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Tridacna

Description et caractéristiques

Les bĂ©nitiers (notamment le tridacne gĂ©ant) figurent parmi les plus grands coquillages bivalves connus : certaines espèces peuvent dĂ©passer 1,5 m de large, et peser plus de 250 kg. Ils sont Ă©galement capables de vivre extrĂŞmement vieux, mĂŞme si la surpĂŞche a fait disparaĂ®tre une grande partie des plus beaux spĂ©cimens. Quatre espèces sont ainsi classĂ©es comme « vulnĂ©rables Â» sur la liste rouge de l'UICN[1].

Vivant dans des eaux tropicales de l'Indo-pacifique pauvres en ressources nutritives, ils tirent un complément de nourriture d'une symbiose avec des algues (zooxanthelles) qu'ils hébergent dans leur manteau. Après avoir fonctionné pendant un certain temps, ces algues unicellulaires sont transportées par des cellules sanguines et digérées dans les diverticules digestifs[2].

Le bénitier est un animal hermaphrodite simultané[3].

Liste des espèces

Les différentes espèces de bénitiers recensées demeurent relativement difficiles à identifier étant donné la grande variabilité de taille, de formes et de couleurs de ces animaux[4], et le fait que plusieurs espèces de l'océan Indien soient probablement encore non décrites. T. gigas se distingue par la taille impressionnante que peuvent atteindre certains adultes. Les principales caractéristiques de distinction sont les sculptures externes de la coquille, l'ouverture byssale, les motifs du manteau et la présence de tentacules au niveau du siphon inhalant[4].

Certaines espèces sympatriques comme Tridacna maxima et Tridacna squamosa sont capables de s'hybrider, donnant lieu à des formes intermédiaires[5].

Selon World Register of Marine Species (19 octobre 2016)[6] :


Utilisation par l'Homme

L'un des deux bénitiers offerts à François Ier par la République de Venise, montés en bénitiers sur des socles sculptés par Jean-Baptiste Pigalle à l'église Saint-Sulpice de Paris.

En Europe, de gigantesques coquilles de ces mollusques furent utilisées comme bénitiers dès la Renaissance, notamment dans les églises les plus riches capables de se procurer des objets venus de si loin (aucune espèce n'est répertoriée dans l'océan Atlantique). A Paris, on en trouve notamment dans les églises Saint-Sulpice et Saint-Étienne-du-Mont.

Des coquilles fossilisées (notamment du Pléistocène) réapparaissent à la surface du sol quand on creuse les roches calcaires d'origine corallienne des régions tropicales (par exemple au Kenya). Rares et précieux, ces coquillages étaient travaillés (depuis 11000 ans), sculptés, polis, possédés et échangés, dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est. Les chefs mélanésiens appréciaient beaucoup ces objets de prestige, bien plus durables que les objets sculptés en bois, jusqu'à leur attribuer des pouvoirs spéciaux[7].

Les bĂ©nitiers sont Ă©galement capables de produire des perles, mĂŞme si celles-ci ne sont pas nacrĂ©es et souvent très irrĂ©gulières. La plus grosse perle connue vient ainsi d'un Tridacna gigas des Philippines ; elle est connue sous le nom de « Perle d'Allah Â».

Vers les VIIe et VIe siècles avant notre ère se développe en Phénicie un artisanat utilisant des coquilles de tridacne, gravées et incisées, originaires de la mer Rouge. Cet art s'exporte dans l'est du bassin méditerranéen, jusqu'en Étrurie. Ces objets se retrouvent surtout dans des sanctuaires dédiés à des divinités féminines, et parfois dans des tombes de femmes (comme sur l'île de Rhodes). L'un des plus connus se situe au British Museum (numéro d'inventaire 1852,0112.3) : il s'agit d'une coquille de Tridacna squamosa, avec une tête humaine gravée sur l'apex et des sphinx ailés et fleurs de lotus incisés. Retrouvé à Vulci, dans le Latium, ce coquillage servait sans doute à contenir du maquillage[8].

Conservation

Braconnage de bénitiers à Mayotte (ici pour la chair).

Les bénitiers sont des animaux à croissance très lente, et leur récolte met rapidement en danger toute une population[9]. Or, un braconnage extrêmement destructif sévit dans certaines région de l'océan Pacifique, à destination essentiellement de la Chine[10], et plusieurs espèces ont déjà été totalement éradiquées de certains pays, en vue de confectionner des bijoux simulant l'ivoire et de prétendus aphrodisiaques[9].

En conséquence, les espèces Tridacna derasa, Tridacna gigas, Tridacna mbalavuana et Tridacna rosewateri sont placées sur la Liste rouge de l'UICN des espèces en danger d'extinction[11].

Bibliographie

  • (en) CĂ©cile Fauvelot, Dario Zuccon, Philippe Borsa, DaphnĂ© Grulois, HĂ©lène Magalon, Florentine Riquet, Serge AndrĂ©fouĂ«t, Michael L. Berumen, Tane H. Sinclair-Taylor, Pauline GĂ©lin, Faustinato Behivoke, Jan Johan ter Poorten, Ellen E. Strong, Philippe Bouchet, « Phylogeographical patterns and a cryptic species provide new insights into Western Indian Ocean giant clams phylogenetic relationships and colonization history », Journal of Biogeography, vol. 47,‎ , p. 1086– 1105 (DOI 10.1111/jbi.13797).
  • (en) Neo M.L., Wabnitz C.C.C., Braley R.D., Heslinga G.A., Fauvelot C., Van Wynsberge S., Andrefouet S., Waters C., Shau-Hwai Tan A., Gomez E.D., Costello M.J. & Todd P.A., « Giant Clams (Bivalvia: Cardiidae: Tridacninae): A comprehensive update of species and their distribution, current threats and conservation status », Oceanography and Marine Biology: An Annual Review, vol. 55,‎ , p. 87-388.
  • (en) Delbeek, J. C., and J. Sprung. 1994, The Reef Aquarium: Volume One. Ricordea Publishing, Coconut Grove, Florida. 544 p.
  • (en) Knop, D. 1996, Giant Clams: A Comprehensive Guide to the Identification and Care of Tridacnid Clams. Dahne Verlag, Ettlingen, Germany. 255 p.
  • (en) Rosewater, J. 1965, « The Family Tridacnidae in the Indo-Pacific », Indo-Pacific Mollusca, 1 (6): 347-396.
  • (en) Rupert, E. E., and R. D. Barnes. 1994, Invertebrate Zoology, 6th edition. Saunders College Publishing, Fort Worth, Texas. 1056 pp.

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. UICN, consulté le 19 octobre 2016
  2. Micheline Martoja, Mollusques, Institut océanographique, , p. 52
  3. Micheline Martoja, Mollusques, Institut océanographique, , p. 95
  4. (en) James W. Fatherree, « Identifying the tridacnid clams ».
  5. Deuss M., Richard G. et Verneau N., Mollusques de Mayotte, Mamoudzou (Mayotte), Naturalistes de Mayotte, , 380 p..
  6. World Register of Marine Species, consulté le 19 octobre 2016
  7. « Tridacna », sur dz-galerie.com.
  8. (en) « cosmetic-vessel | British Museum », sur The British Museum (consulté le )
  9. (en) « With Ivory Ban, Chinese Fishers Now Rake In Endangered Giant Clams – “Jade Of Sea” », sur christina-larson.com, .
  10. (en) Rachael Bale, « Giant Clam Poaching Wipes Out Reefs in South China Sea », sur news.nationalgeographic.com.
  11. UICN, consulté le 28 octobre 2017
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