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Éric Baudelaire

Éric Baudelaire, nĂ© Ă  Salt Lake City (États-Unis) le [1] - [2], est un artiste et cinĂ©aste français.

Éric Baudelaire
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Biographie

Famille et formation

Éric Baudelaire passe son enfance entre la France et les États-Unis oĂč il termine ses Ă©tudes supĂ©rieures, obtenant un diplĂŽme en sciences politiques Ă  l'universitĂ© Brown situĂ©e Ă  Providence, dans l’État de Rhode Island[3].

Parcours professionnel

Il travaille comme chercheur au Harvard Kennedy School of Government[4].

En 2000, un voyage en compagnie de l'Ă©crivain Dov Lynch[5] dans trois entitĂ©s d'ex-URSS marque sa transition vers le champ des arts visuels[6]. En Abkhazie, entitĂ© ayant dĂ©clarĂ© en 1992 son indĂ©pendance de la GĂ©orgie, Éric Baudelaire rĂ©alise un premier travail photographique intitulĂ© États ImaginĂ©s[7] qui paraĂźt sous forme de livre en 2005 aux Ă©ditions Actes Sud[8].

Lors d'une rĂ©sidence Ă  la Villa Kujoyama Ă  Kyoto en 2008[9], Éric Baudelaire rĂ©alise deux films courts, [sic][10] et The Makes[11], tous deux sĂ©lectionnĂ©s au festival international du film de Rotterdam[12]. Au Japon, il dĂ©bute Ă©galement une recherche sur l'ArmĂ©e rouge japonaise qui aboutit avec un premier long mĂ©trage, L'Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 annĂ©es sans images[13]. Reprenant la notion d'Anabase d'aprĂšs XĂ©nophon, le film retrace l'histoire d'un groupuscule terroriste japonais dont les membres ont quittĂ© Tokyo pour Beyrouth pendant les annĂ©es 1970, avant de revenir Ă  Tokyo en 2000[14]. Le rĂ©cit est racontĂ© par Mei Shigenobu, fille de la fondatrice de l'ArmĂ©e rouge japonaise, et Masao Adachi, cinĂ©aste expĂ©rimental de la nouvelle vague japonaise, qui a rejoint la lutte armĂ©e pour la cause palestinienne au Liban. Le film est sĂ©lectionnĂ© au festival international de cinĂ©ma de Marseille (FID Marseille)[15] et gagne le prix du jury au festival DocLisboa[16]. Le film est Ă©galement prĂ©sentĂ© au Centre Pompidou, dans le cycle « VidĂ©o et aprĂšs »[17].

La collaboration entre Éric Baudelaire et Masao Adachi donne lieu Ă  un second film, The Ugly One[18], en 2013. Adachi Ă©tant interdit de quitter le territoire japonais, Baudelaire lui commande un scĂ©nario pour un film qu'il tourne Ă  Beyrouth, et pour lequel Adachi lui envoie des pages de dialogue chaque matin du tournage. Le film retrace l'histoire de deux personnages ayant perdu la mĂ©moire pendant la guerre civile libanaise, et bascule dans une forme expĂ©rimentale lorsque le scĂ©nario d'Adachi se rĂ©vĂšle impossible Ă  tourner[19]. Le film est sĂ©lectionnĂ© au Festival international du film de Locarno[20] en 2013, et il est prĂ©sentĂ© sous forme d'installation Ă  la Triennale de Yokohama[21].

En 2014, Baudelaire retourne en Abkhazie pour rĂ©aliser Letters to Max[22]. Le film est basĂ© sur une sĂ©rie de lettres que Baudelaire expĂ©die, depuis Paris, Ă  Maxim Gvinjia ancien ministre des affaires Ă©trangĂšres d'Abkhazie[23]. La correspondance touche Ă  des histoires personnelles et Ă  l'amitiĂ© entre Baudelaire et Gvinjia, mais aussi Ă  des questions philosophiques liĂ©es au caractĂšre fictif de l'idĂ©e d'État-nation, Ă  l'image de ces lettres qui n'auraient pas dĂ» arriver Ă  leur destinataire puisque la France ne reconnaĂźt pas l'Ă©tat Abkhaze[24]. En 2015, Baudelaire organise l'exposition The Secession Sessions qui comprend des projections du film Letters to Max, une performance de Maxim Gvinjia intitulĂ©e The Abkhaz Anembassy[25], et une sĂ©rie de confĂ©rences et de discussions auxquelles sont conviĂ©s des chercheurs de diffĂ©rents domaines pour aborder des questions liĂ©es au sĂ©cessionnisme, au nationalisme et aux Ă©tats non-reconnus. L'exposition dĂ©bute au Centre d'art BĂ©tonsalon Ă  Paris[26], et se poursuit en NorvĂšge au Bergen Kunsthall[27], aux États-Unis au Berkeley Art Museum / Kadist San Francisco[28], et aux Émirats arabes unis pour la 12e Biennale de Charjah[29] oĂč le projet remporte le prix[30].

Dans Also Known As Jihadi, un long mĂ©trage rĂ©alisĂ© en 2017, Baudelaire retrace l'itinĂ©raire d'un jeune Français qui quitte le Val-de-Marne en 2012 pour rejoindre les rangs du Front al-Nusra en Syrie[31]. Le film est inspirĂ© de A.K.A. Serial Killer (1969) de Masao Adachi[32], notamment de la notion de "thĂ©orie du paysage" (fĂ»keiron en japonais), qui propose de filmer les lieux dans lesquels le protagoniste du film a vĂ©cu pour y chercher la trace des structures de pouvoir qui ont pu influencer ses actes[33]. Baudelaire s'Ă©loigne du film d'Adachi en rajoutant un deuxiĂšme Ă©lĂ©ment : des extraits du dossier judiciaire du protagoniste du film (Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques, procĂšs-verbaux d'interrogatoires, filatures) qui s'insĂšrent entre les paysages oĂč il a vĂ©cu[34]. Le film est en compĂ©tition au Festival international de cinĂ©ma de Marseille (FID Marseille), et gagne le grand prix du Festival dei popoli Ă  Florence[35].

Also Known As Jihadi est au centre d'APRÈS, une exposition monographique d'Éric Baudelaire prĂ©sentĂ©e au Centre Pompidou en [36]. Le projet, dont le titre se rĂ©fĂšre implicitement aux Ă©vĂ©nements du 13 novembre 2015 Ă  Paris, propose un agencement d’Ɠuvres, de films et d'une programmation d'Ă©vĂ©nements pour interroger les moyens et les fins de l'art face Ă  l'Ă©vĂ©nement, dans un temps qu'Éric Baudelaire dĂ©crit comme « un enchevĂȘtrement constant d'aprĂšs : aprĂšs l'Ă©vĂ©nement, aprĂšs la catastrophe, aprĂšs le bouleversement des certitudes[37]». L'utilisation hybride de l'espace musĂ©al entre cinĂ©ma et art contemporain caractĂ©risant le travail d'Éric Baudelaire, se fait, Ă  cette occasion, avec une sĂ©lection d'Ɠuvres issues de la collection du musĂ©e national d'Art moderne (Brancusi, Kurt Schwitters, Robert Filliou, Rosemarie Trockel) qui dialoguent avec le film Also Known As Jihadi[38]. Une programmation quotidienne de rencontres, de projections et de discussions aborde, Ă  travers un abĂ©cĂ©daire, des sujets liĂ©s aux questionnements de l'exposition : A pour Architecture, C pour CommĂ©morer, H pour Hypnose, J pour Justice, T pour le Temps presse, etc[39].

En 2019, Éric Baudelaire prĂ©sente Tu peux prendre ton temps au Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition des artistes nominĂ©es au Prix Marcel Duchamp. Au cƓur du dispositif, Un film dramatique, d’une durĂ©e de 114 minutes, fabriquĂ© au fil de 4 annĂ©es avec un groupe d’élĂšves du collĂšge Dora Maar (Saint-Denis), est entourĂ© d’un PrĂ©lude et d’une installation visible depuis l’une des terrasses du musĂ©e : Beau comme un Buren mais plus loin. Il s’agit d’un drapeau rĂ©alisĂ© par l’une des Ă©lĂšves co-autrice du film, dĂ©ployĂ© en haut de la tour Pleyel ; repĂšre gĂ©ographique qui apparait de maniĂšre rĂ©currente dans le film[40].

Tu peux prendre ton temps a notamment été exposé à la Biennal de Sao Paulo en 2021[41].

De la mĂȘme maniĂšre, Death Passed My Way and Stuck His Flower in My Mouth, exposition qui s’est tenue Ă  la Kunst Halle de Sankt Gallen en 2021[42], dĂ©plie autour d’une installation filmique une sĂ©rie d’installations reprenant les motifs et les thĂ©matiques abordĂ©s dans le film.

Il est membre du collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalitĂ© des femmes et des hommes et la diversitĂ© dans le cinĂ©ma et l’audiovisuel[43] - [44].

Il est par ailleurs lauréat du Prix Marcel-Duchamp (2019)[45] et de la Bourse Guggenheim (2019)[46] - [47].

Filmographie

  • 2007 : Sugar Water, 72 minutes[48]
  • 2009 : [sic], 15 minutes[49]
  • 2010 : The Makes, 26 minutes[50]
  • 2011 : The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 annĂ©es sans images, 66 minutes[51]
  • 2013 : The Ugly One, 101 minutes[52]
  • 2014 : Letters to Max, 103 minutes[53]
  • 2017 : Also Known As Jihadi, 101 minutes[54]
  • 2018 : Walked the Way Home, 27 minutes[55]
  • 2019 : Un film dramatique
  • 2022 : Une fleur Ă  la bouche, 70 minutes[56]

Expositions

Expositions personnelles

  • 2007 : Circumambulation, Elizabeth Dee Gallery, New York
  • 2009 : Anabases (II), galerie Greta Meert, Bruxelles
  • 2009 : Anabases (I), Elizabeth Dee Gallery, New York
  • 2010 : Hammer projects: Éric Baudelaire, Hammer Museum, Los Angeles[57]
  • 2011 : The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi and 27 Years without Images, CAC la Synagogue de Delme, Delme[58]
  • 2012 : The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi and 27 Years without Images, Gasworks, Londres[59]
  • 2014 : Now_Then_Here_Elsewhere, Beirut Art Center, Beyrouth[60]
  • 2014 : The Secession Sessions, BĂ©tonsalon, Paris[61]
  • 2014 : The Secession Sessions, Bergen Kunsthall, Bergen[62]
  • 2014 : FRMAEOWRK, Fridericianum, Cassel[63]
  • 2015 : The Secession Sessions, UC Berkeley Art Museum / Kadist, San Francisco[28]
  • 2015 : The Ugly One, Ludwig Forum, Aachen, Allemagne[64]
  • 2017 : The Music of RamĂłn Raquello and his Orchestra Witte de With, Rotterdam[65]
  • 2017 : APRÈS, Centre Pompidou, Paris, France[66]
  • 2019 : Faire avec, CRAC Occitanie, SĂšte, France[67]
  • 2021: Death Passed My Way and Stuck This Flower in My Mouth, Kunst Halle Sankt Gallen[68]

Expositions collectives

  • 2012 : Intense ProximitĂ©, La Triennale, Palais de Tokyo, Paris
  • 2012 : A Blind Spot, Documentary Forum II, Haus der Kulturen der Welt, Berlin[69]
  • 2012 : Mindaugas Triennial, Baltic Triennial of International Art, Vilnius
  • 2012 : Modern Monsters / Death and Life of Fiction, 8th Taipei Biennial, Taipei Fine Arts Museum, Taipei[70]
  • 2014 : Ghosts, Spies and Grandmothers, Mediacity Biennale SeMA, SĂ©oul
  • 2015 : Sharjah Biennial 12, The past, the present, the possible, Sharjah
  • 2015 : The Inoperative Community, Raven Row, Londres[71]
  • 2016 : Still (the) Barbarians, EVA International, Ireland’s Biennale, Limerick
  • 2016 : Territories and Fictions, Thinking a New Way of the World, Museo Reina Sofia, Madrid
  • 2016 : Le Grand Balcon, Biennale de MontrĂ©al 2016, MontrĂ©al
  • 2017 : Contour Biennale 8, Mechelen
  • 2017 : Whitney Biennial, Whitney Museum of American Art, New York[72]
  • 2021 : Though it's dark, still I sing, 34Ăšme Biennale de Sao Paulo[73]
  • 2022 : When There Is No More Music to Write (with Alvin Curran), Spike Island, Bristol[74]

Prix, distinctions et récompenses

  • 2005 : prix de la fondation HSBC pour la photographie[75]
  • 2012 : Audi Talent Awards Art[76]
  • 2014 : SeMA-HANA Award, Mediacity, SĂ©oul[77]
  • 2015 : Sharjah Biennial 12 Prize[78]
  • 2017 : Future of Europe Art Prize
  • 2019 : laurĂ©at du prix Marcel-Duchamp pour son installation rĂ©alisĂ©e Ă  partir d'Un film dramatique[79]
  • 2020 : grand prix du Festival Punto de Vista, Pampelune, Espagne[80]

Interviews

  • 2011 : Festival dei Popoli, talk about The Anabasis[81]
  • 2012 : Taipei Biennial 2012 – Éric Baudelaire[82]
  • 2013 : Festival Punto de Vista – Éric Baudelaire[83]
  • 2014 : Film Society Lincoln Center : Filmmaker Éric Baudelaire discusses The Ugly One[84]
  • 2015 : Q&A with Stoffel Debuysere after Letters to Max screening in Brussels[85]
  • 2015 : Doc's Kingdom - Entrevista com Éric Baudelaire @ Canal180[86]
  • 2017 : Éric Baudelaire : L'Anabase |VidĂ©o et aprĂšs| Centre Pompidou[87]
  • 2017 : Art Basel Film Q&A with Maxa Holler[88]

Notes et références

  1. « Éric Baudelaire. À propos de la personne », sur centrepompidou.fr.
  2. « Eric BAUDELAIRE », sur le site du Centre national des arts plastiques, (consulté le ).
  3. (en) « Eric Baudelaire », sur le site de l'université Brown, Academia.edu (consulté le ).
  4. « Entretien avec Eric Baudelaire », sur le site personnel d'Anne Brunswic, (consulté le ).
  5. « Dov Lynch, écrivain irlandais, ancien diplomate, spécialiste de la Russie et des Balkans » [audio], sur le site de la chaßne de radio France Inter, (consulté le ).
  6. (en) « Event Horizon - Eric Baudelaire in conversation with Anthony Downey », sur le site Ibraaz Publishing, Contemporary Visual Culture in North Africa and the Middle East, (consulté le ).
  7. « Les Etats imaginés d'Eric Baudelaire », sur le site du magazine Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  8. « Etats imaginés », sur le site de la maison d'édition Actes Sud (consulté le ).
  9. « Eric Baudelaire », sur villakujoyama.jp (consulté le ).
  10. (en) « [sic] », IFFR,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. (en) « The Makes », IFFR,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. « Eric Baudelaire », sur filmfestivalrotterdam.com (consulté le ).
  13. (en) « Changed States », sur frieze.com (consulté le ).
  14. « L'Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images de Eric Baudelaire - () - Film - Documentaire - L'essentiel - Télérama.fr » (consulté le ).
  15. « FIDMarseille - Festival international de cinéma - International film festival », sur fidmarseille.org (consulté le ).
  16. (pt) Global Media Group, « DocLisboa - Longa-metragem de Wang Bing vence no 10.Âș Doclisboa », DN,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  17. Centre Pompidou, « Eric Baudelaire : L'Anabase | Vidéo et aprÚs », (consulté le ).
  18. « The Ugly One de Eric Baudelaire », sur MK2 (consulté le ).
  19. « Locarno, palmarĂšs sans tache », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  20. « The Ugly One », sur pardo.ch (consulté le ).
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  33. « À Beaubourg, Baudelaire s'attaque au djihad - Sortir - TĂ©lĂ©rama.fr », TĂ©lĂ©rama.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
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  36. « Éric Baudelaire dans les orniĂšres d’un jihadiste », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  37. « Arts. Éric Baudelaire, aprĂšs le bouleversement des certitudes », L'HumanitĂ©,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
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Liens externes

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