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Vacherie du Parc

La vacherie du Parc est une ancienne laiterie municipale située le long de l'allée des Moutons du Jardin zoologique de Lyon, au sein du parc de la Tête d'or à Lyon, en France. Elle a été conçue par l'architecte Tony Garnier à la suite d'une commande de la ville de Lyon. Elle était destinée à fournir du lait aux orphelins lyonnais, et incluait une étable, une installation de stérilisation du lait et des logements pour les vachers.

Vacherie du Parc
Vue du bâtiment en mars 2019.
Présentation
Type
Laiterie, Ă©table
Architecte
Construction
Propriétaire
Ville de Lyon
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
allée du Parc aux Moutons (d)
Coordonnées
45° 46′ 37″ N, 4° 51′ 23″ E
GĂ©olocalisation sur la carte : Lyon
(Voir situation sur carte : Lyon)
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
GĂ©olocalisation sur la carte : parc de la TĂŞte d'or
(Voir situation sur carte : parc de la TĂŞte d'or)

La vacherie, ayant un rendement insuffisant, est fermée en 1919 pour être transférée sur le domaine de Cibeins à Misérieux. Après avoir été transformée en fauverie à partir des années 1920, l'édifice est maintenant un bâtiment administratif.

Histoire

Emplacement de l'ancienne vacherie, au sud du lac (le nord est Ă  gauche).

Peu après l'ouverture du parc de la Tête d'Or, en 1857, à la suite des daims qui sont introduits pour la création du parc zoologique, des vaches et des moutons viennent entretenir les pelouses. Une vacherie est construite, et son lait est vendu place Bellecour à partir de 1861[1].

Construite en bois et en chaume, elle est détruite par un incendie en 1871[2]. En 1904, le maire Jean-Victor Augagneur lance la construction d'un nouveau bâtiment pour produire du lait au plus près de Lyon[3]. Il s'adresse en premier à Auguste Duret, qui propose un plan en U assez chargé en ornements[note 1]. Mais la mairie le juge trop coûteux. Tony Garnier fait une proposition en avec un bâtiment plus simple et donc nettement moins cher[2] - [note 2].

C'est la première commande d'une longue série de la ville de Lyon auprès de Tony Garnier[4]. Le design est tiré des établissements agricoles de sa Cité industrielle[5]. La vacherie entre en service dès la fin des travaux en fin d'année 1906[6].

Le bâtiment est bien accueilli par la ville, ce qui permet à Victor Augagneur de recommander Tony Garnier au nouveau maire Édouard Herriot[5].

La possibilité d'extensions est prévue dès le départ du projet, ce qui permet d'agrandir la partie stérilisation en cours d'exécution. Entre 1912 et 1913, Tony Garnier aménage deux logements pour les vachers dans les combles au-dessus du local de stérilisation, et en ajoute un troisième en surélevant un bâtiment annexe[4] - [note 3].

  • Plans de la vacherie de Tony Garnier

Sa production est dès l'ouverture insuffisante : en 1911, elle hĂ©berge 34 vaches sans pouvoir en accueillir plus ; une deuxième vacherie est alors demandĂ©e par la ville[6]. Elle est fermĂ©e le [6]. La laiterie est alors transfĂ©rĂ©e Ă  l'Ă©cole d'agriculture de Cibeins Ă  MisĂ©rieux[2].

  • École d'agriculture de Cibeins
  • Cellier et laiterie
    Cellier et laiterie
  • Plaque Ville de Lyon
    Plaque Ville de Lyon

La vacherie est ensuite rĂ©amĂ©nagĂ©e de 1922 Ă  1924 et transformĂ©e en fauverie, en ajoutant deux cages sur la façade est du bâtiment[2]. Un enclos attenant est crĂ©Ă© pour l'Ă©lĂ©phant Loulou venu d'Indochine[note 4], qui a vĂ©cu 15 ans au parc[8] - [9]. DĂ©saffectĂ© et en Ă©tat d'abandon dans les annĂ©es 1980[10], l'Ă©difice sert de dĂ©barras. Il n'est ni classĂ©, ni inscrit Ă  l'Inventaire supplĂ©mentaire des monuments historiques, mais considĂ©rĂ© d'un intĂ©rĂŞt patrimonial certain ; sa rĂ©habilitation est donc envisagĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1990 lors d'une Ă©tude portant sur l'ensemble du patrimoine du parc[11]. Le , la ville de Lyon vote sa restructuration pour lui donner « la prestance qu'elle mĂ©rite » pour un budget de 14 millions de francs[12] - [note 5]. Il est ainsi rĂ©affectĂ© au fonctionnement du parc de la TĂŞte d'Or, incluant un grand dĂ©pĂ´t, une salle d'exposition, une salle de cours, une chambre froide et l'enclos des reptiles[2].

Description

La vacherie dispose d'un rez-de-chaussĂ©e et d'un Ă©tage sous combles pour une surface de 1 275 m2[12]. Elle est conçue par Tony Garnier comme un bâtiment utilitaire qui s'intègre en harmonie avec le parc. Il comporte une Ă©table de 40 vaches, une usine de stĂ©rilisation et, entre les deux, un logement pour le vacher[4] d'oĂą il peut observer les animaux Ă  travers une embrasure[13]. Une Ă©table d'isolement pour trois vaches malades se trouve Ă  l'Ă©cart dans la cour[14].

L'ensemble est construit d'un seul tenant, avec des pignons et des frontons similaires aux villas qu'il avait dessinées pour bâtir au bord du parc[4]. Les sols du rez-de-chaussée du bâtiment principal sont en béton armé avec une chape de ciment Portland, les sols des dépendances en mâchefer et chaux hydraulique. Les murs sont en pisé et chaux hydraulique[14]. Enfin, les sols et les murs sont badigeonnés de chaux pour les imperméabiliser. L'ensemble est couvert de tuiles de Bourgogne rouges[2]. Il y a aussi un sous-sol pour entreposer les produits alimentaires, et un fenil sous le toit : cet espace de stockage du fourrage a peut-être obligé Garnier à construire la seule toiture traditionnelle de son œuvre architecturale[10].

L'architecte porte une attention particulière à l'hygiène en incluant une ventilation, l'écoulement automatique des urines, ou encore un sol en briques vitrifiées[4]. L'unité de stérilisation du lait est une technologie moderne, inscrite dès le départ dans le projet par le maire Augagneur, médecin hygiéniste, qui souhaite fournir un lait de qualité à la jeunesse défavorisée. La ville souhaite ainsi maîtriser toute la chaîne, de la production à la distribution[14]. Les mangeoires de l'étable sont en ciment, et comportent des robinets d'eau chaude et d'eau froide avec des tuyaux d'évacuation des eaux et du purin[2].

Les seules dĂ©corations que s'autorise Tony Garnier sont les pots en terre cuite posĂ©s sur les redents du toit, ainsi qu'un lierre mural et une haie d'enclos[2].

« Cette œuvre atypique, unique, est toutefois réalisée dans un style que Garnier utilise pour plusieurs autres projets : mélange de régionalisme et d'éclectisme et parfois d'Art nouveau finissant[4]. »

— Olivier Cinqualbre (architecte et conservateur de musée)

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  • Photos d'Ă©poque
  • Façade ouest
    Façade ouest
  • CĂ´tĂ© sud
    Côté sud
  • Grange Ă  foin (fenil)
    Grange Ă  foin (fenil)

Production

La laiterie permet de fournir 250 Ă  300 litres de lait par jour[note 6] grâce Ă  plusieurs appareils mĂ©canisant le processus : une machine brosse et nettoie les bouteilles avec un jet d'eau, une autre facilite leur remplissage. Enfin, deux Ă©tuves permettent de stĂ©riliser quotidiennement environ 2 000 flacons de 125 ml[16]. Le lait est transportĂ© par voiture Ă  crèches de quartier[17].

Projet d'usine de pasteurisation du lait

Plans de la nouvelle usine.

En 1918, Tony Garnier dessine en deux planches un projet d'usine de pasteurisation du lait qui semble être une extension de l'unité de stérilisation de la vacherie. L'ensemble, prévu sur un terrain proche à Villeurbanne, est imposant : c'est presque une cité qui est projetée, composée de plusieurs bâtiments administratifs, d'un laboratoire, d'ateliers, avec un garage et un bâtiment technique[18].

Les plans présentent une grande cheminée, des toits en shed cachés par un attique, une architecture en béton comme pour la Cité industrielle, avec une particularité : une frise qui pourrait être en carreaux de faïence autour des attiques[18].

Notes et références

Notes

  1. Le projet de Duret est Ă©valuĂ© Ă  89 000 francs.
  2. Le projet de Garnier est Ă©valuĂ© Ă  70 744 francs.
  3. Tony Garnier les dessine en février 1912, et les travaux sont réceptionnés en avril 1913[6].
  4. Loulou est un éléphant de 9 ans offert par la colonie française de Saïgon à Édouard Herriot, président du Conseil des ministres. Il arrive à Marseille par paquebot le [7].
  5. En mĂŞme temps, la rĂ©novation de la ferme Lambert, construite en 1735, est Ă©tudiĂ©e pour 11 millions de francs[12].
  6. La consommation lyonnaise de lait varie Ă  cette Ă©poque entre 80 et 130 tonnes par jour selon les saisons[15].

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Faivre d'Arcier (dir.), Mourad Laangry et StĂ©phanie Rojas-Perrin (Catalogue d'exposition des Archives municipales de Lyon du 15 octobre 2019 au 21 mars 2020), Tony Garnier, l’œuvre libre : Le maire et l'architecte, Lyon, Archives municipales de Lyon, , 304 p. (ISBN 979-10-699-4045-1). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Alain Guiheux (dir.) et Olivier Cinqualbre (dir.) (PubliĂ© Ă  l'occasion de l'exposition « Tony Garnier (1869-1948) » prĂ©sentĂ©e par le Centre de CrĂ©ation Industrielle du 7 mars au 21 mai 1990), Tony Garnier : L'Ĺ“uvre complète, Paris, Centre Pompidou, coll. « Monographie », , 254 p. (ISBN 2-85850-527-6), p. 60-61. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • RenĂ© Jullian, Tony Garnier : Constructeur et utopiste, Paris, Philippe Sers, , 180 p. (ISBN 2-904057-25-0), p. 80-81. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Corentin Durand, Mourad Laangry et Catherine Dormont, « Tony Garnier : Guide des sources prĂ©sentes aux Archives municipales de Lyon » [PDF], sur Archives municipales de Lyon, (consultĂ© le ), p. 14-15. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Louis Piessat (prĂ©f. Paul Dufournet), Tony Garnier : 1869-1948, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, , 196 p. (ISBN 2-7297-0338-1), p. 77-78. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Justin Godart (prĂ©f. Édouard Herriot, RĂ©impression en 1979), Travailleurs et mĂ©tiers lyonnais, Lyon, Cumin et Masson, , 414 p., p. 343-348. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Xavier de Merona (prĂ©f. Louis Bourgeois), Richesses du parc de la TĂŞte d'or, TrĂ©voux, Éditions de TrĂ©voux, , 83 p. (ISBN 2-85698-040-6), p. 37-38. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • TĂŞte d'Or : Un parc d'exception crĂ©Ă© par Denis BĂĽhler (Exposition prĂ©sentĂ©e du 3 juillet au 3 octobre 1992 Ă  l'Orangerie du Parc de la TĂŞte d'Or), Lyon, CAUE du RhĂ´ne, , 48 p. (ISBN 2-9503336-2-1), p. 24. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • « La vacherie municipale au Parc de la TĂŞte-d'Or », La Construction lyonnaise, no 11,‎ , p. 125-128 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • « La vacherie municipale au Parc de la TĂŞte-d'Or », La Construction lyonnaise, no 3,‎ , p. 33 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • « Construction d'une vacherie au Parc de la TĂŞte-d'Or », La Construction lyonnaise, no 22,‎ , p. 265 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • Isabelle Brione, « Des restructurations importantes au parc de la TĂŞte d'Or », Le Progrès,‎ . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Aline Duret, « En 1870, le parc de la TĂŞte d'or Ă©chappe au dĂ©sastre », sur Le Progrès, (consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • « Une Ă©tude sur l'architecture », Le Progrès,‎ . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Paul Saint-Olive (Cinquantième congrès de l'association française pour l'avancement des sciences), Lyon 1906-1926 : Introduction historique, enseignement, mouvement artistique, littĂ©raire et scientifique, la vie sociale, la production, la foire internationale de Lyon, Lyon, SociĂ©tĂ© anonyme de l'imprimerie A. Rey, , « Le MarchĂ© du Lait », p. 491-495. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • « “Loulou” jeune Ă©lĂ©phant offert Ă  M. Herriot est arrivĂ© hier de SaĂŻgon », Le Petit Provençal,‎ . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

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