Un dernier seigneur pour Eldorado
Un dernier seigneur pour Eldorado, ou King Eldorado est une histoire en bande dessinée de Keno Don Rosa. Elle met en scène Balthazar Picsou avec ses neveux Donald Duck, Riri, Fifi et Loulou. Il affronte un de ses ennemis récurrents, Gripsou. Elle se déroule principalement en Colombie.
Synopsis
Alors que Picsou et ses neveux explorent la mer des Caraïbes à la recherche des vaisseaux espagnols naufragés et de leurs trésors, ils trouvent la plaque en or de la concession d'une banque allemande. Se rendant à Berlin et Nuremberg, ils découvrent que cette banque possèderait toujours une agence, perdue quelque part en Amérique du Sud. Flairant la bonne affaire, Picsou décide de racheter cette banque et découvre que son agence serait située à Eldorado, la cité d'or perdue. Malheureusement pour lui, le précédent propriétaire de la banque, Gripsou, se doutant bien que Picsou n'aurait pas racheté cette banque si elle n'avait aucune valeur, se lance à leur poursuite. S'engage alors une chasse au trésor qui les mènera au fameux Eldorado.
Fiche technique
- Code de l'histoire: D 96066.
- Éditeur : Egmont.
- Titre de la première publication : Un dernier seigneur pour Eldorado, puis King Eldorado.
- Titre en anglais : The Last Lord of Eldorado.
- 30 planches.
- Auteur et dessinateur : Keno Don Rosa.
- Première publication : Picsou Magazine n°318, , France.
- Première publication aux États-Unis : Uncle Scrooge n°311, .
En France, l'histoire est parue en 1997, sous le titre Un dernier seigneur pour Eldorado bien qu'une traduction littérale du titre anglais ait été Le dernier seigneur d'Eldorado. Pour sa réédition en 2006, un nouveau titre est adopté qui s'éloigne encore plus du titre original, King Eldorado.
Références à Carl Barks
Cette histoire fait implicitement référence à une histoire de Carl Barks, Les timbrés du timbre (W OS 422-02), dans laquelle pour trouver un timbre rare (le 1 cent de Guyane britannique), Donald et ses neveux se lancent à la recherche du mythique Eldorado. Don Rosa, dans ses "Vues d'auteur" accompagnant l'histoire dans l'album dans laquelle elle est publiée, évoque cette histoire. Il explique que Barks s'était trompé en faisant rencontrer Donald et Eldorado (l'homme doré) en Guyane britannique, au nord-est de l'Amérique du sud, ce qui n'est pas la bonne région. Mais cette erreur historique est compréhensible car, selon Don Rosa, les recherches de Barks lui avaient sans doute appris que l'Eldorado se situerait dans la Guiana, mais il ne devait pas savoir qu'il s'agissait d'une "Guiana" différente de celle du XXe s. Au XVIe s, ce terme faisait référence à un territoire couvrant une partie du nord du continent sud-américain. C'est pour cela que Don Rosa put faire chercher à ses canards l'El Dorado en Colombie, où il aurait été situé.
De l'humour est apporté à cette référence, ainsi qu'à d'autres trésors recherchés ou découverts par Donald et Picsou dans des histoires précédentes, à l'aide du personnage du guide touristique qui vend des cartes aux trésors aux touristes. C'est par exemple le cas pour les cités de Cibola, que Picsou et sa famille avaient déjà recherché dans Les sept cités de Cibola[1].
Cette histoire dans l'Ĺ“uvre de Don Rosa
Montrée au début d'Un dernier seigneur pour Eldorado, la carte des navires coulés a été retrouvée par les héros dans une autre histoire de Don Rosa, Trésor sous cloche (D 90227) et, par deux fois, il est fait mention du trésor qui était l'objectif de Picsou et Gripsou dans la première histoire écrite et dessinée par Don Rosa : Le Fils du soleil.
Références historiques et culturelles
Cette histoire fait référence au mythe de l'Eldorado (de l'espagnol el dorado : le doré), qui selon la légende serait une contrée mythique censée regorger d'or et située en Amérique du Sud.
La banque dont il est fait mention, la Welser d'Augsbourg, a réellement existé et est une possession d'une famille de marchands et de banquiers dont les membres sont actifs depuis le XIIIe siècle jusqu'à nos jours.
De même, les personnages historiques cités ont réellement existé : Gonzalo Jiménez de Quesada fut un explorateur espagnol, Nikolaus Federmann fut un explorateur allemand au service de la banque Welser et Sebastián de Belalcázar fut un conquistador espagnol. Tous les trois explorèrent le centre de la Colombie et leurs expéditions finirent en effet par se rencontrer, au plateau de Cundinamarca. Dans l'histoire, les trois chefs d'expédition se désignèrent comme les trois seigneurs d'Omagua qui était le nom indien d'Eldorado.
Dans un ancien couvent, sur le plateau de Cundinamarca dominant Bogotá, les héros trouvent le contrat passé entre les explorateurs. Celui-ci stipule qu'ils ont passé un accord pour chasser les indiens Chibchas et leur roi, l'homme doré. C'est d'une tradition de ce peuple qu'est né le mythe d'Eldorado (« Le doré »). En effet, ceux-ci avaient pour coutume de recouvrir de poussière d'or leur nouveau roi et de le baigner dans le lac sacré de Guatavita, lors de la cérémonie d'intronisation, devenant ainsi « Le doré ». Toujours selon le contrat, Federmann, le banquier, créa une banque (celle que Picsou a racheté), Quesada, l'avocat, établit une charte légale et Belalcázar, le conquistador, ordonna aux soldats de coopérer. Ils devinrent seigneurs de la ville et propriétaires de l'or déposé dans cette banque, située "au plus haut des lacs sacrés". C'est dans ces lacs, précise le Manuel des Castors, que les chefs Chibchas ont jeté leurs richesses en offrande à leurs dieux. Ces trésors provenaient des autres nations indiennes, qui les leur troquaient contre du sel des mines chibchas (sans doute celles de Zipaquirá) et des pommes de terre. Les canards partent donc à la recherche du trésor, dans le lac Teusaquá[2].
Le camion utilisé par Picsou et ses compagnons est similaire à celui conduit par Yves Montand et Charles Vanel dans le film Le salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot. On reconnaît notamment le logo de la SOC (Southern Oil Company), la compagnie pétrolière du film, sur les portières. Donald cite d'ailleurs le nom du film en faisant référence à son salaire de trente cents de l'heure pour conduire ledit camion.