Études indo-européennes
Les études indo-européennes couvrent un domaine de la linguistique traitant des langues indo-européennes, à la fois actuelles et éteintes, dans un cadre de recherches interdisciplinaires. Son objectif est d'amasser des informations sur l'hypothétique proto-langue à partir de laquelle toutes ces langues sont les descendantes, un langage baptisé proto-indo-européen (PIE), et ses locuteurs, les Proto-Indo-Européens. ces études abordent également la société et la religion indo-européenne. Les études recherchent d'où serait originaire cette proto-langue et comment elle se propagea.
Présentation
Les études indo-européennes se basèrent sur la linguistique comparée, qui est la méthode utilisée en recherche linguistique pour étudier l'histoire et l'évolution des langues (prises individuellement) ou des familles de langues. C'est une discipline éminemment diachronique qui procède de la philologie.
Les langues indo-européennes sont parfois considérés comme faisant partie de la super-famille des langues nostratiques ou élargie aux langues eurasiatiques. C’est le linguiste danois Holger Pedersen qui proposa le premier de regrouper l’indo-européen avec d’autres familles et inventa le terme de « nostratique ».
Les langues nostratiques seraient une superfamille ou macro-famille de langues qui regrouperaient plusieurs familles de langues d'Eurasie : les langues indo-européennes, ouraliennes, altaïques, caucasiennes du Sud (géorgien, svane, laze, etc.) et chamito-sémitiques.
Historique
Dès l'Antiquité, les philosophes, tels que Socrate ou Aristote, émettent l'idée d'une évolution linguistique avec des modifications par insertion, suppression, transposition et substitution. Le grammairien de l'Inde antique, Pāṇini (560-480 a.v. J.-C.), est considéré comme le fondateur de la littérature et de la langue sanskrites. Il est célèbre pour avoir formulé en 3 959 sûtras, connues sous le nom d'Aṣṭādhyāyī (en devanāgarī अष्टाध्यायी) et également appelées Pāṇinīya (en devanāgarī पाणिनीय), les règles de morphologie de cette langue. L'Aṣṭādhyāyī reste toujours aujourd'hui l'ouvrage le plus connu sur la grammaire du sanskrit.
Au Moyen Âge, le gallois Giraud de Barri affirma que le gallois, le cornique et le breton avaient leur origine issue d'une source commune.
Les premières mises en évidence d'une proto-langue indo-européenne remontent au milieu du XVIe siècle puis au début du XVIIe siècle et ensuite au XVIIIe siècle.
Au XVIe siècle, le philologue Joseph Juste Scaliger a identifié le grec, les langues germaniques, romanes et slaves en comparant le mot «Dieu» dans les différentes langues européennes.
Marcus Zuerius van Boxhorn est considéré comme le premier à avoir soupçonné l'existence d'une ancienne langue commune (l'indo-européen) aux langues néerlandaise, grecque, latine, perse, germaniques, slaves, celtes et baltes ; langue-ancêtre qu'il avait baptisée du nom « scythique ».
En 1710, le philologue Gottfried Wilhelm Leibniz appliqua les idées de gradualisme et d'uniformitarisme à la linguistique.
En 1713, William Wotton suggère l'existence d'une proto langue indo-européenne.
Mikhaïl Lomonossov compara des éléments linguistiques dans différentes langues du monde, notamment le slave, le balte, le perse, le finnois, le chinois, le khoïkhoï (alors appelé « hottentot »), et d'autres langues. Il émit l'idée de temps dans l'évolution des langues, notamment en partant de sa propre langue, le russe et une langue proche, de la même famille slave, le polonais. Il évoque alors les temps très lointains ou les langues d'autres familles linguistiques indo-européennes, telles que les langues germaniques, romanes ou grecque n'étaient pas encore séparées.
Le linguiste William Jones avance l'hypothèse d'une proto langue commune indo-européenne qui pourrait être le sanskrit. Lors d'une conférence donnée en 1786, il déclara :
« La langue sanskrite, quelle que soit son ancienneté, est d'une structure merveilleuse ; plus parfaite que le grec, plus riche que le latin, et plus exquisément raffinée que ce soit, mais en gardant de chacune d'elles une affinité plus forte, à la fois dans les racines verbales et les formes grammaticales, et qu'un accident aurait créé ; aussi fort en effet, qu'aucun philologue ne pourrait examiner toutes les trois, sans croire qu'elles sont issues à partir d'une source commune, qui, peut-être, n'existe plus[1]. »
Au cours du XIXe siècle, le linguiste allemand, August Schleicher tenta de reconstituer l'indo-européen commun dans son œuvre majeure Compendium der vergleichenden Grammatik der indogermanischen Sprachen. Son compatriote, Franz Bopp publia une grammaire comparée traduite en français par Georges Dumézil.
Au début du XXe siècle, le linguiste suisse, Ferdinand de Saussure, réalisa par ses recherches en linguistique, de grands progrès dans la connaissance linguistique et la langue indo-européenne commune. Il avança l'hypothèse de la théorie des laryngales, ses travaux furent repris et améliorés par le Danois Hermann Møller pour expliquer certains traits du vocalisme en indo-européen et en proto-indo-européen. Le français Georges Dumézil étudia la mythologie comparée qui est une approche anthropologique. Il est poussé dans cette direction par Antoine Meillet, qui veut le voir reprendre l'étude de la religion indo-européenne là où elle a été abandonnée depuis plusieurs décennies et abandonné par ses pairs philologues qui lui reprochent, pour les uns, d'inclure trop de mythologie dans des études littéraires et, pour les autres, de plier les faits à sa théorie.
Publications
(Par ordre chronologique)
- Historische Sprachforschung, 1852
- Bulletin de la Société de linguistique de Paris (BSL), Paris, 1869
- Indogermanische Forschungen, 1892
- Glotta, 1909
- Die Sprache, 1949
- Münchner Studien zur Sprachwissenschaft, 1952
- Journal of Indo-European Studies, 1973
- Études indo-européennes, Lyon, 1982
- Tocharian and Indo-European Studies, 1987
- Studia indo-europaea, 2001
- International Journal of Diachronic Linguistics and Linguistic Reconstruction, Munich, 2004
- Wékʷos, 2014