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Villa des Papyrus

La villa des Papyrus est une villa d'Herculanum, ayant probablement appartenu à Pison, beau-père de Jules César. Elle a été ensevelie par l'éruption du Vésuve en 79 et explorée lors de fouilles archéologiques en 1750, commandées par Charles de Bourbon. Par la richesse des découvertes effectuées, ainsi que par l'importance de son architecture, la villa est exceptionnelle. Elle fait à nouveau l'objet de fouilles dans les années 1996-1998, qui mettent à ciel ouvert la partie donnant sur l'antique front de mer, puis de travaux d'étude et de conservation au début du XIXe siècle.

Villa des Papyrus
Image illustrative de l’article Villa des Papyrus
Jeune danseuse.
Localisation
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Lieu Herculanum
Type villa romaine
CoordonnĂ©es 40° 48′ 27″ nord, 14° 20′ 41″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Villa des Papyrus
Villa des Papyrus
Histoire
Époque Ier siècle av. J.-C.
Construit probablement par Calpurnius Pison

Histoire des fouilles

Cette grande villa suburbaine fut découverte de façon fortuite en 1750 lors du creusement d'un puits. Elle se situait à quelque distance de l'Herculanum antique, dont elle était séparée par le lit d'un ancien ruisseau. Face à la mer, dans un espace très salubre, la villa était parfaitement reliée aux villes et installations situées à proximité[1].

Malgré le grand intérêt du site, les explorations furent abandonnées en 1761 en raison de l'accumulation dangereuse dans les galeries de gaz carbonique d'origine volcanique[2] - [3]. A. Maiuri souhaitait en 1955 qu'« un jour, […] on pourra reprendre, sur une nouvelle base, les fouilles de la plus précieuse et la plus riche villa du monde antique »[4]. Il a été entendu. La reprise de fouilles, à ciel ouvert cette fois, a été organisée dans les années 1996-1998 (Scavi Nuovi). Les fouilles furent confiées à une association Associazione Temporanea di Imprese et réalisées à 30 m de fond sur une zone irrégulière aux contours imposés par les expropriations. La défaillance de l'association laissa les explorations inachevées et sans aménagements de protection. La Surintendance reprend en 1999 le contrôle et fait réaliser de 2000 à 2007 les travaux indispensables de drainage et d'aménagement, puis relance à partir de 2007 les travaux de fouilles et de restauration[5].

Domenico Comparetti a identifié la villa comme la résidence secondaire de bord de mer de Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, beau-père de Jules César, érudit et protecteur des poètes et du philosophe Philodème de Gadara aux dires de Cicéron[6]. Cette attribution, largement reprise, est toutefois contestée[7]. Le propriétaire, quel qu'il soit, constitua une bibliothèque, à ce jour la seule de l’Antiquité à nous être parvenue en l’état[8], dans son intégralité[9].

Architecture

Plan de la villa des Papyrus, dressé au XVIIIe siècle par Charles Weber.
Villa des Papyrus, secteur en terrasses mis au jour en 1986-1988.

Le plan de la villa est conforme au type de la villa suburbaine répandu dans la baie de Naples : l'atrium ne sert que de vestibule contrairement à la maison traditionnelle où il sert d'espace central pour la famille. Les pièces à vivre sont réparties autour de péristyles et terrasses, pour des raisons de luminosité. La villa possède également un vaste jardin où sont présents espaces à couvert et dégagés afin de profiter du soleil[10]. L'entrée du côté de la mer possédait un portique à colonnes. Elle permettait d'accéder à l'atrium qui était richement décoré : l'impluvium était orné de statuettes, de même pour des niches aménagées[11].

Le premier pĂ©ristyle Ă©tait de forme carrĂ©e et au milieu se situait une piscine aux angles ornĂ©s d'une fontaine en forme de coquille et de statuettes de bronze. Ă€ l'est de cet espace se situaient des pièces destinĂ©es Ă  l'habitat et aux loisirs, et dans une de celles-ci furent trouvĂ©s les papyrus ayant donnĂ© leur nom Ă  la villa[11]. Ă€ l'ouest se situait un vaste pĂ©ristyle de 100 mètres de long sur 37 mètres de large, avec une piscine aux dimensions de 66 mètres de long sur 7 mètres de large[12]. Le long de l'ambulacrum et dans tout l'espace liĂ© Ă  ce grand pĂ©ristyle les fouilleurs dĂ©couvrirent « une vĂ©ritable galerie d'Ĺ“uvres d'art » tĂ©moignant du goĂ»t du maĂ®tre des lieux : groupes d'animaux, de danseuses, reprĂ©sentations de faunes, de philosophes, etc[4]. Vers l'ouest, au-delĂ  du grand pĂ©ristyle, une allĂ©e conduit Ă  un kiosque rond situĂ© sur un belvĂ©dère surplombant la campagne de quatre mètres. La villa Ă©tait alimentĂ©e en eau par un aqueduc souterrain[4].

DĂ©couvertes

Les fouilleurs en ont extrait une remarquable série de statues en bronze, ainsi que bustes (Épicure) et statues, copies lapidaires de bronzes grecs d'époque classique (le Doryphore (Polyclète)).

En 2007, les fouilleurs ont exhumé dans la salle dite du pavillon de la mer un exceptionnel mobilier en bois carbonisé, au moins trois trépieds et deux petites tables. Les opérations particulièrement délicates d'extraction, de nettoyage et de restauration ont révélé un mobilier d'un luxe sans équivalent connu. En bois de frêne, ces meubles sont recouvert d'un placage d'ivoire sculpté, figurant des motifs religieux, dionysiaques pour la plupart[13].

Bibliothèque des papyrus

Elle contient aussi la bibliothèque de 1 838 rouleaux de papyrus qui furent prĂ©servĂ©s, les boues brĂ»lantes ayant instantanĂ©ment enrobĂ© les rouleaux. Cet ensemble comprend de nombreux papyrus intĂ©ressants, en particulier dans le domaine de la philosophie grecque (fragments du De la nature en six livres de Lucrèce, du De La Nature d'Épicure, textes Ă©picuriens de Philodème de Gadara), dont certains en plusieurs exemplaires.

Tous les papyrus découverts dans les années 1752-1754 n'ont pas encore été récupérés.

Les rouleaux de papyrus sont conservés à la Bibliothèque nationale de Naples. Les rouleaux carbonisés sont particulièrement fragiles, mais certains ont pu être déroulés, avec des degrés variables de succès et des destructions.

En 2014, une équipe internationale, regroupant notamment des chercheurs français du CNRS et italiens du CNR, a réussi à déchiffrer quelques mots de certains papyrus et ce, sans les dérouler ou les fragiliser davantage. Ils ont pour cela utilisé une technique d'imagerie particulière utilisant des rayons X et la tomographie X en contraste de phase à l'European Synchrotron Radiation Facility[14] - [15] - [16]. Le papyrus étudié, désigné sous le nom de PHerc.Paris.4, serait un écrit de Philodème de Gadara[17].

Sculptures de la villa des Papyrus

Les fouilles ont commencé en 1750. Depuis cette date, le tablinum en forme d'exèdre, qui reproduisait l’ephebeum d'un gymnase grec, a livré des sculptures en bronze et en marbre, comme un torse féminin, deux statues de coureurs, deux bustes de flamines et des reproductions de l'Héraclès de Polyclète et de l'Athéna Promachos[18] : dans la Villa des Papyri ont été trouvés un total de quatre-vingt-sept statues, dont cinquante-huit en bronze et le reste en marbre[19], réalisées au Ier siècle avant notre ère sur des modèles grecs des IVe et IIIe siècles avant notre ère[20].

  • Danseuses.
    Danseuses.
  • Coureurs ou Athlètes.
    Coureurs ou Athlètes.
  • Satyre ivre
    Satyre ivre
  • Statue d'Eschine.
    Statue d'Eschine.
  • Buste d'ArtĂ©mis ou de BĂ©rĂ©nice.
    Buste d'Artémis ou de Bérénice.
  • Buste de Sappho, copie d'un original de -400/-350.
    Buste de Sappho, copie d'un original de -400/-350.
  • Buste connu comme celui de PtolĂ©mĂ©e Alexandre, plus probablement portrait d'un souverain hellĂ©nistique.
    Buste connu comme celui de Ptolémée Alexandre, plus probablement portrait d'un souverain hellénistique.
  • Portrait de Lucius Calpurnius Piso Pontifex.Fin Ier siècle avant notre ère ou dĂ©but Ier siècle de notre ère.
    Portrait de Lucius Calpurnius Piso Pontifex.
    Fin Ier siècle avant notre ère ou début Ier siècle de notre ère.
  • Pilier hermaĂŻque reprĂ©sentant le Doryphore.
    Pilier hermaïque représentant le Doryphore.
  • Pseudo-SĂ©nèque. Portrait d'homme, probablement un poète ou un philosophe.
    Pseudo-Sénèque. Portrait d'homme, probablement un poète ou un philosophe.
  • Buste d'un homme, traditionnellement identifiĂ© comme celui du philosophe DĂ©mocrite.
    Buste d'un homme, traditionnellement identifié comme celui du philosophe Démocrite.
  • Buste de PtolĂ©mĂ©e Apion.
  • Buste de Dionysos.
    Buste de Dionysos.
  • Hermès assis.

Notes et références

  1. Maiuri 1955, p. 76-78.
  2. Maiuri 1932, p. 84-87.
  3. Maiuri 1955, p. 76.
  4. Maiuri 1955, p. 81.
  5. Guidobaldi et Esposito 2012, p. 91-92.
  6. Guidobaldi et Esposito 2012, p. 90.
  7. Sauron 1980, p. 281.
  8. Maiuri 1955, p. 78.
  9. Delattre 2006, p. 28.
  10. Maiuri 1955, p. 78-80.
  11. Maiuri 1955, p. 80.
  12. Maiuri 1955, p. 80-81.
  13. Guidobaldi et Esposito 2012, p. 163-164.
  14. Le monde.fr du 20 janvier 2015, Des papyrus antiques carbonisés déchiffrés à la lumière des rayons X.
  15. Site de science et avenir du 20 janvier 2015, Les papyrus d'Herculanum livrent de nouveaux secrets. « Copie archivée » (version du 8 avril 2016 sur Internet Archive)
  16. Le point du 28 janvier 2015 Une nouvelle méthode pour déchiffrer les papyrus carbonisés d'Herculanum.
  17. Communiqué de presse du CNRS.
  18. Maria Paola Guidobaldi, Villa dei Papiri, Naples, La Moderna Stampa, , p. 3.
  19. Arnold De Vos et Mariette De Vos, Pompei, Ercolano, Stabia, Rome, Editori Laterza, , p. 262.
  20. Maria Paola Guidobaldi, Villa dei Papiri, Naples, La Moderna Stampa, , p. 2.

Sources

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Alix Barbet, Les citĂ©s enfouies du VĂ©suve : PompĂ©i, Herculanum, Stabies et autres lieux, Paris, Fayard, , 232 p. (ISBN 978-2-213-60989-8)
  • Marcel Brion, PompĂ©i, Herculanum, Monaco, Édition du Cap, , 235 p. (OCLC 459616928)
  • Egon Caesar Corti, Vie, mort et rĂ©surrection d'Herculanum et de PompĂ©i, Paris, Libraires associĂ©s, coll. « Club des libraires de France / Destins de l'art » (no 13), , 239 p. (BNF 32969293)
  • Daniel Delattre, La Villa des Papyrus et les rouleaux d'Herculanum : La Bibliothèque de Philodème, Liège, Éditions de l'universitĂ© de Liège, , 157 p. (ISBN 978-2-87456-023-1, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (it) Arnold DeVos et Mariette DeVos Raaijmakers, Pompei, Ercolano, Stabia : Herculaneum and the villas destroyed by Vesuvius, Rome, Laterza, coll. « Guide archeologiche Laterza » (no 11), , 380 p. (ISBN 978-88-420-2001-1)
  • Maria-Paola Guidobaldi et Domenico Esposito (trad. Denis-Armand Canal), Herculanum, Paris, Imprimerie nationale, , 352 p. (ISBN 978-2-330-01193-2) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Wilhelmina Mary Feemster Jashemski et Stanley A. Jashemski, The gardens of Pompeii : Herculaneum and the villas destroyed by Vesuvius, New Rochelle, Caratzas Bros, , 372 p. (ISBN 978-0-89241-096-5)
  • Amedeo Maiuri, Herculanum, Paris, Alpina, , 108 p. (OCLC 1041560) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Amedeo Maiuri, Herculaneum, Rome, Libreria dello Stato, , 4e Ă©d., 132 p. (OCLC 919909910) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gilles Sauron, « Templa Serena : Ă€ propos de la « Villa des Papyri » d'Herculanum, contribution Ă  l'Ă©tude des comportements aristocratiques romains Ă  la fin de la RĂ©publique », Les MĂ©langes de l’École française de Rome – AntiquitĂ©, no 92,‎ , p. 277-301 (ISSN 0223-5102, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Andrew Wallace-Hadrill, Houses and society in Pompeii and Herculaneum, Princeton, Princeton University Press, , 244 p. (ISBN 978-0-691-06987-6)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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