Volksdeutscher Selbstschutz
Le Volksdeutscher Selbstschutz était une milice d'autoprotection ethnique allemande[1], organisation paramilitaire composée de Volksdeutsche mobilisée parmi la minorité allemande de Pologne. Le Volksdeutscher Selbstschutz opéra durant l'entre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale dans la moitié ouest de la Pologne[2]. L'unité porte également une responsabilité dans la Shoah en Pologne, celle-ci orchestra et participa à de nombreux massacres de Polonais ethniques et juifs aux côtés des Einsatzgruppen.
Volksdeutscher Selbstschutz | |
Invasion de la Pologne, de gauche à droite : Ludolf Jakob von Alvensleben, Erich Spaarmann, Hans Kölzow et Christian Schnug, chefs des Volksdeutscher Selbstschutz au moment du massacre de Bydgoszcz, à Bromberg. | |
Création | Années 1920 |
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Dissolution | |
Pays | Pologne occupée Tchécoslovaquie Yougoslavie Union Soviétique |
Allégeance | Reich allemand |
Type | Milice |
Rôle | Shoah en Pologne Traque de l'intelligentsia polonaise Lutte contre la résistance polonaise (Bandenbekämpfung) |
Fait partie de | Selbstschutz |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Contexte
Tout au long de l'entre-deux-guerres, les bataillons Selbstschutz ont été déployés par les services de renseignements allemands non seulement dans la deuxième République polonaise nouvellement constituée, mais également en Tchécoslovaquie. Armés de fusils et de munitions introduites par la contrebande allemande, ils ont combattu du côté allemand lors du conflit germano-polonais dès 1921. Les mercenaires Selbstschutz et du Freikorps ont été envoyés pour combattre les partisans polonais dans le troisième soulèvement de Silésie pour le contrôle politique de la Haute-Silésie. La cinquième colonne Selbstschutz endoctrina les Allemands de souche locaux, en particulier à la fin des années 1930. Les commandos Selbstschutz ont commis des actes terroristes au cours de l'été 1938 contre l'administration tchèque des Sudètes[3]. Durant l'entre-deux-guerres, les organisations de minorités allemandes en Pologne comprenaient Jungdeutsche Partei (Parti des jeunes allemands), Deutsche Vereinigung (Union allemande), Deutscher Volksbund (Union populaire allemande) et Deutscher Volksverband (Unité populaire allemande). Tous ont coopéré activement avec l'Allemagne nazie dans l'espionnage anti-polonais, le sabotage, les provocations et l'endoctrinement politique. Ils entretenaient des contacts étroits avec le NSDAP (parti nazi), l'organisation Auslands (organisation des affaires étrangères), la Gestapo (police secrète), le SD (service de sécurité) et l'Abwehr (défense). Selon les estimations, 25% de la minorité allemande de Pologne étaient membres de ces organisations[4].
En octobre 1938, les agents du SD d'Allemagne avaient organisé les formations Selbstschutz en Pologne[4]. Les Allemands de souche de nationalité polonaise avaient été formés dans le Troisième Reich à diverses méthodes de sabotage et tactiques de guérilla. Avant le début de la guerre, des militants Selbstschutz de Pologne ont dressé des listes de Polonais qui devaient être déportés ou exécutés dans le cadre de l'opération Tannenberg. La liste a été distribuée aux escadrons de la mort nazis sous le nom de Sonderfahndungsbuch Polen[5].
Histoire
Immédiatement après l'invasion de la Pologne le , le Volksdeutscher Selbstschutz a lancé des attaques contre la population et l'armée polonaises tout en effectuant des opérations de sabotage afin d'aider les Allemands à occuper l'État polonais. À la mi-septembre, les activités chaotiques et largement spontanées de cette organisation étaient coordonnées par des officiers SS. Le protégé d'Himmler, Gustav Berger, a été chargé de l'organisation. Des commandants de district de l'armée dans les zones occupées ont été déployés en Prusse-Occidentale, en Haute-Silésie et dans le Warthegau[6].
Alors que la direction SS se limitait à superviser les opérations, les unités locales restaient sous le contrôle des Allemands de souche ayant prouvé leur engagement au début de la guerre. L'unité Selbstschutz fut chargé d'organiser des camps de concentration pour les Polonais, fondés dans des endroits où la Wehrmacht et les unités de police allemandes établirent des camps. Ceux-ci comprenait 19 camps de ce type dans les villes suivantes : Bydgoszcz (Bromberg), Brodnica (Strasbourg), Chełmno (Kulm), Dorposz Szlachecki, Kamień Krajeński, Karolewo, Lipno (Lippe), Łobżenica, Nakło (Nakel), Nowy Wiecy (près de Skars), Nowe (sur la Vistule), Piastoszyn, Płutowo, Sępólno Krajeńskie, Solec Kujawski (Schulitz), Tuchola (Tuchel), Wąbrzeźno (Briesen), Wolental (près de Skórcz), Wyrzysk (Wirsitz). La majorité des Polonais emprisonnés dans ces camps (composés d'hommes, de femmes et de jeunes) furent brutalement assassinés[6].
Nettoyage ethnique
Après l'invasion allemande de la Pologne, le Selbstschutz collabore avec les Einsatzgruppen dans le massacre des Polonais. Celui-ci participe à la première action d'élimination de l'intelligentsia polonaise (massacres de Piaśnica), au cours desquels 12 000 à 16 000 civils sont assassinés. L'Intelligenzaktion[7] était un plan visant à éliminer toute l'intelligentsia polonaise et la classe dirigeante polonaise du pays. Ces opérations ont eu lieu peu après la chute de la Pologne, s'étalant de l'automne 1939 au printemps 1940[4] - [8]; 60 000 propriétaires fonciers, enseignants, entrepreneurs, travailleurs sociaux, vétérans de l'armée, membres d'organisations nationales, prêtres, juges et militants politiques ont été assassinés au cours de 10 actions régionales[9]. Les Intelligenzaktions se sont poursuivies par l'opération AB-Aktion[10].
Le , dans la seule Prusse-Occidentale, le Selbstschutz sous le commandement de Ludolf von Alvensleben comptait 17 667 hommes et avait déjà exécuté 4 247 Polonais. Celui-ci se plaignait auprès des officiers du Selbstschutz au sujet du faible nombre de Polonais abattus. Des officiers allemands ont indiqué que seule fraction des Polonais avait été "détruite" dans la région, le nombre total de ceux exécutés en Prusse-Occidentale durant cette action étant d'environ 20 000[11].
Après la conquête de la Pologne
L'organisation fut dissoute le , mais le basculement se poursuivit jusqu'au printemps 1940. Parmi les raisons, notamment des cas de corruption extrême, de comportement désordonné et de conflits avec d'autres organisations. Les membres ont été invités à rejoindre Schutzstaffel et Gestapo. Au cours de l'été 1940, les nouveaux bataillons Sonderdienst sont formés à la place et affectés au chef de l'administration civile du nouveau Gau[12]. L'existence d'une importante organisation paramilitaire d'Allemands de souche de nationalité polonaise qui s'étaient livrés à des massacres massifs de Polonais tout en assistant l'attaque allemande contre la Pologne a par la suite été l'une des raisons principale de l'expulsion des Allemands après la guerre[9]. Selon le chercheur allemand Dieter Schenk, quelque 1 701 anciens membres du Selbstschutz ayant commis des atrocités de masse ont été identifiés dans l'Allemagne d'après-guerre. Cependant, il n'y a eu que 258 cas d'enquêtes judiciaires et 233 d'entre eux ont été annulés. Seuls dix membres du Selbstschutz ont été condamnés par les tribunaux allemands. Cette situation a été décrite par Schenk comme "honteuse pour le système judiciaire allemand"[13].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Volksdeutscher Selbstschutz » (voir la liste des auteurs).
- Richard J. Evans, The Third Reich at War: 1939–1945 (Penguin, 2009).
- Christian Jansen, Arno Weckbecker: Der "Volksdeutsche Selbstschutz" in Polen 1939/40. München: R. Oldenbourg, 1992. (ISBN 3-486-64564-1)
- Sidney S. Alderman (Associate Trial Counsel for the United States), « Nuremberg Trial Proceedings Vol. 3 - Eleventh Day », The Avalon Project : « In both Austria and Czechoslovakia the Nazi conspirators planned to undermine the will to resist by propaganda and by Fifth Column activities, while the actual military preparations were being developed. »
- Redakcja, « Piąta kolumna », Kampania Wrześniowa 1939.pl, (version du 23 octobre 2008 sur Internet Archive)
- Digital version of "Sonderfahndungsbuch Polen" in Śląska Biblioteka Cyfrowa "Sonderfahndungsbuch Polen", hrsg. vom Reichskriminalpolizeiamt, Berlin 1939.
- Konrad Ciechanowski, Monografia. KL Stutthof (Auffangslager, Zivilgefangenenlager) (pl)
- Meier, Anna "Die Intelligenzaktion: Die Vernichtung Der Polnischen Oberschicht Im Gau Danzig-Westpreusen" VDM Verlag Dr. Müller, (ISBN 3-639-04721-4) (ISBN 978-3639047219)
- Encyklopedia PWN
- Maria Wardzyńska "Był rok 1939 Operacja niemieckiej policji bezpieczeństwa w Polsce. Intelligenzaktion" IPN Instytut Pamięci Narodowej, 2009 (ISBN 978-83-7629-063-8)
- Meier, Anna "Die Intelligenzaktion: Die Vernichtung Der Polnischen Oberschicht Im Gau Danzig-Westpreusen" VDM Verlag Dr. Müller, (ISBN 3-639-04721-4) (ISBN 978-3-639-04721-9)
- The Origins of the Final Solution: The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939-March 1942 Christopher R. Browning University of Nebraska Press 2007 page 33
- Browning, « Arrival in Poland » [PDF] file, direct download 7.91 MB complete, Ordinary Men: Reserve Police Battalion 101 and the Final Solution in Poland, Penguin Books, (consulté le ) : « Also: PDF cache archived by WebCite. », p. 51, 98, 109, 124
- Biuletyn IPN 2003-2004 Nr 12-1(35-36) page 23 Paweł Kosiński, Barbara Polak: "Nie zamierzam podejmować żadnej polemiki – wywiad z prof. Witoldem Kuleszą".
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Barbara Bojarska: Eksterminacja inteligencji polskiej na Pomorzu Gdańskim (wrzesień-grudzień 1939). Poznań: Instytut Zachodni, 1972.
- Christopher R. Browning: The Origins of the Final Solution: The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939 – March 1942. University of Nebraska Press. (ISBN 0-8032-1327-1).
- Keith Bullivant, Geoffrey Giles: Germany and Eastern Europe: Cultural Identities and Cultural Differences. Rodopi Bv Editions, 1999. (ISBN 978-9042006881).
- Christian Jansen, Arno Weckbecker: Der "Volksdeutsche Selbstschutz" in Polen 1939/40. München: R. Oldenbourg, 1992. (ISBN 3-486-64564-1).
- Włodzimierz Jastrzębski, Jan Sziling: Okupacja hitlerowska na Pomorzu Gdańskim w latach 1939–1945. Gdańsk: Wydawnictwo Morskie, 1979. (ISBN 83-215-71840).
- Tadeusz Jaszowski, Czesław Sobecki: "Niemy świadek". Zbrodnie hitlerowskie w toruńskim Forcie VII i w lesie Barbarka. Bydgoszcz: Kujawsko-Pomorskie Towarzystwo Kulturalne, 1971.
- Georges Jerome : Les milices d'autoprotection de la communauté allemande de Pomérélie, Posnanie et Silésie polonaise 1939 - 1940. Revue Guerres Mondiales et Conflits contemporains n° 163 juillet 1991.
- Paweł Kosiński, Barbara Polak. Nie zamierzam podejmować żadnej polemiki – wywiad z prof. Witoldem Kuleszą. "Biuletyn IPN". 12-1 (35-36), grudzień – styczeń 2003–2004.
- Roman Kozłowski (1992): Mniszek – miejsce kaźni. Dragacz: Gminny Komitet Ochrony Pomników Walki i Męczeństwa.
- Mirosław Krajewski: W cieniu wojny i okupacji. Ziemia Dobrzyńska w latach 1939–1945. Rypin: Dobrzyński Oddział Włocławskiego Towarzystwa Naukowego w Rypinie, 1995. (OCLC 750495343).
- Stanisław Nawrocki: Policja hitlerowska w tzw. Kraju Warty 1939–1945. Poznań: Instytut Zachodni, 1970.
- Dieter Schenk: Albert Forster. Gdański namiestnik Hitlera. Gdańsk: Wydawnictwo Oskar, 2002. (ISBN 83-86181-83-4).
- Piotr Semków. Martyrologia Polaków z Pomorza Gdańskiego w latach II wojny światowej. "Biuletyn IPN". 8 – 9 (67 – 68), sierpień-wrzesień 2006.
- Irena Sroka: Policja Hitlerowska w rejencji katowickiej w latach 1939–1945. Opole: Instytut Śląski, 1997.