Walid al-Mouallem
Walid al-Mouallem (en arabe : وليد محيي الدين المعلم), né le à Damas, en Syrie, et mort le [1] dans la même ville, est un homme politique syrien. Il est vice-Premier ministre de 2012 à 2020 et ministre des Affaires étrangères de la Syrie de 2006 à 2020.
Walid al-Mouallem | |
Walid al-Mouallem, en 2009. | |
Fonctions | |
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Vice-Premier ministre de Syrie | |
– (4 ans, 4 mois et 24 jours) |
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Président | Bachar el-Assad |
Gouvernement | Riad Hijab Omar Ghalawanji (intérim) Wael al-Halki |
Prédécesseur | Abdullah Dardari |
Ministre des Affaires étrangères et des Expatriés[Note 1] | |
– (14 ans, 8 mois et 26 jours) |
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Président | Bachar el-Assad |
Prédécesseur | Farouk al-Chareh Joseph Sweid (Expatriés, 2011) |
Successeur | Fayçal al-Meqdad |
Ambassadeur de Syrie aux États-Unis | |
– (10 ans, 11 mois et 30 jours) |
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Prédécesseur | Rafik Jouejati |
Successeur | Rastum al-Zubi |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Damas (Syrie) |
Date de décès | (à 79 ans) |
Lieu de décès | Damas (Syrie) |
Nationalité | Syrien |
Parti politique | Parti Baas |
Religion | Islam sunnite |
Musulman sunnite malgré sa loyauté envers un gouvernement alaouite[2], il est marié et père de trois enfants[3]. Particulièrement fidèle au clan des Assad, Walid Moallem conserve sa place au service de Hafez el-Assad et de son fils Bachar, malgré les nombreux remaniements ministériels[2].
Il est l'auteur de quatre ouvrages sur l'histoire de la Syrie ou le conflit palestinien[3].
Biographie
Après des études en économie à l’université du Caire, Walid Moallem entre au ministère des Affaires étrangères en 1964. Il est nommé ambassadeur de la Syrie en Roumanie entre 1975 et 1980[2], puis ambassadeur aux États-Unis de 1990 à 1999, après un retour de dix ans dans les bureaux de Dama[3]. Il fait également une partie de sa carrière diplomatique en Arabie saoudite, en Espagne et au Royaume-Uni[3].
En tant que diplomate, il participe à des négociations secrètes de paix entre Israël et la Syrie, Damas étant prêt à une paix totale en échange d’un retrait israélien total du plateau du Golan occupé depuis . Ces tractations durent 20 ans avant d'être définitivement stoppées par la révolution syrienne en 2011[3].
Au début des années 2000, il devient vice-ministre des Affaires étrangères, et est chargé d’assainir les relations avec le Liban sous occupation syrienne entre la fin de la guerre civile en 1990 et 2005[3]. Walid al-Mouallem est soupçonné par certains observateurs d'être mêlé à l’assassinat de l'ancien Premier ministre du Liban Rafiq Hariri, qu'il menace quelques semaines avant sa mort en disant « Nous et les services (de sécurité) ici (au Liban) t’avons coincé. S’il te plaît, ne prends pas les choses à la légère. »[2].
Ministre des affaires étrangères
Il est nommé ministre des Affaires étrangères en 2006 et vice-Premier ministre en 2012[3]. Il occupe ces deux fonctions jusqu'à sa mort[3].
Guerre civile syrienne
À partir de 2011, il attribue le déclenchement de la guerre civile syrienne à un « complot international »[3]. Quelques mois après le début du conflit, il fait l'objet de sanctions de la part des États-Unis qui l'accusent d'essayer de « masquer les actes horribles du régime »[3].
En , à la suite du massacre de la Ghouta commis par l'armée syrienne, Walid al-Mouallem menace les puissances occidentales préparant des frappes aérienne en représailles de cette attaque (finalement annulées), leur promettant une riposte avec des moyens de défense qui surprendraient leurs assaillants[4]. Il affirme également que des frappes occidentales n'affecteraient pas la campagne militaire menée par Damas contre les rebelles[5].
Il réitère ses mises en garde contre toute « agression étrangère » à la suite d'informations faisant état d'éventuels envois de troupes saoudiennes et turques en Syrie pour lutter contre le groupe État islamique qui contrôle alors la moité du territoire syrien[6].
Régulièrement pendant le conflit le ministre syrien des Affaires étrangères se rend plusieurs fois à Genève pour participer au processus de paix sous médiation de l'ONU, qui n'aboutira pas[7] - [8]. Lors de ces pourparlers, le chercheur à l'International Crisis GroupPeter Harling, le juge « bon technicien de la négociation, mais n'ayant aucun mandat pour négocier »[7].
Déplacement internationaux et entretiens bilatéraux
En août 2007, un an après sa nomination au poste de Ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem se rend à New Delhi et rencontre le Premier ministre indien Manmohan Singh. Deux ans plus tard, il se rend à Paris et rencontre son homologue français Bernard Kouchner, pour évoquer l'approfondissement des relations bilatérales franco-syriennes (rompues deux ans plus tard) et le programme nucléaire iranien[9].
À partir de l'année 2011 marquée par le début de la guerre civile, l'essentiel de ses visites concerne la recherche d'alliés contre les rebelles et les puissances étrangères menaçant le gouvernement syrien en raison de la répression exercée contre l'Opposition.
En , Walid Mouallem se rend en Algérie à l'invitation du ministre d'État, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Ramtane Lamamra[10]. En , il se rend à New York pur l'Assemblée générale des Nations Unies où il rencontre son homologue libanais Gebran Bassil, alors que le Liban est divisé sur l'attitude à avoir vis-à-vis du gouvernement syrien pendant la guerre civile[11]. En , Walid Mouallem se rend à Oman pour inaugurer la nouvelle ambassade de Syrie, et loue les soutiens de Mascate à l'égard de la Syrie dans le cadre de forums internationaux et vante la coopération économique entre les deux états[12].
En , il se rend à Moscou pour s’entretenir avec son homologue russe Sergei Lavrov et déclarer que « l’alliance entre la Syrie et la Russie contre le terrorisme va se poursuivre par un partenariat dans la période de reconstruction », mettant l’accent sur une coopération sur les plans économique, culturel et social entre les deux pays[13]. En , Walid Moallem, reçoit son homologue iranien Javad Zarif à Damas, les deux hommes évoquent devant les journalistes le cas d’Idleb, bastion jihadiste dans le Nord-Ouest syrien qui échappe au pouvoir du régime syrien[14].
Sanctions internationales contre la Syrie
De 2012 jusqu'à sa mort, il fait personnellement l'objet de sanctions des États-Unis et de l'Union européenne[15]. En , interrogé en conférence de presse, sur le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, il répond avec sarcasme : « Qui est Pompeo ? Je ne le connais pas »[16].
En , Walid al-Mouallem déclare que la loi César adoptée par les États-Unis pour sanctionner le régime syrien, ne ferait pas plier son pays[17]. Dans la même intervention, il appelle le Liban, affecté par ricochet par cette loi en raison de l’implication du Hezbollah dans la guerre civile syrienne, à coopérer avec Damas pour résister aux pressions américaines[17].
Mort en cours de mandat
En , et il est admis en urgence à l’American University Hospital de Beyrouth en , pour de graves problèmes cardiaques[2] nécessitant une opération à cœur ouvert[16]. Il reprend son poste les années suivantes. Il meurt le , probablement à la suite de plusieurs détériorations de son état santé, bien que le régime syrien n'a pas communiqué officiellement la cause de sa mort[2].
Plusieurs hommages lui sont rendus par des personnalités du régime syrien saluant louaient un « grand homme » au « calme légendaire », auxquelles se joignent des personnalités du gouvernement libanais comme le président Michel Aoun, et le président du Parlement libanais, Nabih Berry[18]. Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, rappelle que Walid Mouallem avait « joué un rôle important dans le service et la défense des intérêts nationaux et de la sécurité de son pays »[15]. La Russie, soutien indéfectible du régime Assad, s'exprime via le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, qui salue un « diplomate expérimenté » et déploré la perte d' «un partenaire très fiable et un ami sincère qui comprenait l'importance des relations syro-russes »[16].
Les militants de l'Opposition syrienne le décrivent comme un personnage « corpulent et apathique » considéré comme un « simple porte-parole » qui « n’aura jamais obtenu de victoire diplomatique »[2].
Notes et références
Notes
- Ministre des Affaires étrangères jusqu'au .
Références
- Syria's veteran foreign minister Walid Moalem dies
- « Walid Moallem, ce héraut de la propagande syrienne », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- Syrie : décès du ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, Le Figaro avec AFP, 16 novembre 2020.
- « "Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre", affirme Damas », sur France 24, (consulté le )
- « Syrie: la mission de l'ONU reportée à mercredi, annonce Damas », sur LExpress.fr, (consulté le )
- « Le régime syrien met en garde contre toute "agression" terrestre étrangère », sur www.i24news.tv (consulté le )
- « Walid Mouallem, incarnation du double jeu diplomatique de la Syrie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Syrie: le sort du président Assad est "une ligne rouge", rappelle Damas à deux jours des pourparlers », sur fr.news.yahoo.com (consulté le )
- « RFI - Walid Mouallem à Paris : avancées et divergences », sur www1.rfi.fr (consulté le )
- « Walid Al Mouallem, le chef de la diplomatie syrienne, en visite en Algérie », sur Le Matin d'Algérie (consulté le )
- « Fin du repli saoudien sur la scène libanaise », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Damas salue Oman pour avoir maintenu des relations avec la Syrie », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le ).
- « La Russie et l’Iran, des alliés de plus en plus rivaux en Syrie », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Zarif à Damas avant les pourparlers de paix au Kazakhstan », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Le ministre Walid Mouallem, pilier du régime syrien, est décédé », sur TV5MONDE, (consulté le )
- « Syrie : le chef de la diplomatie et pilier du régime Walid Mouallem est mort », sur France 24, (consulté le )
- « Moallem : La Syrie prête à coopérer avec le Liban pour faire face à la loi César », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Aoun, Berry et le Hezbollah présentent leurs condoléances pour le décès de Moallem », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )