2e corps polonais
Le 2e corps polonais (Ă©galement baptisĂ©e lâarmĂ©e Anders ou ArmĂ©e polonaise de l'Ouest) est unitĂ© militaire polonaise de la Seconde Guerre mondiale formĂ©e par le gĂ©nĂ©ral WĆadysĆaw Anders pour appuyer les AlliĂ©s dans leur lutte contre le nazisme. Ă l'Ă©tĂ© 1941, Ă la suite du changement d'alliance de l'Union soviĂ©tique qui vient d'ĂȘtre attaquĂ©e par son alliĂ© allemand, le corps polonais est initialement constituĂ© en 1941-1942 en URSS Ă partir des prisonniers de guerre polonais faits par les SoviĂ©tiques (lors de leur attaque conjointe avec les nazis sur la Pologne en ). Il est normalement prĂ©vu que l'armĂ©e Anders combatte les nazis aux cĂŽtĂ©s des SoviĂ©tiques, mais devant les rĂ©sistances chez ses hommes et le peu de coopĂ©ration soviĂ©tique, Anders perd sa confiance en Staline et demande l'Ă©vacuation de son corps polonais pour rejoindre l'armĂ©e britannique. Il obtient difficilement cette autorisation et parvient Ă transfĂ©rer son armĂ©e en prenant la direction de l'Iran puis du Moyen-Orient. Il fait alors la jonction avec la 8e armĂ©e britannique. Il combat ensuite en Italie Ă Monte Cassino, AncĂŽne et Ă Bologne jusquâen . Le 2e corps polonais a subi, sans jamais dĂ©vier de la voie que lui traçait son chef, des Ă©preuves et avatars rares dans la vie dâune unitĂ©. Ce fait est dâautant plus Ă souligner que bien peu, Ă lâissue de la guerre, ont songĂ© Ă en reconnaĂźtre les mĂ©rites et la valeur.
2e corps polonais Autre appellation : Armée Anders | |
Création | 1941 |
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Dissolution | 1946 |
Pays | Pologne |
Allégeance | Gouvernement polonais en exil |
Branche | Armée polonaise de l'Ouest |
Effectif | 50 000 puis 150 000 |
Fait partie de | 8e armée britannique |
Composée de | 3e division de chasseurs des Carpates 5e division des Confins 7e division de réserve |
Mascotte | « Caporal ours » Wojtek |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Batailles | Guerre du DĂ©sert SiĂšge de Tobrouk Campagne d'Italie Bataille de Monte Cassino Ligne Hitler Prise d'AncĂŽne Prise de Bologne |
Commandant | WĆadysĆaw Anders Zygmunt Bohusz-Szyszko |
Commandant historique | WĆadysĆaw Anders |
Trois phases majeures jalonnent ainsi son Ă©volution[1] : sa formation en URSS et son Ă©vacuation vers l'iran ; ses combats au Moyen-Orient et en Palestine ; sa victorieuse campagne d'Italie.
LâarmĂ©e Anders
Le dĂ©clenchement de la guerre germano-soviĂ©tique, en , remit au premier plan le besoin de rĂ©tablir les relations entre Moscou et le gouvernement polonais exilĂ© Ă Londres, rompues lors de lâinvasion soviĂ©tique de la Pologne, le , dans le cadre de lâalliance entre Hitler et Staline pour dĂ©pecer le pays.
Environ 250 000 militaires polonais faits prisonniers par les SoviĂ©tiques furent internĂ©s dans des camps, sous le contrĂŽle du NKVD[2]. Le , Ă la suite des accords Sikorski-MaĂŻski signĂ©s le , le gĂ©nĂ©ral WĆadysĆaw Anders est extrait de sa cellule Ă la prison du NKVD Ă Moscou, la cĂ©lĂšbre Lubianka, aprĂšs un an et demi de captivitĂ©. Il rencontre successivement Beria, Staline, puis le gĂ©nĂ©ral polonais Zygmunt Bohusz-Szyszko, envoyĂ© du Gouvernement polonais en exil Ă Londres, et, enfin, le gĂ©nĂ©ral Frank Macfarlane (1889-1953), chef de la mission militaire britannique Ă Moscou.
DĂšs le , lâaccord militaire polono-soviĂ©tique fut conclu ; les points essentiels en Ă©taient les suivants :
- une armĂ©e polonaise sera formĂ©e et entraĂźnĂ©e sur le territoire de lâURSS, constituant une partie des forces armĂ©es de la RĂ©publique polonaise souveraine incarnĂ©e par le gouvernement polonais exilĂ© Ă Londres ;
- elle serait destinĂ©e Ă lutter contre le Reich, en commun avec les armĂ©es de lâURSS et celles des autres puissances alliĂ©es. Ă la fin de la guerre, elle rentrera en Pologne. Les unitĂ©s de ligne polonaises seront utilisĂ©es sur le front, aprĂšs avoir acquis une pleine aptitude au combat.
Conjointement à cet accord, un protocole fut signé en vertu duquel l'URSS « accorde l'amnistie à tous les citoyens polonais qui sont à présent privés de liberté en territoire soviétique, soit comme prisonniers de guerre, soit pour d'autres raisons »[3].
Pratiquement aucune des clauses de lâaccord ne sera jamais pleinement appliquĂ©e par les autoritĂ©s soviĂ©tiques.
Les prisonniers polonais ne sont libĂ©rĂ©s quâau compte-gouttes et aucun comptage prĂ©cis de leur nombre ne sera jamais fourni. De plus, on inventa Ă Moscou une formule selon laquelle, les citoyens polonais qui vivaient en Pologne avant la guerre, sur les territoires situĂ©s Ă l'Est de la ligne tracĂ©e par le Pacte germano-soviĂ©tique de 1939 mais qui Ă©taient issus d'une minoritĂ© nationale ne pouvaient pas rejoindre l'armĂ©e polonaise. Or, ils Ă©taient majoritaires sur ces terres. La situation Ă©tait particuliĂšrement compliquĂ©e pour les Juifs polonais, car â d'aprĂšs les dispositions de Moscou â ils n'avaient pas le droit d'ĂȘtre intĂ©grĂ©s Ă l'armĂ©e polonaise, quelle qu'ait Ă©tĂ© la rĂ©gion qu'ils habitaient en Pologne avant la guerre[4]
Les lieux de rassemblement de lâarmĂ©e changent souvent, ils ne sont pas amĂ©nagĂ©s et lâacheminement des recrues nâest pas facilitĂ©. Pour pouvoir ĂȘtre libĂ©rĂ© Ă la suite de « l'amnistie » soviĂ©tique, il fallait tout d'abord avoir survĂ©cu Ă la dĂ©portation, puis avoir conservĂ© la vie sur le lieu de destination. Dans la plupart des cas, les Polonais avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s dans les zones sibĂ©riennes, y compris dans les mines d'or de la Kolyma, d'oĂč peu de personnes sont revenues. Il fallait aussi avoir appris que « l'amnistie » avait Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©e, se faire libĂ©rer par les autoritĂ©s rĂ©calcitrantes et arriver par ses propres moyens au lieu de rassemblement dĂ©signĂ©.
Un dĂ©saccord permanent subsiste sur lâorganisation et lâemploi opĂ©rationnel de lâarmĂ©e polonaise. Staline veut plusieurs divisions de taille rĂ©duite, dispersĂ©es au milieu du dispositif soviĂ©tique, alors que Anders veut plusieurs grosses divisions groupĂ©es dans un corps dâarmĂ©e spĂ©cifiquement polonais, reprĂ©sentant ainsi aux yeux des AlliĂ©s les forces armĂ©es polonaises.
Aucun Ă©quipement, armement, moyens de transport, ne sera livrĂ© en temps et heure et en quantitĂ© suffisante. Les rations manquent et les SoviĂ©tiques doivent se retourner vers les Britanniques. MĂ©decins et mĂ©dicaments manquent dramatiquement, alors que les recrues sont Ă©puisĂ©es par les Ă©preuves de lâinternement.
Le gĂ©nĂ©ral Anders se convaincra tĂŽt, et le premier, que « son » armĂ©e nâa aucun avenir en Union soviĂ©tique et reste un instrument aux mains de Staline. Anders sâopposera mĂȘme au gĂ©nĂ©ral Sikorski et aux Britanniques sur lâopportunitĂ© du maintien de lâarmĂ©e en URSS. Il fera tout pour en obtenir lâĂ©vacuation vers le Moyen-Orient et la jonction avec les Britanniques.
Le , une entrevue trĂšs tendue a lieu entre Staline et Anders. Staline reproche aux Polonais, qui sont dĂ©jĂ environ 70 000 (en fait 66 000 seulement), de ne pas vouloir se battre. Il attend la montĂ©e en ligne de six divisions polonaises. Anders rĂ©plique que seules les 2e et 5e divisions sont constituĂ©es, soit environ 44 000 hommes. Pour Staline, ces deux divisions doivent rester en URSS, le surplus devant ĂȘtre Ă©vacuĂ© vers lâIran : 53 858 personnes dont 33 069 militaires quittent l'URSS pour l'Iran[5].
Par la suite, tractations, nĂ©gociations et manĆuvres se poursuivent qui aboutiront Ă lâĂ©vacuation vers lâIran de 2 430 officiers, 36 701 hommes de troupe, 112 fonctionnaires, 25 501 civils dont 9 633 enfants polonais[5]. L'armĂ©e polonaise fut Ă©vacuĂ©e sans avoir rĂ©cupĂ©rĂ© ces officiers et sans avoir d'eux aucune nouvelle - leur massacre Ă KatyĆ perpĂ©trĂ© par les SoviĂ©tiques sur ordre de Staline au printemps 1940 ne sera connu qu'en .
Dans ses mĂ©moires, le gĂ©nĂ©ral Anders estime quâau total environ 115 000 personnes (militaires et civils) ont quittĂ© lâURSS. On est loin du million (et plus) de Polonais capturĂ©s de 1939 Ă 1941 par les SoviĂ©tiques et dĂ©portĂ©s au Kazakhstan, en SibĂ©rie et jusquâau goulag de la Kolyma. Anders portera jusquâĂ la fin de sa vie la souffrance dâavoir dĂ» abandonner autant de compatriotes, qui dans leur majoritĂ©, ne revirent plus jamais leur pays[6].
LâArmĂ©e polonaise en Orient
Les Polonais Ă©vacuĂ©s dâURSS sont acheminĂ©s Ă travers la mer Caspienne, du port soviĂ©tique de Krasnovodsk vers le port iranien de Bandar-e Pahlavi alors sous contrĂŽle soviĂ©tique. Le , le gĂ©nĂ©ral Anders rencontre au Caire Winston Churchill et les dirigeants de lâarmĂ©e britannique au Moyen-Orient, et lâarmĂ©e polonaise entame son regroupement et sa montĂ©e en puissance. En , elle est transfĂ©rĂ©e Ă Bagdad en Irak oĂč elle commence l'instruction et l'entraĂźnement avec les nouveaux uniformes et Ă©quipements britanniques. Elle est ensuite transfĂ©rĂ©e Ă Kirkouk.
A cette Ă©poque, une autre unitĂ© polonaise combat dĂ©jĂ en Orient, la Brigade des Carpates du gĂ©nĂ©ral StanisĆaw KopaĆski qui a rejoint les alliĂ©s britanniques aprĂšs la dĂ©faite de la France et lâarmistice de juin 1940. En , elle est dĂ©placĂ©e Ă Marsa Matruh point de dĂ©fense de la 8e ArmĂ©e Britannique, puis en engagĂ©e dans la dĂ©fense de Tobrouk, dans la bataille de Gazala et Mekila. En , la Brigade est dirigĂ©e sur la Palestine et complĂ©tĂ©e par des effectifs venant d'URSS, elle forme alors la 3e division de chasseurs des Carpates, premiĂšre des deux divisions du futur 2e corps polonais. Le gĂ©nĂ©ral StanisĆaw KopaĆski en restera le chef avant que le gĂ©nĂ©ral BolesĆaw BronisĆaw Duch lui succĂšde. La 3e division de chasseurs des Carpates sera composĂ©e de trois brigades.
Les Britanniques ayant refusĂ© toute composante aĂ©rienne Ă lâarmĂ©e polonaise dâOrient, 3 500 hommes seront prĂ©levĂ©s sur le contingent, transfĂ©rĂ©s en Ăcosse puis incorporĂ©s dans la RAF. Une partie des militaires est transfĂ©rĂ©e pour complĂ©ter la 1ere Division BlindĂ©e en formation depuis le .
LâArmĂ©e polonaise est alors regroupĂ©e en Palestine et incorporĂ©e Ă la 9e armĂ©e britannique sous le commandement du gĂ©nĂ©ral William Holmes. Une grande partie de cette armĂ©e est cantonnĂ©e Ă Gaza. 3 000 recrues polonais dâorigine juive dĂ©sertent alors pour aller rejoindre les groupes sionistes actifs en Palestine. Bien que la dĂ©sertion soit passible de la peine de mort, le gĂ©nĂ©ral Anders permet tacitement Ă ses 3 000 soldats juifs, dont Menachem Begin, futur premier ministre israĂ©lien et prix Nobel de la paix, de rester en Palestine[7].
LâannĂ©e 1943 est consacrĂ©e Ă la montĂ©e en puissance opĂ©rationnelle du 2e corps polonais, avec la constitution de la 5e division dâinfanterie. Cette 5e division sera composĂ©e de trois brigades d'infanterie (Volhynie, Wilno et LwĂłw). Le recrutement est opĂ©rĂ© essentiellement parmi les Polonais originaires des rĂ©gions orientales de la Pologne qui seront annexĂ©e Ă l'URSS aprĂšs Yalta). Elle est placĂ©e sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Nikodem Sulik.
Une brigade de chars est constituĂ©e, elle deviendra la 2e division blindĂ©e polonaise. Le 2e corps polonais dispose Ă©galement dâun groupe dâartillerie lourde. Une unitĂ© indĂ©pendante, le 15e rĂ©giment de lanciers de PoznaĆ, complĂšte le dispositif.
Le 2e corps polonais est alors prĂȘt au combat et est incorporĂ© Ă la 8e armĂ©e britannique. Le Service auxiliaire fĂ©minin polonais l'y rejoint.
Le DeuxiĂšme corps et la campagne dâItalie
DĂšs , le 2e corps polonais est engagĂ© dans le dispositif de la 8e armĂ©e britannique, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Leese, oĂč il restera jusquâĂ la fin de la guerre.
La remontĂ©e vers le nord de lâItalie sera jalonnĂ©e de durs combats et dâun haut fait dâarmes qui restera dans lâhistoire de la Seconde Guerre mondiale : la prise du monastĂšre du Monte Cassino par le 2e corps polonais.
Le 2e corps polonais contribua efficacement Ă la chute de la ligne Hitler le .
Dâautres succĂšs suivront, comme la prise dâAncĂŽne, la bataille pour la riviĂšre Metauro (), la contribution Ă la prise de la Ligne gothique, la prise de Bologne (derniĂšre intervention du corps dans la campagne du 9 au ), etc.
Au fur et Ă mesure de lâeffondrement du dispositif allemand, le 2e corps se voit renforcĂ© par le retournement des Polonais capturĂ©s qui avaient Ă©tĂ© incorporĂ©s de force dans les unitĂ©s allemandes. Fort dâenviron 50 000 hommes au dĂ©but de la campagne, alors quâil ne pouvait a priori compter sur aucun renfort, le 2e corps polonais atteindra jusquâĂ 100 000 Ă la fin de la guerre.
L'effectif était complété par la mascotte du corps, l'ours Wojtek[8], affecté à une compagnie de transport et nommé caporal par le général Anders.
Pendant la durée des opérations en Italie, le 2e corps polonais continuait à constituer, au Moyen-Orient, une 7e division de réserve.
Une reconnaissance mitigée
Les compagnons dâarmes du 2e corps polonais, Britanniques, AmĂ©ricains, Canadiens et Français ont Ă©tĂ© unanimes dans leur reconnaissance de la valeur militaire et morale du 2e corps polonais comme alliĂ©. Tous reconnaĂźtront sa valeur opĂ©rationnelle et son savoir-faire, sa vaillance, sa cohĂ©sion et son esprit de camaraderie et de sacrifice envers les compagnons d'armes alliĂ©s.
La reconnaissance des politiques est Ă©galement unanime, tant quâil sâagit de conserver le moral dâune unitĂ© au combat.
Quelques témoignages cités par le général Anders dans ses mémoires :
Général Oliver Leese :
« ⊠Je tiens Ă vous dire que la prise du mont Cassin est lâĆuvre exclusive des Polonais. Je me rĂ©jouis que vous soyez ici en ce jour â qui est pour la Pologne un grand jour historique â de la prise du couvent du mont Cassin par les soldats du 2e corps polonais.
⊠Avant votre dĂ©part, mon gĂ©nĂ©ral, je tiens beaucoup Ă vous envoyer mes compliments personnels, Ă vous et Ă tout le corps polonais pour ce que vous avez accompli de splendide au cours de cette bataille et, en particulier, lors de la prise de la montagne du Couvent. Cette rĂ©alisation magnifique, jâen suis certain, passera Ă lâHistoire comme lâĆuvre puissante des armes polonaises et sera enregistrĂ©e dans notre propre histoire militaire comme une des plus importantes victoires de la 8e armĂ©eâŠ
âŠVous sentez cependant comme moi, jâen suis sĂ»r, quâau cours de ces durs combats, hommage doit ĂȘtre rendu non seulement aux gĂ©nĂ©raux mais, avant tout, aux troupes combattantes. Jâai Ă©tĂ© frappĂ© dâĂ©tonnement par la valeur que les soldats polonais ont dĂ©ployĂ©e pendant ces terribles combats, par la façon merveilleuse avec laquelle ils supportaient le feu intense des mortiers et des canons ainsi que par lâacharnement de leurs contre-attaques ⊠»
GĂ©nĂ©ral Harold Alexander, en dĂ©corant Anders de lâordre du Bain :
« Au nom de S.M. le roi de Grande-Bretagne George VI, je vous dĂ©core, mon gĂ©nĂ©ral, de lâordre du Bain. Mon Souverain, en confĂ©rant lâordre du Bain au gĂ©nĂ©ral Anders, lâa attribuĂ© au commandant du 2e corps polonais pour la façon magnifique dont il a exercĂ© son commandement et aussi pour tĂ©moigner combien il a de considĂ©ration pour lâhĂ©roĂŻsme, le dĂ©vouement et les sacrifices des soldats polonais dans la bataille de Cassino ⊠»
Général Dewers, en décorant Anders de la « Legion of Merit » et lisant la citation par le président Roosevelt :
« ⊠En sa qualitĂ© de gĂ©nĂ©ral commandant le 2e corps polonais, le gĂ©nĂ©ral Anders a conduit admirablement ses soldats jusquâĂ lâattaque dĂ©finitive, qui ne put ĂȘtre repoussĂ©e par lâennemi, et que couronna lâabandon par lâarmĂ©e allemande de Cassino, puissamment dĂ©fendu. Ce point dâappui oĂč la rĂ©sistance Ă©tait acharnĂ©e, fut conquis quand le gĂ©nĂ©ral Anders conduisit ses troupes Ă lâattaque, en liaison avec les troupes alliĂ©es, contre les positions-clĂ© de lâennemi, pour lesquelles de durs combats avaient Ă©tĂ© livrĂ©s. Ensuite, par des opĂ©rations ultĂ©rieures, menĂ©es aux bords de lâAdriatique sur le secteur est du front italien, le gĂ©nĂ©ral Anders conduisit ses soldats jusquâĂ la prise du port important dâAncĂŽne. Les dons du gĂ©nĂ©ral Anders, joints Ă lâaptitude dont il fit preuve dans la conduite des opĂ©rations, contribuĂšrent pleinement au succĂšs des armĂ©es alliĂ©es pendant la campagne dâItalie. »
En revanche, les engagements et les paroles dâencouragement des dirigeants alliĂ©s nâont pas Ă©tĂ© tenus, et câest seulement grĂące Ă lâascendant du gĂ©nĂ©ral Anders sur ses troupes que le 2e corps polonais ne sâest pas laissĂ© allĂ© au dĂ©sespoir ou Ă la mutinerie dans certaines circonstances pĂ©nibles (la confĂ©rence de Yalta et lâinsurrection de Varsovie par exemple).
A la fin de la guerre, soucieux de complaire Ă Moscou, le gouvernement travailliste dâAttlee interdit aux soldats polonais de participer au dĂ©filĂ© de la Victoire organisĂ©e Ă Londres le [9]. DĂšs la fin des hostilitĂ©s, l'armĂ©e Anders fut l'objet d'une campagne de dĂ©nigrement orchestrĂ©e par l'ambassadeur soviĂ©tique AndreĂŻ Vychinski et une partie de la presse britannique[10]. Cependant, malgrĂ© la fin de la reconnaissance officielle accordĂ©e au gouvernement polonais en exil, les Britanniques exigĂšrent de ce dernier le paiement des sommes dues au titre de lâutilisation du matĂ©riel militaire alliĂ©[11].
Le 2e corps polonais est la seule unitĂ© alliĂ©e de cette importance Ă nâĂȘtre pas retournĂ©e dans son pays en vainqueur et en libĂ©rateur. Ses anciens soldats condamnĂ©s Ă l'exil furent privĂ©s de leur nationalitĂ© polonaise par les communistes au pouvoir Ă Varsovie, tandis que ceux qui rentraient Ă©taient torturĂ©s et emprisonnĂ©s.
Notes et références
- Lâessentiel de cet article est inspirĂ© des mĂ©moires du gĂ©nĂ©ral Anders.
- Tadeusz Wyrwa, « Le gouvernement polonais et ses rapports avec l'Union soviĂ©tique pendant la seconde guerre mondiale », Revue dâĂ©tudes comparatives Est-Ouest,â vol. 18, 1987, n°4., p. 122
- Tadeusz Wyrwa, « Le gouvernement polonais et ses rapports avec l'Union soviĂ©tique pendant la seconde guerre mondiale. », Revue dâĂ©tudes comparatives Est-Ouest,â vol. 18, 1987, n°4, p. 120
- Tadeusz Wyrwa, « Le gouvernement polonais et ses rapports avec l'Union soviĂ©tique pendant la seconde guerre mondiale », Revue dâĂ©tudes comparatives Est-Ouest,â vol. 18, 1987, n°4, pp. 121
- « "AUX SOLDATS DU II CORPS POLONAIS DU GĂNĂRAL ANDERS TOMBĂS PENDANT LA CAMPAGNE D'ITALIE", MONTMORENCY (VAL D'OISE) »
- Jerzy Ćukaszewski, « La population de la Pologne pendant et aprĂšs la seconde guerre mondiale. », Revue de gĂ©ographie de Lyon,â vol. 38, n°3, 1963, pp. 225-254
- « BEGIN MENAHEM »
- « mort au Zoo d'Edimbourg en 1963 », Le Monde.
- Mémoires du général Anders, op. cit., p. 445.
- AgnĂšs MĂĄrton-Domeyko, « Les Français et la Pologne, 1945-1948. », Revue des Ă©tudes slaves,â tome 71, fascicule 2, 1999, p. 290-291
- « Les Polonais libres »,
Annexes
Bibliographie
- WĆadysĆaw Anders, MĂ©moires, 1939-1946, La Jeune Parque, Paris, 1948.
Articles connexes
- Pacte germano-soviétique
- Invasion soviétique de la Pologne
- Territoires polonais annexés par l'Union soviétique
- Campagne d'Italie
- Bataille de Monte Cassino
- Prise d'AncĂŽne
- Armée polonaise de l'Est
- Armée polonaise de l'Ouest
- Wojtek
- CimetiĂšre militaire polonais du Mont-Cassin
- Gustaw Herling-Grudzinski