Ville impériale de Rosheim
La ville impériale de Rosheim (en allemand : Reichsstadt Rosheim) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre et .
(de) Reichsstadt Rosheim
–
(376 ans)
Blason de Rosheim |
Statut |
Ville d’Empire État du Saint-Empire |
---|---|
Capitale | Rosheim |
Langue(s) | Alémanique/alsacien, allemand, français |
Religion | Catholicisme |
Bailliage | Grand-Bailliage d'Alsace |
Cercle impérial | Cercle du Haut-Rhin |
Acquisition du statut de ville et d’une autonomie vis-à -vis de l’abbaye de Hohenbourg | |
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire ») accordée par Albert Ier du Saint-Empire | |
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole | |
- | Pillage et occupation par les Écorcheurs du Maréchal de France Philippe de Culant |
Prise et pillage par l’armée protestante d’Ernst von Mansfeld durant la guerre de Trente Ans | |
Prise de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn | |
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie) | |
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue) | |
Révolution française et fin de la constitution municipale |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Village construit en contrebas du mont Saint-Odile mentionné pour la première fois en [3], Rosheim dépend de l'abbaye de Hohenbourg puis s'affranchit progressivement de sa tutelle pour devenir une ville au Moyen Âge. Le bourg se développe sous l’autorité des Hohenstaufen qui siègent sur le trône impérial et possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. En tant qu'avoués et protecteurs de l'abbaye, ils favorisent l'essor de Rosheim[4]. À partir de des litiges éclatent en effet entre les habitants et leur seigneur, l'abbesse de Hohenbourg. Celle-ci est finalement contrainte en de participer au financement du mur d'enceinte dont la construction est réalisée avant [5] et symbolise l'autonomie de la ville. En la cité est pourvue d'un sceau[6]. Une partie des habitants choisit d'accueillir en les troupes du prince-évêque de Strasbourg, Conrad de Lichtenberg. Celui-ci s'empare de Rosheim pour apporter son soutien à Albert de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace, dans sa conquête du pouvoir impérial. Le ralliement de la ville est alors récompensé par le nouveau souverain[7]. À la suite de son élection au trône du Saint-Empire, Albert Ier accorde à Rosheim le statut de « ville d'Empire » en [8]. La cité dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière[9]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région.
Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Rosheim forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. Deux réunions de l'alliance se tiennent à Rosheim[10]. Les institutions de la ville sont établies au milieu du XIVe siècle et approuvées par Charles IV en . La cité est gouvernée par un conseil de bourgeois comptant probablement huit membres. À la tête du conseil se trouvent des bourgmestres (Bürgermeister) ou stettmestres (Stattmeister) renouvelés chaque année comme les maîtres des corporations (Zunftmeister)[11]. L'application du droit est confiée à des échevins (Scheffen) ainsi qu'à un prévôt (Schultheiss)[12]. Celui-ci rend la justice au nom du souverain du Saint-Empire. L'économie de la ville repose sur l'activité artisanale ainsi que la production et le négoce de vins d'Alsace.
Durant les XIVe et XVe siècles la région subit les conséquences de la guerre de Cent Ans. Lors des périodes de trêve, les troupes de mercenaires ne sont plus payées et pillent alors les territoires voisins du royaume de France. La Haute et la Basse-Alsace sont ravagées en par une armée d'Armagnacs, surnommés les « Écorcheurs » (Schinder) et commandés par le Dauphin Louis de France, futur Louis XI, et le maréchal Philippe de Culant[13]. Rosheim est prise, occupée puis utilisée par les pillards comme base d'opération pour lancer leurs attaques dans les campagnes avoisinantes jusqu'à leur départ en [14]. À la même époque l'imprimerie se développe dans la région. Originaire de Rosheim, Heinrich Eggestein devient l'un des premiers imprimeurs à Strasbourg avec Johannes Mentelin vers . La détérioration des conditions sociales au début du XVIe siècle et le mécontentement de la population rurale provoquent la guerre des Paysans en . Rosheim est alors assiégée par une armée de rustauds conduite par Ittel Jörg, ancien prévôt de la ville. Celle-ci est épargnée grâce aux négociations menées par le rabbin Josel de Rosheim, shtadlan des Juifs du Saint-Empire (Oberster über alle Juden deutscher Nation), à la demande des autorités municipales[15]. La Réforme protestante est introduite à la même époque par des prédicateurs mais n'est pas adoptée par les dirigeants de la cité qui restent catholiques comme la majorité des habitants. Lors de la guerre de Trente Ans la ville est pillée et occupée en par l'armée protestante conduite par Ernst von Mansfeld, avant d'accueillir en les troupes catholiques du duc de Lorraine, Charles IV, pour y rétablir l'autorité impériale. Rosheim est conquise la même année par les troupes du royaume de Suède conduites par Gutaf Horn[16]. Les villes occupées par les Suédois sont confiées aux armées françaises qui y établissent des garnisons[17]. Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [18].
Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance de Rosheim qui est rattachée au territoire français[19]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [20].
Notes et références
- Himly 1970, p. 18
- Vogler 2009, p. 123
- Encyclopédie de l'Alsace 1985, p. 6519
- Vogler 2009, p. 108
- Mengus et al. 2013, p. 273
- Vogler 2009, p. 109
- Rapp 1978, p. 9
- Grasser 1988, p. 94
- Nicollier 2012, p. 215
- Vogler 2009, p. 113
- Muller 1978, p. 19
- Rapp 1978, p. 11
- Rapp 1978, p. 12
- Vogler 2009, p. 112
- Rapp 1978, p. 14-15
- Troestler 1978, p. 69-70
- Vogler 2009, p. 128
- Kintz 2017, p. 276-280
- Kintz 2017, p. 346-348
- Kintz 2017, p. 356
Annexes
Bibliographie
- [Encyclopédie de l'Alsace 1985] « Rosheim », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 11 : Rhin-Strasbourg, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 6511-6519.
- [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re Ă©d. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
- [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
- [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
- [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
- [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
- [Muller 1978] Christine Muller, « Les statuts de la ville de Rosheim », Les Saisons d'Alsace, no 66,‎ , p. 17-34 (ISSN 0048-9018).
- [Nicollier 2012] BĂ©atrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
- [Rapp 1978] Francis Rapp, « Rosheim au Moyen Âge », Les Saisons d'Alsace, no 66,‎ , p. 7-16 (ISSN 0048-9018).
- [Troestler 1978] Alphonse Troestler, « Rosheim pendant la guerre de Trente Ans : quelques aspects politiques et militaires (1621-1634) », Les Saisons d'Alsace, no 66,‎ , p. 61-77 (ISSN 0048-9018).
- [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).