Tombe de Lyson et Calliclès
La tombe de Lyson et Calliclès[note 1] (en grec moderne : Τάφος Λύσωνος και Καλλικλέους) est un tombeau macédonien de la période hellénistique situé à Lefkádia (ancienne Miéza), près de Náoussa, en Grèce. Réputé pour la qualité de sa décoration peinte, le monument est daté entre la fin du IIIe siècle av. J.-C. et la première moitié du IIe siècle av. J.-C.. Il est distant de la tombe du jugement et de la tombe des palmettes de moins d'un kilomètre.
Tombe de Lyson et Calliclès | ||
Décor peint du mur nord de la chambre funéraire de la tombe de Lyson et Calliclès. | ||
Localisation | ||
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Pays | Grèce | |
Région | Macédoine-Centrale | |
Ville | Lefkádia | |
Protection | Site archéologique de Grèce | |
Coordonnées | 40° 39′ 09″ nord, 22° 07′ 40″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Grèce
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Histoire | ||
Époque | Royaume de Macédoine | |
Description
La tombe de Lyson et Calliclès est composée d'une façade ornée de rosettes[1] et couronnée d'un fronton coiffé d'acrotères[2], dans le prolongement de laquelle se situent deux chambres orientées nord-sud (une antichambre et une chambre funéraire), recouvertes d'un tumulus de terre[3]. La maçonnerie est constituée de pierres calcaires locales[2].
Antichambre
L'antichambre au toit plat[4], de proportion anormalement réduite par rapport à la chambre funéraire, mesure 0,89 m de large et 0,86 m de long[2] - [3]. Le mur latéral gauche est couvert d'une représentation d'un perirrhanterion, un bassin sur pied destiné à l'ablution, tandis que le mur latéral gauche est orné d'une fresque représentant un autel, surmonté d'une cimaise ionique, autour duquel s'enroule un serpent noir[5] - [6]. Le linteau de la porte en marbre séparant l'antichambre de la chambre funéraire affiche une inscription mentionnant les noms des premiers occupants de la tombe : Lyson et Calliclès, fils d'Aristophane[7].
Chambre funéraire
La chambre funéraire, au toit voûté, mesure 3,05 m de large, 3,95 m de long et 1,95 m de haut[3] - [note 2]. Elle présente un ensemble de trompe-l'œil formant des pilastres ioniques surmontés d'une architrave dorique à mutules et gouttes, au-dessous de laquelle court une guirlande de myrte en feston entrecoupée de bandelettes et de grenades[8] - [9]. Le style architectural des peintures murales, utilisant des principes de la perspective, présente d'importantes similitudes avec le deuxième style pompéien[10] - [11], observable notamment dans les villas romaines de Boscoreale (en)[12].
Les peintures les plus remarquables de la tombe[13] constituent des représentations d'armes et d'armures macédoniennes dans les zones semi-circulaires sommitales de la chambre funéraire. Un bouclier, orné d'un soleil de Vergina sur fond bleu et entouré d'une couronne blanche sur fond rouge, occupe le centre de la partie haute du mur septentrional. Sous le bouclier sont figurés deux cnémides, un casque phrygien à gauche et un casque attique à droite[14]. L'ensemble est flanqué de deux épées représentées comme suspendues à des clous dans le toit. Sur le mur d'en face, au-dessus de la porte donnant sur l'antichambre, figure un bouclier de conception différente. En effet, l'armure présente quatre cercles centraux entourés d'un anneau de points et de huit cercles plus petits à trois bandes, chacun contenant trois points. Cette représentation de bouclier est courante sur la monnaie des rois antigonides de Macédoine. Le bouclier est flanqué de deux cuirasses surmontées d'un casque et de deux épées suspendues à des clous. Le plafond de couleur rouge et jaune est vraisemblablement la représentation d'une étoffe tissée[15]. La décoration peinte souligne le statut aristocratique de Lyson et Calliclès et leur fonction éminente dans l'infanterie macédonienne[16].
La chambre funéraire comporte, sur les murs latéraux et le mur nord, vingt-deux niches carrées réparties sur deux rangées destinées à accueillir les cendres et les offrandes de crémation des défunts de la famille d'Aristophane[2]. Dix-sept noms sont inscrits au sommet des emplacements, sur quatre générations[7] - [17].
Histoire
Découverte par hasard en 1942, la tombe de Lyson et Calliclès a été fouillée par l'archéologue grec Charálambos Makarónas (el)[7]. Bien que pillé[2], le monument présente un exceptionnel état de conservation[17]. Une étude complète a été réalisée par Stella G. Miller en 1993[18]. En 1962, le monument a bénéficié d'un classement au titre des sites archéologiques de Grèce[19], une protection renouvelée et étendue en 2012[20]. Une structure métallique a été construite au-dessus de la tombe en 1999 pour protéger le monument des éléments météorologiques. Le lieu n'est pas accessible au public[7].
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tomb of Lyson and Kallikles » (voir la liste des auteurs).
- La graphie Kalliklès est préférée par certains auteurs en français comme Haríclia Brecouláki.
- Haríclia Brecouláki indique elle une hauteur de 1,92 m[2].
Références
- Brecouláki 2006, p. 168.
- Brecouláki 2006, p. 221.
- Ginouvès 1994, p. 178.
- Brecouláki 2006, p. 218.
- Brecouláki 2006, p. 222 et 223.
- (en) Olga Palagia, « Commemorating the Dead: Grave Markers, Tombs and Tomb Paintings 400–30 BCE », dans Margaret Miles (dir.), A Companion to Greek Architecture, Hoboken, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-118-32761-6, lire en ligne), p. 374–390, p. 384.
- (el) Iríni Psarrá, « Μακεδονικός Τάφος των Λύσωνος και Καλλικλέους στη Νάουσα » [« Tombe macédonienne de Lyson et Calliclès à Náoussa »], sur www.odysseus.culture.gr, Ministère de la Culture et des Sports (consulté le ).
- Brecouláki 2006, p. 221, 223 et 226.
- (en) Elizabeth J. Walters, Attic Grave Reliefs that Represent Women in the Dress of Isis, Athènes, École américaine d'études classiques à Athènes, (ISBN 978-0-87661-522-5, lire en ligne), p. 45.
- (en) John R. Clarke, The Houses of Roman Italy, 100 B.C.–A.D. 250: Ritual, Space, and Decoration, Berkeley, University of California Press, , 468 p. (ISBN 978-0-520-08429-2, lire en ligne), p. 38.
- (en) Jeffrey Hilton, « S. G. Miller: The Tomb of Lyson and Kallikles. A Painted Macedonian Tomb. Pp. xlv+129; 32 plates. Mainz am Rhein: Philipp von Zabern, 1993. Cased, DM 148. », The Classical Review, vol. 45, no 1, , p. 195 (ISSN 1464-3561, lire en ligne, consulté le )
- Brecouláki 2006, p. 184.
- Brecouláki 2006, p. 222–232.
- (en) Christopher Matthew, An Invincible Beast: Understanding the Hellenistic Pike Phalanx in Action, Barnsley, Pen and Sword, , 513 p. (ISBN 978-1-4738-8134-1, lire en ligne), p. 81 et 82.
- Brecouláki 2006, p. 193.
- (en) J.K. Anderson, « Shields of Eight Palms' Width », dans Ronald Stroud et Jaan Ruhvel (dirs.), California Studies, University of California Press, (ISBN 978-0-520-09565-6, lire en ligne), p. 1–6, p. 2.
- Brecouláki 2006, p. 222.
- (en) Eugene N. Borza, « Miller, S. G. The Tomb of Lyson and Kallikles: A Painted Macedonian Tomb », American Journal of Archaeology, vol. 99, no 1, , p. 163 (ISSN 0002-9114).
- (el) « Διαρκής Κατάλογος των Κηρυγμένων Αρχαιολογικών Χώρων και Μνημείων της Ελλάδας » [« Liste permanente des sites archéologiques et monuments déclarés de Grèce »], sur www.listedmonuments.culture.gr, (consulté le ).
- (el) « Διαρκής Κατάλογος των Κηρυγμένων Αρχαιολογικών Χώρων και Μνημείων της Ελλάδας » [« Liste permanente des sites archéologiques et monuments déclarés de Grèce »], sur www.listedmonuments.culture.gr, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Haríclia Brecouláki, La peinture funéraire de Macédoine : emplois et fonctions de la couleur (IVe-IIe s. av. J.-C.), Paris, De Boccard, coll. « Meletemata » (no 48), , 482 p. (ISBN 978-960-7905-32-1, lire en ligne [PDF]).
- (en) René Ginouvès (dir.), Macedonia: From Philip II to the Roman Conquest, Princeton, NJ, Princeton University Press, , 254 p. (ISBN 0-691-03635-7), p. 178.
- (en) Charálambos Makarónas et Stella G. Miller, « Tomb of Lyson and Kallikles. A Painted Hellenistic Tomb », Archaeology, vol. 27, no 4, , p. 248–259.
- (en) Richard Allan Tomlinson (en), « The Ceiling Painting of the Tomb of Lyson and Kallikles at Lefkadia », Ancient Macedonia, Thessalonique, vol. 4, , p. 607–610.