Victoria Nuland
Victoria Nuland est une diplomate américaine, née le à Baker (Louisiane).
Victoria Nuland | |
Portrait officiel de Victoria Nuland (2021). | |
Fonctions | |
---|---|
Sous-secrétaire d'État américaine pour les Affaires politiques | |
En fonction depuis le (2 ans, 2 mois et 6 jours) |
|
Président | Joe Biden |
Gouvernement | Administration Biden |
Prédécesseur | David Hale |
Secrétaire d'État assistante pour l'Europe et l'Eurasie | |
– (3 ans, 4 mois et 7 jours) |
|
Président | Barack Obama |
Gouvernement | Administration Obama |
Prédécesseur | Philip Gordon |
Successeur | John A. Heffern (intérim) A. Wess Mitchell |
Porte-parole du département d'État des États-Unis | |
– (2 ans, 1 mois et 29 jours) |
|
Président | Barack Obama |
Gouvernement | Administration Obama |
Prédécesseur | Philip J. Crowley |
Successeur | Jen Psaki |
Représentante permanente des États-Unis auprès de l'OTAN | |
– (2 ans, 9 mois et 19 jours) |
|
Prédécesseur | Nicholas Burns |
Successeur | Kurt Volker |
Biographie | |
Nom de naissance | Victoria Jane Nuland |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Baker (Louisiane) |
Nationalité | Américaine |
Conjoint | Robert Kagan |
Diplômée de | Université Brown |
Elle est notamment secrétaire d'État assistante pour l'Europe et l'Eurasie de 2013 à 2017 (administration Obama) et sous-secrétaire d'État pour les Affaires politiques (en) depuis 2021 (administration Biden).
Biographie
Jeunesse et Ă©tudes
Victoria Nuland nait en 1961. Son père Sherwin B. Nuland (en) (né Shepsel Ber Nudelman)[1] est un chirurgien américain et professeur de bioéthique à l'université Yale, lui-même né d'un père moldave et d'une mère ukrainienne[2]. Sa mère, Rhona McKhann est une chrétienne d’origine britannique[3].
Victoria Nuland est diplômée de la Choate Rosemary Hall en 1979[4] puis obtient un diplôme de Bachelor of Arts à l'université de Boston en 1983 où elle a étudié la littérature russe, les sciences politiques et l'histoire[5].
Carrière
Victoria Jane Nuland a fait carrière au sein du département d'État des États-Unis. Elle est cheffe de cabinet du démocrate Strove Talbott — secrétaire d'État adjoint de la secrétaire d'État Madeleine Albright entre 1993 et 1996 — puis directrice adjointe du ministère pour l'ex-Union soviétique. Elle est ambassadrice permanente à l'OTAN entre 2000 et 2003, puis conseillère pour la politique étrangère du vice-président républicain Dick Cheney de 2003 à 2005. Elle est également envoyée spéciale d'Hillary Clinton pour les Forces armées américaines basées en Europe de février à , puis porte-parole du secrétaire d'État des États-Unis de à et enfin secrétaire d'État assistante pour l'Europe et l'Eurasie de à [6].
Pendant la présidence Trump (2017-2021), Nuland travaille pour le groupe Albright Stonebridge (en), une société internationale de conseils stratégiques et diplomatiques installée à Washington, en tant que conseillère principale. Parallèlement, elle est chargée de recherches à la Brookings Institution et à l’université Yale ; elle est aussi membre du conseil d’administration de la National Endowment for Democracy[6].
Le , au début de la présidence Biden, le Sénat, après des auditions tenues quelques jours plus tôt, valide par vote à voix haute (en) la nomination de Nuland au poste de sous-secrétaire d'État pour les Affaires politiques (en), auquel elle accède le [6], ce qui fait d’elle la « numéro 3 » de la diplomatie américaine[7].
Vie privée
Victoria Nuland est mariée à l'historien néo-conservateur Robert Kagan[8] avec qui elle a eu deux enfants, David et Elena. Elle parle le russe et le français[9].
Prises de position en matières diplomatique et politique
Attaque de Benghazi en Libye
Après l'attaque de Benghazi en Libye en 2012, lors de laquelle le groupe djihadiste d'Ansar al-Charia a attaqué l'enceinte diplomatique américaine de Benghazi conduisant à la mort de l'ambassadeur américain J. Christopher Stevens, l'ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies Susan Rice doit clarifier les circonstances de l'attaque. Nuland, alors porte-parole du secrétaire d'État sous l'administration Obama, rédige un e-mail adressé à Susan Rice, lui conseillant de ne pas mentionner des avertissements des services de renseignements américain annonçant une action terroriste organisée sur l'enceinte. Elle indique en effet que ces informations pourraient être exploitées par l'opposition républicaine au Congrès[10].
Ukraine
Elle est responsable de l'Ukraine pour le département d’État à partir de 2013. Elle négocie des garanties de prêt à l'Ukraine et la livraison d'une aide militaire à l'armée ukrainienne. Avec le secrétaire d'État John Kerry et le secrétaire à la Défense Ashton Carter, elle est considérée comme l'un des principaux partisans de la livraison d'armes à l'Ukraine[11].
Le , l’enregistrement d'un appel téléphonique datant du entre Victoria Nuland et Geoffrey Pyatt, ambassadeur des États-Unis en Ukraine, est publié sur YouTube[12] - [13]. Le département d'État et la Maison-Blanche ont suggéré qu'un assistant du vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, était la source de la fuite, ce qu'il a démenti[14] - [15] - [16]. La diffusion de la conversation téléphonique a provoqué un scandale ; le langage employé (« And, you know… Fuck the EU ») lorsque les deux protagonistes discutent de l'arrivée d'un nouveau représentant de l'ONU à Kiev[17], a ainsi particulièrement choqué. La chancelière allemande Angela Merkel ainsi que le président du Conseil de l’Europe Herman Van Rompuy ont condamné ces propos, jugés inacceptables[18] - [19] - [20] - [16]. De plus, durant cette conversation avec l'ambassadeur américain, elle parle des protagonistes de la crise, et de la formation du prochain gouvernement ukrainien, dans laquelle les États-Unis auraient un droit de regard ; les noms d'Arseni Iatseniouk (qui venait de se voir proposer un poste de premier-ministre par le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch) désigné sous le pseudonyme de « Iats », et de Vitali Klitschko, revenant plusieurs fois dans la discussion. Iatseniouk est devenu Premier ministre d'Ukraine le [17].
Le , lors d'une audience du Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis intitulée "Violations russes des frontières, des traités et des droits de l'homme", Nuland décrit les contacts diplomatiques américains avec l'ex-Union soviétique et les efforts visant à établir une relation constructive avec la Russie. Au cours de son témoignage, Nuland mentionne l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2014 qui, selon elle, « a brisé toutes les illusions restantes sur une volonté du Kremlin de respecter le droit international ou de vivre selon les règles des institutions que la Russie a rejointes à la fin de la guerre froide »[21].
Pendant l’administration Trump
Nuland quitte le département d'État en au début de l'administration Trump, en même temps que de nombreux fonctionnaires de carrière[22].
Le , le Washington Post publie une interview avec Nuland où elle se prononce sur la nature du travail du président Donald Trump et du secrétaire d'État Rex Tillerson. Elle décrit un exode de fonctionnaires de carrière du service extérieur et un dysfonctionnement au sein du Département d'État, et déclare que le système judiciaire et les médias américains sont attaqués. Nuland dénonce également une tendance à l'isolationnisme américain, déclarant : « Lorsque nous nous retirons et disons que c'est chacun pour soi, vous ouvrez la porte à des pays insatisfaits de leur position territoriale et de leur influence dans le système international — ou du système lui-même ». Elle encourage les réponses de l'ensemble du gouvernement aux problèmes internationaux, déclarant : « Les chefs militaires seraient les premiers à dire que les solutions militaires à elles seules entraînent des situations militaires inextricables. Le rôle des diplomates et des dirigeants politiques américains est de travailler avec l'armée pour amener à porter tous les outils politiques dont nous disposons »[23].
En , l'administration Trump entame de nouveaux engagements importants avec des représentants du gouvernement russe en organisant une rencontre entre le chef de l'état-major russe Valeri Guerassimov et le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) de l'OTAN, le général Curtis Scaparrotti. Nuland déclare : « Ces canaux sont particulièrement vitaux à une époque où les relations au niveau des dirigeants sont si imprévisibles ». Elle déclare que Scaparrotti est « dans une position unique » pour répondre aux préoccupations concernant « le rôle militaire actuel de la Russie en Ukraine, ses violations du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ses mesures actives pour mettre à mal les démocraties transatlantiques et les autres tensions stratégiques qui poussent les États-Unis et leurs alliés à prendre des mesures de dissuasion plus fortes »[23].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Victoria Nuland » (voir la liste des auteurs).
- (en) Sherwin Nuland, « Why I had to change my name » (consulté le )
- (en) Sherwin Nuland, « Unassimilated parents » (consulté le )
- « Victoria Nuland - People - Department History - Office of the Historian », sur history.state.gov (consulté le )
- (en) « Choate Rosemary Hall »
- (en) « ALUMS IN THE STATE DEPT: No Praying from the Podium », sur www.brownalumnimagazine.com, (consulté le )
- (en) US Department of State, « Ambassador Victoria Nuland UNDER SECRETARY FOR POLITICAL AFFAIRS (Biography) », sur state.gov (consulté le )
- Virginie Malingre, « Sur fond de crise ukrainienne, les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- (en) A. B. C. News, « Were 1998 Memos a Blueprint for War? », sur ABC News (consulté le )
- (en) « Despite coarse comment, Nuland no stranger to power of words », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Benghazi attack: State Department pushed for changes in the administration's talking points », Washington Post 10 mai 2013.
- (en-US) John Hudson, « The Undiplomatic Diplomat », sur Foreign Policy,
- (en) Re Post, « Марионетки Майдана » [« Puppets in the Public Square (marionetke maidana) »], YouTube,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Ukraine crisis: Transcript of leaked Nuland-Pyatt call, (lire en ligne).
- (en) Doina Chiacu et Arshad Mohammed, « Leaked audio reveals embarrassing U.S. exchange on Ukraine, EU », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « BBC News - Victoria Nuland: Leaked phone call 'impressive tradecraft' », BBC Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Ed Pilkington, Luke Harding and agencies, « Angela Merkel: Victoria Nuland's remarks on EU are unacceptable », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Lorraine Millot, « «Que l’UE aille se faire foutre !» lance une diplomate américaine », sur Libération (consulté le )
- Sylvie Kauffmann, « Les cinq leçons du « fuck the EU ! » d'une diplomate américaine », Le Monde, 9 février 2014, consulté le 9 février 2014.
- (en) Anne Gearan. « In recording of U.S. diplomat, blunt talk on Ukraine », Washington Post, 6 février 2014.
- AFP, « Top US diplomat for Europe caught swearing about EU », Express Tribune, (consulté le ).
- (en) « Testimony of Victoria Nuland, Assistant Secretary, Bureau of European and Eurasian Affairs Senate Foreign Relations Committee Hearing: “Russian Violations of Borders, Treaties, and Human Rights” June 7, 2016 », Senate Foreign Relations Committee Hearing,‎ (lire en ligne)
- (en) Elise Labott, « Trump administration asks top State Department officials to leave | CNN Politics », sur CNN, (consulté le )
- (en) John Hudson, « Trump Administration Set for Broad Engagement with Russia in Early 2018 », sur BuzzFeed News, (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- (en) C-SPAN