Accueil🇫🇷Chercher

Énergie en Turquie

L'énergie en Turquie était principalement fournie en 2020 par les combustibles fossiles : charbon : 27 %, pétrole : 29 %, gaz naturel : 27 %, soit au total 83 % de la consommation d'énergie primaire ; ces combustibles étaient importés à 86 %.

Énergie en Turquie
Image illustrative de l’article Énergie en Turquie
Barrage de Karakaya
Bilan énergétique (2020)
Offre d'énergie primaire (TPES) 6 159 PJ
(147,1 M tep)
par agent énergétique pétrole : 28,8 %
charbon : 27,2 %
gaz naturel : 26,9 %
électricité : 14,7 %
bois : 2,4 %
Énergies renouvelables 17,1 %
Consommation totale (TFC) 4 151 PJ
(99,1 M tep)
par habitant 50,3 GJ/hab.
(1,2 tep/hab.)
par secteur ménages : 21,8 %
industrie : 31,2 %
transports : 28,3 %
services : 14,1 %
agriculture : 4,6 %
pêche : 0,1 %
Électricité (2020)
Production 305,43 TWh
par filière thermique : 57,6 %
hydro : 25,6 %
éoliennes : 8,1 %
autres : 7,3 %
biomasse/déchets : 1,4 %
Combustibles (2020 - PJ)
Production pétrole : 142
gaz naturel : 15
charbon : 628
bois : 150
Commerce extérieur (2020 - PJ)
Importations électricité : 7
pétrole : 2048
gaz naturel : 1654
charbon : 1066
Exportations électricité : 9
pétrole : 321
gaz naturel : 23
charbon : 9
Sources
Agence internationale de l'énergie[1] - [k 1]
NB : dans le bilan énergétique, l'agent « bois » comprend l'ensemble biomasse-déchets.

La consommation d'énergie primaire en Turquie atteignait 74,3 GJ par habitant en 2019, inférieure de 6 % à la moyenne mondiale, de 51 % à celle de la France et de 50 % à celle de l'Allemagne.

L'électricité couvrait 20,9 % de la consommation finale d'énergie en 2019 ; elle était issue en 2021 pour l'essentiel de la production thermique fossile : 64,5 %, surtout du gaz naturel : 33,1 % et du charbon : 31,3 % ; les énergies renouvelables assuraient 35,5 % de la production : centrales hydroélectriques 16,7 %, énergie éolienne 9,3 %, énergie solaire photovoltaïque 3,8 %, centrales géothermiques 3,3 %, biomasse 2,3 %.

La production hydroélectrique de la Turquie se classe en 2019 au 8e rang mondial avec 2,0 % du total mondial ; la puissance installée de ses centrales hydroélectriques est au 9e rang mondial avec 2,2 % du total mondial. La Turquie se classe en 2020 au 11e rang mondial pour sa production d'électricité éolienne et au 13e rang mondial pour la production d'électricité de ses centrales solaires.

La Turquie étant en forte croissance, ses besoins énergétiques augmentent rapidement : +158 % entre 1990 et 2019. Pour répondre à cette forte demande, Ankara a lancé plusieurs grands projets :

  • le Projet d'Anatolie du Sud-Est inclut la construction de 19 centrales hydroélectriques ;
  • la loi sur la géothermie a permis de multiplier par vingt la puissance installée des centrales géothermiques, et les projets en cours pourraient encore la quadrupler ;
  • le Programme national de développement de la technologie nucléaire, lancé en 2007 par le TAEK (Institut turc à l'énergie atomique). Ankara prévoyait alors de porter la part de l'énergie nucléaire dans la production nationale d'électricité à un minimum de 8 % en 2020 et de 20 % en 2030 ; la mise en service de la centrale nucléaire d'Akkuyu est prévue en 2023 ; la construction des trois premiers réacteurs, de 1 200 MW chacun, a commencé en 2018, 2020 et 2021 ;
  • le Plan d'action national pour l'énergie renouvelable publié en 2013 fixait l'objectif de porter la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité de 29 % en 2013 à 38 % en 2023.

Les émissions de CO2 liées à l'énergie en Turquie ont atteint 4,44 tonnes CO2 par habitant en 2019, supérieures de 1 % à la moyenne mondiale et de 2 % à celle de la France, mais inférieures de 43 % à celle de l'Allemagne.

Vue d'ensemble

Énergie en Turquie[1]
Population
[k 1]
Consomm.
énergie
primaire
Produc-
tion
Importa-
tion nette
Consomm.
électricité
Émissions
de CO2[k 1]
Année Million PJ PJ PJ TWh Mt CO2éq
199055,12 1541 0401 16350129
200064,33 1941 1052 121105201
201073,04 4261 3243 179180268
201577,45 3931 3264 338229319
201678,25 7241 5124 424244339
201780,36 1471 5444 867262379
201881,46 0371 6904 578272374
201982,66 1591 8404 414272366,4
variation
1990-2019
+50 %+186 %+77 %+280 %+444 %+184 %
taux moyen
annuel
1990-2019
+1,4 %+3,7 %+2,0 %+4,7 %+6,0 %+3,7 %

Production d'énergie primaire

Production d'énergie primaire en Turquie par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon47745,954549,370152,953662834,1 %+32 %
Pétrole15114,611410,31118,41111427,7 %-6 %
Gaz naturel70,7222,0241,813150,8 %+105 %
Total fossiles63561,168261,783563,166078542,7 %+24 %
Hydraulique838,011110,118614,124228115,3 %+237 %
Biomasse-déchets30229,027224,619014,31351508,2 %-50 %
Éolien, géoth., solaire191,9403,71138,528962433,9 %+3133 %
Total EnR40438,942438,348936,96651 05557,3 %+161 %
Total4041001 1051001 3241001 3261 840100 %+77 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].

La production d'énergie primaire de la Turquie ne couvre que 30 % de sa consommation intérieure : 71,7 % sont importés, dont 1,7 % alimentent la consommation des transports internationaux. Les combustibles fossiles sont importés à 86,4 %.

Charbon

le pays importe plus de la moitié du charbon qu'il utilise

Les réserves prouvées récupérables de charbon de la Turquie étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 550 Mt (millions de tonnes) fin 2020, soit 0,07 % des réserves mondiales de charbon, et ses ressources ultimes à 786 Mt. Ces réserves représentent 500 ans de production au rythme de 2020[r 1]. Celles de lignite sont estimées à 10 975 Mt, soit 3,4 % des réserves mondiales de lignite, au 6e rang mondial[r 2]. Elles représentent 154 ans de production au rythme de 2020[r 3].

La production de charbon de la Turquie en 2021 est estimée par BP à 750 PJ, en progression de 14 % par rapport à 2020. Elle a reculé de 750 PJ en 2011 à 540 PJ en 2015 avant de remonter à 750 PJ en 2021[b 1].

En 2020, la production de charbon de la Turquie atteignait 628 PJ, en progression de 32 % par rapport à 1990. Elle couvrait 37 % de la consommation du pays. En 2019, 63 % de cette consommation était consacrée à la production d'électricité ; la consommation finale de 453 PJ se répartissait entre l'industrie (61 %), le tertiaire (27 %) et le secteur résidentiel (12 %)[1].

Pétrole

Les réserves de pétrole prouvées et économiquement récupérables de la Turquie sont estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) fin 2020 à 50 Mt (millions de tonnes), et les ressources potentielles supplémentaires à 980 Mt ; la production cumulée jusqu'à 2020 atteint 163 Mt : la Turquie a donc déjà très largement entamé ses ressources ; au rythme de la production actuelle, soit 3,3 Mt en 2020, les réserves seraient épuisées en 15 ans[r 4] ; elles ont cependant été revues en hausse de 16 % depuis 2010[2].

En 2020, la Turquie a produit 142 PJ de pétrole, en baisse de 6 % par rapport à 1990 ; cette production ne couvre que 8 % de sa consommation intérieure ; elle a importé 1 306 PJ de pétrole brut et 742 PJ de produits pétroliers, et exporté 320 PJ ; au total ses importations nettes représentent 92 % de ses besoins[1].

En 2021, la Turquie a consommé 1,89 EJ (exajoules) de pétrole et produits pétroliers, soit 939 kb/j (milliers de barils par jour), en hausse de 3,0 % en 2021 et de 41 % depuis 2011. Elle représente 1,0 % de la consommation mondiale[b 2].

Seul État membre de l’OTAN à ne pas appliquer les sanctions contre la Russie, la Turquie, au premier semestre 2022, achète deux fois plus de pétrole à la Russie que l’année précédente, rejoignant des pays comme l’Inde et la Chine, qui profitent du fait que Moscou cherche d’autres débouchés pour obtenir des prix réduits[3].

Oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan

Tracé de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan

L'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, qui part de l'Azerbaïdjan pour atteindre le port méditerranéen de Ceyhan, en Turquie, a été inauguré en 2005.

Gaz naturel

Les réserves de gaz naturel prouvées récupérables de la Turquie sont évaluées par BGR fin 2020 à Gm3 (milliards de mètres cubes), et les ressources potentielles supplémentaires à 1 553 Gm3 ; la production cumulée jusqu'à 2020 atteint 17 Gm3 : la Turquie a donc très largement entamé ses réserves ; au rythme de la production actuelle (0,5 Gm3 en 2020), les réserves prouvées seraient épuisées en 8 ans[r 5] ;elles ont baissé d'un tiers depuis 2010, mais les ressources potentielles ont été réévaluées en hausse de 71 %[2].

La Turquie a consommé 60 Gm3 de gaz en 2021 ; elle est dépendante à environ 45 % de la Russie pour son approvisionnement. Le gazoduc TurkStream, inauguré en 2020, est immergé sous la mer Noire et livre le gaz russe à Kiyiköy, au nord-ouest d'Istanbul. Sa capacité est de 30 Gm3, destinés à la Turquie et aux pays des Balkans. La Russie exporte aussi son gaz en Turquie depuis le début des années 2000 par le gazoduc Blue Stream, également sous la mer Noire, d'une capacité annuelle de 16 Gm3. La Russie a proposé en octobre 2022 de créer en Turquie un « hub gazier » par lequel pourraient transiter les exportations russes, après l'arrêt des gazoducs Nord Stream 1 et 2, mais il est peu probable que les entreprises capables de construire ce genre de gazoduc se risquent pas à s'engager dans un tel projet malgré les sanctions contre la Russie. La Turquie a commencé à exploiter un premier gisement de gaz naturel en mer Noire, à 170 km du rivage ; sa production devrait s'élever à 10 Gm3 au premier trimestre 2023, pour atteindre un pic de production en 2026 ; elle prospecte également depuis plusieurs années en Méditerranée orientale, entrant en conflit avec la Grèce et Chypre sur la définition de leurs frontières maritimes[4].

La Turquie a produit 15 PJ de gaz naturel en 2020, production en progression de 105 % par rapport à 1990, mais qui couvre seulement 1 % de la consommation de gaz du pays ; le reste, soit 1 631 PJ, est importé. Le gaz naturel a été utilisé en 2019 à 19 % pour produire de l'électricité et 5,5 % pour la cogénération (production combinée de chaleur et d'électricité) ; la consommation finale de gaz, soit 1 082 GJ en 2019, se répartit entre 36 % pour l'industrie, 46 % pour les ménages et 15 % pour le tertiaire[1].

Les importations nettes de gaz naturel de la Turquie la classent au 7e rang mondial en 2020 avec 47 Gm3, soit 4,8 % des importations mondiales[k 2].

En 2021, la Turquie a consommé 57,3 Gm3 (milliards de mètres cubes) de gaz naturel, soit 2,06 EJ (exajoule), en hausse de 24 % en 2021 et de 36 % depuis 2011. Elle représente 1,4 % de la consommation mondiale[b 3]. Ses importations par méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) ont atteint 13,9 Gm3, en baisse de 5,9 % en 2021, mais en progression de 136 % depuis 2011 ; elles proviennent en particulier d'Algérie pour 6,1 Gm3, des États-Unis pour 4,5 Gm3, du Nigeria pour 1,5 Gm3 et d'Égypte pour 1,3 Gm3[b 4].

Ses importations par gazoducs ont atteint 31,3 Gm3 en 2019, dont 14,6 Gm3 (47 %) en provenance de Russie, 9,2 Gm3 (29 %) d'Azerbaïdjan et 7,4 Gm3 (24 %) d'Iran[5].

Le président Recep Tayyip Erdogan annonce le la découverte d'un gisement de 320 milliards de m3 de gaz naturel en mer Noire. Il espère un démarrage de la production dès 2023 pour réduire la dépendance énergétique de la Turquie, mais cet objectif est jugé ambitieux car les réserves doivent encore être confirmées et l'exploitation du champ en eaux profondes s'annonce complexe[6] - [7].

Gazoducs

Gazoduc Blue Stream.

Le gazoduc Blue Stream alimente depuis 2003 la Turquie et l'Europe à partir de la Russie à travers la mer Noire.

Tracé du Turkish Stream et du Tesla Pipeline avec les pays fournisseurs et clients.

Le projet Turkish Stream devait également alimenter Istanbul, puis l'Europe, en traversant la mer Noire ; il a été annulé le à la suite de la destruction d'un chasseur russe par l'aviation turque[8]. Il avait lui-même remplacé le projet South Stream qui devait relier la Russie à l'Europe occidentale en traversant la mer Noire ; Gazprom avait annoncé en l'abandon de ce projet[9].

A la suite des améliorations des relations bilatérales russo-turques, le projet reprend à partir d'août 2016, et s'achève en 2019[10].

Le projet de gazoduc Nabucco devait relier l'Iran à l'Europe centrale en traversant la Turquie. Mais de nombreuses péripéties l'ont jusqu'ici empêché d'aboutir.

Géothermie

Des études ont identifié 225 champs géothermiques exploitables à échelle commerciale et environ 2000 ressources en eau chaude et minérale (sources et puits) dont les températures s'étalent entre 20 et 287 °C ; 1200 forages géothermiques d'exploration, de production et de réinjection ont été creusés en Turquie. 16 réseaux de chauffage urbain utilisent des ressources géothermiques pour desservir 77 453 résidences. L'utilisation pour les serres atteint Mm2 (millions de m²) dans six zones situées surtout à l'ouest du pays, en particulier pour la production de tomates destinées surtout à l'exportation vers la Russie (60 %) et l'Europe (20 %). Les usages balnéaires des eaux chaudes profitent à 16 millions de personnes par an, dont le site touristique de Pamukkale. Les pompes à chaleur géothermiques se développent dans des centres commerciaux, des hôtels et l'aéroport Sabiha Gokcen d'Istanbul. Les usages directs (hors production d'électricité) totalisent 45 126 TJ/an en 2015, dont 19 106 TJ/an pour les bains et piscines, 11 580 TJ/an pour les serres, 8 885 TJ/an pour le chauffage urbain, 4 635 TJ/an pour le chauffage individuel, 960 TJ/an pour les pompes à chaleur[11].

Consommation intérieure d'énergie primaire

La consommation d'énergie primaire en Turquie atteignait 74,3 GJ par habitant en 2019, inférieure de 6 % à la moyenne mondiale (79,1 GJ/hab), de 51 % à celle de la France (150,5 GJ), de 50 % à celle de l'Allemagne (148,3 GJ) et de 74 % à celle des États-Unis (282 GJ)[k 1], mais la progression de la consommation turque est très rapide : en 29 ans (1990-2019), elle a augmenté de 186 % (+3,7 % par an) alors que la population augmentait de 50 % (+1,4 % par an)[1] :

Consommation intérieure brute d'énergie primaire en Turquie par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon65230,395629,91 30729,51 4451 67827,2 %+157 %
Pétrole98045,51 27339,91 31929,81 6201 77428,8 %+81 %
Gaz naturel1205,652916,61 31429,71 6491 65426,9 %+1284 %
Total fossiles1 75281,32 75886,33 94089,04 7145 10682,9 %+191 %
Hydraulique833,91113,51864,22422814,6 %+237 %
Biomasse-déchets30214,02728,51904,31351502,4 %-50 %
Géothermie, éolien, solaire190,9401,31132,528962410,1 %+3133 %
Total EnR40418,842413,348911,06651 05517,1 %+161 %
Solde exp.électricité-3-0,1120,4-3-0,114-2-0,03 %ns
Total2 1541003 1941004 4261005 3936 159100 %+186 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].

La consommation de charbon en 2021 est estimée par BP à 1,74 EJ, dont 43 % couverts par la production locale[b 5].

Consommation finale d'énergie

La consommation finale d'énergie en Turquie (après raffinage, transformation en électricité ou en chaleur de réseau, transport, etc) a évolué comme suit :

Consommation finale d'énergie en Turquie par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
Charbon32919,445418,762118,950345310,4 %+38 %
Produits pétroliers85350,41 09445,21 18936,21 4691 65937,9 %+94 %
Gaz naturel301,82068,555016,78971 08224,8 %+3538 %
Total fossiles1 21171,61 75372,42 35971,82 8693 19473,1 %+164 %
géoth., Solaire th.161,0371,5762,31141162,7 %+610 %
Biomasse-déchets30217,827011,21865,71221062,4 %-65 %
Électricité1629,634514,261218,677291220,9 %+463 %
Chaleur160,7511,641431,0 %ns
Total1 6911002 4221003 2851003 9194 371100 %+158 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].

La répartition par secteur de la consommation finale d'énergie a évolué comme suit :

Consommation finale d'énergie en Turquie par secteur (PJ)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
Industrie45827,182934,295529,11 0971 29529,6 %+183 %
Transport38622,849220,361318,61 0171 17426,9 %+203 %
Résidentiel61036,172630,081124,784490320,7 %+48 %
Tertiaire372,21044,339712,151058413,4 %+1466 %
Agriculture824,81225,02076,31621954,5 %+139 %
Usages non
énergétiques
(chimie)
1186,91476,13019,22872205,0 %+87 %
Total1 6911002 4221003 2851003 9194 371100 %+158 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].

Secteur électrique

Production d'électricité

BP estime la production d'électricité de la Turquie en 2021 à 333,3 TWh, en hausse de 9 % en 2021 et de 45 % depuis dix ans, soit 1,2 % de la production mondiale et 8,3 % de celle de l'Europe[b 6]. La part des combustibles fossiles est de 64,5 % (gaz naturel : 33,1 %, charbon : 31,3 %, pétrole : 0,1 %) et celle des énergies renouvelables de 35,5 %, dont 16,7 % d'hydroélectricité[b 7]. La part du solaire est estimée à 3,8 %, celle de l'éolien à 9,3 % et celle des autres EnR (géothermie, biomasse, déchets) à 5,6 %[b 8].

Production d'électricité en Turquie par source (TWh)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon20,1835,138,1930,655,0526,176,17106,2734,8 %+427 %
Pétrole3,946,99,317,52,181,02,220,320,1 %-92 %
Gaz naturel10,1917,746,2237,098,1446,599,2269,3322,7 %+580 %
Total fossiles34,3159,693,7175,0155,3773,6177,61175,9257,6 %+413 %
Hydraulique23,1540,230,8824,751,8024,567,1578,1225,6 %+237 %
Géothermie0,080,140,080,060,670,33,429,933,3 %+12311 %
Biomasse0,170,130,330,161,244,391,4 %ns
Déchets0,050,040,120,060,110,030,01 %ns
Éolien0,030,032,921,411,6524,708,1 %ns
Solaire0,1911,263,7 %ns
Autres sources0,411,070,4 %ns
Total EnR23,2340,431,2125,055,8426,484,17129,5142,4 %+458 %
Total57,54100124,92100211,21100261,78305,43100 %+431 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[12].

Hydroélectricité

Selon l'International Hydropower Association, la production hydroélectrique de la Turquie a atteint 87,09 TWh en 2019, au 8e rang mondial avec 2,0 % du total mondial, loin derrière la Chine (1 302 TWh) et au 2e rang européen derrière la Norvège (125,77 TWh) et devant la Suède (64,83 TWh) et la France (63,61 TWh). La puissance installée des centrales hydroélectriques de la Turquie atteignait 28 503 MW fin 2019, au 2e rang européen derrière la Norvège (32 671 MW) et devant la France (25 557 MW), et au 9e rang mondial avec 2,2 % du total mondial, très loin derrière la Chine (356 400 MW)[13].

Géothermie

Les centrales géothermiques ont produit 9,93 TWh en 2020, soit 3,3 % de l'électricité du pays, en progression de 190 % par rapport à 2015[12].

L'exploration géothermale a commencé en Turquie dans les années 1960 ; depuis lors, 460 champs ont été identifiés. En juin 2019, 57 centrales ont été construites dans 27 de ces champs avec une puissance installée de 1 549 MWe produisant 8,17 TWh/an. Le potentiel hydrothermal du pays est estimé à 4 500 MWe à un prix de 0,1 $/kWh. Depuis 2015, 200 puits de production et 90 puits d'injection ont été forés, portant la puissance installée de 721 MWe à 1 549 MWe. En 2020, la Turquie a 48 MWe en construction et les projets financés en instance de démarrage atteignent 332 MWe. Le secteur privé a financé 90 % des investissemnts réalisés de 2015 à 2019[14].

L'International Geothermal Association (IGA - Association Internationale de Géothermie) dénombre 397 MW de centrales géothermiques en fonctionnement en Turquie en 2015, en progression de 138 % par rapport à 2013 et de 1827 % depuis 1990. Leur production atteint 3 127 GWh/an. Ce développement rapide surtout depuis cinq ans est dû à la nouvelle loi sur la géothermie et au tarif d'achat garanti. 225 champs géothermiques ont été découverts en Turquie ; les principales zones de production sont Denizli-Kizildere (107 MWe), Aydin-Germencik (98 MWe), Aydin-Hidirbeyli (68 MWe), Aydin-Pamukören (48 MWe), Aydin-Salavath (35 MWe), Manisa-Alasheir (24 MWe), Aydin-Gümüsköy (MWe), Çanakkale-Tuzla (MWe), Denizli-Gerali (MWe)[15].

Selon l'association américaine Geothermal Energy Association (GEA), les projets en cours ou annoncés en Turquie totalisaient 1 153 MW à la fin 2015[16].

Programme nucléaire

Le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan a donné en 2007 son feu vert à la construction de trois centrales nucléaires, pour une capacité cumulée de 5 000 mégawatts[17]. La mise en service était prévue pour 2012. Lancé en , l'appel d'offre prenait fin le , et seule la compagnie russe Atomstroyexport a présenté une offre[18]. La centrale nucléaire d'Akkuyu comptera 4 réacteurs d'une puissance totale de 4,8 GW, coûtera 20 milliards de dollars, et sera construite près de Mersin, sur les bords de la Méditerranée, par Rosatom, qui prévoit la mise en service en 2019. Le chantier a été lancé le [19]. Au début , les présidents Poutine et Erdogan ont posé la première pierre de la centrale, dont le financement restait alors incertain[20]. Le , le Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Fatih Dönmez, a visité le chantier de la centrale d'Akkuyu. Il a confirmé la mise en service de la première unité pour le centième anniversaire de la République de Turquie, en 2023. La construction hors-sol de l’unité 1 a débuté en [21] ; celle du réacteur Akkuyu-2 a commencé le [22] et celle du réacteur Akkuyu-3 le 10 mars 2021[23].

L'appel d'offres pour la 2e centrale nucléaire turque, la centrale nucléaire de Sinop dans la province de Sinop, sur les bords de la Mer Noire, a été remporté début par Areva et Mitsubishi, selon des sources japonaises ; la centrale, dont la construction devrait commencer en 2017 pour une entrée en service du premier réacteur en 2023, comptera 4 réacteurs, d'une puissance totale de 4,5 GW, coûtera 22 milliards de dollars (17 milliards d'euros), et sera exploitée par le français GDF Suez[24]. Le gouvernement turc a confirmé le l'attribution du contrat au consortium franco-japonais ; la centrale de Sinop disposera de 4 réacteurs Atmea de 1 100 MW chacun[25]. Le Parlement turc a donné en son accord à la construction de la centrale de Sinop, dont la mise en service est prévue en 2030[26]. Selon Le Figaro, Engie envisagerait de se retirer du projet Sinop, le nucléaire ne faisant plus partie de sa stratégie centrée sur trois grands métiers : les énergies renouvelables, le gaz et ses infrastructures et les services énergétiques[27]. En , l'étude de faisabilité du projet montre l'impossibilité de tenir les coûts et les délais du chantier : le montant des travaux atteindrait 30 milliards d'euros, près du double de la première évaluation. Engie et Itochu souhaiteraient se retirer du projet[28].

En , l’énergéticien public turc EUAS a signé avec Rolls-Royce Holdings plc une déclaration d’intention portant sur la réalisation d'une étude relative à l’utilisation de petits réacteurs modulaires (SMR) en Turquie. Rolls-Royce dirige un consortium d’entreprises britanniques consacré à la construction au Royaume-Uni du UK SMR, réacteur d'une puissance comprise entre 220 et 440 MW dont le coût de production de l’électricité est annoncé à 60 livres sterling/MWh (environ c€/kWh)[29].

Statistiques de consommation

La consommation turque d'électricité par habitant en 2019 était de 3 294 kWh, supérieure de 1 % à la moyenne mondiale (3 265 kWh), mais inférieure de 53 % à celle de la France (7 043 kWh), de 50 % à celle de l'Allemagne (6 606 kWh) et de 74 % à celle des États-Unis (12 744 kWh)[k 1].

La répartition par secteur de la consommation finale d'électricité a évolué comme suit :

Consommation finale d'électricité en Turquie par secteur (TWh)
Secteur 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
Industrie27,360,846,153,777,345,5101,0113,744,3 %+316 %
Transport0,30,80,80,90,60,31,11,50,6 %+335 %
Résidentiel9,120,223,927,841,424,447,960,723,6 %+570 %
Tertiaire7,416,522,125,745,126,559,969,126,9 %+833 %
Agriculture0,61,33,13,65,43,24,811,44,4 %+1876 %
Pêche0,150,090,10,20,07 %ns
Total45,010095,9100170,0100214,8256,6100 %+471 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[12].

Voitures électriques

Le , le président Recep Tayyip Erdogan a présenté la première voiture turque de la marque Togg (Turkey’s Automobile Initiative Group) ; il s'agit d'un SUV électrique dont l'autonomie serait de 300 à 500 km ; le constructeur prévoit cinq modèles d’ici à 2030. La commercialisation du SUV est prévue pour 2022. Il sera assemblé dans une usine installée à Bursa, au sud d’Istanbul, qui pourra produire jusqu’à 175 000 véhicules par an. Au total, 3,3 milliards d’euros vont être investis sur le site qui comptera à terme 4 000 salariés et créera plus de 20 000 emplois. L’État s’est engagé à acquérir 35 000 véhicules d’ici à 2035 et à accélérer le déploiement des infrastructures de charge[30]. Il détient 5 % du consortium TOGG, composé de cinq entreprises privées turques[31].

La construction de l'usine de Togg a commencé en 2020 à Gemlik, dans la province de Bursa. Son inauguration est prévue en novembre 2022 et le début de la production en mars 2023. Les batteries seront fournies par une coentreprise montée par Togg avec le chinois Farasis , et produite dans une gigafactory à proximité de l'usine. Togg commercialisera ses voitures en Turquie dans un premier temps, puis en Europe douze à quinze mois plus tard. Le marché turc pour les véhicules électriques est étroit : seules 2 000 voitures à batterie ont été immatriculées dans le pays l'an dernier, et le parc total est estimé à 6 000 unités. Le gouvernement n'a pas accordé d'aides à l'achat et le réseau de bornes de recharge est embryonnaire, mais des appels d'offres ont été lancés, et Togg a répondu à certains d'entre eux pour disposer de son propre réseau de recharge. Togg espère vendre un million de voitures d'ici 2030[32].

Réseaux de chaleur

La chaleur issue des centrales de cogénération et distribuée par les réseaux de chaleur représentait 43 PJ en 2019, soit 1,0 % de la consommation finale d'énergie du pays, destinée uniquement à l'industrie[1]. Elle était produite en 2020 à partir de charbon pour 6,5 %, de pétrole pour 3,7 %, de gaz naturel pour 54 %, de biomasse pour 8 % et d'autres sources pour 27,5 %. La production de chaleur a progressé de 268 % entre 2000 et 2020, atteignant 61,9 PJ en 2020. En 2019, elle s'élevait à 60,6 PJ, à comparer avec l'Allemagne : 457 PJ, la France : 169 PJ et la Chine, n°1 mondial : 5 499 PJ[12].

Impact environnemental

Les émissions de CO2 liées à l'énergie en Turquie ont atteint 366,4 Mt CO2 en 2019, soit 4,44 tonnes CO2 par habitant, supérieures de 1 % à la moyenne mondiale : 4,39 tonnes et de 2 % à celle de la France (4,36 tonnes), mais inférieures de 43 % à celle de l'Allemagne (7,75 tonnes) et de 69 % à celle des États-Unis (14,44 tonnes)[k 1].

Évolution des émissions de CO2 liées à l'énergie
1971 1990 2018 var.
2018/1971
var.
2018/1990
var.UE28
2018/1990
Émissions[h 1] (Mt CO2)41,7128,8374,1+797 %+190 %-21,7 %
Émissions/habitant[h 2] (t CO2)1,152,344,60+300 %+97 %-27,1 %
Source : Agence internationale de l'énergie

L'AIE fournit également les émissions de 2019 : 371,4 MtCO2, en recul de 0,7 % par rapport à 2018[h 1] ; par habitant : 4,52 tCO2[h 2].

Répartition par combustible des émissions de CO2 liées à l'énergie
Combustible 1971
Mt CO2
1990
Mt CO2
2018
Mt CO2
% var.
2018/1990
var.UE28
2018/1990
Charbon[h 3]16,461,2161,143 %+163 %-50,3 %
Pétrole[h 4]25,361,3114,931 %+87 %-17,0 %
Gaz naturel[h 5]-6,393,025 %+1376 %+37,0 %
Source : Agence internationale de l'énergie
Émissions de CO2 liées à l'énergie par secteur de consommation*
Émissions 2018 part du secteur Émissions/habitant Émiss./hab. UE-28
Secteur Millions tonnes CO2 % tonnes CO2/hab. tonnes CO2/hab.
Secteur énergie hors élec.16,64 %0,200,41
Industrie et construction137,537 %1,691,55
Transport84,122 %1,031,85
dont transport routier77,121 %0,951,71
Résidentiel62,217 %0,761,30
Tertiaire59,116 %0,730,86
Total374,1100 %4,606,14
Source : Agence internationale de l'énergie[h 6]
* après ré-allocation des émissions de la production d'électricité et de chaleur aux secteurs de consommation

Les émissions de la Turquie par habitant sont largement inférieures à celles de l'Union européenne dans tous les secteurs, sauf l'industrie ; l'écart est maximal dans le résidentiel et le transport.

Notes et références

Notes

    Références

    1. p. 60 à 69.
    2. p. 15
    1. tab.FC
    2. tab.CO2-POP
    3. tab.CO2 FC-Coal
    4. tab.CO2 FC-Oil
    5. tab.CO2 FC-Gas
    6. tab.SECTOREH
    • (de) Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières, BGR Energiestudie 2021 - Daten und Entwicklungen der deutschen und globalen Energieversorgung [« Données et évolutions de l'approvisionnement allemand et mondial »], , 175 p. (lire en ligne [PDF])
    1. p. 100
    2. p. 120
    3. p. 122
    4. p. 66
    5. p. 83
    1. p. 38
    2. p. 20-21
    3. p. 31-32
    4. p. 35-37
    5. p. 38-39
    6. p. 50
    7. p. 51
    8. p. 45
    • Autres références
    1. (en) Energy Statistics Data Browser - Turkey : Balances 2020, Agence internationale de l'énergie, octobre 2021.
    2. (de) Kurzstudie Reserven, Ressourcen und Verfügbarkeit von Energierohstoffen 2011 (pages 38, 48, 58), Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR), 8 décembre 2011.
    3. Andrei Stiru, Le commerce entre la Russie et la Turquie continue d’augmenter: les importations de pétrole ont augmenté de plus de 100%, businessam.be, 23 août 2022
    4. La Turquie ambitionne de devenir un hub gazier aux portes de l'Europe, 19 octobre 2022.
    5. (en) BP Statistical Review of World Energy 2020 - 69th edition (pages 42-43), BP, [PDF]
    6. Turquie: d'importantes réserves de gaz découvertes en mer Noire, Les Échos, 21 août 2020.
    7. La Turquie a découvert « le plus grand » gisement de gaz naturel « de son histoire » en mer Noire, selon Erdogan, 20 Minutes avec AFP, 21 août 2020.
    8. Moscou et Ankara suspendent le projet de gazoduc Turkish Stream, latribune.fr, 3 décembre 2015.
    9. Poutine, l'UE et le gazoduc, l'Expansion.
    10. Jego, « La Turquie renforce sa dépendance au gaz russe », Le Monde, , p. 4 (lire en ligne)
    11. (en)Turkey - Direct Uses, International Geothermal Association, consulté le 27 janvier 2018.
    12. (en)Energy Statistics Data Browser - Turkey : Electricity 2020, Agence internationale de l'énergie, octobre 2021.
    13. (en) [PDF] 2020 Hydropower Status Report (pages 8-9, 13, 40-44), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2020.
    14. (en) Gerald W. Huttrer, Geothermal Power Generation in the World 2015-2020 Update Report, Géothermie-Suisse, 26 avril 2020.
    15. (en)Turkey - Electricity Generation, International Geothermal Association, consulté le 27 janvier 2018.
    16. (en)2016 Annual U.S. & Global Geothermal Power Production Report, Geothermal Energy Association, mars 2016.
    17. La Turquie veut accéder au nucléaire civil, Bulletins électroniques BE Turquie 6, 15/01/2008
    18. Turquie/nucléaire : une seule offre, AFP sur le site du Figaro, 24 septembre 2008
    19. La Turquie lance la construction de sa première centrale nucléaire, Les Échos du 15 avril 2015.
    20. A Sotchi, Rosatom promeut le nucléaire « made in Russia », Les Échos, 16 mai 2018.
    21. Turquie, une centrale nucléaire pour répondre à des besoins croissants, SFEN, 10 septembre 2019.
    22. AKKUYU-2 (Akkuyu Nuclear Power Plant Unit 2) - PRIS AIEA AIEA, 30 août 2020
    23. Turquie: lancement officiel de la construction d’Akkuyu 3, Forum nucléaire suisse, 11 mars 2021.
    24. Areva aurait remporté un méga-contrat nucléaire en Turquie, sur le site de Capital, consulté le 17/04/2013.
    25. Areva et GDF-Suez remportent un contrat de 17 milliards d'euros en Turquie, sur le site de La Tribune, consulté le 3 mai 2013.
    26. Turquie: le parlement donne son feu vert à la deuxième centrale nucléaire du pays, Les Échos, 2 avril 2015.
    27. Engie veut se retirer de son projet nucléaire en Turquie, 23 décembre 2016.
    28. Nucléaire : difficultés pour le projet franco-japonais en Turquie, Les Échos, 26 mars 2018.
    29. Turquie: Rolls-Royce et EUAS étudient la construction d'un SMR, Forum nucléaire Suisse, 24 mars 2020.
    30. TOGG : la première voiture électrique turque se révèle, automobile-propre.com, 28 décembre 2019.
    31. TOGG, le pari de la Turquie dans la voiture électrique, Les Échos, 24 janvier 2020.
    32. La Turquie poursuit son rêve de construire elle-même des voitures électriques, Les Échos, 21 juin 2022.

    Voir aussi

    Articles connexes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.