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Tsunamite

Un tsunamite est un « dépôt résultant du remaniement des sédiments causé par les vibrations dues aux ondes de pression d'un tsunami »[1].

Tsunamite déposé par le tsunami de Storegga.
Tsunamite déposé par le tsunami de Storegga.

Ce dépôt spécifique forme une unité sédimentaire qui peut être utilisée pour mesurer l'ampleur, et la date de tsunamis passés.
Surtout quand on peut déterminer la cause et l'« épicentre » du tsunami, les tsunamites peuvent aussi aider à évaluer le risque sismique et le risque d’occurrence d'un nouveau tsunami, ainsi que sa gravité.

Il est parfois difficile de les distinguer d'autres dépôts causés par de grandes tempêtes, des ruptures de barrage morainiques ou certains autres processus sédimentaires.

Vocabulaire et histoire du mot tsunamite

  • Ce mot a Ă©tĂ© introduit dans les annĂ©es 1980 pour dĂ©signer les processus de redĂ©position s'effectuant au moment de l’arrĂŞt de la progression du tsunami et du reflux de la vague.
    L'application du terme s'est élargie pour englober tous les dépôts liés au tsunami, mais son utilisation sous cette forme a été contestée[2]. L'usage du mot au sens large continue à se faire[3]
  • on utilise aussi le mot tsunamiite ou l'expression « tsunami deposit » (pour les anglophones)
  • Remarque : Plus gĂ©nĂ©ralement on parle de sĂ©ismite pour dĂ©signer des sĂ©diments ou matĂ©riaux remobilisĂ©s par un sĂ©isme. S'il s'agit de traces fossiles de sĂ©ismes trouvĂ©s dans des cavernes (effondrements de plafond, stalactites cassĂ©es, etc), on parlera de « spĂ©lĂ©osĂ©ismite »

Identification des tsunamites

Types d’environnements sous-marins où peuvent être recherchés et trouvés des tsunamites.

Ils sont qualifiés d'« onshore » (sur terre) ou d'« offshore » (en mer, généralement sous-marin).

Onshore

Les dépôts bien enregistrés et documentés des tsunamis historiques peuvent être comparés à ceux de tempêtes ainsi enregistrées. Les dépôts alluviaux se trouvent souvent dans un environnement de sédimentation lente, en bordure de fleuves ou d'estuaires et dans les zones basses de l'arrière-littoral (lagunes par exemple). On les trouve en fines couches successivement déposées, alors que les tsunamites peuvent être trouvés plus loin, en situation anormale, avec des sédiments grossiers et en couches uniques, et parfois épaisses.

L'indicateur le plus fiable d'une origine tsunamique semble être l'étendue de l'inondation, et sa limite anormale[4] - [5]. Un cyclone peut aussi déplacer des gros sédiments (roches...), mais souvent sur une moindre distance[6].

Offshore

Lors du reflux du tsunami, les sédiments (d'origine marine et terrestre qui ne se sont pas déposés sur terre et qui sont entraînés dans le reflux se déposent dans l'eau peu profonde pour les plus lourds, et peuvent sédimenter de manière différentiée (les plus lourds d'abord) dans les dépressions proches. Mais ce type de sédimentation peut ressembler à celle qui se produit après une très grosse tempête avec fortes inondations. Des coulées de débris et traces de turbidité peuvent aussi faire suite à des glissements de talus, éventuellement déclenchés par le séisme. Il n'existe pas encore de critères univoques disponibles pour identification différentiée de ces situations ou des déclencheurs d'événements sédimentaires exceptionnels[7] - [8].

Utilisations

La reconnaissance et la datation des dépôts du tsunami est une partie importante de paléosismologie.

  • Les tsunamites sont les preuves d'un Ă©vĂ©nement
  • L'Ă©tendue d'un dĂ©pĂ´t particulier, de mĂŞme que sa position et son Ă©paisseur peuvent aider Ă  juger de l'ampleur d'un sĂ©isme historique connu ou prĂ©historique. Par exemple, dans le cas du tremblement de terre de Sanriku (en 869), l'identification de tsnunamites Ă  plus de 4,5 km Ă  l'intĂ©rieur de la plaine de Sendai prouvait non seulement un tsunami historique, mais donnait une indication prĂ©cieuse sur sa magnitude et l'existence d'une zone de rupture probable extracĂ´tière. Le fait que deux dĂ©pĂ´ts antĂ©rieurs avec une signature semblable aient Ă©tĂ© identifiĂ©s et datĂ©s prouvent l'existence d'un risque Ă©levĂ© dans la rĂ©gion. L'Ă©tude des trois dĂ©pĂ´ts suggère un possible intervalle de rĂ©pĂ©tition de grands sĂ©ismes « tsunamigènes » long de la cĂ´te de Sendai tous les 1 000 ans environ, avec des inondations Ă  grande Ă©chelle[9]. Ainsi, en 2007, la probabilitĂ© qu'un grand tremblement de terre tsunamigène frappe la cĂ´te japonaise entre 2000 et 2030 Ă©tait donnĂ©e comme probable Ă  99 %[10].
    Sur cette base, l'opĂ©rateur TEPCO a pu rĂ©viser la gravitĂ© du risque pour la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi et savoir qu'une digue protĂ©geant contre une vague de m serait insuffisante, mais il n'a pris aucune mesure immĂ©diate[11]. Le tsunami provoquĂ© par le tremblement de terre de Tohoku en 2011 a une gĂ©nĂ©rĂ© une vague dont la hauteur au moment du choc avec la centrale de Fukushima Ă©tait d'environ 15 m, bien au-dessus des 5,7 m prĂ©vus pour la dĂ©fense de la centrale contre un Ă©ventuel tsunami[12]. C'est ainsi que le Japon s'est trouvĂ© en situation critique de Genpatsu-shinsai (expression qui dĂ©signe en japonais l'accident majeur rĂ©sultant de la conjonction dans l'espace et le temps d'un accident nuclĂ©aire grave (impliquant potentiellement ou effectivement une fusion du cĹ“ur d'un rĂ©acteur) et un tremblement de terre[13] qui l'a dĂ©clenchĂ©).
    Dans ce cas, la distance parcourue par la vague (zone d'inondation) du tsunami de 2011 était presque identique à celle observée pour les trois événements plus anciens, comme d'ailleurs l'étendue latérale de la zone submergée[14].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. (en) Magdeleine Moureau et Gerald Brace, Dictionnaire du pétrole et autres sources d'énergie : anglais-français, français-anglais, Paris, Éditions TECHNIP, , 1178 p. (ISBN 978-2-7108-0911-1, lire en ligne), p. 571, § Tsunamite
  2. (en) G. Shanmugam, « The Tsunamite problem », Journal of Sedimentary Research, vol. 76,‎ , p. 718–730 (DOI 10.2110/jsr.2006.073, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) T. Shiki et T. Yamazaki, Tsunamiites: features and implications, Elsevier, coll. « Developments in Sedimentology », (ISBN 978-0-444-51552-0, lire en ligne), « The term 'Tsunamiite' », p. 5
  4. Richmond, B.M.; Watt S., Buckley M., Gelfenbaum G. & Morton R.A. (2011). "Recent storm and tsunami coarse-clast deposit characteristics, southeast Hawaiʻi". Marine Geology (Elsevier) 283 (1-4): 79–89. doi:10.1016/j.margeo.2010.08.001 ; consulté 25 novembre 2011.
  5. Engel, M., Brückner, H., 2011. The identification of palaeo-tsunami deposits - a major challenge in coastal sedimentary research In: Karius, V., Hadler, H., Deicke, M., von Eynatten, H., Brückner, H., Vött, A. (eds.), Dynamische Küsten - Grundlagen, Zusammenhänge und Auswirkungen im Spiegel angewandter Küstenforschung. Proceedings of the 28th Annual Meeting of the German Working Group on Geography of Oceans and Coasts, 22-25 Apr 2010, Hallig Hooge. Coastline Reports 17, 65-80
  6. (en) B.H. Keating, C.E. Helsley et M. Wanink, Walker D., The Tsunami Threat - Research and Technology, InTech, , 389–422 p. (ISBN 978-953-307-552-5, lire en ligne), « 19. Tsunami Deposit Research: Fidelity of the Tsunami Record, Ephemeral Nature, Tsunami Deposits Characteristics, Remobilization of Sediment by Later Waves, and Boulder Movements »
  7. Shanmugam, G. (2006). "The Tsunamite problem" . Journal of Sedimentary Research 76: 718–730. doi:10.2110/jsr.2006.073 ; Consulté 25 novembre 2011
  8. Shanmugam, G. (2011) Process-sedimentological challenges in distinguishing paleo-tsunami deposits" . Natural Hazards (Springer). doi:10.1007/s11069-011-9766-z. Consulté 28 Nov.2011.
  9. Minoura, K.; Imamura F., Sugawara D., Kono Y. & Iwashita T. (2001). "The 869 Jōgan tsunami deposit and recurrence interval of large-scale tsunami on the Pacific coast of northeast Japan" ; Journal of Natural Disaster Science, 23 (2): 83–88. Consulté le 25 novembre 2011.
  10. Satake, K.; Sawai, Y.; Shishikura, M.; Okamura, Y.; Namegaya, Y. & Yamaki, S. (2007). "Tsunami source of the unusual AD 869 earthquake off Miyagi, Japan, inferred from tsunami deposits and numerical simulation of inundation". American Geophysical Union, Fall Meeting 2007, abstract #T31G-03. Consulté le 30 novembre 2011.
  11. Nöggerath, J.; Geller R.J. & Gusiakov V.K. (2011). "Fukushima: The myth of safety, the reality of geoscience" ; Bulletin of the Atomic Scientists (SAGE) 67 (5): 37–46. doi:10.1177/0096340211421607.
  12. Daily Yomiuri Online (25 August 2011). "TEPCO predicted 10-meter tsunami in '08". The Yomiuri Shimbun. Consulté le 28 novembre 2011.
  13. « GENPATSU-SHINSAI: CATASTROPHIC MULTIPLE DISASTER OF EARTHQUAKE AND QUAKE-INDUCED NUCLEAR ACCIDENT ANTICIPATED IN THE JAPANESE ISLANDS »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
  14. Goto, K.; Chagué-Goff C., Fujino S., Goff J., Jaffe B., Nishimura Y., Richmond B., Sugawara D., Szczuciński W., Tappin D.R.., Wotter R.C. & Yulianto E. (2011). "New insights of tsunami hazard from the 2011 Tohoku-oki event" ; Marine Geology (Elsevier) 290 (1-4): 46–50. doi:10.1016/j.margeo.2011.10.004, Consulté le 25 novembre 2011.

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