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Wojciech Karpiński

Karpiński, Wojciech Wojciech Karpiński, né le à Varsovie et mort le à Paris, est un écrivain polonais, historien des idées et critique littéraire.

Wojciech Karpiński
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Wojciech Franciszek Karpiński
Nationalités
Formation
Activités
Fratrie
Jakub Karpiński (d)
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Solidarność
Association des Ă©crivains polonais (en)
Site web
Distinctions
Wojciech Karpiński

Biographie

Il achève en 1966 des études de langues romanes à l'Université de Varsovie où il étudie ensuite la philosophie, puis enseigne à partir de 1967. Dans les années soixante, il se lie au milieu de la revue de l’émigration Kultura où il publie à partir de 1970 en signant ses essais d’un pseudonyme afin d’échapper à la répression des autorités de Pologne Populaire[1].

Lors de voyages en Occident entrepris dans les annĂ©es soixante, il fait la connaissance personnelle de ces auteurs qu’il dĂ©crit comme « Ă©crivains de grand chemin Â» : Aleksander Wat, Konstanty A. JeleĹ„ski, JĂłzef Czapski, Witold Gombrowicz, Gustaw Herling-GrudziĹ„ski, Jerzy Stempowski, CzesĹ‚aw MiĹ‚osz ; il se fait Ă  partir de lĂ  le vulgarisateur et commentateur de leurs Ĺ“uvres[2].

Il se lie Ă  la fin des annĂ©es soixante Ă  l’opposition dĂ©mocratique en Pologne. Il obtient un doctorat en 1970, mais il est Ă©cartĂ© la mĂŞme annĂ©e de l’UniversitĂ© en raison de la condamnation de son frère Jakub KarpiĹ„ski par un tribunal de la Pologne communiste lors d’un procès politique (affaire de contrebande de livres interdits, dite « des alpinistes »). Il travaille dans les annĂ©es 1971–1973 Ă  l’AcadĂ©mie polonaise des sciences. Au milieu des annĂ©es soixante-dix, il collabore Ă  une des rares revues indĂ©pendantes du gouvernement, Tygodnik Powszechny, oĂą il Ă©crit sur la littĂ©rature et l’histoire des idĂ©es. En 1974, il devient membre de la rĂ©daction du plus important mensuel littĂ©raire polonais TwĂłrczość. En 1975, il signe la Â« Lettre des 59 » contre les changements constitutionnels  qui ont pour but d’assurer une totale dĂ©pendance de la Pologne Ă  l’URSS[3]. Il crĂ©e ensuite avec ZdzisĹ‚aw Najder l’Entente IndĂ©pendantiste de Pologne[4]. En 1979, il fonde avec Marcin KrĂłl la revue indĂ©pendante Res Publica[5].

Il est membre de Solidarność dès 1980. Il part aux États-Unis en 1981 à l’invitation du U.S. Bureau of Educational and Cultural Affairs. Après l’instauration de l’état de guerre, il figure sur la liste officielle des « militants extrémistes de Solidarność et autres organisations illégales à interner » publiée par le quotidien gouvernemental Trybuna Ludu (). Il devient la même année cofondateur du Committee in Support of Solidarity à New York[6].

En 1982, il donne des cours au département de sciences politiques de la Yale University. En mars 1982, il témoigne sur la répression en Pologne Populaire devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat des États-Unis. Dans les années 1982–2002, il est membre du comité exécutif du Fonds d’aide aux lettres polonaises indépendantes à Paris. À partir de 1982, il est membre de la rédaction de la revue littéraire Zeszyty Literackie (Cahiers littéraires, revue fondée à Paris au moment de l’état de guerre en Pologne)[7].

Il s’installe en France en 1982, et travaille dans les années 1982–2008 au Centre national de la recherche scientifique à Paris. Il enseigne également à l’Université du Texas à Austin (1990), et à la New York University (1994–1995).

Ĺ’uvre

Il débute en 1964 par un essai sur François de La Rochefoucauld[8]. Il publie ensuite notamment dans Kultura, Res Publica, Tygodnik Powszechny, Znak, Zeszyty Literackie, Gazeta Wyborcza

Il réussit malgré la censure à faire passer des textes sur des écrivains de l’émigration interdits en Pologne Populaire, entre autres Gustaw Herling-Grudziński, Konstanty A. Jeleński et Witold Gombrowicz. Il mène à bien l’édition en Pologne d’un volume d’essais de Jerzy Stempowski, et celle d’une première publication officielles d’essais de Konstanty A. Jeleński.

Il publie en 1974 un livre avec Marcin Król, Silhouettes politiques du XIXe siècle, un des ouvrages les plus débattus dans les cercles de l’opposition démocratique de la deuxième moitié des années soixante-dix. Il développe ses considérations sur la philosophie politique, la démocratie et la liberté dans des livres Esquisses sur la liberté (1980), Le Débat slave (1981), L’Ombre de Metternich (1982), Histoire privée de la liberté (1997)[9].

Wojciech Karpiński ouvre en 1980 avec le texte Central Park, publié en samizdat, un cycle d’ouvrages sur des écrivains de l’émigration polonaise (Józef Czapski, Czesław Miłosz, Witold Gombrowicz, Gustaw Herling-Grudziński, Konstanty A. Jeleński, Jerzy Stempowski, Aleksander Wat), ainsi que des écrivains et artistes d’un cercle plus large (Nicola Chiaromonte, Balthus, David Hockney, Thomas Mann, Vladimir Nabokov, Alexandre Soljenitsyne). D’autres ouvrages reprendront cette problématique, notamment Ces Livres de grand chemin (1988), Le Blason de l’exil (1982), Visages (2012).

Deux biographies d’artistes occupent une place particulière dans son œuvre : une biographie picturale et spirituelle de Vincent van Gogh (La Pipe de van Gogh, 1994), ainsi qu’un livre consacré à Józef Czapski à qui il est lié par une longue amitié (Portrait de Czapski, 1996). Wojciech Karpiński lui a également consacré de nombreux essais spécifiques, et il a élaboré l’édition française d’un choix de ses écrits (Józef Czapski, L'Art et la vie, 2002) et des lettres de Konstanty A. Jeleński à Józef Czapski (Lettres de Corse, 2003). Il a également et à de multiples reprises écrit sur le peintre et performer Krzysztof Jung. Il a publié en 2016 un livre, Henryk, une biographie en genres littéraires multiples (essai, reportage, journal) consacrée à Henryk Krzeczkowski.

L’ouvrage MĂ©moire d’Italie, publiĂ© en 1982, a fait suite Ă  un voyage de Wojciech KarpiĹ„ski dans ce pays en 1972 ; il avait Ă©tĂ© primitivement imprimĂ© par fragments dans les colonnes de la revue TwĂłrczość. Après la lecture de ces essais, JarosĹ‚aw Iwaszkiewicz a dĂ©diĂ© Ă  Wojciech KarpiĹ„ski le poème Le Pape Ă  AncĂ´ne[10] - [11]. Ce recueil fut aussi dès sa publication commentĂ© par Gustaw Herling-GrudziĹ„ski[12]. Alors qu’il travaillait Ă  son livre, Wojciech KarpiĹ„ski fait Ă  Rome la connaissance de Miriam Chiaromonte, la veuve de l’écrivain italien Nicola Chiaromonte sur qui il a beaucoup Ă©crit, publiant ses inĂ©dits et le traduisant en polonais. Wojciech KarpiĹ„ski a continuĂ© Ă  Ă©crire sur l’histoire de la culture et de l’art sous la forme d’essais de voyages dans ses livres Ombres amĂ©ricaines (1982) et Images de Londres (2014).

Il a publié dans les années quatre-vingt des entretiens-fleuves avec Leszek Kołakowski et Alain Besançon. Il a consacré de plus à Leszek Kołakowski des essais inclus dans Le Blason de l’exil (1989), et prononcé son éloge à l’occasion de la remise du prix européen Erasmus Prize (publié dans European Liberty. Four Essays on the Occasion of the 25th Anniversary of the Erasmus Prize Foundation. Raymond Aron, Isaiah Berlin, Leszek Kołakowski, Marguerite Yourcenar, La Haye, 1983)[13].

Il meurt le à Paris, à l'âge de 77 ans[14].

Ascendance

Fils de l’architecte Zbigniew Karpiński, petit-fils de Wojciech Zatwarnicki (1874–1948) qui avait au cours de la Deuxième Guerre mondiale ouvert dans sa propriété une ferme où des Juifs du ghetto de Varsovie ont trouvé refuge[15].

DĂ©corations et distinctions

Prix et récompenses

  • Prix littĂ©raire de la fondation KoĹ›cielski (1975)
  • Ingram Merrill Award (1977)
  • Prix Herminia Naglerowa de l’Union des Ă©crivains polonais en Ă©migration (1984)
  • Prix Zygmunt Hertz de Kultura (1989)
  • Prix de la Fondation Alfred Jurzykowski (1989)
  • Prix du ministère de la Culture de la RĂ©publique de Pologne (2004)
  • Prix WĹ‚ada Majewska de l’Union des Ă©crivains polonais en Ă©migration (2013)

Ouvrages

Ouvrages disponibles en langue française

  • Ces livres de grand chemin, Montricher: Noir sur Blanc, 1992.
  • Portrait de Czapski, Lausanne: L’Âge d’Homme, 2003.

Ouvrages en langue polonaise

  • Od Mochnackiego do PiĹ‚sudskiego. Sylwetki polityczne XIX wieku (Silhouettes politiques du XIXe siècle) Cracovie 1974.
  • Szkice o wolnoĹ›ci (Esquisses sur la libertĂ©) Chicago 1980.
  • W Central Parku (Central Park) Varsovie 1980.
  • SĹ‚owiaĹ„ski spĂłr (Le DĂ©bat slave) Cracovie 1981.
  • CieĹ„ Metternicha (L’Ombre de Metternich), Varsovie 1982.
  • Pamięć WĹ‚och (MĂ©moire d’Italie) Cracovie 1982.
  • AmerykaĹ„skie cienie (Ombres amĂ©ricaines), Paris 1983.
  • KsiÄ…ĹĽki zbĂłjeckie (Ces Livres de grand chemin) Londres 1988.
  • Herb Wygnania (Le Blason de l’exil), Paris 1989.
  • Fajka van Gogha (La Pipe de van Gogh), WrocĹ‚aw 1994.
  • Portret Czapskiego (Portrait de Czapski), WrocĹ‚aw 1996.
  • Prywatna historia wolnoĹ›ci (Histoire privĂ©e de la libertĂ©), Varsovie 1997.
  • Twarze (Visages) Varsovie 2012.
  • Obrazy Londynu (Images de Londres) Varsovie 2014.
  • Henryk, Varsovie 2016.
  • Szkice sekretne (Essais secrets), Varsovie 2017.
  • 120 dni Kultury (Les 120 journĂ©es de culture), Varsovie–Paris, 2020.

Entretiens 

Ouvrages sous la direction de Wojciech Karpiński (choix)

  • Antologia współczesnej krytyki literackiej we Francji (Anthologie de la critique littĂ©raire contemporaine en France) Varsovie 1974.
  • Madame de SĂ©vignĂ© Listy (Lettres) Varsovie 1981.
  • Jerzy Stempowski Eseje (Essais) Cracovie 1984.
  • Witold Gombrowicz, Diary, Northwestern University Press, 1988 (introduction).
  • Constantin JeleĹ„ski Szkice (Essais) Cracovie 1990.
  • Jerzy Giedroyc, Constantin JeleĹ„ski Listy 1950–1987 (Lettres 1950–1987) Varsovie 1995.
  • Joseph Czapski L’Art et la vie, Paris 2002.
  • Jerzy Stempowski, Notes pour une ombre; suivi de Notes d'un voyage dans le DauphinĂ©, Montricher 2004 (prĂ©face).
  • Nicola Chiaromonte Fra me e te la veritĂ . Lettere a Muska, Forli 2013.
  • Joseph Czapski Proust a Grjazovec, conferenze clandestine, Milan 2015 (introduction).
  • Krzysztof Jung : Peintures, dessins, photographies, Paris 2017.
  • Krzysztof Jung The Male Nude / Der männliche Akt, Berlin 2019.

Notes et références

  1. Maria Danilewicz-Zielińska, Bibliografia. Kultura (1958–1973). Zeszyty Historyczne (1962–1973). Działalność wydawnicza (1959–1973), Paris 1975 ; Maria Danilewicz-Zielińska, Bibliografia. Kultura (1974–1980). Zeszyty Historyczne (1974–1980). Działalność wydawnicza (1974–1980), Paris, 1981.
  2. Wojciech Karpiński, Ces livres de grand chemin, Montricher, 1992.
  3. Andrzej Friszke, Otwarty sprzeciw, dans : Znak no 677, 2011.
  4. Andrzej Friszke, Opozycja polityczna w PRL 1945–1980, Londres 1994.
  5. Antoni Dudek, Jan Skórzyński, Paweł Sowiński, Małgorzata Strasz, Opozycja w PRL: słownik biograficzny 1956–1989. Vol. 3, Varsovie 2006.
  6. Online Encyclopédie de Solidarność
  7. Jadwiga Czachowska, Alicja Szałagan, Współcześni Polscy pisarze i badacze literatury. Słownik biobibliograficzny. Vol. 4, Varsovie 1996.
  8. Wojciech Karpiński, Redukcja i konstrukcja w systemie moralnym Franciszka La Rochefoucauld, dans : Kwartalnik Neofilologiczny 1964 nr 1.
  9. Wojciech Karpiński, Tło, dans : Wojciech Karpiński, Marcin Król, Od Mochnackiego do Piłsudskiego, Varsovie 1997 ; Wojciech Karpiński, Prométhée polonais dans : Communications no 78, 2005
  10. Jarosław Iwaszkiewicz, Śpiewnik włoski, Varsovie, 1974 ; Contemporary East European Poetry: An Anthology, Oxford Univeristy Press 1993, p. 103.
  11. Voir: Jarosław Iwaszkiewicz, Caravaggio, dans: Życie Warszawy, 6-7 05, 1973.
  12. Zeszyty Literackie no 4, 1997, p. 60.
  13. Jan Zieliński, Leksykon polskiej literatury emigracyjnej, Varsovie, 1989.
  14. (pl) « Wojciech Karpiński nie żyje. W pandemii zdążył stworzyć antologię, o której marzył », sur wiez.com.pl,
  15. Yitzhak Zuckerman, A Surplus of Memory: Chronicle of the Warsaw Ghetto Uprising, Berkeley, 1993.

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