Église protestante de Munster
L’église protestante de Munster est une église paroissiale de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine située à Munster, dans la circonscription administrative du Haut-Rhin, dans la Collectivité européenne d’Alsace.
Église protestante de Munster | |
L’église vue du nord-ouest | |
Présentation | |
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Culte | protestant (UEPAL) |
Type | Église paroissiale |
Rattachement | paroisse protestante de Munster, Eschbach, Hohrod et Luttenbach |
DĂ©but de la construction | 1867 |
Fin des travaux | 1873 |
Architecte | Frédéric-Louis de Rutté |
Style dominant | NĂ©oroman |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
RĂ©gion | Grand Est |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Circonscription administrative | Haut-Rhin |
Commune | Munster |
Coordonnées | 48° 02′ 26″ nord, 7° 08′ 10″ est[1] |
Histoire
Contexte
La religion réformée devient dominante à Munster au cours du XVIe siècle. Les protestants prennent alors possession de l’église paroissiale Saint-Léger tandis que les catholiques partagent l’église abbatiale avec les moines de l’abbaye. Après l’annexion de l’Alsace par Louis XIV, les Français imposent largement dans la province le simultaneum, c’est-à -dire le partage de l’église paroissiale entre le culte protestant et le culte catholique, dans l’idée de renforcer le catholicisme. À Munster, cette disposition est appliquée dès 1686 et l’église Saint-Léger est alors divisée entre les deux cultes, ce qui engendre de nombreux conflits dans les siècles qui suivent[2]. Au milieu du XIXe siècle, l’accroissement démographique rend la cohabitation de plus en plus difficile, d’autant plus que l’église paroissiale est alors très délabrée, et l’idée de construire une deuxième église s’impose progressivement dans les esprits[3].
Un projet laborieux
Le curé et le pasteur font ensemble la demande de construction d’une deuxième église le , mais le conseil municipal rejette cette idée en invoquant le coût trop élevé pour la commune. Ce refus est probablement aussi motivé par la réticence persistante des protestants, qui constituent plus des trois-quarts du conseil municipal et sont dominants dans les classes supérieures de la commune, à financer des travaux bénéficiant aux catholiques[4]. La mise en application du dogme de l’Immaculée Conception en 1855 jette encore de l’huile sur le feu, les catholiques ayant abondamment décoré l’église commune pour cette fête désapprouvée par les protestants[5].
Il faut attendre 1858 pour que le projet soit relancé à la demande du pasteur Steinbrenner[6]. Si la nécessité de construire une deuxième église est désormais reconnue par le conseil municipal, les négociations achoppent rapidement sur d’autres points. Le premier sujet de discorde concerne le destinataire de la nouvelle église : le curé Hanser veut construire une église catholique et que l’ancienne soit laissée aux protestants, tandis que le maire Frédéric Hartmann, un ultra-protestant, désire l’inverse. L’un comme l’autre n’ont pas forcément le soutien sans faille de leurs coreligionnaires, qui craignent les coûts pour leur communauté d’un nouvel édifice tandis que la simple réfection de l’ancien serait moins cher, mais le maire, auquel l’influence de sa famille confère un pouvoir presque absolu, obtient gain de cause[7] - [8].
Construction et reconstruction
Le chantier est finalement adjugé le à l’architecte Frédéric-Louis de Rutté, à l’entrepreneur Büffler de Mulhouse pour la maçonnerie et à la maison Boigues et Rambourg, de Fourchambault, pour l’ossature métallique, la construction débutant au printemps 1868[9] - [10] - [11]. Les travaux durent toutefois encore six ans et ce n’est que le que l’édifice est remis à la communauté protestante[10]. L’inauguration se déroule en grande pompe le , Frédéric Hartmann ayant usé de son influence pour que celle-ci ait lieu le plus rapidement possible[12].
De nombreux petits travaux ont lieu dans les années qui suivent afin d’essayer de résoudre un problème ayant émergé dès la mise en service de l’édifice, à savoir sa résonance, qui rend difficile la compréhension du pasteur par tous lors des sermons. Ainsi, moins de deux mois après l’ouverture, le , le conseil presbytéral propose de fermer le chœur par une cloison, mais l’essai réalisé avec un rideau ne donne aucun effet tangible. De nombreuses autres propositions sont faites pour ajouter des cloisons à différents endroits, rabaisser le plafond ou déplacer la chaire, mais peu sont réalisées[13]. La seule action concrète n’a lieu que vers 1881 avec la pose d’une cloison sous la tribune de l’orgue[14].
La ville est fortement bombardée pendant la Première Guerre mondiale à partir d’ et l’église protestante n’est pas épargnée. Les obus détruisent les toitures et percent les voûtes, les intempéries causant ensuite d’importants dommages à l’édifice. La dévastation presque totale de la ville relègue la restauration de l’édifice au second plan après la fin de la guerre et ce n’est qu’en 1921 que les travaux débutent[15]. Ceux-ci sont confiés aux architectes Robert Voelckel et Charles Wolff pour la direction, à l’entrepreneur Urban et Cie pour le gros œuvre et au peintre Louis-Philippe Kamm pour l’aménagement intérieur[15] - [9]. Résolu à profiter de l’occasion pour régler définitivement les problèmes acoustiques, le conseil presbytéral cherche à entreprendre des transformations radicales, notamment en supprimant le chœur et le transept. Ces changements sont toutefois mal accueillis par la communauté et les débats qui s’ensuivent ralentissent les travaux jusqu’en 1927. Finalement le chœur et le transept sont conservés, mais ce dernier et les tribunes sont en partie fermés par des cloisons, tandis que le plafond est rabaissé[16].
Mobilier
Orgues
Les premiers orgues sont commandés à la maison Walcker le et réceptionnés le [17]. L’instrument, qui est décrit par la suite par Albert Schweitzer comme l’un des plus beaux d’Alsace, compte 1 830 tuyaux installés dans un buffet néoroman en chêne[18]. Au début de la Première Guerre mondiale, l’orgue est démonté à la hâte et mis à l’abri dans un garage de Colmar, puis dans un entrepôt à Illkirch-Graffenstaden. La mauvaise exécution du démontage et du transport, les conditions de stockage inadaptées et l’envoi par les Allemands d’une partie des tuyaux à la fonderie font qu’il ne reste pratiquement rien d’utilisable de ces orgues à la fin du conflit[19].
Un nouvel instrument est donc réalisé par la maison Schwenkedel dans les années 1920, après quelques hésitations sur son emplacement, qui est finalement laissé à sa place originelle[19]. Cet instrument, qui est presque aussi apprécié que son prédécesseur, est encore enrichi dans les décennies suivantes, notamment par l’ajout d’un positif de dos[20].
Cloches
L’église dispose à l’origine de trois cloches réalisées vers 1883 donnant les notes do, fa et la bémol. Ces cloches sont volées par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale et remplacées par un ensemble similaire. Ces cloches, coulées par le fondeur G. Ronat, de Châlette-sur-Loing, sont consacrées le [21].
Ornementation intérieure
Alors que l’édifice original est dépourvu d’ornementation, la reconstruction des années 1920 voit l’ajout d’un ensemble de fresques réalisées par le peintre strasbourgeois Louis-Philippe Kamm. L’ensemble retrace l’histoire de la révélation selon le point de vue protestant, avec trois scènes bibliques, le buisson ardent, la conversion de Saül et le baptême de Jésus, qui s’achèvent avec la représentation de Luther traduisant la Bible. Ces peintures se trouvent sur la partie supérieure des murs de la nef, Saül et Luther au nord, tandis que le buisson ardent et Jésus se trouvent au sud. En plus de ces fresques figuratives, les murs sont également ornés de croix, les embrasures des fenêtres et le plafond de motifs décoratifs. L’ensemble de ces peintures est toutefois recouvert par un badigeon beige en 1977[21] - [22].
De même, c’est au cours de la reconstruction que sont réalisés les vitraux des trois baies du chœur, alors que celles-ci étaient jusqu’alors en verre blanc, à l’instar des autres fenêtres de l’édifice. Ces vitraux, financés par un don d’André Wetzel, sont fabriqués en 1927 par la maison Ott Frères à partir d’un carton qui est lui aussi de la main de Louis-Philippe Kamm. La baie d’axe représente une crucifixion avec saint Jean et la Vierge Marie de part-et-d’autre de la croix, la baie nord montre Marie-Madeleine et Marie et celle du sud Marie et Lazare[23].
Monuments funéraires
Trois monuments funéraires se trouvent à l’extérieur, le long du mur sud. Ces monuments ne sont pas liés à l’église, mais proviennent de l’ancien cimetière paroissial, qui se trouvait jusqu’en 1791 autour de l’église Saint-Léger. Ils sont entrés ultérieurement en possession de la commune, qui les a installés à cet emplacement. Le premier à avoir été disposé ici en 1961 est une grande dalle funéraire ayant fait partie de la tombe de Jean-David Oesinger, maire de la ville de 1736 à 1765, et de son épouse. Les deux autres, la dalle de Johann Carl Eccard, pasteur de Munster de 1735 à 1760 et beau-frère de Jean-Daniel Schoepflin et le monument de Matern Jaeglé, maire de 1777 à 1789, ont été installés au début des années 1990[24] - [25] - [26].
Références
- GĂ©oportail
- Muller 1980, p. 24.
- Muller 1980, p. 25-26.
- Muller 1980, p. 25-26, 30.
- Muller 1980, p. 27.
- Muller 1983, p. 112.
- Muller 1983, p. 112-113.
- Muller 1980, p. 28.
- Notice no IA68000900, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Muller 1983, p. 113-114.
- Kopp 1927, p. 95.
- Muller 1983, p. 114.
- Kopp 1927, p. 96.
- Kopp 1927, p. 97.
- Kopp 1927, p. 98.
- Kopp 1927, p. 98-99.
- Haeberle 1961, p. 80.
- Haeberle 1961, p. 79-81.
- Haeberle 1961, p. 81.
- Haeberle 1961, p. 81-82.
- Kopp 1927, p. 100.
- Notice no IM68011837, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM68011836, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM68011835, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM68011834, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM68011833, base Palissy, ministère français de la Culture
Annexes
Bibliographie
- Louis Abel, « L'architecte Louis-Frédéric de Rutté et le statuaire Eugène Dock, maîtres d'œuvres artistiques de l'église protestante de Munster », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 89,‎ (ISSN 1146-7363).
- Martin Haeberle, « Les orgues de la vallée de Munster : l’orgue de l’église protestante de Munster », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 16,‎ , p. 78-83 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).
- René Kopp, « Aperçu historique sur le temple protestant de Munster », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 1,‎ , p. 89-101 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).
- Denis Monhardt, « Les orgues de la vallée de Munster II : l’orgue de l’église protestante de Munster », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 119,‎ (ISSN 1146-7363).
- Claude Muller, « La difficile cohabitation des protestants et des catholiques à Munster (1850 -1874) », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 34,‎ , p. 23-36 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).
- Claude Muller, « Les étapes de la construction du temple protestant de Munster (1854-1874) », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 37,‎ , p. 112-119 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).