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Tonnant (1743)

Le Tonnant est un navire de guerre français en service de 1744 à 1780. C'est un vaisseau de deuxième rang portant 80 canons sur deux ponts. Il participe à trois guerres navales : la Succession d'Autriche et de Sept Ans (sous Louis XV) puis d'Amérique (sous Louis XVI).

Tonnant
illustration de Tonnant (1743)
Modèle de vaisseau de 80 canons du même type que le Tonnant au milieu du XVIIIe siècle. (Dessin et texte de Nicolas Ozanne)

Type Vaisseau de ligne
Histoire
A servi dans Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Chantier naval Toulon
Quille posée
Lancement
Armé
Équipage
Équipage 800 hommes[1]
Caractéristiques techniques
Longueur 54,6 mètres
Maître-bau 14,9 mètres
Tirant d'eau 7,5 mètres
Port en lourd 1 700 tonneaux
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 80 canons
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Arsenal de Toulon

Construction

Le Tonnant est construit à Toulon entre 1740 et 1744 sur les plans de François Coulomb. Il fait partie de la nouvelle série des deux-ponts plus puissants lancés à cette époque par la marine française pour compenser son infériorité sur la Royal Navy qui dispose de beaucoup plus de navires depuis la fin des guerres de Louis XIV. C'est le premier vaisseau de ce type. Il est armé avec 80 canons, soit :

La carrière du Tonnant

Le Tonnant attaqué par deux vaisseaux anglais à la bataille du Cap Finisterre en 1747.

Guerre de Succession d'Autriche

Il est lancé au moment où la France entre dans la guerre de Succession d'Autriche. Ce puissant deux-ponts de 80 canons est une des principales unités de la flotte de Louis XV car la France de cette époque ne construit plus de trois-ponts de 100 canons. Il sert donc de navire amiral au huit vaisseaux du marquis de l'Estenduère chargé d'escorter, à l'automne 1747, un gros convoi de plus de 250 navires de commerce vers les Antilles.

Les Anglais ayant repéré le convoi, ils l'attaquent au large du Cap Finisterre. Lors de ce combat, les vaisseaux français se sacrifient en affrontant les quatorze britanniques de Hawke, pour assurer la fuite des navires marchands. Le Tonnant y soutient pendant plusieurs heures un combat acharné. Partiellement démâté, il n'arrive à s'échapper que remorqué par l’Intrépide de Vaudreuil, qui s'est porté à son secours en traversant la ligne anglaise. Impressionnés par la puissance de son feu, les Anglais le surnomment l’Enfer[2].

Guerre de Sept Ans

En 1757, il est placé sous les ordres du chef d'escadre Baufremont et sert encore une fois de navire amiral pour faire traverser l'Atlantique à une petite escadre de 5 vaisseaux et d'une frégate afin d'aller porter des renforts à Saint-Domingue puis de se porter sur Louisbourg[3]. En février, le Tonnant quitte Brest à la tête de l'escadre, mène à bien sa mission dans les Antilles et arrive à Louisbourg à la fin du mois de mai. Il participe ainsi à l'importante concentration navale qui sauve Louisbourg de l'invasion cette année-là. En octobre, le Tonnant quittait la place pour rentrer en France. Comme tous les autres vaisseaux, il est touché par la grave épidémie de typhus qui ravage les équipages et qui contamine Brest en novembre, faisant des milliers de morts dans la ville[4].

En , le Tonnant, sous le commandement d’Antoine de Marges de Saint-Victoret fait partie des 21 vaisseaux de l'escadre de Conflans sortie de Brest pour couvrir une tentative de débarquement en Angleterre. Il porte encore la marque du chef d'escadre Bauffremont et se trouve à la tête de l'escadre blanche et bleue, c'est-à-dire le centre. Au lendemain du combat qui voit la défaite de la flotte française, il fuit le champ de bataille avec un groupe de vaisseaux pour se réfugier à Rochefort (novembre 1759).

Guerre d'Amérique

Le Tonnant est refondu en 1770. Lorsque la France entre dans la guerre d'Indépendance américaine, il participe à la campagne de d'Estaing en Amérique et aux Antilles en 1778-1779. Commandé à cette occasion par le comte de Bruyères, capitaine de vaisseau, il arbore le pavillon du comte de Breugnon, chef d'escadre. Il est notamment présent lors de la tentative d'attaque sur Newport (1778) et à la bataille de la Grenade (6 juillet 1779).

En 1780, il est requis pour participer à l'une des nombreuses missions d'escorte des bâtiments marchands dont doit s’acquitter la marine royale. Accompagné d'une flûte, il protège un convoi de 56 navires de commerce qui quitte Saint-Domingue en janvier et arrive sans pertes en France au mois de mars[5]. Le Tonnant finit sa carrière en avril 1780, après 36 années de service.

Autre navires

Il existe au moins six vaisseaux de guerre français qui ont porté le nom de Tonnant :

  1. Tonnant de 76 canons - Brest 1680-1692.
  2. Tonnant de 90 canons - Toulon 1693-1708.
  3. Tonnant de 80 canons - Toulon 1740-1780.
  4. Tonnant de 80 canons, classe Tonnant) - Toulon 1789-1821.
  5. Tonnant (rebaptisé Ville de Varsovie) de 80 canons, classe Tonnant - Rochefort 1808-1809.
  6. Tonnant (rebaptisé le Louis XIV) de 118 canons - Rochefort 1811-1882.

Notes et références

  1. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C'est ainsi qu'un 100 canons emporte 1 000 hommes d'équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement. Acerra et Zysberg 1997, p. 220. Voir aussi Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 105.
  2. Lacour-Gayet 1910, p. 188.
  3. Troude 1867-1868, p. 341.
  4. Meyer et Acerra 1994, p. 106-108.
  5. Villiers 2015, p. 201.

Sources et bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Archives nationales de France, fonds Marine sĂ©rie B5 carton 3, Liste des vaisseaux du Roy pour l'annĂ©e 1746.
  • Jean Boudriot, « Un modèle du Tonnant 1740-1780 », dans Neptunia no 174, 1789.
  • Michel VergĂ©-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, Ă©ditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • Martine Acerra et AndrĂ© Zysberg, L'essor des marines de guerre europĂ©ennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII Ă  NapolĂ©on Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Patrick Villiers, Des vaisseaux et des hommes : La marine de Louis XV et de Louis XVI, Paris, Fayard, coll. « Histoire », , 416 p. (ISBN 978-2-213-68127-6)
  • Patrick Villiers, La marine de Louis XVI, Nice, Ancre, , 480 p. (ISBN 979-10-96873-57-9)
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert Ă  nos jours, t. 1, de 1671 Ă  1870, Ă©ditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • OnĂ©sime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aĂ®nĂ©, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • OnĂ©sime Troude, Batailles navales de la France, t. 2, Paris, Challamel aĂ®nĂ©, , 469 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, HonorĂ© Champion Ă©diteur, (1re Ă©d. 1902) (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, Ă©ditions HonorĂ© Champion, (lire en ligne)

Voir aussi

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