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Élevage camelin au Kenya

L'Ă©levage camelin au Kenya a un rĂ´le vital pour plusieurs communautĂ©s nomades et pastorales. Le dromadaire a un rĂ´le Ă©conomique et social indĂ©niable mais son Ă©levage est aussi en pleine expansion avec le changement climatique qui touche tout le pays. Le Kenya abrite ainsi la troisième plus grande population de dromadaires d'Afrique après la Somalie et l’Éthiopie[1] - [2]. En 2017, la filière reprĂ©sente 10 % du PIB[3].

Élevage camelin au Kenya
Image illustrative de l’article Élevage camelin au Kenya
Vente de dromadaires Ă  Garissa en 2018.

Espèce Camelus dromedarius
Statut autochtone
Nombre 4 600 000 (2019)
Races élevées Somali, Rendille, Turkana
Objectifs d'Ă©levage lait, viande, Ă©cotourisme

Le chameau de Bactriane est absent du pays.

Présentation et historique

RĂ´les social et culturel

Les dromadaires ont un rôle important pour différents peuples. Ils sont surtout présent dans le nord et nord-est du pays où se trouvent les régions les plus arides et sont gardés par des communautés pastorales, telles que les Rendille, Gabbra, Somalis et plus récemment, les Samburu[4]. Les animaux ont un rôle vital comme source de nourriture et manne financière pour des populations très sensible au changement climatique[1]. Ils servent de moyen de transport lors des déplacements. Ils sont présents à toutes les étapes de la vie d'une famille (mariage, décès) mais aussi aux différentes cérémonies religieuses. Des dromadaires sont offerts en dot ou servent de compensation en cas de blessures ou de mort. L'animal est donc un signe de richesse. Celui qui n'a pas de dromadaire est considéré comme pauvre, quelles que soient ses autres richesses[4].

  • Transport d'eau.
    Transport d'eau.
  • DĂ©placement d'une communautĂ© pastorale durant la saison sèche.
    Déplacement d'une communauté pastorale durant la saison sèche.

Au 21e siècle

En 2020, la population de dromadaires reprĂ©sente % de l'ensemble du bĂ©tail du pays[1]. Depuis le dĂ©but du 21e siècle, le pays doit faire face Ă  des pĂ©riodes de sĂ©cheresse plus frĂ©quentes et intenses. Cette situation pousse les peuples pastoraux Ă  abandonner le gros bĂ©tail (bovins) pour des animaux plus frugaux en eau comme les chameaux[5]. En effet, en cas de forte sĂ©cheresse, les bovins arrĂŞtent de produire du lait et une partie meurent. Alors que les chameaux continuent de produire et survivent plus facilement[6] - [2]. La population de dromadaires explose. Entre 1999 et 2009, elle est multipliĂ©e par 3 pour atteindre 3 000 000 de tĂŞtes[5]. Et en 2019, elle est Ă©valuĂ©e Ă  4 600 000 de tĂŞtes[4]. Les comtĂ©s de Mandera et de Wajir ont la plus importante population cameline du pays mais la population y est très pauvre.

Le plus important marchĂ© de dromadaires est situĂ© Ă  Moyale, ville frontière avec l’Éthiopie. Des ventes d'animaux ont lieu tous les jours. Le prix des animaux a explosĂ©, multipliĂ© par 10 en 3 ans. En 2020, le prix moyen pour un animal tourne autour de 1 400 $ US[4]. Le vol d'animaux arrive souvent[5].

Durant le premier semestre 2020, le nord du Kenya est touché par une forte mortalité des jeunes dromadaires (plusieurs centaines de moins de deux ans). En pleine pandémie de COVID-19, la crainte d'une épidémie de MERS-CoV a été redouté. Les analyses ont finalement conclues à une infection bactérienne de mannheimia haemolytica[7].

Élevage

Races camelines

Avant toutes études génétiques, les races camelines kényanes étaient basées simplement sur leur distribution géographique[8]. Avec la réalisation de ces études, quatre races sont officiellement reconnues au Kenya au début du 21e siècle[9] :

  • Le Somali : le plus lourd des dromadaires avec un poids moyen de 550 kg. Il peut produire 4,5 litres de lait par jour ;
  • Le Rendille ou Gabbra : longtemps considĂ©rĂ©s comme deux races distinctes, la gĂ©nĂ©tique a dĂ©voilĂ© une diffĂ©rence si faible qu'ils sont fusionnĂ©s dans une seule race. Il est adaptĂ© pour un terrain accidentĂ© et pèse en moyenne 350 kg. Il produit 2,5 litres par jour ;
  • Le Turkana : le plus petit des quatre races et pesant dans les 300 kg, il est mieux adaptĂ© aux collines et produit 1,5 litre par jour. Au niveau gĂ©nĂ©tique, il est proche du Rendille[8] ;
  • Le Pakistan ou Pakistani : pesant dans les 400 kg, il a une taille intermĂ©diaire entre le Somali et le Rendille. C'est aussi le plus productif avec 10 litres par jour. C'est une race importĂ©e du Pakistan pour dĂ©velopper la filière de production de lait dans les annĂ©es 1990[10].

Pertes

Lionne chassant un groupe de dromadaires dans le Masai Mara.

Les Ă©leveurs font face Ă  quatre risques de pertes, quel que soit le système d'Ă©levage employĂ©. La principale est la maladie qui reprĂ©sente entre la moitiĂ© et les trois-quarts des pertes des jeunes. La suivante est la sĂ©cheresse pour un peu plus de 20 % de la mortalitĂ©, suivent ensuite les prĂ©dateurs (moins de 10 %) et les accidents (moins de %)[11].

Risques sanitaires

Animal très résistant dans un milieu difficile, il a souvent été pensé que l'animal était bien plus résistant que les autres animaux d'élevage aux différentes maladies. Mais plusieurs études sur la population cameline kényane ont démontré que les dromadaires pouvaient être des réservoirs importants pour différentes maladies et parasites ainsi que pour des zoonoses. Le développement de l'élevage camelin durant les dernières décennies a fortement augmenté ce risque de zoonose. Jusqu'à présent, seize pathogènes ont pu être identifiés[1] :

Les maladies les plus courantes sont la trypanosomiase, la brucellose, la mammite, les diarrhées, le parasitisme par des vers, la variole et la tuberculose[3].

Les soins et suivis vétérinaires sont encore limités, surtout dans les régions où les populations sont pauvres comme dans le nord[5]. La privatisation des services vétérinaires dans les années 1990 a eu un fort impact négatif. De nombreux propriétaires et éleveurs pratiquent alors l'automédication sur leurs animaux[3].

Le risque de transmission à la faune sauvage est également présent, représentant un risque non négligeable pour des espèces menacées comme l'hirola (Beatragus hunteri)[12] mais aussi pour l'économie touristique du pays, connu pour ses safaris dans les parcs nationaux.

Production

Production laitière

Le comté de Laikipia, dont l'économie est basée sur l'agriculture et le tourisme, a vu la population de chameaux être multipliée par 5 entre 1982 et 2010, faisant de cette région la principale productrice de lait de chamelle du pays pour le commerce[1]. La filière laitière continue de se développer et commence à s'intéresser à l'export. Des études récentes sur la composition du lait de chamelle ayant mis en évidence de nombreux avantages (plus riche en vitamine C et en fer que celui de bovin, bénéfique pour des personnes malades comme les diabétiques), la demande internationale augmente[6]. En 2008, la production est supérieure à 340 millions de litres[13].

Production de lait de chamelle en tonnes de 1990 Ă  2020 au Kenya (source : FAO[14])

Viande de chameau

En parallèle, la filière viande est aussi en expansion. Ă€ l'origine au Kenya, les dromadaires Ă©taient avant tout Ă©levĂ©s comme animal de selle ou de bât et la consommation de viande de chameau Ă©tait un luxe. Les animaux abattus Ă©taient exportĂ©s vers d'autres pays comme l’Égypte ou l'Arabie Saoudite[2]. Au dĂ©but des annĂ©es 2020, 20 % de la viande consommĂ©e dans le pays est d'origine cameline. Les deux-tiers de la production nationale suit la filière d’abattage officielle. Le reste est liĂ© Ă  l'abattage informel oĂą l'on trouve beaucoup de pertes et gaspillage en raison d'une mauvaise dĂ©coupe et conservation de la viande. En l'absence de chaĂ®ne du froid, les populations locales conservent la viande en la sĂ©chant au soleil ou en la cuisant par friture. La viande sĂ©chĂ©e au soleil est appelĂ© Nyirinyiri. La viande est principalement exportĂ©e vers l'Égypte et les pays arabes du Golfe[4].

En 2019, le Kenya est le deuxième plus gros producteur de viande cameline derrière la Somalie[15].

Production de viande cameline en tonnes de 1990 Ă  2020 au Kenya (source : FAO[16])

Peaux et cuirs

La filière de production de cuir n'est pas développée au Kenya. Les peaux sont préparées par les populations locales pour servir à la fabrication de maison traditionnelle, de tambours, sandales, cordes, gourdes et, en cas de famine, sert de nourriture[4].

Écotourisme

Maralal Camel Derby en 2017.

La filière touristique se développe aussi en proposant des promenades et safaris à dos de chameaux.

Maralal International Camel Derby

Créé en 1989 pour pacifier les populations locales, le Maralal International Camel Derby est une course de dromadaires qui a lieu dans la ville de Maralal, dans le comté de Samburu. Connue à l'international, la course est devenue une grande attraction touristique ouverte à tous. Elle a lieu tous les ans au mois d'août[17] - [18] - [19].

Notes et références

  1. (en) Ellen Clare Hughes et Neil E Anderson, « Zoonotic Pathogens of Dromedary Camels in Kenya: A Systematised Review », Veterinary Sciences, vol. 7, no 103,‎ (DOI 10.3390/vetsci7030103, lire en ligne Accès libre [PDF])
  2. « Les richesses du dromadaire », Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation,‎ (lire en ligne Accès limité)
  3. (en) Peter Obimbo Lamuka, Francis M. Njeruh, George C. Gitao et Khalif A. Abey, « Camel health management and pastoralists’ knowledge and information on zoonoses and food safety risks in Isiolo County, Kenya », Pastoralism,‎ (DOI 10.1186/s13570-017-0095-z, lire en ligne Accès libre)
  4. (en) C. George Gitao, W. Joseph Matofari et A. Khalif Abey, Pastoral camel husbandry practices in Kenya, SOAK PROJECT, (lire en ligne Accès libre [PDF])
  5. (en) Tyler Ferdinand, « Kenyan Herders Are Switching from Cattle to Camels to Adapt to Climate Change » Accès libre, sur wri.org, (consulté le )
  6. (en) Andrea Dijkstra, « Kenyans turn to camels to cope with climate change » Accès libre, sur dw.com, (consulté le )
  7. (en) Andrew Wasike, « It is not coronavirus killing camels in Kenya: Official » Accès libre, sur aa.com.tr, (consulté le )
  8. (en) Olivier Hanotte, « Genetic diversity and relationships of indigenous Kenyan camel (Camelus dromedarius) populations: implications for their classification », Animal Genetics,‎ (lire en ligne Accès libre)
  9. (en) Kenya Agricultural Research Institute, « Camel breeds in Kenya » Accès libre [PDF], sur kalro.org (consulté le )
  10. (en) « Camels (new, with animal welfare information) » Accès libre, sur infonet-biovision.org, (consulté le )
  11. (en) B.A. Kaufmann, « Camel calf losses and calf care measures in pastoral herds of Northern Kenya : una vision del sistema », Revue d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, CIRAD, vol. 53,‎ (DOI 10.19182/remvt.9739, lire en ligne Accès payant)
  12. (en) « Dromedary Camels in Northern Kenya » Accès libre, sur stlzoo.org (consulté le )
  13. (en) AgriFI Kenya, « Camels » Accès libre, sur kalro.org (consulté le )
  14. (en) « FAOstat » Accès libre, sur fao.org (consulté le )
  15. (en) « Indigenous Camel Meat Net Production » Accès libre, sur nationmaster.com, (consulté le )
  16. (en) « FAOstat » Accès libre, sur fao.org (consulté le )
  17. (en) « Kenya: Tens of thousands attend intl' camel derby » Accès libre, sur aa.com.tr, (consulté le )
  18. (en) « Maralal International Camel Derby » Accès libre, sur kenyasafari.com (consulté le )
  19. (en) « The Maralal Camel Derby, Kenya’s upcoming tourists’ activity » Accès libre, sur adventureugandasafari.com (consulté le )

Bibliographie

  • (en) H. J. Schwartz, Rosemary Dolan et A. J. Wilson, « Camel production in kenya and its constraints », Tropical Animal Health and Production volume, vol. 15,‎ , p. 169–178 (DOI 10.1007/BF02239929, lire en ligne Accès payant)

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