Église catholique syro-malabare
L'Église catholique syro-malabare est une Église catholique orientale établie à l'origine au Kerala en Inde en AD 52 par Saint Thomas. Elle appartient au rite syriaque oriental ou chaldéen. Le chef de l'Église porte le titre d'« archevêque majeur d'Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabares », avec résidence à Ernakulam. Son titulaire, George Alencherry, a été créé cardinal par le pape Benoît XVI le . Elle fait partie des chrétiens dits « de Saint Thomas ».
Église catholique syro-malabare | |
Fondateur(s) | Saint Thomas (apĂ´tre) en AD 52 |
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Union Ă Rome | 1599 |
Primat actuel | George Alencherry |
Siège | Ernakulam, Inde |
Territoire primaire | Inde |
Extension territoriale | États-Unis, Australie |
Rite | syriaque oriental |
Langue(s) liturgique(s) | syriaque, malayalam |
Population estimée | 3 700 000 (2005) |
L’Église est représentée à la Fédération des conférences épiscopales asiatiques (en)[1].
Histoire
Le christianisme s'est implanté très tôt en Inde, particulièrement dans le sud-ouest de l'Inde (actuel État du Kerala). La tradition locale fait remonter l'origine de l'Église de Malabar à l'apôtre Thomas, donc dès le Ier siècle de notre ère. Cette Église fut placée assez tôt sous la juridiction de l'Église de l'Orient[2], dont elle adopta le rite syriaque oriental et les usages, et qui lui envoyait ses évêques.
Les premiers contacts avec les Portugais au début du XVIe siècle se passèrent sans difficultés majeures. Cependant, en 1599, Alexis de Menezes[3], l'archevêque portugais de Goa (de rite latin), réunit un synode local à Diamper. Les Chrétiens de saint Thomas furent placés de force sous la juridiction de l'Église de Rome. Un missionnaire jésuite, Francisco Roz, fut nommé évêque, qui latinisa fortement le mode de vie et de gouvernement et particulièrement les rites liturgiques de l'Eglise syro-malabare (avec des emprunts au rite de Braga[4]). Les livres sacrés de l'ancienne Église malabare seront brûlés[5].
En réaction, une très grande partie des Chrétiens locaux suivirent le prêtre Thomas Palakomatta qui en 1653 se fit consacrer évêque et métropolite, se plaçant quelques années plus tard sous la juridiction de l'Église syriaque orthodoxe (de rite syriaque occidental).
L'Église catholique syro-malabare est la branche qui resta dans la juridiction romaine après le synode de Diamper. Les Jésuites durent céder la place aux Carmes déchaux, mais il faudra attendre la fin de XIXe siècle pour voir la création de juridictions spécifiques et la nomination d'évêques d'origine et de rite locaux.
Une hiérarchie complètement syro-malabare fut établie par Pie XI en 1923.
En 1993, l'Église a été élevée au rang d'Église archiépiscopale majeure. Elle est depuis dirigée par un archevêque majeur, métropolite d'Ernakulam.
Le , l'éparchie Saint-Thomas-l'Apôtre de Chicago a été érigée pour les Syro-Malabares catholiques installés aux États-Unis. Son éparque est également visiteur apostolique pour le Canada.
Le , après des siècles de nomination par Rome, et en conformité avec les règles canoniques catholiques prévues pour les Eglises archiépiscopales majeures, un synode rassemblant les différents responsables de l'Église syro-malabare a élu à sa tête George Alencherry, élection confirmée le par Benoît XVI.
Cet archevêque majeur a été créé Cardinal par Benoît XVI lors du Consistoire du [6].
Le , le pape François crée l'exarchat apostolique du Canada pour les fidèles de rite syro-malabar, donnant ainsi une juridiction propre aux fidèles du Canada qui depuis 2001 avait pour visiteur apostolique l'éparque de Saint-Thomas-l'Apôtre de Chicago[7].
Son développement en dehors de son territoire d'origine, le Kérala, rencontrait les mêmes difficultés que pour l'Église catholique syro-malankare. L'Église catholique en Inde est en effet majoritairement de rite latin et de discipline romaine et elle a du mal à accepter la création de structures spécifiques pour les chrétiens orientaux en dehors de l'État du Kerala. Aussi, le , le pape François a décidé d'étendre à l'ensemble de l'Inde le Territoire propre de l'Église catholique syro-malabare.
Liturgie
L'influence du rite latin a été telle que la liturgie syro-malabare se distingue à peine de la liturgie romaine. Dès 1934, Pie XI chercha à engager un mouvement de réforme liturgique pour retrouver les racines syriennes de l'Église ; une nouvelle liturgie eucharistique, en malayalam, fut approuvée par Pie XII en 1957. En 1962, la messe syriaque orientale primitive fut rétablie en partie mais une tendance relatinisante existe depuis 1968[8]. Aujourd'hui, des dissensions opposent toujours les partisans d'un rétablissement des traditions syriaques orientales délatinisées et les partisans d'un rite plus occidentalisé. Jean-Paul II a donné aux évêques en 1998 l'autorité complète en matière liturgique pour tenter de résoudre le problème.
Organisation
Territoire propre (territorium propium)
- Archéparchie majeure d'Ernakulam-Angamaly
- Éparchie d'Ernakulam-Angamaly (1896)
- Éparchie de Kothamangalam (1956)
- Éparchie d'Idukki (2003)
- Archéparchie de Changanacherry
- Éparchie de Changanacherry (1896)
- Éparchie de Palai (1950)
- Éparchie de Kanjirappilly (1977)
- Éparchie de Thuckalay (1996), au Tamil Nadu
- Archéparchie de Thrissur
- Archéparchie de Thalassery
- Éparchie de Thalassery (1953)
- Éparchie de Manathavady (1973)
- Éparchie de Mandya (2010)
- Éparchie de Thamarassery (1986)
- Éparchie de Belthangady (1999), au Karnataka
- Archéparchie de Kottayam (1911) (Knanayas) rattachée au territoire propre par François le
- Éparchie de Chanda (1962), au Maharashtra
- Éparchie de Sagar (1968), au Madhya Pradesh
- Éparchie de Satna (1968), au Madhya Pradesh
- Éparchie d'Ujjain (1968), au Madhya Pradesh
- Éparchie de Bijnor (1972), en Uttaranchal
- Éparchie de Jagdalpur (1972), au Madhya Pradesh
- Éparchie de Rajkot (1977), au Gujarat
- Éparchie de Gorakhpur (1984), en Uttar Pradesh
- Éparchie de Kalyan (1988), au Maharashtra
- Éparchie d'Adilabad (1999), en Andhra Pradesh
- Éparchie de Hosur (2017), au Tamil Nadu
- Éparchie de Shamshabad (2017), incluant tout le territoire indien hors éparchies existantes
Hors territoire propre
- Éparchie de Chicago (2001), aux États-Unis
- Éparchie de Melbourne (2014), en Australie
- Éparchie de Preston (2016), en Grande-Bretagne
- Éparchie de Mississauga (2018), au Canada
Relations avec les autres Églises
Depuis 1994, l'Église catholique syro-malabare participe à une série de discussions œcuméniques avec les autres Églises de tradition syriaque, à l'initiative de la Fondation Pro Oriente, organisme dépendant du diocèse catholique de Vienne en Autriche. Ces discussions rassemblent des représentants d'Églises catholiques et séparées, de tradition syriaque occidentale (Église syriaque orthodoxe, Église catholique syriaque, Église malankare orthodoxe, Église catholique syro-malankare, Église maronite) et de tradition syriaque orientale (Église apostolique assyrienne de l'Orient, Ancienne Église de l'Orient, Église catholique chaldéenne, Église catholique syro-malabare).
Une Église dynamique et missionnaire
Héritière de la prédication chaldéenne en Inde dès les premiers siècles du christianisme, l'Église syro-malabare a été unie de force à l'Église catholique en 1599, subissant ensuite une forte latinisation même si, depuis le IIe concile œcuménique du Vatican, elle a entrepris un retour à l'authenticité de son rite propre. Très dynamiques et missionnaires, les communautés chrétiennes de l'État méridional du Kerala comptent plus de quatre millions de fidèles, et sont majoritaires en certaines localités comme la ville de Palai (en)[9].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Église catholique syro-malabare sur le site Chrétiens Orientaux. Foi, Espérance et Traditions.
- (en) Site officiel de l'Église.
- (en) Catholic-Hierarchy.
- (en) Archevêché de Kottayam (Knanaya).
- (en) Diocèse St. Thomas de Chicago.
- (en) Égl. cath. syro-malabare au Roy.-Uni.
- (en) Égl. cath. syro-malabare de Doha (Qatar).
Bibliographie
- Eusèbe Renaudot, Perpétuité de la foi, tome III, Migne, 1841, livre I, chapitre V : « Des nestoriens… » [lire en ligne (page consultée le 27 octobre 2012)].
- Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d’Orient, Paris, Fayard, (ISBN 2213030642).
- Charles de Clercq, Conciles des Orientaux catholiques, in Histoires des Conciles d’après les documents originaux, Librairie Letouzey et Ané, Paris, 1949 et 1952, livre 1, p. 33-65.
Notes et références
- (en) « Members » [« Membres »], sur fabc.org, site de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques (en) (consulté le ).
- Les premiers missionnaires provenant de l' Église catholique chaldéenne de tradition Syriaque.
- Eusèbe Renaudot, op. cité, col 50.
- Irénée-Henri Dalmais, Les liturgies d'Orient, Cerf (col. Rites et symboles), Paris, 1980, p. 48
- Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d'Orient, Fayard, Paris, 1994, p. 444
- Source : sa notice sur le site du Saint-Siège.
- (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine », sur press.vatican.va, (consulté le )
- Petit dictionnaire de l'Orient chrétien (§ Église syro-malabare), Brepols, Turnhout, 1991, p. 196
- « Au Kerala, la foi est une culture  qui imprègne toute la vie ».