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Sanctions contre la Syrie

Les sanctions contre la Syrie sont une sĂ©rie de sanctions Ă©conomiques prises par l'Union europĂ©enne, les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Suisse et la Ligue arabe Ă  la suite de la rĂ©pression contre les civils lors de la Guerre civile syrienne Ă  partir de 2011.

Les sanctions sont un enjeu majeur pour le régime syrien, qui fournit d'importants efforts de propagande afin de contester ces sanctions, notamment en alléguant qu'elles ont une responsabilité importante dans la détérioration des conditions des Syriens, tout en occultant les responsabilités du régime syrien, détournant une large part de l'aide humanitaire afin de contourner les sanctions.

Histoire

En 1979, les États-Unis mettent la Syrie sur la liste des États soutenant le terrorisme[1].

Entre mars et , les États-Unis Ă©mettent de nouveaux une sĂ©rie de sanctions contre le rĂ©gime syrien[2]. Ces nouvelles sanctions font suite Ă  la politique de lutte contre l'Axe du mal menĂ©e par l'administration Bush, qui condamne la supposĂ©e possession d'armes de destructions massives par le rĂ©gime syrien, condamne son emprise sur le Liban et sa volontĂ© de dĂ©stabiliser l'Irak, ainsi que son soutien Ă  des organisations terroristes comme le Hezbollah et le Hamas[3].

Sanctions lors de la guerre civile

En , l'Union européenne adopte des sanctions contre la Syrie, en interdisant notamment le commerce de biens pouvant servir à la répression de la population civile.

En , les États-Unis mettent en place un embargo sur le secteur pĂ©trolier et gĂšlent les actifs financiers d'un certain nombre de personnalitĂ©s ainsi que celles de l'État syrien lui-mĂȘme[2]. De plus, les États-Unis interdisent toute exportation de biens et services originaires du territoire des États-Unis ou issus d'entreprises ou de personnes amĂ©ricaines Ă  destination de la Syrie[4]. Cette interdiction concerne tout produit dont au moins 10 % de la valeur vient des États-Unis ou d'un de ses ressortissants[5].

En , l'Union européenne adopte à son tour un embargo contre le secteur pétrolier syrien[6]. Cet embargo a un impact important sur l'économie syrienne de par l'importance des exportations d'hydrocarbures vers l'Union pour la Syrie avant la guerre civile, importance qui était de l'ordre de 20 % du PIB[1].

En , la Ligue arabe annonce Ă  son tour le gel des actifs financiers du rĂ©gime syrien, la fin des Ă©changes financiers avec la Banque centrale de Syrie, l'arrĂȘt des lignes aĂ©riennes entre les pays de la Ligue arabe et la Syrie, l'interdiction de sĂ©jour de plusieurs personnalitĂ©s syriennes et l'arrĂȘt des investissements en Syrie des États de la Ligue arabe[1]. Le Liban et le YĂ©men se sont opposĂ©s Ă  ces sanctions[1]. Le mĂȘme mois, la Turquie annonce Ă©galement le gel des actifs financiers de l'État syrien[1].

Le Canada, l'Australie et la Suisse mettent également en place des sanctions économiques et financiÚres contre la Syrie[1]. Ainsi le Canada interdit, au travers de plusieurs séries de décisions prises de à , toute importation de biens depuis la Syrie, ainsi que l'exportation de produits de luxe vers la Syrie, les services financiers en lien avec la Syrie et tout investissement en Syrie[7].

D'autres mesures de sanction sont mises en place par l'Union européenne en , concernant le secteur énergétique, la fourniture d'armes et le secteur financier de la Syrie[8], ainsi que le secteur minier[1]. De plus, en 2012, 120 personnalités ou institutions syriennes ont leurs actifs financiers gelés par l'Union européenne et ne peuvent voyager dans l'Union européenne. Cela inclut Bachar el-Assad, la Banque centrale de Syrie et plusieurs ministres[1]. En , l'Union européenne interdit le commerce d'objets de luxe avec la Syrie, ainsi qu'un certain nombre de produits commerciaux[9]. En parallÚle, l'Union européenne renforce ses mesures de restrictions envers la Syrie dans les secteurs de l'armement, du maintien de l'ordre et du contrÎle des télécommunications[10].

En , l'Union européenne autorise l'exportation de biens militaires non-létaux à l'opposition armée au régime, notamment à la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution[10].

En 2014, le Canada interdit toute exportation de produits chimiques pouvant ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre directe ou indirecte Ă  des fins militaires[7].

En , un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies visait à mettre en place des sanctions contre la Syrie aprÚs l'utilisation d'armes chimiques sur son territoire. Cependant la Russie et la Chine y opposent leur veto. C'est le 7e projet de résolution pour des sanctions rejeté du fait de l'exercice de vetos. Cette résolution envisageait d'interdire le commerce de piÚces d'hélicoptÚres et de mettre en place le gel d'actifs financiers d'une vingtaine de personnalités militaires du régime syrien[11].

En , les États-Unis prennent des sanctions de gel financier et de non-accĂšs Ă  des services financiers Ă  l'encontre de 270 salariĂ©s gouvernementaux du rĂ©gime syrien, Ă  la suite de l'attaque chimique de Khan Cheikhoun[12].

En , les États-Unis prennent de nouvelles sanctions contre la Syrie et les entreprises tierces commerçant avec la Syrie, Ă  travers la loi « CĂ©sar » ((en) Caesar Syria Civilian Protection Act), dĂ©nommĂ©e ainsi Ă  la suite des rĂ©vĂ©lations de tortures et dĂ©cĂšs sous la torture ayant notamment pour tĂ©moin un ancien photographe militaire lĂ©giste syrien surnommĂ© CĂ©sar[13], afin de pousser Bachar el-Assad et son rĂ©gime Ă  rendre des « comptes pour les atrocitĂ©s (perpĂ©trĂ©es) Ă  grande Ă©chelle » [14]. Cette loi entre en vigueur le [15].

Impact, propagande et appels Ă  lever les sanctions

Les sanctions ne touchent pas l'aide humanitaire, l'alimentation ni le secteur médical, elles visent les représentants du régime syrien et tout ce qui peut permettre au régime de produire des armes, y compris chimiques. Cependant, la détournement et l'instrumentalisation de l'aide humanitaire par le régime de Bachar el-Assad, ainsi que la propagande du régime, laissent à penser que les sanctions sont responsables de la précarité de la population syrienne. Afin d'accuser les pays occidentaux, les prix sont augmentés, l'aide humanitaire est confisquée, utilisée comme outil punitif et revendue au marché noir[16] - [17] - [18].

Selon Patrick Cockburn, les sanctions ont un impact sur la population syrienne, notamment sur le prix des denrĂ©es de premiĂšre nĂ©cessitĂ© et produits mĂ©dicaux. Selon lui, les mesures prises par les États-Unis et l'Union europĂ©enne, notamment l'interdiction d'exportation de produits amĂ©ricains, l'embargo sur les produits pĂ©troliers et les sanctions financiĂšres, induisent un quasi-embargo du pays du fait des sanctions que peuvent subir les entitĂ©s faisant du commerce ou de l'aide humanitaire vers ce pays et de la complexitĂ© juridique que ces mesures induisent[5]. Les rĂ©percussions des sanctions touchent indirectement le secteur mĂ©dical[19] - [20].

Les agences de l'ONU impliquĂ©es dans l'aide humanitaire sont pourtant pleinement actives dans les rĂ©gions sous contrĂŽle du rĂ©gime, et essentiellement financĂ©es par les États-Unis et l'Union europĂ©enne.

La critique des sanctions et l'appel Ă  la levĂ©e des sanctions est Ă©galement un important sujet de propagande de la part du rĂ©gime : selon lui, les sanctions internationales empĂȘcheraient par exemple l'acheminement d'aide humanitaire. L'aide humanitaire n'est pas empĂȘchĂ©e par les sanctions (la majoritĂ© de l'aide est d'ailleurs versĂ©e par des mĂȘmes pays occidentaux qui sanctionnent le rĂ©gime), et c'est le rĂ©gime de Bachar el-Assad qui est accusĂ© de dĂ©tourner, d'instrumentaliser et de la politiser, afin d'en priver ses opposants et les civils vivants dans des zones aux mains de l'opposition, et Ă©galement de dĂ©tourner l'aide internationale afin de s'enrichir dans un systĂšme de corruption gĂ©nĂ©ralisĂ© (au lieu d'ĂȘtre redistribuĂ©e, l'aide est confisquĂ©e puis revendue)[21] - [22] - [23] - [24] - [25] - [26] - [18].

En France, ce sont essentiellement les milieux d'extrĂȘme droite et de la fachosphĂšre, des mĂ©dias pro-Kremlin et les organisations qui soutiennent Bachar el-Assad, qui appellent Ă  lever les sanctions en relayant les opĂ©rations de communications et dĂ©clarations du rĂ©gime syrien[27], avec des personnalitĂ©s particuliĂšrement actives, dont Thierry Mariani[28].

Au niveau de l'ONU, deux rapports, en 2020 et 2022, rĂ©alisĂ©s par la rapporteure spĂ©ciale Alena Douhan sont contestĂ©s. Ils appellent Ă  la levĂ©e des sanctions, accusĂ©es de nuire au quotidien des Syriens, mais diffĂ©rentes ONG et observateurs rejettent ces conclusions et mettent en cause la neutralitĂ© d'Alena Douhan, dĂ©jĂ  Ă©pinglĂ©e pour avoir reçu de l'argent de rĂ©gimes autoritaires sous sanctions et accusĂ©e d'en rĂ©pĂ©ter la propagande, sans mĂȘme Ă©voquer les conditions Ă  la levĂ©e des sanctions[29] - [30] - [31] - [32] - [33].

Selon Intelligence Online, une diplomatie parallĂšle au niveau de l'Union EuropĂ©enne aide le rĂ©gime syrien Ă  faire pression sur l'UE pour la critique et la levĂ©e des sanctions. Vincent Piessevaux, juriste qui Ă©tait alors chargĂ© des sanctions au Conseil de l'Union europĂ©enne, a notamment effectuĂ© des voyages discrets en Syrie, oĂč il a rencontrĂ© des proches du rĂ©gime militant contre les sanctions, et a progressivement rĂ©digĂ© des rapports de plus en plus favorables Ă  une rĂ©vision des sanctions[28].

Références

  1. « Q&A: Syria sanctions », sur BBC,
  2. « Syria Sanctions », sur US Department of State
  3. « US Sanctions on Syria », sur OFAC Sanctions Attorney - Price Benowitz
  4. « Blocking Property of the Government of Syria and Prohibiting Certain Transactions With Respect to Syria », sur Département du Trésor américain,
  5. Patrick Cockburn, « US and EU sanctions are ruining ordinary Syrians' lives, yet Bashar al-Assad hangs on to power », sur Independent,
  6. « EU extends sanctions to prohibit import of Syrian oil », sur UK P and I,
  7. « Canadian Sanctions Related to Syria », sur Global Affairs Canada - Gouvernement du Canada
  8. « Update and Overview of Syria Sanctions », sur UK P and I,
  9. « Embargoes and sanctions on Syria », sur Gov.uk
  10. « EU arms embargo on Syria », sur SIPRI
  11. « Russia and China veto UN resolution to impose sanctions on Syria », sur The Guardian,
  12. « U.S. Imposes Sanctions on Syrian Government Workers After Sarin Attack », sur The New York Times,
  13. « Syrie : nouvelles sanctions amĂ©ricaines contre le rĂ©gime de Bachar Al-Assad aprĂšs des rĂ©vĂ©lations de tortures en prison », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. « Washington : Trump signe la loi CĂ©sar sanctionnant le rĂ©gime syrien », AA,‎ (lire en ligne)
  15. « Avec le « Cesar Act », les États-Unis veulent accentuer la pression sur la Syrie », sur https://www.la-croix.com, (consultĂ© le )
  16. « Séisme en Syrie: l'humanitaire Raphaël Pitti dénonce "l'absence de prise de conscience du drame" » (consulté le )
  17. « C ce soir Comment aider la Syrie sans aider Bachar Al Assad ? », (consulté le )
  18. (en) Muhammad Idrees Ahmad, « Syria’s Silent Rubble Reproaches the UN’s Resounding Failure », sur New Lines Magazine, (consultĂ© le )
  19. Jonathan Steele, « Sanctions don't stop Assad, but hurt us all, say Syrian medics and businesspeople », sur Middle East Eye,
  20. « Syria sanctions indirectly hit children's cancer treatment », sur Reuters,
  21. (en-GB) Byline Times <info@bylinetimes.com> (https://bylinetimes.com/) et Sian Norris, « Twelve Years of War Risks Syria’s Recovery from ‘Horror’ Quake », sur Byline Times, (consultĂ© le )
  22. (en-GB) Patrick Wintour et Patrick Wintour Diplomatic editor, « Syria accused of playing politics with aid in aftermath of earthquake », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
  23. (en) Syrie Factuel, « Sanctions en Syrie : Le vrai du faux », sur Medium, (consulté le )
  24. (en) Syrie Factuel, « Levée des sanctions en Syrie : plongée dans le club international des pro-Assad », sur Medium, (consulté le )
  25. (en) « With the Assad Regime Undaunted by Sanctions, Biden Should Consider Broader Regional Pressure », sur The Washington Institute (consulté le )
  26. (en-US) tdaAdmin, « The Caesar Act: Propaganda vs. Reality », sur The Day After, (consulté le )
  27. Elie Guckert, « Comment Bachar el-Assad et ses soutiens instrumentalisent le séisme en Syrie », sur Slate.fr, (consulté le )
  28. (en) « SYRIA/EUROPEAN UNION : Secret diplomacy helping Syria pressure EU on sanctions », sur Intelligence Online, (consulté le )
  29. (en) Syrie Factuel, « Sanctions en Syrie : la rapporteuse trĂšs spĂ©ciale de l’ONU », sur Medium, (consultĂ© le )
  30. (en-US) maans, « UN Special Rapporteur Alena Douhan Should Demand that the Syrian Regime Ends Violations and Crimes Against Humanity as a Precondition for Lifting Sanctions », sur Syrian Network for Human Rights, (consulté le )
  31. (en) Golnaz Esfandiari, « Visit To Iran By Controversial UN Rapporteur Provokes Concerns », RadioFreeEurope/RadioLiberty,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  32. (en) « US Syria Envoy ‘categorically rejects’ statement by UN rapporteur about Caesar Sanctions - Al-Monitor: Independent, trusted coverage of the Middle East », sur www.al-monitor.com (consultĂ© le )
  33. (en-US) « UN envoy urges lifting of sanctions harming Syrian civilians », sur Yahoo News (consulté le )
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