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Triptyque de la Passion (suiveur de Bosch)

Le Triptyque de la Passion, conservé au Musée des beaux-arts de Valence (Espagne), a été réalisé dans les années 1530 et 1540 par un ou plusieurs suiveurs anversois de Jérôme Bosch.

Triptyque de la Passion
Artiste
Suiveur de JĂ©rĂ´me Bosch
Date
Type
Matériau
Dimensions (H Ă— L)
163 Ă— 382 cm
No d’inventaire
264, 265, 266
Localisation

Description

Volet gauche du triptyque : L'Arrestation du Christ

Le triptyque de Valence est constituĂ© de trois peintures Ă  l'huile sur des panneaux de bois. Le panneau central (139,7 Ă— 170,2 cm) reproduit assez fidèlement, mais avec un degrĂ© infĂ©rieur de qualitĂ©, le Couronnement d'Ă©pines de L'Escurial. Le volet de gauche (152,2 Ă— 85,6 cm) reprĂ©sente l'Arrestation du Christ et celui de droite (152,4 Ă— 84,5 cm) la Flagellation du Christ. Le revers des volets est peint en imitation de pierre de taille.

Chacune des trois scènes est représenté sur un fond doré rond (panneau central) ou ovale (volets) encadré par quatre écoinçons traités en grisaille et figurant des anges terrassant des démons monstrueux.

Contrairement au Christ, dont le visage affiche une calme résignation malgré ses épreuves, les personnages secondaires (y compris le saint Pierre mordu par Malchus du volet gauche) sont représentés de manière caricaturale voire grotesque, dans un style dérivé de certains tableaux de Quentin Metsys. Quelques détails, tel celui, peint en trompe-l'œil, de la mouche piquante posée sur le genou du bourreau flagellant Jésus, sont étrangers au style et à la technique picturale de Bosch.

Le triptyque se revendique comme une œuvre de Bosch non seulement par la signature caractéristique apposée au coin inférieur gauche du panneau central, mais aussi par certains détails comme :

  • la lettre M (ou B, initiale de « Bosch Â») sur la lame du couteau de Pierre, que l'on retrouve notamment dans le volet droit du Jardin des dĂ©lices et dans les panneaux centraux des triptyques du Jugement dernier de Vienne et de Bruges ;
  • la chouette, reprĂ©sentĂ©e ici sur la manche du bourreau retirant sa tunique Ă  JĂ©sus, qui est plus ou moins cachĂ©e dans de nombreux dessins et tableaux de Bosch tels que Le Jardin des dĂ©lices, La Nef des fous, Le Vagabond de Rotterdam et Le Chariot de foin.

Des versions encore plus caricaturales du volet gauche sont conservées au Rijksmuseum Amsterdam (prêté au Noordbrabants Museum de Bois-le-Duc) et au Timken Museum of Art de San Diego.

Historique et attribution

Portrait de Mencía de Mendoza attribué à Simon Bening.

CrĂ©Ă© dans les Pays-Bas des Habsbourg, le triptyque appartenait Ă  MencĂ­a de Mendoza (es) (1508-1554), troisième et dernière Ă©pouse du Grand chambellan Henri III de Nassau-Breda. Ce dernier possĂ©dait notamment le cĂ©lèbre Jardin des dĂ©lices de Bosch, dont il pourrait ĂŞtre le commanditaire (Ă  moins de l'avoir hĂ©ritĂ© de son oncle Engelbert II)[1] - [2]. ApportĂ© en Espagne après 1538, quand MencĂ­a de Mendoza, dĂ©sormais veuve, quitte dĂ©finitivement les Pays-Bas, le Triptyque de la Passion est accrochĂ© en 1554 près du tombeau de la comtesse, dans la « chapelle des rois Â» du couvent des dominicains de Valence.

Confisqué en 1835 lors du désamortissement des biens du couvent, il rejoint les collections du musée de la ville, qui ouvre en 1837. Il y est notamment admiré par les historiens de l'art Stirling[3], Passavant[4] et Justi[5], qui ne remettent pas en cause l'attribution à Bosch.

Ce n'est qu'Ă  partir de la fin du XIXe siècle que l'authenticitĂ© de la signature est mise en doute. En 1898, Hermann Dollmayr publie une reproduction du volet gauche en estimant que le triptyque, dĂ©pourvu de la technique habituelle du peintre et peint de manière « plate Â», ne doit pas ĂŞtre considĂ©rĂ© comme l’œuvre de Bosch[6]. En 1900, Louis Maeterlinck, conservateur du MusĂ©e des beaux-arts de Gand, Ă©crit lui aussi que le panneau central n'est qu'« une rĂ©plique ou une copie Â» du Couronnement d'Ă©pines de L'Escurial[7]. En 1980, Gerd Unverfehrt date l'ensemble des annĂ©es 1530 et l'attribue Ă  un suiveur anversois[8]. L'analyse dendrochronologique rĂ©alisĂ©e au dĂ©but du XXIe siècle prouve que l’œuvre n'a pas Ă©tĂ© peinte avant 1528, soit une douzaine d'annĂ©es après la mort de Bosch.

En 2016, alors que la base de donnĂ©es du musĂ©e de Valence prĂ©sente encore le triptyque comme « Ă©laborĂ© vers 1510-1520 dans l'atelier de Bosch Â»[9], il est exposĂ© Ă  Bois-le-Duc par Charles de Mooij et l'Ă©quipe du Bosch Research and Conservation Project (BRCP) comme l’œuvre d'un suiveur de Bosch rĂ©alisĂ©e Ă  Anvers dans les annĂ©es 1530 (pour le panneau central) et 1540 (pour les volets). Sur la base des diffĂ©rences observĂ©es au niveau de la couche picturale et du dessin sous-jacent entre le panneau central et les scènes latĂ©rales, les experts du BRCP estiment que les volets ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s Ă  la copie du Couronnement d'Ă©pines pour former un triptyque, probablement Ă  la demande de MencĂ­a de Mendoza. Revenue en Espagne après la mort de son Ă©poux en 1538, celle-ci a en effet pu rester en contact avec le milieu artistique anversois par l'intermĂ©diaire du marchand Arnao del Pino[10].

Références

  1. Elsig, p. 85-86.
  2. Ilsink, p. 54.
  3. William Stirling, Annals of the Artists of Spain, vol. I, Londres, John Ollivier, 1848, p. 122.
  4. Johann David Passavant, Die Christliche Kunst in Spanien, Leopzig, Rudolph Weigel, 1853, p. 138-139.
  5. Carl Justi, « Die Werke des Hieronymus Bosch in Spanien Â», Jahrbuch der Königlichen Preussischen Kunstsammlungen, t. X, Berlin, 1889, p. 127.
  6. Hermann Dollmayr, « Hieronymus Bosch und die Darstellung der vier letzten Dinge Â», Jahrbuch der Kunsthistorischen Sammlungen des Allerhöchsten Kaiserhauses, vol. XIX, 1898, p. 292-293.
  7. Louis Maeterlinck, « Une œuvre inconnue de Jérôme Bosch (Van Aken) », Gazette des beaux-arts, 3e période, t. XXIII, 1900, p. 74.
  8. Gerd Unverfehrt, Hieronymus Bosch. Die Rezeption seiner Kunst im frĂĽhen 16. Jahrhundert, Berlin, 1980, cat. 33.
  9. Notice de 2011 consultée le 24 avril 2016 (cf. liens externes).
  10. Elsig, p. 136.

Bibliographie

  • FrĂ©dĂ©ric Elsig, Jheronimus Bosch : la question de la chronologie, Genève, Droz, 2004, p. 136-137.
  • Matthijs Ilsink, Jos Koldeweij et Charles de Mooij, JĂ©rĂ´me Bosch - Visions de gĂ©nie (catalogue de l'exposition du Noordbrabants Museum de Bois-le-Duc), Bruxelles, Fonds Mercator, 2016, p. 64-67.

Liens externes

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