes et chartes de son abbaye en 1335.
  • Jean VI de Xammes Ă©tait abbĂ© en 1362, 1364 et 1367. Il fut inhumĂ© dans le cloĂ®tre, près de la porte de l'Ă©glise Notre-Dame.
  • AndrĂ© de Fresne, dont on trouve mention en divers actes datĂ©s de 1367 Ă  1392, annĂ©e de sa mort.
  • ThiĂ©bauld, abbĂ© vers 1392 jusqu'en 1417. Sa tombe Ă©tait au chapitre.
  • Michel de Villette souscrivit diffĂ©rents actes durant les annĂ©es 1441, 1446 et 1453.
  • Nicolas III de Marat, dĂ©signĂ© au cartulaire de Lisle sous les noms de Nicolas Lalias et Nicolas de Maraul. Ce moine Ă©tait abbĂ© en 1460. Il dĂ©posa la dignitĂ© abbatiale en 1495 et mourut en 1501, âgĂ© de 86 ans. Sa sĂ©pulture Ă©tait dans la salle du chapitre.
  • Jean Morel prit la crosse abbatiale en 1495. Il mourut en 1507. Ses moines l'inhumèrent au chapitre oĂą on voyait son Ă©pitaphe funĂ©raire.
  • SĂ©bastien Boban, qui semble ĂŞtre originaire de Rembercourt, fut Ă©lu rĂ©gulièrement en 1507 et confirmĂ© dans sa dignitĂ© le . Il dĂ©cĂ©da en 1513.
  • Dominique Xaubourel, Ă©lu en 1513, fut inhumĂ© au chapitre en 1519.
  • Nicolas IV Musnier, Ă©lu le . Il se dĂ©mit de sa charge en faveur de son neveu en 1532. Il mourut en 1537.
  • Jean VII Musnier, appelĂ© Ă  la dignitĂ© abbatiale par une bulle du pape ClĂ©ment VII, en date du 7e jour des calendes d'. Il continua la construction de la haute tour de l'Ă©glise abbatiale commencĂ©e par son prĂ©dĂ©cesseur. Il mourut le .
  • Louvent LĂ©cossois, Ă©lu en 1558, confirmĂ© en sa dignitĂ© par l'abbĂ© de CĂ®teaux, le . Mort en 1562, il fut inhumĂ© au chapitre.
  • Didier Ier Cabouillet, docteur en la FacultĂ© de Paris, fut Ă©lu en 1562. Il assista impuissant au sac et Ă  l'incendie de son abbaye par les Huguenots, en 1567. EmmenĂ© par les hĂ©rĂ©tiques au château de Dieulouard, il fut mis Ă  mort en 1568. Son corps, ramenĂ© Ă  Lisle, fut inhumĂ© au chapitre.
  • Jean VIII, dit Jallans, Ă©lu en 1558, fit refondre toutes les cloches du monastère. Il mourut en 1578 et son corps fut inhumĂ© au chapitre.
  • Didier II de Florainville, Ă©lu en 1579, il mourut en 1582. Son corps fut inhumĂ© au chapitre.
  • Nicolas V de Michel reçut la bĂ©nĂ©diction abbatiale en 1582. Il se dĂ©mit de sa dignitĂ© en 1594, en faveur du fils de sa sĹ“ur rappelĂ© Ă  Dieu en 1606, il fut inhumĂ© dans la chapelle de Saint-Pierre et de Saint-Paul dans l'Ă©glise abbatiale.
Les armoiries de Didier de Reims :d'or à la fasce de gueules, accompagnée de trois merlettes de sables, deux en chef et une en pointe.
  • Didier III de Reims, prĂ©cĂ©demment chanoine de Saint-Pierre de Bar, succĂ©da Ă  son Oncle. Il fut bĂ©nit abbĂ© en 1606. Dom Didier de Reims Ă©tait le fils de Maistre Didier de Reims, conseiller Ă  la chambre des comptes de Bar, et de Louise de Michel. Il fonda aux Anglecourts la Chapelle Sainte-Barbe en 1621. La statue de cette chapelle est aujourd'hui conservĂ©e dans l'Ă©glise de Courcelles. En 1622, ce prĂ©lat construit Ă  Bar, dans la rue du Coq, le petit couvent des Cisterciens pour la formation des novices. On trouve les armoiries de dom Didier sculptĂ©es aux fonts de baptĂŞme de l'Ă©glise paroissiale de Lisle, qui lui servit de chapelle personnelle. Elle portaient : d'or Ă  la fasce de gueules, accompagnĂ©e de trois merlettes de sables, deux en chef et une en pointe. Dom Didier de Reims mourut Ă  Lisle en 1625 et fut inhumĂ© dans l'Ă©glise abbatiale.

Après la mort de ce moine distingué, l'abbaye tomba en commende et ses riches bénéfices allèrent aux courtisans qui, par faveur royale, prenaient le titre d'abbés commendataires de Lisle. Ces derniers, plus préoccupés de leurs intérêts et de leur vie mondaine, n'eurent aucune influence heureuse sur les religieux exploités et finalement découragés.

En 1661, le traité de Vincennes, entre Louis XIV et Charles IV de Lorraine, attribua les revenus de Lisle à la Primatiale de Nancy. Benoît XIII, en 1726, et Clément XII, en 1731, ratifièrent cette clause du traité de Vincennes, en sorte que le Primat de Nancy devenait l'abbé commendataire de Lisle.

  • Antoine de Sève, aumĂ´nier du roi, prieur de Champdieu et d'Ulnon, nommĂ© abbĂ© commendataire de Lisle par Louis XIII en 1625. Il mourut dans son bĂ©nĂ©fice en 1662.
  • Nicolas-François de Lorraine, cardinal, primat de Nancy de 1662 Ă  1670.
  • Mathurin Savary, conseiller et aumĂ´nier du roi, Ă©vĂŞque de SĂ©ez. D'abord nommĂ© Ă©conome de l'abbaye, il en devint abbĂ© commendataire en 1673. Il dĂ©cĂ©da le .
  • Charles de Lorraine, archevĂŞque-Ă©lecteur de Trèves, Ă©vĂŞque d'Osnabruck et primat de Nancy. Il prit possession de son bĂ©nĂ©fice en 1698. Il mourut en 1715.
  • François-Vincent-Marc de Beauvau de Craon, primat de Nancy. NommĂ© par le duc de Lorraine, il mourut en 1742.
  • Antoine-ClĂ©riadus de Choiseul BeauprĂ©, grand aumĂ´nier du roi Stanislas, primat de Nancy, prince du Saint-Empire romain, cardinal-archevĂŞque de Besançon, qui fut nommĂ© au bĂ©nĂ©fice, le .
  • Louis-Appolinaire de la Tour du Pin de Montauban, nommĂ© par le roi de France en 1769. SacrĂ© Ă©vĂŞque de Nancy le , le titre abbatial de Lisle fut supprimĂ© de son temps et les revenus de l'abbaye dotèrent le nouvel Ă©vĂŞchĂ©. Ce fut normalement la fin de la vie conventuelle Ă  Lisle.

Domaine du monastère

Église Saint-Christophe de Lisle

Les propriĂ©tĂ©s immobilières de l'abbaye comprenaient tout le finage actuel de Lisle et environ 1 700 hectares de forĂŞts auxquels s'ajoutaient un moulin, des Ă©tangs et les fermes de Vaudoncourt, Lamermont, Yvraumont, Merchines, Cheminel, Bois Japin, Barbotte, le prieurĂ© des Anglecourts, une maison et des terres Ă  Courcelles, le petit couvent de Bar et plusieurs maisons. En outre, ce monastère avait encore en sa possession des propriĂ©tĂ©s, des gagnages, des terres, des prĂ©s et des vignes Ă  Vaubecourt, Chardogne, Louppy-le-Château, Louppy-le-Petit, Laheycourt, Rembercourt, Varney, Naives, Montplonne, Erize-la-Grande, Erize-la-Petite, etc.

Les abbés et religieux percevaient de plus une part des dîmes à Condé, Rembercourt, Courcelles, Seraucourt, Deuxnouds, Beauzée, Erize-la-Grande et Louppy-le-Château.

En 1711, la mense abbatiale Ă©tait de 10 000 livres. La mense conventuelle Ă©tait de 6 000 livres en 1620, de 5 000 en 1711 et de 9 000 livres en 1737. En 1763, les revenus annuels pour toute la maison Ă©taient de 28 000 livres.

Quant au personnel, la riche abbaye ne fut jamais très peuplée. Les actes du cartulaire du monastère mentionnent, le , l'abbé et onze religieux ; en 1513, l'abbé et neuf religieux-prêtres ; le , l'abbé et huit religieux ; le , l'abbé et vingt religieux ; en 1588, l'abbé et quatorze religieux ; en 1594, 1610 et 1619, l'abbé et 12 religieux. En 1695 on n'y compte plus que dix religieux, tandis qu'en 1753 le nombre baisse à sept.

L'Ă©glise paroissiale actuelle de Lisle-en-Barrois fut un lieu de pèlerinage Ă  Saint-Christophe et Ă  Saint-Fiacre. Le cartulaire de l'abbaye contient une attestation faite par devant notaire, en date du , d'une guĂ©rison miraculeuse : « Un nommĂ© François Certain, notaire Ă  Bar, atteste qu'il a estĂ© guĂ©ri par l'intercession de saint Fiacre, posant en l'Ă©glise de Lisle-en-Barrois, d'un mal de genouil qui le travaillait depuis 12 ans, mal jugĂ© incurable par tous les chirurgiens, qui avaient opinĂ© Ă  lui couper la jambe. Â»

Église Saint-Christophe de Lisle

Le , les religieux de Lisle firent bail de la moitié de leur ferme d'Yvraumont à Jean Géminel de Rembercourt, moyennant un canon annuel de 450 livres cours de France.

Une note de Dom Guyton portĂ©e Ă  l'annuaire de la Meuse, pour l'annĂ©e 1845, donne quelque idĂ©e de l'ensemble de la Trappe de Lisle : « Au XVIIe siècle, l'abbaye de Lisle avait Ă  peu près la forme et l'aspect des autres abbayes cisterciennes. On y arrivait par une avenue bien dĂ©gagĂ©e ; belle porte d'entrĂ©e, cour spacieuse, terrasse en face du logis des hĂ´tes, cloĂ®tre Ă  quatre allĂ©es assez Ă©troites, salle du chapitre garnie de boiseries sculptĂ©es, deux rĂ©fectoires, dortoir pour treize religieux, infirmerie, logement du prieur, maison abbatiale construite en 1755, vastes jardins autour du monastère, tous les bâtiments et leurs dĂ©pendances paraissaient rĂ©gulièrement ordonnĂ©s et soigneusement entretenus. Â»

Le pouillé de Verdun ajoute cependant qu'en 1790, on constate que la partie affectée au logement des moines nécessite une reconstruction.

Fin de l'abbaye

Le , à 10 heures du matin, les commissaires nationaux se présentent à l'abbaye. Ils dressèrent l'inventaire de l'église, de la sacristie et de la bibliothèque.

En 1791, un certain Guiot, de Longeville, acheta la maison abbatiale 4 625 livres, tandis que le sieur Guillaume Richard, de Naives, s'adjugeait le reste du monastère pour 68 000 livres. De 1807 Ă  1825, un certain nombre de bâtiments furent dĂ©molis ainsi que l'abbatiale, dont le riche mobilier fut vendu pour le prix de 5 821 livres.

Tous les religieux consentirent à se retirer, à l'exception de Révérend père Balthazard qui exprima le désir de rester curé conventuel des serviteurs de l'abbaye, les huit autres reprirent leur liberté.

Aujourd'hui, seules quelques dépendances extérieures situées à l'ouest du domaine subsistent. Dans le parc de l'ancienne abbaye on peut encore admirer un ensemble de quatre statues en pierre de taille humaine représentant les quatre saisons, qui ont fonction décorative et attestent du luxe de cette époque.

Notes et références

    Voir aussi

    Articles connexes

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