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Torrens (clipper)

Le Torrens (1875 - 1910) est un clipper conçu pour transporter des passagers et des marchandises entre Londres et Port Adelaide, en Australie du Sud. Il est, à son époque, vers 1890, le navire le plus rapide à naviguer sur cette ligne et le dernier voilier sur lequel Joseph Conrad sert avant de se tourner vers une carrière d'écrivain.

"Torrens"
illustration de Torrens (clipper)
Type Navire
Gréement Trois mats carré
Histoire
Constructeur ames Laing, Sunderland
Lancement 1875
Caractéristiques techniques
Longueur 68 m
Maître-bau 12 m
Tirant d'eau 6,6 m
Pavillon Royaume-Uni

Histoire

Le Torrens est construit par James Laing de Sunderland [1] en grande partie selon les spĂ©cifications du capitaine Henry Robert Angel (1829 - juin 1923). Il est la propriĂ©tĂ© conjointe de Angel et de Elder Line. Sa coque est composite, Ă  ossature d'acier et des planches en teck. Il fait 68 m de long, 12 m. de large et 6,6 de profondeur. Son poids est de 1 276 tonnes net.

Le navire est baptisé au nom du colonel Robert Torrens, principal représentant des avantages économiques du commerce colonial du XIXe siècle. C'est la fille ainée du capitaine Angel, (Emily) Flores Angel (1856–1948), qui brise la bouteille traditionnelle lors de la cérémonie de lancement.

Passagers

Le Torrens est un navire destiné à une clientèle de luxe (première et deuxième classe exclusivement). À l'équipage s'ajoute "un chirurgien, une hôtesse de l'air et une bonne vache"[2]. Autre élément de confort apprécié des passagers : une glacière[3]. Le voyage aller à Adélaïde se fait par le cap de Bonne-Espérance ; le voyage de retour, fait escale au Cap, à Sainte-Hélène et à l' Ascension .

Premiers voyages

Le Torrens est armé par Elder, Smith & Co.et commandé par Angel qui, en tant que commodore de la flotte, arbore un pavillon de l'entreprise orné d'un croissant rouge et deux étoiles sur un champ blanc plutôt que du blanc sur du rouge. Angel avait auparavant commandé Glen Osmond et Collingrove sur la même ligne. Avec Angel, le Torrens effectue quinze voyages à Adélaïde sans incident grave; son record de Plymouth à Port Adélaïde est de 65 jours, et le voyage le plus lent de 85 jours, avec une moyenne de 74 jours- bien mieux que tout autre navire de la période[1].

Les dégâts causés au Torrens, après avoir heurté un iceberg

En 1890, Angel décide de se retirer et passe le commandement au capitaine WH Cope. À partir de ce moment, la chance tourne. Le clipper perdu son mât avant et son mât principal en 1891, et lors du réaménagement à Pernambuco, un incendie se déclare à bord. Le fils d'Angel, le capitaine Falkland Angel, prend le commandement en 1896. Le soir du 11 janvier 1899, il heurte un iceberg une quarantaine de kilomètres au sud-ouest des îles Crozet et rejoint Adélaïde démâté[3]. Ni Cope, ni Falkland Angel, n'arrivent à battre le record de 74 jours[4].

La figure de proue

Lorsque leTorrens heurter l'iceberg en perdant son mât avant, sa flèche et son beaupré, il perd aussi sa figure de proue, inspirée de la fille d'Angel, Flores, et sculptée par Joseph Melvin. En 1973, deux expéditions ANARE découvrent une figure de proue sans tête à Sellick Bay, sur la côte mi-ouest de l'île Macquarie, qui pourrait avoir appartenu au Torrens . Bien que l'île Macquarie soit à une distance considérable du site de la collision aux Crozets, il est possible que le courant circumpolaire antarctique ait pu la porter sur cette distance, ou que la figure de proue ait elle-même effectué deux ou plusieurs fois le tour de l'Antarctique.

Références littéraires

Joseph Conrad est second sur le Torrens, de novembre 1891 à juin 1893, sous le commandement du capitaine Cope. C'est lors d'un de ses deux voyages aller en Australie qu'il montre à un passager le projet de manuscrit de son premier roman, La folie Almayer. En mars 1893, lors du voyage de retour de Port Adélaïde à Cape Town, Conrad se lie d'amitié avec Edward Lancelot Sanderson et le futur lauréat du prix Nobel littéraire, John Galsworthy. Galsworthy qui naviguait aux antipodes avec l'intention de rencontrer Robert Louis Stevenson, fait, en lieu et place, la rencontre de Conrad ! Conrad apprécie le contact enrichissant avec des passages cultivés et fortunés, composés, pour un quart d'entre eux, de femmes. Il garde par la suite des liens épistoliers avec certains d'entre eux[5].

Conrad écrit, à propos du Torrens, : « Je puis certifier que, sur le plan de la navigation, la manière dont ce navire se laissait glisser sur la mer chahutée faisait chaud au cœur. C’était une telle démonstration de grâce intelligente et d'assurance tranquille... »[6].

Épilogue

En 1906, le Torrens, dont la construction a coĂ»tĂ© 27 257 ÂŁ, est vendu 1 500 ÂŁ[7] Ă  une compagnie maritime italienne qui l'envoie aux dĂ©molisseurs . SĂ©duit par la beautĂ© de ses lignes, ils le rĂ©parent. Mais le navire s'Ă©choue Ă  nouveau et doit finalement ĂŞtre dĂ©truit Ă  GĂŞnes en 1910. Après avoir pris sa retraite, Angel ouvre une aciĂ©rie Ă  Stratford, Ă  Londres. Il se retire ensuite dans le sud du Devon et meurt Ă  93 ans Ă  Las Palmas après s'ĂŞtre blessĂ© dans une chute Ă  bord du Highland Piper, bateau Ă  vapeur qui l'emmenait Ă  son lieu de vacances prĂ©fĂ©rĂ©, Ă  moins qu'il ne soit mort, selon une autre histoire, d'une pneumonie[3].

Souvenirs

  • Un timbre-poste polonais est Ă©mis en 1957 reprĂ©sentant Joseph Conrad et le Torrens.
  • A. Simpson and Company produisent un pare-feu en laiton reprĂ©sentant le Torrens sous voile.
  • La Galerie d'art de la Nouvelle-Écosse dĂ©tient une peinture Ă  l'huile « Sur le pont du navire Torrens » de Jack L. Gray .
  • Montague Dawson a rĂ©alisĂ© une peinture du Torrens en mer.
  • Un modèle Ă  grande Ă©chelle du Torrens est exposĂ© dans la Sunderland Art Gallery and Museum, Sunderland, Tyne and Wear, Royaume-Uni, oĂą il a Ă©tĂ© construit.
  • Le «Sea Festival Dollar» du bicentenaire Captain Cook Ă©mis par la Colombie-Britannique en 1978 contient une reprĂ©sentation du Clipper Torrens au revers.
  • Le Torrens est rĂ©fĂ©rencĂ© dans le jeu vidĂ©o Alien: Isolation comme le nom du vaisseau spatial sur lequel commence l'histoire, conformĂ©ment Ă  la tradition de nommer Narcissus et Sulaco des films Alien, eux-mĂŞmes nommĂ©s d'après des sujets de la vie et des Ĺ“uvres de Conrad.

Autres références

  • «Torrens» Ă©tait une grande maison aux abords de Harbledown, Canterbury, Kent, oĂą Jessie Conrad a vĂ©cu jusqu'Ă  sa mort. La maison d'origine a Ă©tĂ© dĂ©molie en 2004 et remplacĂ©e par une habitation moderne. La maison Ă©tait Ă  une Ă©poque un internat privĂ© Torrens jusqu'en 1976. Site de Torrens, Milll Lane, Harbledown; Liste des propriĂ©tĂ©s dans CT2 8NF

Clippers sur la ligne de l'Angleterre Ă  l'Australie du Sud

Références

  1. Basil Lubbock, The Colonial Clippers, Kessinger Books, New York 1991 (ISBN 1-4179-6416-2) pp.157–162
  2. (en) « Shipping », The Sydney Morning Herald, National Library of Australia,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  3. (en) « A Fine Old Clipper Ship », The Advertiser, National Library of Australia,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  4. (en) Bazil Lubock, The Colonial Clippers, New York, Kessinger Books, (ISBN 1-4179-6416-2), p. 157–162
  5. J. H. Stape, Hans van Marle, E. B. Redmayne et Joseph Conrad, « "PLEASANT MEMORIES" AND "PRECIOUS FRIENDSHIPS": CONRAD'S "TORRENS" CONNECTION AND UNPUBLISHED LETTERS FROM THE 1890s », Conradiana, vol. 27, no 1,‎ , p. 21–44 (ISSN 0010-6356, lire en ligne, consulté le )
  6. Le Torrens, hommage personnel, en commentaire du livre de Basil Lubbock, The Colonial Clippers, voir p. 157 Ă  162 [en ligne].
  7. (en) « Out Among the People », The Advertiser,‎ , p. 8 (lire en ligne)

Lectures complémentaires

  • Bowden-Smith, Edward Cyril, Land Ho! Le dernier de son espèce et Le convoi Simpkin Marshall Ltd, Londres 1931. ( Le convoi raconte les expĂ©riences de l'auteur en mer pendant la Première Guerre mondiale; Land Ho! ... est consacrĂ© au Torrens )
  • Joseph Conrad: Some Reminiscences (Souvenirs personnels), 1912, (en ligne sur Gutenberg)
  • Lubbock, Basil The Colonial Clippers J Brown and Son, Glasgow 1921 Ă©dition en fac-similĂ© par Kessinger Books, New York 1991 (ISBN 1-4179-6416-2), (en ligne)
  • (en) Daniel Lees; Janet Leake, « "Pleasant memories" and "Precious friendships": Conrad's "Torrens" connection and unpublished letters from the 1890s », Conradiana, vol. 1, no 27,‎ , p. 21-44 (lire en ligne)

Articles connexes

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