Vignoble de Lorraine
Le vignoble de Lorraine s'étend principalement sur les côtes de Meuse et les côtes de Moselle (dont les côtes de Toul), qui lui confèrent une exposition sud-est sur un sol calcaire. Une petite partie du vignoble se situe sur le plateau lorrain, dans la vallée de la Seille.
Vignoble de Lorraine | |
Présence du vignoble lorrain sur la carte d’occupation des sols. Les zones principales y sont les côtes de Toul, côtes de Meuse, côtes de Moselle, ainsi que le grand Couronné, le Saintois et le Vermois. | |
DĂ©signation(s) | Vignoble de Lorraine |
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Pays | France |
RĂ©gion parente | Lorraine |
Localisation | Meuse, Meurthe-et-Moselle, Moselle |
Le vignoble lorrain représentait en 2011 près de 180 hectares, produisant au total 8 700 hectolitres (dont 6 600 sous signe AOC ou IGP).
Si le vignoble de Lorraine est l’un des plus petits vignobles français, il présente l'originalité de produire un vin gris à partir de gamay, le côtes-de-toul gris, et d'être le lieu de naissance d'un cépage blanc méconnu mais répandu : l'auxerrois[1].
Historique
La Lorraine possède une riche tradition viticole issue de l'Antiquité romaine, comme en témoignent les stèles et autres vestiges des collections archéologiques gallo-romaines conservés aux musées de Metz. C'est l'empereur Probus qui a autorisé la plantation de la vigne en Lorraine en 283[2].
Au Xe siècle, la Lorraine fait partie de l’Empire germanique. Ses vins sont exportés vers les Pays-Bas ainsi qu’en Angleterre[3].
Les côtes de Meuse et de Moselle, les coteaux de Nancy ont représenté jusqu'à 48 000 hectares de vignes en production.
Concurrencé par les vins du sud de la France et ravagé par deux guerres entre la France et l'Allemagne (la guerre franco-allemande de 1870 et la Première Guerre mondiale), le vignoble lorrain ne s'est quasiment pas remis de la crise du phylloxéra au début du XXe siècle ni, paradoxalement, du succès industriel de la région, les mines et aciéries offrant de meilleurs salaires que celui de manouvrier agricole payé à la tâche dans une activité fortement saisonnière. Il subsistait environ 100 ha de vignes en appellation VDQS en 1951. Depuis la fin des années 1980 — et le déclin de l'industrie — on note une nette reprise de la tradition viticole lorraine, sans doute motivée par l'exemple alsacien. Ces efforts se sont vu récompenser par une première AOC en 1998.
Vignoble de l'AOC CĂ´tes de Toul
Le vignoble du Toulois représente la plus grande partie du vignoble lorrain. Partagé entre une vingtaine de viticulteurs, il produit près de 500 000 bouteilles par an.
Implanté sur le flanc oriental des Côtes de Meuse dominant la Vallée de la Moselle, le vignoble de l'AOC Côtes-de-Toul représente un peu moins de 100 hectares de vignes (sur les 600 ha attribués à l'AOC). Il produit essentiellement du vin gris mais aussi du vin blanc issu du cépage auxerrois.
Vignoble de l'AOC Moselle
Vingt-et-un producteurs exploitent 60 hectares de vignes (dont 40 ha sont classés en appellation moselle), principalement sur les côtes de Moselle dans le pays messin et le val de Sierck-les-Bains (au sud des vignobles de la Moselle germano-luxembourgeoise). L’appellation d’origine vin délimité de qualité supérieure (AOVDQS) « moselle » avait remplacé l’AOVDQS « vins-de-moselle » le [4] ; elle vient de recevoir l'avis favorable de l'INAO pour passer en appellation d'origine contrôlée, le . Parmi ces 60 hectares, environ 6 hectares sont exploités dans la vallée de la Seille.
Le vignoble lorrain est aussi le miroir de l’histoire parfois tragique de la région. Les caves du château de Vaux produisent un crémant qui, lors de la période allemande de 1871-1918, est célèbre sous la marque Schloss Vaux et est distribué dans toute l’Allemagne. En , les propriétaires, comme beaucoup d’Allemands alors, quittent l’Alsace-Lorraine. Ils recréent un vignoble dans la partie allemande des côtes de Moselle, exploitant la même marque[5]. Il existe donc deux vignobles du château de Vaux, l’un en Allemagne et l’autre en France[6].
Vignoble de l'IGP CĂ´tes de Meuse
La vigne regagne également du terrain dans les côtes de Meuse, où on compte 40 ha classés en « IGP côtes-de-meuse », principalement dans les environs de Vigneulles-lès-Hattonchâtel. Six producteurs produisent des vins blancs (à partir de pinot gris et auxerrois), ainsi que des gris et des rouges (à partir respectivement de gamay et pinot noir).
Comité des vins de Lorraine
Le est créé le Comité des vins de Lorraine, qui regroupe les vignobles des côtes-de-toul et des côtes-de-meuse[7], afin de promouvoir ensemble les vignobles de Lorraine et la diversité de leurs produits (gris, blanc, rouge et mousseux méthode traditionnelle). La production en 2003 se montait à 6 300 hectolitres.
Notes et références
- L’auxerrois, contrairement à ce que son nom laisserait penser, est le fruit d’une recherche du docteur Werner au Centre d’expérimentation de Laquenexy, près de Metz. Cf. www.vin-de-moselle.com, « Un vignoble plus que millénaire » (consulté le ).
- René Bour, Histoire de Metz, Éditions Serpenoise, [détail de l’édition], p. 33.
- Franz Roger, « Histoire des vins de Lorraine », sur Vin Vigne, (consulté le ).
- « AOVDQS Moselle », sur le site de l’INAO.
- (de) « Site du Schloss Vaux ».
- « Site du château de Vaux ».
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
Voir aussi
Bibliographie
- De la Vigne. Mémoire couronné par l'Académie royale des Sciences et des Arts de Metz, dans sa séance publique du jour de saint Louis, . par Claude Durival. Nancy, Lamort, 1777. Il répond dans ce mémoire à la question académique « Quelle est la méthode de culture la plus convenable à la vigne, relativement au climat, à la température, au sol du pays messin ? ». Contient 3 planches gravées par Yves-Dominique Collin.
- Nouveau mode de culture et d'échalassement de la vigne, applicable à tous les vignobles ou l'on cultive les vignes basses. par Colignon d'Ancy, membre du Comité agraire à Metz, viticulteur lorrain. Metz, Dembour & Gangel pour Warion, 1847. Première édition d'un manuel rare sur la viticulture, surtout sur la culture des vins dans la Lorraine et des vins de Moselle, incluant aussi la Rhénanie allemande, la partie de l'est de la Belgique et le Luxembourg. Le livre traite largement tous les aspects de la viticulture d'après les méthodes les plus récentes de l'époque, et annonce explicitement la promesse pour les viticulteurs d'une grande richesse. Ce qui contraste avec les autres cultures agraires : « de toutes les cultures, c'est celle de la vigne qui est la plus productive ; […] un vigneron-propriétaire qui possède un hectare de terres plantées en vignes et bien cultivées, est riche ; […] il peut élever sa famille et faire des économies, tandis qu'un cultivateur, avec la même contenance de terre, est fort peu a l'aise » (p. 151).
- Maxime Bucciarelli, Histoire des vins de Moselle, Ă©ditions Serge Domini, 2006.