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Tirynthe

Tirynthe (grec ancien : Î€ÎŻÏÏ…ÎœÏ‚, grec moderne : Î€ÎŻÏÏ…ÎœÎžÎ±, latin : Tiryns) est une ancienne citĂ© mycĂ©nienne du PĂ©loponnĂšse, au sud d'Argos, sur le golfe Argolique.

Sites archéologiques de MycÚnes et de Tirynthe *
Image illustrative de l’article Tirynthe
Fresque du second palais (XIIIe siĂšcle av. J.-C.).
CoordonnĂ©es 37° 35â€Č 58″ nord, 22° 48â€Č 00″ est
Pays Drapeau de la GrĂšce GrĂšce
Subdivision PĂ©loponnĂšse, Argolide
Type Culturel
CritĂšres (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
Numéro
d’identification
941
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
AnnĂ©e d’inscription 1999 (23e session)
Image illustrative de l’article Tirynthe
Plan de Tirynthe
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
(Voir la carte topographique)
Tirynthe
Tirynthe
Localisation de la GrĂšce en Europe
(Voir la carte administrative)
Tirynthe
Tirynthe
Localisation de la GrĂšce en Europe
Localisation de Tirynthe en GrĂšce.

La cité se limitait à une colline calcaire de 30 m de haut, environ 300 m de long et 40 à 100 mÚtres de large. Initialement, la cÎte était trÚs proche de la colline. Le lieu a été peuplé à partir du Néolithique. Puis, à partir du IIIe millénaire av. J.-C., Tirynthe devint l'un des principaux centres de l'ùge du bronze en Europe.

Temps légendaires

Tirynthe, à l'instar de nombreuses villes antique égéennes, est un lieu fort en mythologie. Les créatures et héros mythiques foulent son sol de sa création (mur cyclopéen) à son effondrement (retour des Héraclides).

D'aprÚs la légende, Tirynthe a été fondée par Proétos. On dit que le héros grec Persée a régné sur la ville. HéraclÚs est censé y avoir servi Eurysthée, roi de Tirynthe pour qui il accomplit ses Douze Travaux.

Recherches archéologiques

En 1831, Friedrich Thiersch entame les premiĂšres fouilles sur le site de Tirynthe. Toutefois, celles-ci ne fournissent que peu de rĂ©sultats. TrĂšs vite le site est dĂ©laissĂ©, et Thiersch oubliĂ© de l'histoire du lieu. De 1876 Ă  1885, les archĂ©ologues allemands Heinrich Schliemann et Wilhelm Dörpfeld mĂšnent des fouilles au cours desquelles ils mettent au jour, dans la partie haute de la butte, que l'on appelle la citadelle, un palais mycĂ©nien. NĂ©anmoins, le travail de Schliemann est aussi source de destructions, particuliĂšrement dans la citadelle moyenne du site, oĂč aujourd'hui il ne nous reste plus aucune trace archĂ©ologique. Les fouilles ultĂ©rieures, effectuĂ©es sous la direction de Wilhelm Dörpfeld, Kurt MĂŒller et Georg Karo, entre 1905 et 1929, ont livrĂ© de nouvelles informations sur l'importance exceptionnelle de la ville dans les temps prĂ©historiques. Depuis 1976, les fouilles ont repris de maniĂšre systĂ©matique, sous la direction des archĂ©ologues allemands, d'abord Klaus Kilian, jusqu'en 1986, puis d'autres chercheurs de l'universitĂ© de Heidelberg et de l'Institut archĂ©ologique allemand. Les recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es par J. Maran Ă  partir de 1997[1].

La citadelle

Helladique ancien et moyen

La citĂ© s'Ă©tend en longueur en trois sections : la citadelle, la section centrale et la section basse. Les vestiges, sur la citadelle, d'une imposante construction circulaire entourĂ©e d'autres bĂątiments de la mĂȘme Ă©poque ont montrĂ© qu'une importante communautĂ© s'Ă©tait Ă©tablie sur la colline dĂšs le premier Ăąge du bronze (Helladique) : les vestiges datent de l'Helladique II, environ 2500-2200 av J.-C., mais Tirynthe semble avoir Ă©tĂ© occupĂ©e aussi bien durant l'Helladique II que pendant l'Helladique moyen qui lui fait suite.

Helladique récent

Durant l'Helladique rĂ©cent (pĂ©riode mycĂ©nienne, environ 1600-1050 av. J.-C.), Tirynthe comptait parmi les plus importants centres de la culture crĂ©to-mycĂ©nienne, au mĂȘme titre que MycĂšnes, ThĂšbes, Pylos ou Knossos. À cette Ă©poque, il y avait Ă©galement une large ville basse qui entourait la citadelle.

C'est à cette période que le site se dote d'un palais (HRIII, environ 1350 av. J.-C.) et affirme ainsi sa puissance de par son importance.

De l'ancienne splendeur de la ville témoignent les ruines trÚs bien conservées d'une résidence royale sur la partie haute, dont les murs étaient décorés de précieuses fresques, ainsi que les vestiges de l'enceinte de construction cyclopéenne : les pierres du rempart peuvent atteindre trois mÚtres de long et un mÚtre d'épaisseur, sans utilisation d'un liant ou d'un mortier quelconque ; l'enceinte pouvait comporter des murs faisant 8 mÚtres d'épaisseur et 18 mÚtres de haut.

La muraille a été construite en plusieurs étapes : tout d'abord (au plus tard à partir du XIVe siÚcle av. J.-C.), tout autour la citadelle haute. Vers le milieu du XIIIe siÚcle av. J.-C., apparaissent ensemble les parties moyenne et basse. Enfin, vers -1200, des citernes sont intégrées à la construction.

En dépit de leur aspect indestructible, les fortifications de Tirynthe ont été détruites par un incendie au début du XIIe siÚcle av. J.-C. Les archéologues en tiennent pour responsable un tremblement de terre majeur, dont l'effet a également été constaté à d'autres endroits de l'Argolide. Les dégùts sur le mur ont été par la suite réparés et la ville haute reconstruite.

Le palais haut a été partiellement refait : un nouveau bùtiment a été construit dans les ruines de l'ancien palais et habité par les dirigeants. AprÚs la catastrophe, la ville semble avoir été systématiquement développée. Ce constat est en contradiction avec le dépeuplement des autres centres mycéniens au cours du XIIe siÚcle av. J.-C.

  • Plan du palais.
    Plan du palais.
  • Casemates de l'enceinte cyclopĂ©enne de Tirynthe.
    Casemates de l'enceinte cyclopéenne de Tirynthe.
L'enceinte cyclopéenne de la forteresse de Tirynthe (XIIIe siÚcle av. J.-C.).

Architecture et systĂšme palatial

Les sites de Tirynthe et de Pylos, de par leur bonne conservation, sont ceux qui nous offrent les meilleures conditions pour interprĂ©ter l’architecture palatiale mycĂ©nienne. Le palais de Tirynthe est le siĂšge de la rĂ©sidence royale, autour de lui s’organisent sur divers niveaux de terrasses des Ă©difices publics (greniers, citernes et magasins, sanctuaires et lieux de culte) et privĂ©s (maisons des seigneurs et des marchands). Non loin du palais, se trouvaient le temple, les magasins, et les dĂ©pendances.

Le palais de Tirynthe est situĂ© au point le plus Ă©levĂ© de la citadelle haute. D’une cour irrĂ©guliĂšre Ă  laquelle on arrivait par une longue rampe et un double propylĂ©e, une autre porte donnait accĂšs Ă  une cour de forme rectangulaire entourĂ©e sur 3 cĂŽtĂ©s de portiques Ă  colonnes. Exactement au centre de son cĂŽtĂ© nord se trouvait l’unitĂ© principale. On y pĂ©nĂ©trait par un porche Ă  2 degrĂ©s ; un vestibule, sĂ©parĂ© du porche par 3 doubles portes, ouvrait sur la piĂšce principale. Celle-ci comportait un grand foyer central circulaire, entourĂ© de 4 colonnes sur bases de pierre. ImmĂ©diatement Ă  l’est, une autre aile, contemporaine de la principale, prĂ©sentait un second ensemble de type « mĂ©garon », plus simple, avec cour Ă  portiques et un porche prĂ©cĂ©dant une salle rectangulaire dĂ©corĂ©e. Les deux ensembles Ă©taient encadrĂ©s, Ă  l’ouest et Ă  l’est, par toute une sĂ©rie de piĂšces secondaires desservies par des corridors multiples. Des vestiges d’escalier indiquent la prĂ©sence d’un Ă©tage dont rien n’a survĂ©cu[2].

Schéma d'une frise murale du palais de Tirynthe dans un compte rendu des fouilles dirigées par Heinrich Schliemann paru en 1885.

À Tirynthe, le palais se prĂ©sente en un bloc asymĂ©trique, rappelant l’absence d’unification gĂ©omĂ©trique des palais minoens. Cependant, il comporte une distribution axiale que ne possĂ©daient pas les palais crĂ©tois. Les Ă©lĂ©ments centraux sont : les propylĂ©es d’entrĂ©e, cour intĂ©rieure Ă  colonnes d’attente et de distribution, « mĂ©garon » (lieu des rĂ©unions officielles, des banquets et du cultes). Les palais de Tirynthe prĂ©sentent la mĂȘme distribution des piĂšces que ceux de la civilisation minoenne — apparat, archives, culte, stockage —, mais le principe d’organisation diffĂšre. Les dĂ©gagement et circulations sont assurĂ©s par de petites cours ou des couloirs. Les amĂ©nagements les plus frĂ©quents sont les foyers, les banquettes ainsi que les baignoires et les vases de stockage. Le systĂšme palatial est Ă  l’instar de celui minoen, un centre d’une intense activitĂ© Ă©conomique et le lieu oĂč se concentrent les richesses produites sur place ou importĂ©es des lointaines rĂ©gions[3] oĂč s’aventurent les navires mycĂ©niens. Les palais sont des entrepĂŽts d’objets manufacturĂ©s et de denrĂ©es diverses : huile, vin, blĂ©s, lĂ©gumineux, aromates
 Ils abritent aussi parfois des ateliers d’or, d’orfĂšvrerie ou d’ivoiriers, par exemple. Ils peuvent Ă©galement servir Ă  loger le bĂ©nĂ©ficiaire en titre des biens stockĂ©s, quels que soient le statut et l’origine de cette fonction[4]. Les comptes, transactions financiĂšres, archives et autres documents administratifs Ă©taient tous mis par Ă©crit en linĂ©aire B, l’écriture mycĂ©nienne dĂ©rivĂ©e de l’écriture crĂ©toise, le linĂ©aire A. Les supports sont multiples, comportant notamment des tablettes et nodules en argile crue qui nous sont parvenus grĂące Ă  des incendies. Ces Ă©crits nous informent sur le systĂšme palatial et la centralisation du pouvoir qu’il suppose : prĂ©lĂšvement, stockage, redistribution et trĂšs probablement leur exportation. Malheureusement, rares sont les traces Ă©crites Ă  Tirynthe — toutefois des sceaux et scellĂ©s ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, signe d’une activitĂ© administrative —, non pas car elles Ă©taient inexistantes, mais plutĂŽt car elles n’ont pas pu ĂȘtre conservĂ©es. Le palais est donc le siĂšge du pouvoir Ă©conomique, politique mais aussi religieux puisqu’il comporte des espaces de cultes et loge des membres Ă©minents de la religion.

AprÚs la période mycénienne

Durant la période submycénienne et protogéométrique (1050-900 av. J.-C.) on peut seulement constater un peuplement réparti sur la partie basse de la citadelle et la ville basse. Cela vaut aussi pour la période géométrique.

À l'appui d'objets cultuels et d'inscriptions prĂ©archaĂŻques, on a pu dĂ©montrer l'existence d'un culte de Zeus, et d'AthĂ©na durant les pĂ©riodes archaĂŻque et classique. Le palais mycĂ©nien de Tirynthe est notamment restaurĂ© et vouĂ© au culte d'HĂ©ra. La ville survit jusqu'Ă  la bataille de PlatĂ©es, Ă  laquelle ils envoient un contingent. En 468 av. J.-C., la ville est dĂ©truite par les habitants d'Argos[5].

On a les preuves d'une occupation sporadique de Tirynthe plus tard dans l'hellĂ©nisme, Ă  l'Ă©poque romaine et mĂȘme Ă  l'Ă©poque byzantine, du Xe au XIVe siĂšcles apr. J.-C.

Dans son traitĂ© intitulĂ© De la ComĂ©die (De la poĂ©sie), le philosophe ThĂ©ophraste rapporte que les Tirynthiens aimaient passionnĂ©ment rire, et qu'Ă©tant incapables de s'occuper d'affaires sĂ©rieuses, ils eurent recours Ă  l'oracle de Delphes, y demandant d'ĂȘtre dĂ©livrĂ©s de ce penchant. L'oracle leur rĂ©pondit qu'ils en seraient rĂ©ellement guĂ©ris s'ils parvenaient Ă  sacrifier, sans rire, un taureau Ă  PosĂ©idon, et Ă  le jeter Ă  la mer. Dans la crainte de manquer Ă  la condition prescrite par l'oracle, ils dĂ©fendirent de laisser venir les enfants au sacrifice.

En mars 1829, dans le cadre de l’expĂ©dition scientifique en MorĂ©e de l'armĂ©e française, les vestiges servent Ă  l'ingĂ©nieur cartographe Pierre Peytier et au gĂ©ographe Émile Le Puillon de Boblaye : point de dĂ©part d'une base de 3,5 km jusqu'au village en ruines d'Aria (Ă  2 km Ă  l’est de Nauplie), point de dĂ©part de la triangulation pour les relevĂ©s topographiques et gĂ©odĂ©siques en MorĂ©e[6].

Références

  1. Les fouilles de Tirynthe, université de Heidelberg.
  2. Jean-Claude Poursat, L’art Ă©gĂ©en 2, MycĂšnes et le monde mycĂ©nien, Paris, Picard, , p. 151.
  3. Ibid., p. 148-153.
  4. Alexandre Farnoux, , « Les palais forteresse du continent », dans Alain Schnapp (dir.), PrĂ©histoire et AntiquitĂ© : des origines de l’humanitĂ© au monde classique, Paris, Flammarion, , p. 336-337.
  5. N. Papahatzis, Mycùne - Épidaure - Tirynthe - Nauplie, Éditions Clio, 1978.
  6. « Notice sur les opérations géodésiques exécutées en Morée, en 1829 et 1830, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier » in Bulletin de la Société de géographie, tome 19, no 117-122, janvier-juin 1833, p. 91.

Bibliographie

  • Poursat Jean-Claude, L’art Ă©gĂ©en 2, MycĂšnes et le monde mycĂ©nien, Paris, Ă©d. Picard, 2014.
  • Henri Stierlin, GrĂšce : de MycĂšnes au ParthĂ©non, Paris, Taschen, 2009.
  • UNESCO, Dossier d’inscription des sites archĂ©ologiques de MycĂšnes et Tirynthe, 1999.

Voir aussi

Liens externes

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