Émetteur de Lafayette
L'Émetteur de Lafayette était un grand émetteur pour les transmissions transatlantiques inauguré en 1920 à Marcheprime (Gironde) en France. L'émetteur de Lafayette utilise une antenne portée par 8 tours. Ces tours étaient les secondes tours autoportantes les plus hautes de France. En 1944 la station fut détruite par l'armée allemande. Les tours furent démolies entre 1944 et 1953.
La station Radio Bordeaux Lafayette
Dès la déclaration de guerre en août 1914, les liaisons téléphoniques par câbles sous-marins sont coupées, il devient alors indispensable pour des besoins de guerre, de mettre en place des solutions de remplacements et la radio-télégraphie qui est en plein développement vient à point pour combler le manque de liaisons terrestres. Les américains entrent en guerre en 1917. Le Général Pershing commande le corps expéditionnaire américain. Un canal de communication sûre et permanent entre l'Europe et les États-Unis doit être rendu opérationnel rapidement. Une nouvelle station de radiotélégraphie est étudiée à l'initiative du Général Pershing en vue de permettre des communications fiables et ininterrompues entre les forces armées américaines engagées en France et les États-Unis. La délégation française propose le site de Croix d'Hins près de Bordeaux. Ce site est accepté par la commission inter-alliés chargée du dossier car il présente de nombreux avantages :
- il est loin des zones de combats
- il est près du port de Bordeaux et hors d'une zone urbaine (forêt landaise),
- il peut être raccordé au réseau ferroviaire,
- il peut être alimenté en courant depuis les barrages hydroélectriques sur la Dordogne et en particulier le barrage de Tuilière en amont de Bergerac
Enfin, compte tenu de la position du continent nord-américain, il était préférable de choisir un lieu près de la côte Ouest de la France. Les 486 hectares sont acquis rapidement pour la construction de la station. En souvenir de l'amitié franco-américaine, la station portera le nom de Radio Bordeaux Lafayette. Le chantier démarre le . Il faut construire non seulement les antennes et l'émetteur, mais aussi des bâtiments techniques, un château d'eau, un atelier, un réfectoire, les logements pour le personnel et même une école. Un raccordement ferroviaire est fait en gare de Croix d'Hins, afin d'acheminer les pièces lourdes depuis le port de Bordeaux. La voie ferrée passera entre les pylônes et pénètrera jusque dans le bâtiment principal. 750 marines sont envoyés en France pour le montage du matériel et l'élévation des pylônes d'antenne qui commencera en mai 1918. La fin de la guerre le 11 novembre 1918 voit un arrêt des travaux alors que seulement 6 des 8 pylônes sont construits. Des discussions franco-américaines reprennent début 1919 et un nouvel agrément est signé en . Les derniers pylônes sont mis en place, l'installation générale terminée et les essais de réception achevés en avril 1920. Le premier message est transmis le . L’inauguration officielle a lieu le de cette même année.
En 1940, les Allemands s'emparèrent des installations. La Kriegsmarine se rendit vite compte de l'utilité des ondes très longues pour communiquer avec les sous marins en plongée. La station fonctionnera jusqu’à sa destruction par les Allemands en 1944, à l'arrivée des alliés. Le dernier pylône sera abattu le . Très peu de choses sont encore visibles aujourd'hui sur le site. Quatre bâtiments d’époque subsistent encore ainsi que les ruines de l’ancien atelier et du réfectoire.
Anecdotes
- L'histoire retiendra aussi que c'est depuis le micro de Bordeaux-Lafayette, dont les studios étaient installés à Bordeaux, que Philippe Pétain diffusera son discours du , durant lequel on peut entendre : c'est le cœur serré que je vous dis qu'il faut cesser le combat... Le lendemain un autre discours, non moins célèbre, sera diffusé depuis le micro de la BBC.
- Après les années 1920, avec la mise au point de tubes d'émission de puissance, les émetteurs mécaniques seront mis au rebut ou finiront à la casse. Vers 1930, avec la découverte de la physique quantique, les physiciens auront besoin de puissants électroaimants pour réaliser des expériences de physique nucléaire. A l'université de Stanford en Californie par exemple le Dr Ernest Orlando Lawrence (Prix Nobel de physique en 1939) apprend que la Navy a conservé une paire d'anciens émetteurs à arc frères de ceux de Bordeaux Lafayette. La Navy fera don au savant de ces machines vieilles de plus de 12 ans avec la satisfaction de s'être débarrassé d'engins encombrants et inutiles. Lawrence fera modifier le circuit magnétique et aménagera des dispositifs qui feront de cet ancien émetteur de télégraphie le premier cyclotron. D'autres machines encore existantes seront aussi récupérées par l'université de Columbia et seront modifiées pour réaliser des expériences nécessaire à la mise au point des bombes d'Hiroshima et Nagasaki dans le cadre du projet Manhattan.