Vaccinium floribundum
Vaccinium floribundum, appelé mortiño en espagnol, est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Ericaceae, sous-famille des Vaccinioideae, endémique du nord de la cordillère des Andes (Colombie, Équateur). Ce sont des arbustes sempervirents d'environ 2 mètres de haut, aux feuilles très petites, et aux fruits acidulés très juteux. Cette plante n'a jamais été domestiquée, mais ses baies comestibles sont récoltées dans la nature et consommées par les populations locales depuis très longtemps.
Description
Vaccinium floribundum est un arbuste de port variable, certains spécimens sont élancés atteignant 2 à 3 mètres de haut environ, d'autres sont nains et prostrés. Les feuilles, persistantes, très petites, ovales, aiguës, finement dentées, vert foncé, sont disposées en couronne autour de la tige. Les fleurs, roses, campanuliformes sont très nombreuses et groupées. Les fruits sont des baies globuleuses, de 8 mm de diamètre, acidulées, très juteuses, bleues à presque noires, très glauques (couvertes d'une pruine blanchâtre comme le raisin). Ils contiennent de nombreuses petites graines, quoique difficilement détectables[2] - [3].
Les fruits ont des teneurs importantes en sucres, antioxydants, vitamines du complexe B et C et minéraux tels que potassium, calcium et phosphore[4].
Distribution et habitat
L'aire de répartition originelle de Vaccinium floribundum s'étend sur la plus grande partie de la cordillère andine, à des altitudes comprises entre 2800 et 4000 mètres. Cette plante se rencontre de la Colombie et du Panamá jusqu'au Nord-Ouest de l'Argentine[5]. Elle est particulièrement abondante dans le nord des Andes - en Colombie, en Bolivie et au Venezuela - où elle se trouve principalement entre 1800 et 3800 mètres d'altitude[3].
Le mortiño se développe abondamment dans les páramos andins, écosystèmes qui se rencontrent entre 500 et 4500 mètres d'altitude, avec une température annuelle moyenne comprise entre 2 ° C et 10 ° C et des précipitations annuelles variant de 600 à plus de 4000 mm[6].
Taxinomie
L'espèce, Vaccinium floribundum, fut décrite en premier par le botaniste allemand Karl Sigismund Kunth et publiée en 1818 dans son Nova Genera et Species Plantarum seu Prodromus (4e éd.) 3: 266, t. 251[7].
Étymologie
- L'épithète spécifique, floribundum, est un adjectif latin signifiant « abondamment fleuri »[8].
Synonymes
Selon Plants of the World online (POWO) (22 octobre 2020)[5] :
- Epigynium floribundum Klotzsch
- Metagonia crenulata (Dunal) Nutt.
- Metagonia marginata (Dunal) Nutt.
- Vaccinium callosum Griseb. ex Wedd.
- Vaccinium crenulatum Dunal
- Vaccinium dasygynum S.F.Blake
- Vaccinium floribundum var. marginatum (Dunal) Sleumer
- Vaccinium floribundum var. polystachyum (Benth.) Wedd.
- Vaccinium floribundum var. ramosissimum (Dunal) Sleumer
- Vaccinium floribundum var. splendens Wedd.
- Vaccinium floribundum var. tatei (Rusby) Sleumer
- Vaccinium leiandrum S.F.Blake
- Vaccinium marginatum Dunal
- Vaccinium moritzianum Klotzsch
- Vaccinium mortinia Benth.
- Vaccinium polystachyum Benth.
- Vaccinium ramosissimum Dunal
- Vaccinium tatei Rusby
- Vaccinium thymifolium Klotzsch
Variétés
Selon Tropicos (22 octobre 2020)[9] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
- Vaccinium floribundum var. floribundum
- Vaccinium floribundum var. marginatum (Dunal) Sleumer
- Vaccinium floribundum var. ramosissimum (Dunal) Sleumer
- Vaccinium floribundum var. splendens Wedd.
- Vaccinium floribundum var. tatei (Rusby) Sleumer
Histoire
Dans la région andine, les fruits de Vaccinium floribundum ont été consommés depuis des temps immémoriaux. La présence de ce fruit dans les villes andines est attesté lors de la conquête espagnole. Décrit sous le nom de mortiños, il était considéré comme un fruit cérémoniel, dont on faisait une bouillie pour les morts connue sous le nom d'ayaapi[4].
Utilisation
Alimentation
Cette « myrtille des Andes » reste non domestiquée, mais compte tenu des recherches, elle pourrait aussi avoir un avenir dans la culture et le commerce mondial. Elle n'est pas cultivée, mais ses fruits sont cueillis dans la nature et vendus sur les marchés des villages. Dans certaines régions, sa récolte est l'occasion de pique-niques, les gens se réunissant à la campagne pour cueillir et manger les fruits. En l'absence de toute sélection, les fruits sont de qualité variable, parfois agréables et juteux, et parfois à peine comestibles[3].
En Équateur, les fruits du mortiño sont consommés traditionnellement le jour des Morts (, jour de la Toussaint) dans une recette spéciale avec de la mélasse de canne, des épices et d'autres fruits en morceaux. Ils entrent aussi dans la composition de la traditionnelle colada morada, plat typique de la culture populaire équatorienne. Actuellement, bien que ces fruits soient rares, ils sont utilisés pour la consommation en frais, ainsi que pour la transformation en jus, confitures et confiseries[4] - [3].
Plante médicinale
Vaccinium floribundum est utilisé en médecine traditionnelle, notamment par les paysans qui l'utilisent souvent pour traiter les rhumatismes, les fièvres et les coliques. La plante est également utilisée pour guérir la grippe, l'ivresse et les maladies du foie et des reins, et aussi pour traiter les affections pulmonaires et la faiblesse[4].
Plante ornementale
Le mortiño est apprécié comme plante ornementale pur ses feuilles et ses fleurs.
Notes et références
- The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 22 octobre 2020
- Yvonne Trochain, « Les Vaccinium comestibles (Suite et fin) », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée,‎ , p. 319-329 (lire en ligne).
- (en) National Research Council, « Berries », dans Lost Crops of the Incas: Little-Known Plants of the Andes with Promise for Worldwide Cultivation, Washington, DC, The National Academies Press, , 440 pages (ISBN 978-0-309-04264-2, DOI 10.17226/1398, lire en ligne).
- (es) Coba, P., D. Coronel, K. Verdugo, M. Paredes, E. Yugsi & L. Huachi, « Estudio etnobotánico del mortiño (Vaccinium floribundum) como alimento ancestral y potential alimento funcional », La Granja, vol. 16, no 2,‎ , p. 5-13 (DOI 10.17163/lgr.n16.2012.01, lire en ligne).
- POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 22 octobre 2020
- (es) Miguel Antonio Zúñiga Freire, « Caracterización del hábitat de crecimiento del mortiño (vaccinium floribundum kunth) en el páramo de Cotacachi, Ecuador (thèse) », (consulté le ).
- « Vaccinium floribundum », sur Tropicos (consulté le ).
- (en) « floccosus - fontinalis », sur Dictionary of Botanical Epithets (consulté le ).
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 22 octobre 2020
- (en) Ken Fern, « Vaccinium floribundum Kunth, Ericaceae », sur Useful tropical Plants (consulté le ).
Liens externes
Références taxinomiques
- (en) Référence Catalogue of Life : Vaccinium floribundum Kunth (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Vaccinium floribundum (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Vaccinium floribundum Kunth (source : KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Vaccinium floribundum Kunth (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Vaccinium floribundum Kunth (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence UICN : espèce Vaccinium floribundum Kunth (consulté le )
Autres
- (en) MarĂa Mercedes Cobo, Bernardo GutiĂ©rrez, AndrĂ©s F. Torres, MarĂa de Lourdes Torres, « Preliminary analysis of the genetic diversity and population structure of mortiño (Vaccinium floribundum Kunth) », Biochemical Systematics and Ecology,‎ , p. 14-21 (lire en ligne).
- (es) Miguel Antonio Zúñiga Freire, « Caracterización del hábitat de crecimiento del mortiño (vaccinium floribundum kunth) en el páramo de Cotacachi, Ecuador (thèse) »,
- (en) MarĂa Mercedes Cobo, Bernardo GutiĂ©rrez, MarĂa de Lourdes Torres, « Regeneration of mortiño (Vaccinium floribundum Kunth) plants through axillary bud culture », Vitro Cellular & Developmental Biology - Plant, vol. 54,‎ , p. 12–116 (DOI 10.1007/s11627-018-9884-3, lire en ligne)