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5-7, rue Corbeau

Le 5-7, rue Corbeau est un immeuble du 10e arrondissement de Paris. Il était situé 5-7, rue Jacques-Louvel-Tessier, autrefois rue Corbeau. Avec 168 logements d’une pièce, c’était, jusqu’à sa démolition en 1999, le plus grand taudis de Paris.

Histoire physique et foncière

  • 1828 : la parcelle du 5-7 rue Corbeau appartenait Ă  la fabrique de l'Ă©glise Saint-Laurent, aujourd’hui situĂ©e rue Marx-Dormoy, 18e arrondissement de Paris.
  • 1858 : la parcelle est louĂ©e pour 21 ans Ă  Gabriel Daudain qui sous-loue la moitiĂ© droite (correspondant au no 7) Ă  Gabriel Montiès
  • 1860 : Daudain et Montiès font bâtir un immeuble de 4 Ă©tages cĂ´tĂ© no 5, et de trois Ă©tages cĂ´tĂ© no 7, il est dotĂ© du confort le plus modeste : un cabinet d’aisance par palier de seize logements.
  • 1884 : l'Église signe un nouveau bail de location avec Daudain et Montiès
  • 1884 : installation du raccordement au tout nouveau rĂ©seau d'Ă©gouts parisien
  • 1905 : vote de la loi de sĂ©paration des Églises et de l'État, l’immeuble construit par Daudain et Montiès est mis sous sĂ©questre de l'État, de nombreux gardes rĂ©publicains s'y installent.
  • 1927 : l’État vend l’immeuble Ă  Abraham Chmoulovsky.
  • 1930 : M. Chmoulovsky procède Ă  la modernisation et Ă  la surĂ©lĂ©vation de l'immeuble : les Ă©tages existants sont raccordĂ©s au gaz et Ă  l'Ă©lectricitĂ©, le bâtiment sur rue est surĂ©levĂ© pour atteindre sept Ă©tages, les Ă©tages nouveaux ont l'eau courante, et deux WC pour huit appartements.
  • 1941 : le Commissariat gĂ©nĂ©ral aux affaires juives met l’immeuble sous administration provisoire, il est dĂ©sormais administrĂ© par M. Roserens. Le propriĂ©taire, M. Chmoulovsky est dĂ©portĂ© et tuĂ©.
  • 1942 : Roserens met deux fois l’immeuble en vente, il n’y a pas d'acheteur
  • 1944 : Ă  la libĂ©ration de Paris, la veuve de M. Chmoulovsky et son fils Jacques Chmoulovsky reprennent la gestion de l’immeuble
  • 1948 : la loi de 1948 encadre la fixation des loyers. Ceux-ci, comme le confort de l’immeuble, ne progresseront que très peu.
  • 1950-1960 : installation de l’eau courante aux Ă©tages qui en Ă©taient dĂ©pourvus
  • 1962 : Ă©tablissement d’un règlement de copropriĂ©tĂ© qui conduira Ă  la vente par le principal propriĂ©taire d’une trentaine de chambres Ă  leurs occupants
  • 1979-88 : le manque de travaux et loyers impayĂ©s s’entretiennent mutuellement, jusqu’à l’abandon de l’immeuble par son propriĂ©taire
  • 1980-1997 : nombreux incidents liĂ©s Ă  la mauvaise tenue des planchers
  • 1997 : incendie mortel au sixième Ă©tage, un mort
  • 1997 : application de la loi Vivien Ă  l'immeuble, les propriĂ©taires des trente chambres et les hĂ©ritiers Chmoulovsky sont expropriĂ©s sur la base du prix du terrain nu minorĂ© des coĂ»ts de dĂ©molition.
  • 1998 : dĂ©molition
  • 2001 : construction par l'OPAC de Paris d'un immeuble de 39 logements sociaux, architectes : F. Bret, A. Demians, B. HĂ©bert.

Histoire sociale

  • 1860-1880 : les premiers habitants s'installent. Français, ils viennent en grande partie de province
  • 1880-1920 : Les premiers immigrĂ©s arrivent en France et dans l'immeuble, ce sont principalement des Belges et des Italiens, l'immigration d'Europe de l'Est fait son apparition. Mais l'immeuble est gĂ©rĂ© par l'État qui y loge aussi des gardes rĂ©publicains (17 en 1926)
  • 1920-1940 : L'immigration d'Europe de l'Est entraĂ®ne une modification complète de la composition sociale de l'immeuble, les juifs polonais sont très majoritaires.
  • 1940-1944 : La politique de persĂ©cution des juifs de France que l'État français met en place conduit au dĂ©part, Ă  la disparition, Ă  la dĂ©portation et Ă  la mort de nombreux habitants de l'immeuble. Des locataires français les remplacent en partie[1].
  • 1944-1950 : les appartements restĂ©s vides, sous la pression de la crise du logement, sont vite rĂ©occupĂ©s, par des locataires français et des juifs revenant de captivitĂ© ou après s'ĂŞtre cachĂ©s.
  • 1950-1962 : Les nouveaux arrivants sont principalement espagnols, portugais et rapatriĂ©s
  • 1962-1980 : l'immigration du Maghreb puis d'Afrique noire, combinĂ©e aux dĂ©parts des habitants arrivĂ©s entre les annĂ©es trente et les annĂ©es 1960, conduit au renouvellement complet des habitants de l'immeuble.
  • 1980-1997 : le propriĂ©taire ayant abandonnĂ© l'immeuble, l'absence d'entretien fait fuir une bonne partie des familles solvables ; les autres restent, piĂ©gĂ©es par l'effet d'aubaine ou par la nĂ©cessitĂ©, les nouveaux arrivants payent souvent un droit d'entrĂ©e, voir un loyer Ă  des intermĂ©diaires qui n'y ont aucun droit. L'immeuble devient un lieu d'abandon oĂą se retrouve aussi une population toxicomane. Les problèmes de dĂ©linquance s'y multiplient Ă  tel point que les forces de police refusent d'y intervenir.
  • 1997 :
    • octobre : la mobilisation des habitants après l'effondrement d'un plafond sur une mère de famille et ses enfants conduit Ă  l'occupation de la rue Jacques-Louvel-Tessier. Celle-ci est fermĂ©e Ă  la circulation, des tentes sont installĂ©es. De premiers articles de la presse nationale attirent l'attention sur l'immeuble.
    • dĂ©cembre : un incendie dans une chambre au sixième Ă©tage est fatal Ă  un des habitants. De nombreux articles et reportages tĂ©lĂ©visĂ©s accĂ©lèrent l'application de la loi Vivien Ă  l’immeuble.
  • 1998 : Tous les habitants de l’immeuble sont progressivement relogĂ©s dans des logements sociaux Ă  Paris.
  • 1999 : dĂ©molition de l’immeuble.

Références

  1. On peut trouver la liste des enfants arrêtés et déportés sur http://sig.tge-adonis.fr/Paris1942/

Bibliographie

  • Annette Zaidman, MĂ©moire d'une enfance volĂ©e, Ramsay, 2002, 250 pages (ISBN 2841145999), rĂ©Ă©dition 2006 (ISBN 2841148343)

Articles connexes

Liens externes

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