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Émeutes carcérales de juillet 2019 au Cameroun

Les émeutes carcérales de juillet 2019 au Cameroun ont eu lieu respectivement les 22 et dans les prisons centrales de Kondengui et de Buéa. Alors que la première émeute a commencé comme une manifestation contre les mauvaises conditions de détention et les détentions injustes, la deuxième émeute a été menée en soutien à la première. Les deux émeutes ont été violemment réprimées par les forces de sécurité, et des centaines de prisonniers ont été transportés dans des lieux non divulgués. Le sort de ces prisonniers[1] et les rumeurs de pertes humaines lors de la répression des émeutes[2] ont eu des implications politiques dans la crise anglophone en cours, et ont attiré l'attention internationale sur les conditions de détention[3]. Après les émeutes, de nombreux participants présumés ont été soumis à la torture, et ont été traduits en justice et condamnés sans la présence de leurs avocats[4].

Émeutes carcérales de juillet 2019 au Cameroun
La police antiémeute entre dans la prison centrale de Kondengui
La police antiémeute entre dans la prison centrale de Kondengui

Pays Drapeau du Cameroun Cameroun
Localisation Buéa, Yaoundé
Organisateur Détenus séparatistes de la prison centrale de Kondegui, détenus de la prison centrale de Buéa
Date 22 et 24 juillet 2019
Participant(s) Détenus d'origines diverses, notamment des séparatistes et des prisonniers politiques.
Revendications Mauvaises conditions de détention, conflit dans les régions anglophones, demandes de libération
Bilan
Blessés Inconnu
Morts Inconnu

Émeutes

Kondengui

Le 22 juillet, les détenus séparatistes de la prison centrale de Kondengui ont organisé une manifestation contre les conditions de détention et le conflit dans les régions anglophones. La manifestation a rapidement dégénéré en émeute, avec plus de 600 détenus séparatistes et du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). qui ont envahi la cour de prison, forçant les gardiens à se retirer. Les émeutiers ont également tenté en vain de pénétrer dans les quartiers spéciaux[5].

L'émeute a été diffusée en direct sur Facebook par plusieurs détenus. Dans certaines vidéos, on pouvait entendre des détenus séparatistes chanter l'hymne national de l'Ambazonie. Dans une vidéo, un prisonnier politique du MRC a déclaré : "Nous ne voulons plus manger de bouillie de maïs"[5].

Après plusieurs heures, les forces de sécurité sont intervenues pour reprendre le contrôle de la cour de prison. Des coups de feu ont été tirés pendant la répression de l'émeute, et certains bâtiments ont été incendiés[5]. Plusieurs prisonniers ont été blessés[6], et le principal parti d'opposition camerounais a affirmé que quatre détenus étaient morts[7]. Plus de 100 détenus ont été transférés vers des lieux de détention non divulgués[8].

Buéa

Des détenus sont transférés de la prison centrale de Kondengui vers des lieux non divulgués, le 23 juillet.

Le 24 juillet, une centaine de détenus de la prison centrale de Buéa, en solidarité avec leurs codétenus de Kondengui, ont organisé leur propre manifestation. Là comme à Kondengui, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour réprimer les émeutes[9].

Suites

À la suite de l'émeute de Kondengui, Amnesty International a demandé au Cameroun d'améliorer les conditions de détention à Kondengui et d'autoriser une enquête indépendante sur la répression de l'émeute[3]. Human Rights Watch a ensuite pu établir que de nombreux détenus avaient été torturés. Beaucoup ont été traduits en justice et accusés de rébellion, et dans certains cas, leurs avocats n'ont pas été autorisés à entrer dans la salle d'audience[10].

Les émeutes et leurs conséquences ont suscité de vives réactions de la part des mouvements séparatistes anglophones. Le 26 juillet, les deux factions concurrentes du gouvernement intérimaire d'Ambazonie (divisé depuis la crise du leadership ambazonien) ont publié des déclarations concernant l'émeute de Kondengui. La faction fidèle à Samuel Ikome Sako a donné cinq jours au Cameroun pour rendre compte des détenus disparus à la suite de l'émeute de Kondengui ; s'il ne le faisait pas, les séparatistes appliqueraient un "couvre-feu total" où "rien n'entre et rien ne sort" des régions anglophones, à partir du 30 juillet. La faction loyale à Sisiku Julius Ayuk Tabe (qui était détenu à Kondengui depuis plus d'un an), soutenue par le Conseil de gouvernement d'Ambazonie, s'est abstenue de tout ultimatum, déclarant au contraire qu'un couvre-feu serait imposé les 29 et 30 juillet, quelles que soient les actions du Cameroun[2]. Comme annoncé, un couvre-feu est entré en vigueur le 29 juillet[11].

Le 30 juillet, les dix membres détenus du gouvernement intérimaire d'Ambazonie, y compris Sisiku Julius Ayuk Tabe, ont déclaré qu'ils feraient une grève de la faim jusqu'à ce que leurs avocats puissent vérifier l'endroit où se trouvent tous les condamnés qui ont disparu depuis les émeutes. La grève de la faim devait commencer à minuit le même jour[12]. Le même jour, le gouvernement camerounais a fait sa première déclaration publique sur les émeutes, déclarant qu'aucun détenu n'avait été tué, et que certains étaient détenus pour enquête[13]. Cette déclaration ne répondait pas aux exigences du cabinet Ayuk Tabe, et la grève de la faim a donc été lancée.

Notes et références

  1. « Cameroon: Tortured Mancho Bibixy, Ambazonia detainees not dead! », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  2. (en-US) « Ambazonia Separatist Leaders Give Gov’t Ultimatum To Present Detained Prisoners », sur Cameroon News Agency (consulté le )
  3. (en) « Cameroon: Gunshots amid prison riot must be investigated », sur Amnesty International, (consulté le )
  4. (en) « Cameroon: Detainees Tortured - Cameroon | ReliefWeb », sur reliefweb.int (consulté le )
  5. (en-US) « Cameroon’s anglophone prisoners riot in Yaoundé », sur The Africa Report.com, (consulté le )
  6. « Cameroon:Fire, gunshots envelope Kondengui as 'Ambazonia' », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  7. (en) AfricaNews, « Riot in Cameroon's central prison », sur Africanews, 2019-07-23cest15:51:02+02:00 (consulté le )
  8. « Cameroon: Anglophone detainees missing after Kondengui protests », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  9. « Cameroon:Calm returns to Buea prison after protest by prisoners », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  10. (en) « Cameroon: Detainees Tortured - Cameroon », sur ReliefWeb (consulté le )
  11. « Cameroon: Ambazonia leaders call for another », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  12. « Cameroon: Detained Ambazonia leaders to go on hunger », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  13. « Cameroon: Gov't debunks rumours of Mancho Bibixy's death », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
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