Vittorio Mezzogiorno
Vittorio Mezzogiorno, né à Cercola, province de Naples, le et mort à Milan le est un acteur italien.
Naissance |
Cercola, province de Naples, Italie |
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Nationalité | Italienne |
Décès |
(Ă 52 ans) Milan, Lombardie, Italie |
Profession | Acteur |
Films notables |
Un jouet dangereux Trois Frères L'Homme blessé Cerro Torre, le cri de la roche |
Biographie
Dernier né d'une famille de sept enfants, Vittorio Mezzogiorno naît à Cercola, où ses parents se sont momentanément installés. Dès leur retour à Naples, Vittorio suit des études classiques. Il habite avec sa famille entre la Baie de Chiaia et l'avenue Regina Elena. Élève studieux le jour, il s'échappe à la nuit tombée par goût du risque. Cette double vie va être un handicap dans son cursus scolaire, mais son frère aîné Vincenzo, qui rêve de devenir metteur en scène, l'initie aux costumes et à la gestuelle théâtrale[1].
À 18 ans, Vittorio s'inscrit à l'Université et commence des études de médecine avant d'opter pour le droit. Il fait alors ses premières expériences en tant qu'acteur au Teatro S. où il récite des textes de Samuel Beckett et d'Eugène Ionesco. Désireux d'améliorer sa diction, il travaille sa voix sur des extraits du Code pénal. En 1962, à 21 ans, il incarne Estragon dans En attendant Godot au Piccolo teatro de Naples[2].
En 1966-1967, il rejoint la troupe d'Eduardo De Filippo et obtient un diplôme. En 1969, il rencontre la comédienne Cecilia Sacchi, alors très célèbre. Ils décident ensemble de monter L'Assemblée des femmes, pièce d'Aristophane dans le théâtre grec de Ségeste, en Sicile. Ils se marient le . De leur union naîtra le leur unique enfant, une petite fille qui deviendra l'actrice italienne Giovanna Mezzogiorno[3].
La famille s'installe alors à Rome où Vittorio se consacre pleinement au théâtre, d'abord dans la troupe des Fratelli Giuffrè[4], puis aux côtés de l'actrice vénitienne Lauretta Masiero, des comédiens Gianni Santuccio, Gianrico Tedeschi et Mario Scaccia. Par la suite, il travaille avec Flavio Bucci, Stefano Satta-Flores, Cristiano Censi et Isabella del Bianco.
En 1971, il débute aux côtés de Michele Placido dans Indagine su una rapina (Enquête sur un vol) de Gian Pietro Calasso. Ce film, prévu pour la télévision, ne voit le jour qu'à la radio. L'année 1972 marque ses débuts dans le petit écran avec Il Picciotto, d'Alberto Negrin. En 1975 il débute au cinéma avec La Cecilia, du réalisateur français Jean-Louis Comolli. Il tourne alors bon nombre de films en Italie tout en continuant de se produire sur scène[5].
Jean-Jacques Beineix lui ouvre les portes du cinéma français avec La Lune dans le caniveau où il partage l'affiche avec Gérard Depardieu et Nastassja Kinski, mais la vraie reconnaissance vient, la même année, avec le rôle de Jean, marginal homosexuel, dans le troisième film de Patrice Chéreau : L'Homme blessé, où il est doublé par Depardieu[6]. Plébiscité par la critique, ce film, qui réunit aussi Roland Bertin, Jean-Hugues Anglade et Lisa Kreutzer, est interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie[7]. Entre-temps, Vittorio s'est installé à Paris, où sa famille finit par le rejoindre.
Dans l'adaptation théâtrale du Mahabharata, transcription de la longue épopée sancrite de la mythologie hindoue que Peter Brook monte au théâtre avec sa troupe, Vittorio y est Arjuna, le fils du dieu Indra. Jamais un rôle ne l'a autant marqué: « Avec Brook, disait-il en 1984, on plonge où l'on s'en va[8]. ». La première a lieu à la Carrière de Boulbon durant l'été 1985 dans le cadre du Festival d'Avignon et dure toute la nuit. En 1989, il l'adapte au cinéma[9]. Une rupture complète avec sa carrière d'avant: « Je n'avais plus guère envie d'être une image à la disposition de metteurs en scène hyper pressés qui ne prennent même pas le temps de discuter avec vous du personnage qu'ils vous offrent », précisait-il. « Travailler de cette façon ne procure que des résultats médiocres. Moi, j'ai besoin d'un vrai travail physique. Non pas pour devenir plus fort, mais pour devenir plus maître de moi-même, de mes gestes, de mon souffle. C'est par le travail, incessant, répété, qu'un acteur finit par découvrir ce qu'il est capable de créer[10]. »
Dans les années 1990, Vittorio Mezzogiorno retourne en Italie et s'installe à Milan. Il devient une star du petit écran en interprétant le commissaire Davide Licata dans le feuilleton La Mafia qui traite du milieu mafieux. En 1992, il tourne Hors saison, de Daniel Schmid et joue avec son épouse au Teatro Stabile de Parme la pièce en un acte d'Arthur Schnitzler Scena Madre (adaptation de Grosse Szene) dans une mise en scène d'Alain Maratrat. Ce seront ses dernières apparitions.
Par hasard, alors qu'il se trouve loin de l'Italie, Vittorio Mezzogiorno découvre qu'il est atteint d'un cancer. Il mène alors un rude combat contre la maladie, mais décède à Milan le , à l'âge de 52 ans[11].
Filmographie
Cinéma
- 1975 : La Cecilia, de Jean-Louis Comolli: Luigi
- 1976 : Milano violenta, de Mario Caiano: Walter
- 1976 : La orca (it), d'Eriprando Visconti
- 1976 : Basta che non si sappia in giro, (Ă©pisode Il Superiore) de Luigi Magni: Lupo
- 1977 : Équipe spéciale (La polizia è sconfitta) de Domenico Paolella
- 1979 : Speed Cross, de Stelvio Massi: Nicola
- 1979 : Il giorno dei cristalli, de Giacomo Battiato: Michele Paita
- 1979 : Un jouet dangereux (Il giocattolo), de Giuliano Montaldo: Sauro
- 1980 : Desideria: la vita interiore (it), de Gianni Barcelloni Corte (it) : Erostrate
- 1980 : Café express, de Nanni Loy : Amitrano
- 1980 : Doppio sogno dei Sigg X, d'Anna Maria Tato
- 1980 : L'Enfer en quatrième vitesse (Car Crash), d'Antonio Margheriti : Nick
- 1980 : Arrivano i bersaglieri (it), de Luigi Mani : Alfonso
- 1981 : La Chute des anges rebelles (La caduta degli angeli ribelli) de Marco Tullio Giordana : Vittorio
- 1981 : Trois Frères, de Francesco Rosi : Rocco Giuranna/le jeune Donato
- 1981 : E noi non faremo karakiri, de Francesco Longo (it) : Matteo
- 1992 : Hors saison, de Daniel Schmid : Oncle Paul
- 1982 : Un asila al Patibulo, de Giuliana Berlinguer
- 1983 : La casa del tappeto giallo de Carlo Lizzani : Antonio
- 1983 : L'Homme blessé, de Patrice Chéreau : Jean Lerman
- 1983 : La Lune dans le caniveau, de Jean-Jacques Beineix : Newton Channing
- 1984 : La Garce, de Christine Pascal : Max Halimi
- 1984 : Les Cavaliers de l'orage, de GĂ©rard Vergez : Gorian
- 1987 : Jenatsch, de Daniel Schmid : JĂĽrg Jenatsch
- 1987 : Fuegos, d'Alfredo Arias : El Gringo
- 1988 : Contrainte par corps, de Serge Leroy : Kasta
- 1989 : La Révolution française, de Robert Enrico : Marat
- 1989 : Le Mahâbhârata, de Peter Brook : Arjuna
- 1991 : Cerro Torre, le cri de la roche (Cerro Torre : Schrei aus Stein), de Werner Herzog : Roccini
- 1991 : Autour du désir, de Marco Bellocchio : Lorenzo Colajanni
- 1991 : Riflessi in un cielo scuro de Salvatore Maira
- 1992 : Golem, l'esprit de l'exil, d'Amos GitaĂŻ : Le Maharal
- 1993 : Caccia alle moschede Angelo Longoni
Télévision
- 1963 : Luisa Sanfelice, de Leonardo Cortese, d'après Alexandre Dumas père
- 1965 : Resurrezione, mini-série de Franco Enriquez (it)
- 1965 : Le Avventure di Laura Storm : Défilé per un delitto, mini-série de Camillo Mastrocinque
- 1967 : La Fiera della vanitĂ , d'Anton Giulio Majano
- 1971 : Basta che non si sappia in giro (Ă©pisode Il Superiore), de Luigi Magni
- 1973 : Il Picciotto, d'Alberto Negrin
- 1974 : Dedicato a un medico, mini-série de Gianni Serra (it)
- 1974 : L'Assassinio dei fratelli Rosselli, de Silvio Maestranzi (de)
- 1975 : L'amaro caso della baronessa di Carini (it), mini-série de Daniele D'Anza
- 1975 : Diagnosi, de Mario Caiano : Dottore Silvestri
- 1975 : I, Killer, de Gian Pietro Calasso
- 1976 : Una spia del regime, d'Alberto Negrin
- 1976 : Extra, de Daniele d'Anza
- 1976 : Il Marsigliese de Giacomo Battiato (feuilleton)
- 1979 : Martin Eden, de Giacomo Battiato, d'après Jack London Cheeseface
- 1979 : I Racconti fantastici, d'Edgar Allan Poe, mini-série de Daniele D'Anza
- 1980 : L'Assedio, de Silvio Maestrazzi
- 1984 : Et la vie continue (...e la vita continua) de Dino Risi : Saverio Betocchi
- 1984 : La Mafia, de Sergio Silva : "Il cuore del problema" - Commissaire Davide Licata
- 1985 : La Chute de Mussolini (Mussolini and I), d'Alberto Negrin : Alessandro Paolini
Théâtre
- 1966-1967 : Le Farse di Scarpetta : na mugliera africana et Omniedeco die femmene, d'Eduardo Scarpetta, compagnie Eduardo De Filippo
- 1967-1968 : Il Contratto d'Eduardo De Filippo, m.e.s. d'Eduardo De Filippo
- 1968 : Les Nuées, d'Aristophane, m.e.s. de Roberto Guicciardini (it)
- 1968-1969 : Il Cavallo a vapore, Compagnie Aldo et Carlo Giuffrè, Lauretta Masiero, m. e. s. de Daniele D'Anza
- 1969 : L'Assemblée des femmes d'Aristophane, m.e.s. de Mario Prosperi
- 1969 : La Primavera di Praga, de Luigi Preti, Compagnie Lucio Ardenzi (it)
- 1970 : La Mère, de Bertolt Brecht, m.e.s. de Cristiano Censi
- 1971 : L'opera del Mendicante (adaptation italienne de The Beggar's Opera), de John Gay, m.e.s. de Giorgio Bandini
- 1976 : Il Nostro, de Ghigo de Chiara, m.e.s. de G. de Martino
- 1976 : Annata Ricca de Montoglio (en sicilien), m.e.s. de Romano Bernardi
- 1984-1986 : Mahâbhârata (en langue française), m.e.s. de Peter Brook : Arjuna
- 1986 : Ritorno ad Alphaville, d'après Alphaville de Jean-Luc Godard m.e.s. de Mario Martone
- 1987-1988 : The Mahabharata (en langue anglaise), m.e.s de Peter Brook : Arjuna
- 1989 : Woyzeck, de Georg BĂĽchner, m.e.s de Mario Martone
- 1992 : Scena Madre, d'Arthur Schnitzler, m.e.s de Alain Maratrat
Radio
- 1971 : Indagine su una rapina, m.e.s. de Gian Pietro Calasso
Distinctions
- 1979 Ruban d'argent du meilleur acteur dans un second rĂ´le pour Il Giocattolo, de Giuliano Montaldo
- 1981 Ruban d'argent du meilleur acteur pour Tre Fratelli, de Francesco Rosi
- 1990 Ciak d'Oro dans la catégorie Meilleur acteur pour Cerro Torre : Shrei aus Stein, de Werner Herzog
Notes et références
- "Vittorio Mezzogiorno: l'homme blessé", par Alix de Saint André, Elle mars 1983
- "En mémoire de Vittorio Mezzogiorno, par Saverio Ferragina
- "Vittorio Mezzogiorno: un nomade bosseur", par Fabian Gastellier, L'Unité n°626, décembre 1984
- Eduardo, né en 1924 et Carlo, né en 1928, sont deux acteurs napolitains de grande renommée.
- "En mémoire de Vittorio Mezzogiono", op. cit.
- Estimant que ce personnage était déjà décalé de par sa marginalité sociale, Chéreau n'a pas désiré accentuer son étrangeté en laissant le comédien s'exprimer avec un fort accent étranger (dossier de presse du film).
- In Dossier de presse du film
- Vittorio Mezzogiorno : un nomade bosseur, op.cit.
- In Dossier de presse de la pièce
- "Vittorio Mezzogiorno: un nomade bosseur", op.cit.
- Article in The Independant --London, 10 janvier 1994
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- Ressource relative au spectacle :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Site de Saverio Ferragina, in memoriam Vittorio Mezzogiorno (photos, presse etc.) en Italien.
- Création, le 16 décembre 2004, d'un Prix Vittorio Mezzogiorno
- Bande-annonce du film de Peter Brook Mahabharata
- Critique du Corriere della sera sur la pièce Scena Madre