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Yem Sambaur

Yem Sambaur (né le et mort en à Paris) est un homme politique cambodgien, premier ministre du Cambodge à deux reprises entre le et le .

Yem Sambaur
យ៉ែម សម្បឌរ
Fonctions
Premier ministre du Cambodge
–
(6 mois et 30 jours)
Monarque Norodom Sihanouk
Prédécesseur Ieu Koeus
Successeur Norodom Sihanouk
–
(7 mois et 8 jours)
Monarque Norodom Sihanouk
Prédécesseur Penn Nouth
Successeur Ieu Koeus
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Battambang (Indochine française)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  76 ans)
Lieu de décÚs Paris (France)
Nationalité Cambodgienne
Parti politique Parti démocrate cambodgien

Yem Sambaur
Premiers ministres du Cambodge

Biographie

Membre du parti dĂ©mocrate, il est prĂ©fet de police au moment oĂč Ă©clate, au dĂ©but de 1948, un scandale au sujet d'un trafic de coton mettant en cause plusieurs membres de sa formation politique, dont Sam Nhean, alors vice-prĂ©sident de l'AssemblĂ©e et qui dĂ» dĂ©missionner du parti. Profitant d'un refus du parlement de lever l'immunitĂ© parlementaire des dĂ©putĂ©s afin d'Ă©claircir cette affaire, il fait dĂ©truire les dossiers impliquant ces derniers, s'attirant les foudres du Premier ministre Chean Vam qui demandera en vain sa destitution. AcculĂ© Ă  la dĂ©mission, le chef du gouvernement aurait alors mis en garde Ieu Koeus, responsable du parti dĂ©mocrate, contre Yem Sambaur, affirmant qu'en son sein, sa formation « nourrissait un bĂ©bĂ© crocodile »[1].

Dans les mois qui suivent, Yem Sambaur et ses partisans maintiennent la pression sur le cabinet de Penn Nouth, qui avait remplacĂ© Chean Vam, avant, en novembre de la mĂȘme annĂ©e, de quitter le parti dĂ©mocrate avec 11 autres dĂ©putĂ©s[2]

Les attaques contre le gouvernement continuent et, en janvier 1949, il tombe Ă  la suite d'un scandale concernant l’attribution des licences de pĂȘche sur le TonlĂ© Sap. Norodom Sihanouk insiste alors pour que le poste de Premier ministre Ă©choie Ă  Yem Sambaur, qui avait Ă©tĂ© Ă  l’origine de la chute de Penn Nouth. Celui-ci crĂ©e alors un gouvernement d’union nationale, mais auquel les dĂ©mocrates refusent de participer. Dans l’opposition, ils assisteront Ă  des avancĂ©es dans deux dolĂ©ances majeures de leur programme, sans que pour autant ils ne puissent en revendiquer une quelconque responsabilitĂ©. C’est d’abord en avril que Sihanouk et Yem Sambaur obtiennent de l’assemblĂ©e de l’union française un nouveau statut des relations franco-cambodgiennes qui accorde une autonomie, certes relative, au royaume khmer. Dans le mĂȘme temps, une politique d’amnistie envers les rebelles indĂ©pendantistes Khmers issarak est engagĂ©e qui amĂšnera Ă  la dĂ©fection de Dap Chhuon et de ses troupes dans la rĂ©gion de Siem Reap. Mis sur la touche mais toujours majoritaires Ă  l’assemblĂ©e, les dĂ©mocrates menacent Ă  plusieurs reprises de faire tomber le gouvernement. Afin de se prĂ©munir contre une telle situation, Sambaur demande Ă  Sihanouk de dissoudre l’assemblĂ©e comme la constitution le lui permet, dissolution qui sera effective en septembre. D’aprĂšs la constitution, une nouvelle assemblĂ©e doit ĂȘtre Ă©lue dans les deux mois, mais Yem Sambaur et Sihanouk prĂ©textent des troubles qui contrarient la tenue de nouvelles Ă©lections. Les dĂ©mocrates contestent ces affirmations qui pour eux ne sont qu’un prĂ©texte pour les empĂȘcher de revenir aux affaires. La situation perdurera deux ans pendant lesquelles le monarque et le Premier ministre gouverneront par dĂ©crets et le rĂŽle de l’assemblĂ©e sera rĂ©duit Ă  la portion congrue[3].

Dans la nuit du 14 janvier 1950, Ieu Koeus, le prĂ©sident de l'assemblĂ©e nationale, Ă©tait victime d'un attentat. Yem Sambaur, dont les relations avec les dĂ©mocrates Ă©taient au plus bas, fut, au mĂȘme titre que Norodom Sihanouk et les autoritĂ©s coloniales françaises, accusĂ©s, sinon d'avoir commanditer l'agression, au moins d'en avoir eu vent sans rien faire pour l'empĂȘcher[4].

Au mĂȘme moment, Norodom Sihanouk tente des rĂ©formes constitutionnelles en vue de restreindre le pouvoir de l’assemblĂ©e, mais il se heurte aux dĂ©mocrates et aux libĂ©raux, alors seconde force politique du pays, qui tous deux veulent de nouvelles Ă©lections. Les petits partis, qui n’ont aucun reprĂ©sentant, militent eux pour un renforcement du pouvoir royal, rejoints par le commissaire français de Raymond et le roi qui se considĂšre comme le « pĂšre de la nation et le premier citoyen cambodgien », une vision qu’il maintiendra pour le reste de sa carriĂšre. Alors que les partis en place soutiennent l’idĂ©e d’un gouvernement d’union nationale dont serait exclu Yem Sambaur, le monarque lui maintient sa confiance[5]. Mais Ă  la fin du mois d'Avril 1950 Yem Sambaur dĂ©missionne et Sihanouk retrouve un poste de Premier ministre qu’il avait briĂšvement tenu lors de l’occupation japonaise de 1945[6].

En vue des Ă©lections de 1951, il fonde le parti du Redressement National avec des transfuges des partis dĂ©mocrate et libĂ©ral, mais il ne dĂ©croche aucun siĂšge. Cet Ă©chec le confortera dans son opposition au parlement oĂč les dĂ©mocrates Ă©taient largement majoritaires[7].

Lors de la session d'ouverture de l'assemblĂ©e, Norodom Sihanouk met en garde contre les risques liĂ©s Ă  la prĂ©dominance du parti dĂ©mocrate. Peu aprĂšs, Ă  partir du 7 juin, des tracts circulent demandant la dissolution de l'assemblĂ©e et le renvoi du premier ministre Huy Kanthoul. Les partis minoritaires poussent eux aussi dans cette voie anticonstitutionnelle[8]. Les dĂ©mocrates rĂ©agissent en envoyant la police aux domiciles des dirigeants de petits partis dont Yem Sambaur qui est placĂ© en dĂ©tention quelques heures. D’aprĂšs Huy Kanthoul, l’arrestation de Yem Sambaur faisait suite Ă  des soupçons d’implication dans l’attentat qui, deux ans auparavant, avait coĂ»tĂ© la vie Ă  Ieu Koeus, l'ancien premier ministre, dirigeant du parti dĂ©mocrate. Une caisse de grenades est dĂ©couverte Ă  sa rĂ©sidence[9].

Avant les Ă©lections de 1955, Yem Sambaur s'associe avec Sam Nhean, Nhiek Tioulong et Lon Nol, les responsables des autres petits partis n’ayant aucun siĂšge dans l’assemblĂ©e prĂ©cĂ©dente et crĂ©e Sahapak (le Parti UnifiĂ©). Ils cherchent une stratĂ©gie pour laisser les dĂ©mocrates hors-jeu et gouverner le pays. Ces dirigeants ayant Ă©tĂ© parmi ses plus proches collaborateurs, Sihanouk, n'est pas long Ă  leur accorder son soutien. Le roi compte sur leur capacitĂ© d’organisation alors qu’en contrepartie ils espĂšrent bĂ©nĂ©ficier de la popularitĂ© du monarque. Cette alliance perdurera jusqu’à la dĂ©position de Norodom Sihanouk en 1970[10].

En 1962, il est élu député du Sangkum Reastr Niyum, la formation créée en 1955 par Norodom Sihanouk; il sera réélu en 1966[11].

Début mars 1970, alors que les manifestations antivietnamiennes dégénÚrent à Phnom Penh, le parlement décide d'envoyer Yem Sambaur et Norodom Kantol auprÚs de Norodom Sihanouk, qui avait quitté le Cambodge depuis le début de l'année, afin de lui rendre compte de la situation et de le convaincre de rentrer au plus tÎt. Mais ce dernier fit savoir qu'il refuserait de les recevoir, provoquant sa déposition le 18 mars et plongeant le pays dans la guerre civile[12].

Lien externe

Notes et références

  1. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 39
  2. Philippe Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, vol. 4, Centre de recherches internationales, coll. « Recherches, Fondation nationale des sciences politiques », , 134 p., p. 39
  3. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 41
  4. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 44
  5. Philippe Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, vol. 4, Centre de recherches internationales, coll. « Recherches, Fondation nationale des sciences politiques », , 134 p., p. 40
  6. (en) Justin J. Corfield, The History of Cambodia, Greenwood Press, , 192 p. (ISBN 978-0313357220, présentation en ligne), p. 44
  7. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 57
  8. (en) Michael Vickery, Ben Kiernan et Chanthou Boua, Peasants and politics in Kampuchea : 1942-1981, Zed Books Ltd, , 384 p. (ISBN 978-0-905762-60-9), « Looking back at Cambodia », p. 94-95
  9. (fr) Philippe Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, vol. 4, Centre de recherches internationales, coll. « Recherches, Fondation nationale des sciences politiques », , 134 p., p. 47-49
  10. (en) Michael Vickery, Ben Kiernan et Chanthou Boua, Peasants and politics in Kampuchea : 1942-1981, Zed Books Ltd, , 384 p. (ISBN 978-0905762609), « Looking back at Cambodia », p. 97
  11. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), chap. 3 (« Sihanouk unopposed 1955 - 1962 »), p. 120
  12. (en) Craig Etcheson, The rise and demise of Democratic Kampuchea, vol. 5, Pinter Publrs, coll. « Special studies on South and Southeast Asia », , 300 p. (ISBN 978-0861873623), p. 87
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