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État islamique en Afrique de l'Ouest

L'État islamique en Afrique de l'Ouest (EIAO) ou la Province d'Afrique de l'Ouest de l'État islamique (PAOEI) (arabe : ÙˆÙ„Ű§ÙŠŰ© Ű§Ù„ŰłÙˆŰŻŰ§Ù† Ű§Ù„ŰșŰ±ŰšÙŠ, Wilāyat al-SĆ«dān al-GharbÄ«), parfois dĂ©signĂ© par son acronyme anglais ISWAP (Islamic State's West Africa Province), est un groupe armĂ© salafiste djihadiste et une des « provinces » de l'État islamique.

État islamique en Afrique de l'Ouest
Image illustrative de l’article État islamique en Afrique de l'Ouest

Idéologie Salafisme djihadiste
Objectifs Expansion en Afrique du califat proclamĂ© par l'État islamique
Statut Actif
Fondation
Date de formation
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla, prises d'otages
Zone d'opération Nigeria, Niger, Cameroun, Mali, Burkina Faso, Tchad
Organisation
Chefs principaux Abubakar Shekau (destitué en 2016)
Abou Moussab al-Barnaoui
Membres 3 500 Ă  13 000[1] - [2]
AllĂ©geance Drapeau de l'État islamique État islamique
Insurrection de Boko Haram
Guerre du Sahel
Guerre du Mali
Insurrection djihadiste au Burkina Faso

Le groupe apparaĂźt le avec la dĂ©claration d'allĂ©geance de Boko Haram Ă  l'État islamique, qui est acceptĂ©e officiellement cinq jours plus tard. Cependant il se scinde en deux en aoĂ»t 2016, lorsque son commandant, Abubakar Shekau, est Ă©cartĂ© par l'État islamique pour « extrĂ©misme » et est remplacĂ© par Abou Mosab al-Barnaoui. OpposĂ© Ă  cette dĂ©cision, Shekau prend alors la tĂȘte d'une faction qui rĂ©adopte son ancien nom de Â« Groupe sunnite pour la prĂ©dication et le djihad » — le nom officiel de Boko Haram — tout en maintenant son allĂ©geance Ă  l'État islamique. Les deux factions deviennent cependant rivales et s'affrontent occasionnellement.

Le groupe prend part Ă  l'insurrection djihadiste dans le nord-est du Nigeria, le sud-est du Niger et l'extrĂȘme nord du Cameroun. En , il est ralliĂ© par l'État islamique dans le Grand Sahara, actif au nord-est du Mali, au nord du Burkina Faso et Ă  l'ouest du Niger.

Organisation

Commandement

Le , Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, annonce prĂȘter allĂ©geance Ă  Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique[3]. Le , l'EI dĂ©clare accepter l'allĂ©geance de Boko Haram[4].

Mais en , le gĂ©nĂ©ral Thomas Waldhauser (en), chef des forces amĂ©ricaines en Afrique, fait Ă©tat d'une scission au sein du groupe en affirmant que la moitiĂ© des membres de Boko Haram n'obĂ©issent plus Ă  Abubakar Shekau. Ils reprocheraient Ă  ce dernier de ne pas suivre les consignes de l'État islamique, notamment d'ĂȘtre restĂ© sourd aux exigences de l'EI de mettre fin aux attentats-suicides commis par des enfants[5] - [6].

Le , l'État islamique prĂ©sente Abou Mosab al-Barnaoui, comme le Wali et chef de ses forces en Afrique de l'Ouest[7].

Shekau répond le dans un communiqué audio dans lequel il refuse sa destitution. S'il reconnaßt toujours Abou Bakr al-Baghdadi comme le « calife des musulmans », il critique Abou Mosab al-Barnaoui qu'il qualifie de « déviant » et affirme qu'il a été « trompé » et qu'il ne veut plus « suivre aveuglément » certains émissaires de l'EI : « Par ce message, nous voulons affirmer que nous n'accepterons plus aucun émissaire, sauf ceux vraiment engagés dans la cause d'Allah »[8] - [9].

Selon Romain Caillet, l'État islamique en Afrique de l'Ouest s'est divisĂ© en deux tendances :

« Une tendance qui se rallie derriĂšre Abubakar Shekau, qui est la plus dure et une tendance qui va paradoxalement ĂȘtre un peu moins radicale, un peu moins extrĂ©miste et qui est justement cette tendance qui s’est ralliĂ©e Ă  l’Etat islamique. C’est-Ă -dire que contrairement Ă  tout ce qu’on pouvait dire, finalement les partisans de Shekau sont les partisans de la ligne ultra radicale absolue »[10].

Abou Mosab al-Barnaoui est secondĂ© par Mamman Nour et parmi les autres chefs qui l'ont ralliĂ© figurent principalement Mallam Bako, Abubakar al-NoukĂ©, Abubakar MainokĂ© et Adam Badri Mohammed Yusuf — le frĂšre d'al-Barnaoui[11].

Au cours de l'annĂ©e 2018, des purges internes auraient touchĂ© le commandement de l'État islamique en Afrique de l'Ouest selon des mĂ©dias nigĂ©rians[12] - [13]. En , Mamman Nour, le numĂ©ro 2 de l'organisation, aurait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par d'autres membres de l'État islamique en Afrique de l'Ouest[12] - [13].

Incarnant la tendance la moins radicale du groupe, il aurait été accusé par les plus extrémistes d'avoir libéré les jeunes filles enlevées à Dapchi sans obtenir de rançon ou bien de l'avoir détournée[12] - [13]. En octobre, le numéro 3, Ali Gaga, aurait été exécuté à son tour, aprÚs avoir été suspecté d'avoir voulu se rendre aux autorités nigériannes[12] - [13].

Abou Mosab al-Barnaoui est destituĂ© Ă  son tour par l'État islamique en et remplacĂ© par Abou Abdullah Ibn Umar Al-Barnaoui[14] - [15] - [2] - [16].

Abou Moussab Al-Barnaoui n'est pas Ă©cartĂ©e totalement du commandement durant cette pĂ©riode. En 2021, l'État islamique replace Abou Moussab a la tĂȘte de l'ISWAP en tant que chef intĂ©rimaire [17].

Effectifs

En , la CIA estime Ă  7 000 le nombre des djihadistes de l'État islamique en Afrique de l'Ouest[6].

En 2018, le Combating Terrorism Center (en) estime que la faction d'Abou Mosab al-Barnaoui compte 3 500 Ă  5 000 combattants et celle d'Abubakar Shekau environ 1 000 combattants[18] - [1]. DĂ©but 2019, pour Vincent Foucher, chercheur au CNRS, indique que d'aprĂšs des sources sĂ©curitaires, la faction d'al-Barnaoui compterait 2 500 Ă  5 000 hommes et celle de Shekau environ 2 000[19]. D'autres sources font Ă©tat d'environ 13 000 hommes pour la faction de Barnaoui en 2019[2].

Selon des sources militaires françaises du Figaro, au moins une quinzaine d'Irakiens de l'État islamique auraient Ă©tĂ© envoyĂ©s en 2016 au Nigeria pendant six mois pour entraĂźner les combattants de Boko Haram « aux techniques de combat, au maniement des explosifs, et Ă  la fabrication d'armes artisanales, dont des lance-roquettes »[20] - [21]. Ils auraient Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s dans la forĂȘt de Sambisa et dans l'État d'Adamawa[21].

Entre 2015 et 2017, des groupes de combattants de l'État islamique en Afrique de l'Ouest partent en Libye afin de recevoir des formations militaires de la part de la branche libyenne de l'État islamique[2]. Des djihadistes libyens partent Ă©galement au Nigeria pour servir d'instructeurs[2].

Histoire

Relations entre l'État islamique en Afrique de l'Ouest et Boko Haram

Zones d'influence et de contrîle de l'État islamique en Afrique de l'Ouest et de Boko Haram en 2019

AprĂšs le scission de 2016, la faction de Shekau conserve comme fief la forĂȘt de Sambisa[22], tandis que la faction de Barnaoui s'implante au nord-est de Maiduguri et dans la rĂ©gion du lac Tchad[23] - [24] - [25]. La plupart des combattants de l'EI en Afrique de l'Ouest prennent le parti d'al-Barnaoui[26] - [11].

Le , Abubakar Shekau apparaĂźt avec plusieurs de ses combattants dans une vidĂ©o dans laquelle ils dĂ©noncent le « dogme dĂ©viant » d'Abou Mosab al-Barnaoui mais affirment qu'ils ne le combattront pas. Shekau affirme qu'il continue la lutte contre les « mĂ©crĂ©ants » en menaçant les Nations unies, les États-Unis, la France et l'Allemagne. Il dĂ©clare faire « du combat contre le Nigeria et le monde entier une responsabilitĂ© personnelle »[27] - [28] - [29] - [30] - [31] - [32].

Des combats entre l'État islamique et le Groupe sunnite pour la prĂ©dication et le djihad sont cependant signalĂ©s, notamment en [33] et en [34].

En mai 2021, l'État islamique en Afrique de l'Ouest attaque les forces de Boko Haram dans la forĂȘt de Sambisa[35]. Lors des combats qui suivent, Abubakar Shekau se retrouve cernĂ© et se suicide aprĂšs avoir refusĂ© de se rendre[36].

En septembre 2021, Boko Haram prend l’üle de Kirta Wulgo Ă  l'ISWAP aprĂšs des combats qui auraient fait une centaine de morts de part et d’autre, peu de temps aprĂšs, ISWAP reprendra la localitĂ©[37].

Ralliement de l'État islamique dans le Grand Sahara

En , l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), dirigĂ© par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, est intĂ©grĂ© Ă  l'État islamique en Afrique de l'Ouest[38] - [39]. À partir de cette date, les attaques de l'État islamique dans le Grand Sahara sont dĂ©sormais revendiquĂ©es sous le label de l'État islamique en Afrique de l'Ouest[2]. Les deux branches demeurent sĂ©parĂ©es territorialement[2], mais des djihadistes nigĂ©rians auraient Ă©tĂ© envoyĂ©s dans la zone d'action de l'ex-EIGS[38].

Le , l'État islamique diffuse pour la premiĂšre fois une vidĂ©o de l'EIAO qui fait l'historique de la branche sahĂ©lienne, l'ex-EIGS[38].

En mars 2022, l'État islamique dans le Grand Sahara obtient grĂące Ă  des nĂ©gociations avec l'État islamique central, l'obtention d'une wilayat Ă  part entiĂšre.

Gouvernance

Contrairement aux agissements du groupe rival, Boko Haram, qui considÚre les musulmans vivant en dehors de son contrÎle comme des apostats méritant la mort, l'ISWAP s'est distingué par son refus catégorique d'attaquer les populations civiles musulmanes[40].

L'État islamique a aussi pressĂ© sa filiale africaine Ă  crĂ©er un rĂ©gime fiscal solide et rentable prenant compte des besoins des populations, prĂ©fĂ©rant offrir des services pour se financer plutĂŽt que de piller les villages et les marchĂ©s Ă  la maniĂšre des hommes de Shekau[40].

L'ISWAP a maintenu une attitude accueillante envers les musulmans et s'est abstenu du type d'abus auxquels Shekau s'est livré, notamment les enlÚvements et les mariages forcés de femmes et de fillettes et le recrutement forcé de garçons. L'ISWAP a l'habitude de punir les combattants qui ont commis des abus[40].

Dans son application de la charia, le groupe a pris l'habitude de couper la main aux voleurs n'Ă©tant pas dans le besoin, et de tuer les adultĂšres[40].

Le groupe rĂšgle aussi les diffĂ©rends locaux notamment entre les Ă©leveurs et les agriculteurs grĂące Ă  des tribunaux de la charia. Le groupe punit tout type de voleur, notamment ceux d'en ses propres rangs, ce qui valu au groupe selon Crisis Group, d'ĂȘtre acceptĂ© par les habitants[40].

En mai 2021, le chef de l'ISWAP a annoncé la création d'une commission chargée d'examiner les abus des membres de l'ISWAP contre les civils, allant jusqu'à limoger plusieurs dirigeants de l'ISWAP qu'il jugeait indûment durs envers les civils[40].

Un civil qui a contacté cette commission a déclaré à Crisis Group qu'il avait été indemnisé aprÚs avoir été volé par des membres de l'ISWAP[40].

Le groupe grùce à son régime fiscal favorable a réussi à faire revenir une partie de la population dans son territoire pour se livrer à des activités socio-économiques. Les habitants voulant vivre de la pÚche ou de l'élevage le peuvent s'ils s'acquittent des taxes imposées[40].

Un berger du nord de Borno déclare à Crisis Group : « Les villageois et les indigÚnes sont de retour (depuis la mort de Shekau), des places s'ouvrent. Ils [ISWAP] ne restreignent pas les zones ».

Un chef peul a dĂ©clarĂ© que l'ISWAP tenait Ă©galement Ă  offrir une protection, invitant les Ă©leveurs Ă  emmener leurs animaux dans les zones contrĂŽlĂ©es par l'ISWAP de Sambisa, qu'ils avaient dĂ©sertĂ©es en raison des mauvais traitements infligĂ©s par le JAS. Avec la dĂ©faite de Shekau, a dĂ©clarĂ© l'ISWAP, les Ă©leveurs sont en sĂ©curitĂ© tant qu'ils paient la taxe standard d'une tĂȘte de bĂ©tail sur 30 bĂȘtes chaque an[40].

Le groupe tente de se concilier les populations civiles, fournit des aides aux agriculteurs, encourage le commerce, fait creuser des puits, donne l’aumĂŽne aux indigents, apporte des aides mĂ©dicales et tolĂšre les campagnes de vaccinations menĂ©es par des organisations humanitaires contre la polio[2].

Toujours selon Crisis Group, l'État islamique est en train de s'enraciner profondĂ©ment dans les zones rurales du Borno, et cela beaucoup plus dangereusement depuis que le groupe a Ă©vincĂ© Shekau. Selon plusieurs sources, entre 800.000 et 3 millions de civils vivraient sous le contrĂŽle total ou partiel de l'ISWAP[40].

Financement

L'EIAO taxe les populations locales et gÚre divers trafics[41], comme de la contrebande de poissons séchés, revendus sur les marchés dans le nord du Nigeria[42] - [43]. La corruption de l'armée nigériane bénéficie également au groupe : entre et une quinzaine d'officiers supérieurs et généraux sont poursuivis et condamnés pour avoir vendu de l'armement et des informations au groupe djihadiste[44].

En 2016, l'État islamique transfĂšre Ă  sa branche nigĂ©riane des sommes de 500 000 dollars tous les quatre mois[2]. À partir de 2017 ces sommes deviennent moins consĂ©quentes, mais en 2018 l'État islamique en Afrique de l'Ouest est capable de s'autofinancer[2]. Il prĂ©lĂšve des taxes et domine la production et la distribution du poisson sĂ©chĂ© pĂȘchĂ© dans le lac Tchad, ainsi que la production de poivre sĂ©chĂ© et de riz[2]. L'organisation prĂ©lĂšve ainsi 2 Ă  3 millions de dollars par mois dans les territoires sous son contrĂŽle[2].

L'organisation djihadiste se finance Ă©galement grĂące Ă  l'aumĂŽne. L'État islamique a rĂ©vĂ©lĂ© dans son bulletin d'information hebdomadaire que sa filiale ouest-africaine a collectĂ© plus de 51,9 millions de naira au nom de la zakat entre mars et mai 2021[45].

En , la CEDEAO par le biais du Groupe d'action intergouvernementale contre le blanchiment en Afrique de l'Ouest a affirmĂ© dans un rapport que la branche africaine de l'État islamique blanchirait au moins 18 milliards de naira (environ 36 millions de dollars) chaque annĂ©e grĂące au systĂšme financier nigĂ©rian[46].

En , six NigĂ©rians ont Ă©tĂ© reconnus coupables par les autoritĂ©s des Émirats arabes unis Ă  des peines allant de 10 ans de prison Ă  la perpĂ©tuitĂ©. Ils auraient facilitĂ© l'acheminement de plus de 782 000 dollars vers des groupes terroristes au Nigeria[47].

Encore selon la CEDEAO, l'EIAO se maintient grùce à la collecte de taxes et au commerce dans la région du lac Tchad. Le groupe islamiste gagne aussi de l'argent en rançonnant des militaires, des chrétiens et des humanitaires capturés. Le groupe aurait aussi de nombreuses entreprises de façade pour blanchir ses liquidités[48] - [49] - [50].

Communication

Pendant plusieurs années la communication de Boko Haram demeure archaïque, le groupe diffuse des vidéos de qualité médiocre, transmises par clés USB ou par cassettes à l'AFP.

Cependant, vers dĂ©but 2015, alors que Boko Haram s'apprĂȘte Ă  faire allĂ©geance Ă  l'État islamique, la communication de l'organisation djihadiste se modernise. Elle se dote d'un compte Twitter et d'une branche mĂ©diatique, Al-Urwa al-Wuthqa ("L'anse la plus solide"). Le , Boko Haram diffuse notamment une vidĂ©o de propagande bien supĂ©rieure techniquement Ă  celles rĂ©alisĂ©es par le passĂ©, elle s'inspire des films de l'EI, dont elle reprend les codes et les hymnes[51] - [52] - [53] - [54].

AprĂšs l'allĂ©geance de Boko Haram Ă  Abou Bakr al-Baghdadi, l'État islamique prend en main la communication, ce qui « dĂ©multiplie la force de frappe mĂ©diatique de Boko Haram » selon Romain Caillet[55]. Le , l'EIAO publie une vidĂ©o de dĂ©capitation au sabre de trois hommes vĂȘtus de combinaison orange ; il s'agit de la premiĂšre vidĂ©o du genre Ă  reprendre tous les codes de l'État islamique[11].

Entre et , l'État islamique en Afrique de l'Ouest diffuse quatre vidĂ©os longues et des reportages photos, ce qui en fait alors la branche la plus active de l'EI sur le plan de la propagande avec celles du YĂ©men et du SinaĂŻ[16].

Le , l'État islamique en Afrique de l'ouest publie une vidĂ©o de 14 minutes montrant les restes du groupe Boko Haram dans la forĂȘt de Sambisa rejoindre ISWAP aprĂšs la mort du chef de Boko Haram Abu-Bakr Shekau[56].

Le , l'État islamique publie dans son journal hebdomadaire An-Naba sa version des faits concernant l'assaut de la forĂȘt de Sambisa, fief de Shekau et confirme la mort du chef d'Abubakr Shekau[57]. Le mĂȘme jour, l'État islamique publie un audio du porte parole de l'EI, Abu Hamza al-Qurayshi, fĂ©licitant l'ISWAP de sa victoire contre les "khawarij" de Shekau, et appelant les combattants de l'État islamique Ă  Ă©viter l'injustice, et Ă  multiplier les aumĂŽnes[58].

En , la branche mĂ©diatique de l'État islamique publie une vidĂ©o de sa filiale ouest-africaine. Cette vidĂ©o de 27 minutes couvre l'entraĂźnement thĂ©ologique et militaire d'une vingtaine d'adolescent ĂągĂ©e entre 14 et 17 ans. La vidĂ©o est parfaitement filmĂ©e et rĂ©alisĂ©e, ce qui met en valeur l'expertise de la branche nigĂ©riane de l'État islamique en propagande audiovisuelle[59].

Exactions

En 2013, Boko Haram lance une vague de massacres et d'attentats contre les habitants des villages oĂč sont constituĂ©es des milices d'autodĂ©fense, contre les Ă©lĂšves et les professeurs d'Ă©tablissements scolaires et contre les chrĂ©tiens[60]. Les tueries font des milliers de morts et culminent en 2015[61].

À partir de 2016, la branche de l'État islamique en Afrique de l'Ouest dirigĂ©e par Abou Mosab al-Barnaoui et Mamman Nour rompt avec cette stratĂ©gie Ă©tablie par Abubakar Shekau[2].

Elle s'oppose aux attaques et aux exactions contre les civils et aux attentats commis par des enfants[2]. Elle tente alors de se concilier les populations civiles, réprime sévÚrement le banditisme et le vol de bétail, fournit des aides aux agriculteurs, encourage le commerce, fait creuser des puits, apporte des aides médicales et tolÚre les campagnes de vaccinations menées par des organisations humanitaires contre la polio[2].

Mais en , Mamman Nour, est accusĂ© entre autres d'ĂȘtre trop modĂ©rĂ©, il est assassinĂ© par d'autres membres de l'EIAO et les partisans d'une ligne plus dure reprennent le dessus[16] - [13] - [19].

À l'automne 2018, deux employĂ©es de la Croix-Rouge sont exĂ©cutĂ©es par l'État islamique en Afrique de l'Ouest[62]. Le , le groupe diffuse une vidĂ©o montrant l'exĂ©cution par balles de 11 chrĂ©tiens[63].

Les djihadistes d'ISWAP organiserait rĂ©guliĂšrement des points de contrĂŽle sur des routes et axe stratĂ©giques dans la province du Borno. Selon de nombreux rapports, les insurgĂ©s arrĂȘte rĂ©guliĂšrement des vĂ©hicules sur l'axe Maiduguri-Damaturu.

Selon le directeur général du Centre pour la justice sur la religion et l'ethnicité au Nigeria, Kallamu Musa Ali Dikwa :

« Le long de la route Maiduguri-Damaturu. Lorsque l'ISWAP kidnappe des passagers dans un bus, garde les passagers chrĂ©tiens captifs et libĂšre les passagers musulmans, ce n'est pas qu'une fois, cela s'est produit. Ils arrĂȘtent simplement la voiture, entrent dans la brousse, libĂšrent les musulmans et retiennent les chrĂ©tiens en captivitĂ©. »[64].

Références

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  3. Boko Haram fait allĂ©geance au groupe État islamique, RFI, 7 mars 2015.
  4. L'État islamique accepte l'allĂ©geance de Boko Haram, Le Monde, 12 mars 2015.
  5. Boko Haram en proie à une scission, selon l'état-major américain, Reuters, 21 juin 2016.
  6. Y-a-t-il une scission au sein du groupe Boko Haram?, RFI, 22 juin 2016.
  7. L'EI nomme un nouveau chef de Boko Haram, le sort d'Abubakar Shekau incertain, France 24 avec AFP, 4 août 2016.
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  9. Joan Tilouine, L’organisation Etat islamique tente de reprendre en main Boko Haram, Le Monde, 4 aoĂ»t 2016.
  10. Jean-Jacques Louarn, Romain Caillet: les deux tendances de Boko Haram, Shekau et al-Barnawi, RFI, 5 août 2016.
  11. Tanguy Berthemet, L'État islamique reprend en main Boko Haram, Le Figaro, 16 mars 2017.
  12. Nigeria: purges Ă  la tĂȘte de Boko Haram, RFI, 2 octobre 2018.
  13. Violences au Nigeria: les plus radicaux pourraient avoir pris le contrĂŽle de Boko Haram, AFP, 18 septembre 2018.
  14. Un chef local de Boko Haram, al-Barnawi, aurait été destitué, RFI, 8 mars 2019.
  15. Nigeria : L'Etat islamique destitue Al-Barnawi, chef d'une faction de Boko Haram, Koaci, 8 mars 2019.
  16. Matteo Puxton, Etat islamique au Nigéria: les djihadistes ont "tiré les leçons de l'expérience irako-syrienne", France Soir, 13 juin 2019.
  17. L’EI en voie de supplanter Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, OLJ, 5 juin 2021.
  18. [vidéo] Nigeria : les jihadistes se déplacent librement autour du Lac Tchad, France 24, 26 novembre 2018.
  19. Fatoumata Diallo, Nigeria : Boko Haram, affaibli par les troupes de Buhari, « a gagné en qualité tactique », Jeune Afrique, 12 février 2019.
  20. Georges Malbrunot, Traqué, Al-Baghdadi, le chef de Daech, se terre dans le désert, Le Figaro, 9 mars 2017.
  21. Georges Malbrunot, Daech cherche Ă  s'Ă©tendre en Afrique, Le Figaro, 16 mars 2017.
  22. Nigeria : 21 lycéennes de Chibok libérées par le groupe djihadiste Boko Haram, Le Monde avec AFP, 13 octobre 2016.
  23. Nigeria/lycĂ©ennes: Boko Haram prĂȘt Ă  nĂ©gocier, Le Figaro avec Reuters, 16 octobre 2016.
  24. Barnaoui Ă  la tĂȘte de Boko Haram : le djihadisme de pĂšre en fils, AFP, 25 aoĂ»t 2016.
  25. Boko Haram perd du terrain au Nigeria, Le Monde avec AFP, 28 décembre 2016.
  26. “L’ancien chef de Boko Haram a Ă©tĂ© destituĂ© par l’État islamique pour extrĂ©misme”, Les Inrocks, 7 aoĂ»t 2016.
  27. L’ex-chef de Boko Haram apparaĂźt dans une vidĂ©o adressĂ©e au groupe État islamique, Les Inrocks, 8 aoĂ»t 2016.
  28. Romain Caillet, #Nigéria : la section médiatique du #GSPJ (#BokoHaram) publie une nouvelle vidéo dans laquelle apparaßt Shekau., twitter, 7 août 2016.
  29. Nigeria : Shekau rĂ©affirme sa volontĂ© de se battre Ă  la tĂȘte de Boko Haram, Le Point avec AFP, 8 aoĂ»t 2016.
  30. Clarisse Martin, Boko Haram : pourquoi Abubakar Shekau a été destitué par Daesh, RTL avec AFP, 8 août 2016.
  31. Anissa Boumediene, Destitution du chef de Boko Haram : «Si Abubakar Shekau sort du giron de Daesh, la confrontation armée sera inévitable», 20 Minutes, 8 août 2016.
  32. Boko Haram: qui est Ă  la tĂȘte de l'organisation?, France Culture, 9 aoĂ»t 2016.
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