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École de Chicago (économie)

L'École de Chicago est une école de pensée économique appartenant à la vision libérale de l'économie. Elle est généralement associée à la théorie néoclassique des prix, au libre marché et au monétarisme ainsi qu'à une opposition au keynésianisme. Son nom vient du département d'économie de l'université de Chicago dont la majorité des professeurs et élèves se rattachent à cette école de pensée. L'école de Chicago est symbolisée pour le grand public par la figure de Milton Friedman (il obtient le prix Nobel d'économie en 1976 pour ses travaux sur « l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de stabilisation »). Elle se distingue d'une autre école libérale, l'École autrichienne qui a une approche praxéologique, fondée par Carl Menger, perpétuée notamment par Ludwig von Mises, Friedrich Hayek et Murray Rothbard.

On limite souvent l'école de Chicago aux économistes monétaristes. En fait, elle couvre aussi l'application du calcul stochastique aux marchés financiers (cf. la théorie moderne du portefeuille).

Les théories de l'école de Chicago sont à l'origine des politiques économiques de la Banque mondiale du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, qui ont conduit notamment à la privatisation de nombreuses entreprises publiques des pays en développement.

Le département économique de l'université de Chicago a formé de nombreux conseillers en économie latino-américains, dont les plus célèbres, les Chicago Boys, qui avaient mis en place les politiques économiques chiliennes pendant la dictature d'Augusto Pinochet.

Les économistes hétérodoxes, comme les tenants de l'école de la régulation, contestent l'efficience des marchés défendue par l'école de Chicago[1].

Contexte historique

L'économie orthodoxe a fait face à une crise avec la Grande Dépression des années 1930. Cela l'a conduite à privilégier une plus grande rigueur empirique, appuyée par de l'analyse statistique plus solide. L'école de Chicago avait beaucoup en commun avec la Cowles Commission, créée en 1932 dans le but d'améliorer la collecte et l'analyse statistique des données économiques. Elles s'enracinaient toutes les deux dans la tradition néoclassique, avec pour modèles des économistes comme Léon Walras et Vilfredo Pareto, et avec une approche rationaliste des comportements des individus, notamment sous l'influence de la théorie des jeux[2].

Milton Friedman, l'économiste le plus proéminent de l'économie de Chicago, énonçait : « Nous supposerons que l'individu qui prend ces décisions agit comme s'il poursuivait et tentait de maximiser un seul but »[3]. Friedman considérait la question de savoir si les individus agissaient vraiment rationnellement, suivant de complexes règles statistiques, sans pertinence. C'était pour lui une approximation qui était productive pour la théorie, menant à des propositions qui pouvaient ensuite être testées par rapport aux preuves[2].

Friedman et ses collègues étaient idéologiquement pragmatiques, bien que dogmatiques dans leur conviction que le marché fonctionnait mieux lorsque le gouvernement le laissait tranquille. En cela, ils ont été influencés par Friedrich Hayek, un Autrichien qui a acquis la citoyenneté britannique en 1938 et a enseigné à la London School of Economics jusqu'à ce qu'il soit recruté à Chicago, même si ce n'était pas par le département d'économie, en 1950. Son ouvrage le plus fameux, La Route de la servitude, a été publié pendant la guerre, et sonnait comme un avertissement contre la tendance à l'économie planifiée qui s'accélérait sous l'influence combinée du socialisme et de l'expérience de la guerre. En parallèle, la Cowles Commission, influencée par John von Neumann, et parrainée par la RAND Corporation, était partante pour de nouveaux défis méthodologiques, et était plus encline à croire que des modèles robustes pouvaient soutenir des politiques éclairées[2].

Membres connus

Sont notamment rattachés :

Notes et références

  1. Philippe Douroux Jean Tirole, sacré grand régulateur face au marché tout puissant, Libération, 14 octobre 2014 en ligne
  2. (en) Lawrence Freedman, Strategy : A History, Oxford/New York, Oxford University Press, , 571 p. (ISBN 978-0-19-932515-3, présentation en ligne), p. 515-516.
  3. (en) Milton Friedman, Price Theory : A Provisional Text (revised edition), Chicago, Aldine, , p. 37.
  4. il n'existe pas de Prix Nobel d'économie. Il s'agit en réalité du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, qui jouit du même prestige dans le domaine économique, et qui est abrégé communément en « Prix Nobel » par souci de simplicité.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Johan Van Overtveldt, The Chicago school : how the university of Chicago assembled the thinkers who revolutionized economics and business, Chicago, Agate, , 432 p. (ISBN 978-1-932841-14-5 et 1-932841-14-8)

Liens externes

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