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Théodore Flournoy

Théodore Flournoy, né le à Genève et mort dans la même ville le , est un médecin psychologue suisse, connu pour ses travaux sur le spiritisme et les pouvoirs parapsychiques.

Théodore Flournoy
Portrait de Théodore Flournoy
Biographie
Naissance
Genève
DĂ©cès (Ă  67 ans)
Genève
Nationalité Suisse
Enfants Henri Flournoy
Parenté Édouard Claparède (cousin germain (d)) et Raymond de Saussure (gendre)
Thématique
Formation Université de Strasbourg et Université de Genève
Profession Psychologue et professeur d'université (d)
Employeur Université de Genève

Biographie

Théodore Flournoy soutient une thèse de médecine en 1878 et fait des études de psychologie à l'université de Leipzig. À partir de 1891, il est professeur de psychophysiologie à l'université de Genève, où il crée le laboratoire de psychologie.

Il s'intéresse au paranormal et au grand courant spirite de l'époque. Il rencontre le 9 décembre 1894[1] la médium Catherine Élise Müller, qu'il rebaptise « Hélène Smith » dans son important ouvrage Des Indes à la planète Mars. La médium dit écrire sous la dictée d'un certain Léopold, qui serait un autre nom pour Joseph Balsamo dit Cagliostro. Impressionné par l'étendue de son talent, Flournoy décide d'étudier son cas. Pour ce faire, il assiste à de nombreuses séances et la soumet à quelques expériences qui modifient ses transes et la plongent dans le somnambulisme.

Hélène Smith se met à écrire des romans en état de somnambulisme, partagés en trois grands cycles. Dans le cycle martien, elle communique avec des habitants de la planète mars et écrit dans un autre alphabet. Dans le cycle hindou, elle est la réincarnation d'une princesse indienne, fille d'un cheikh arabe, et parle le sanscrit par glossolalie. Enfin, lors du cycle royal elle prend la personnalité de la reine de France Marie-Antoinette d'Autriche. Elle dessine aussi durant ces visions des paysages martiens, des plantes, des personnages et des animaux inventés[1]. Ces dessins sont exposés à la Biennale de Venise en 2022[2].

Théodore Flournoy publie ses recherches en 1900, dans Des Indes à la planète Mars. Il reprend à F. W. H. Myers l'idée de conscience subliminale pour expliquer les états créatifs d'Hélène Smith. Il demande également à Ferdinand de Saussure d'examiner les langues qu'elle écrit spontanément. Il montre que les alphabets qu'elle utilise sont fantaisistes et calquent le français, et que ses rêveries reprennent des connaissances auxquelles elle avait eu accès. Cependant, son scepticisme ne le fait pas tomber dans un positivisme étroit : il déclare ne pas pouvoir éclairer tous les phénomènes, et laisse en suspens la question des pouvoirs parapsychiques.

Il poursuivit sa carrière en fondant, en 1901, avec son cousin germain Édouard Claparède, la revue les Archives de Psychologie et en présidant le Congrès de psychologie expérimentale à Genève en 1909, essayant de faire intégrer les phénomènes médiumniques dans la recherche psychologique.

Carl Gustav Jung connaissait personnellement Théodore Flournoy[3]. Les écrits d'une étudiante américaine de ce dernier, Frank Miller[4] - [5], sont longuement analysés dans son ouvrage Métamorphoses de l'âme et ses symboles.

Les Surréalistes se sont montrés sensibles à la relation qui unissait le psychologue et la médium, et aux créations de cette dernière. Ils l'ont d'ailleurs représentée dans une des cartes du Jeu de Marseille, dessinée par Victor Brauner en Sirène de Connaissance.

Il était le père d'Henri Flournoy, personnalité des débuts de la psychanalyse en Suisse et en France.

Publications

  • Contribution Ă  l'Ă©tude de l'embolie graisseuse, thèse de doctorat en mĂ©decine, Strasbourg, 1878.
  • MĂ©taphysique et psychologie, Genève, 1890 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2005.
  • Des phĂ©nomènes de synopsie (audition colorĂ©e), Genève et Paris, 1893.
  • « Illusions de poids », in Beaunis et Binet, L'AnnĂ©e psychologique, tome 1, brochure, Genève, 1895.
  • Observations sur quelques types de rĂ©actions simple, brochure, Genève, 1896.
  • Notice sur le laboratoire de Psychologie de l'UniversitĂ© de Genève, Genève, 1896.
  • « Genèse de quelques prĂ©tendus messages spirites », La Revue Philosophique, , brochure, 1899.
  • Des Indes Ă  la planète Mars, Ă©tude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Genève et Paris, 1900 ; rĂ©Ă©ditions : Seuil, 1983 ; L'Harmattan, 2006.
  • Nouvelles Observations sur un cas de Somnambulisme, Genève, 1902
  • Esprits et MĂ©diums, MĂ©langes de MĂ©tapsychique et de Psychologie, Paris, 1911.
  • La Philosophie de William James, 1 vol., 222 p., St-Blaise, 1911.

Archives

Fonds : Papiers de la famille Flournoy (1760-2004) [4 mètres linĂ©aires, papiers personnels, papiers de famille, correspondance, matĂ©riaux gĂ©nĂ©alogiques et biographiques, Ĺ“uvres, papiers scientifiques, coupures de presse, manuscrits de tiers.]. Cote : CH-000007-9 CH BGE Ms. fr. 7830-7848, Ms. fr. 8877-8887. Genève : Bibliothèque de Genève (prĂ©sentation en ligne).

Le fonds concerne en particulier Théodore Flournoy (1854-1920), son fils Henri Flournoy (1886-1955) et son petit-fils Olivier Flournoy (1925-2008). Il contient également des documents relatifs à Hélène Smith, dont des dessins (Ms. fr. 7843/3)[1].

Certains documents sont numérisés et consultables en ligne dans la base de données des manuscrits et archives privées de la Bibliothèque de Genève.

Références

  1. Paule Hochuli Dubuis, « À la rencontre de la planète Mars », sur Bibliothèque de Genève. Le Blog,
  2. Stefano Mudu, « Hélène Smith 1861 -1929, Switzerland », sur Biennale de Venise, (consulté le )
  3. Serina, Florent, 1980-, C.G. Jung en France : rencontres, passions et controverses (ISBN 978-2-251-45198-5 et 2-251-45198-6, OCLC 1292744281, lire en ligne)
  4. « Quelques faits d’imagination créatrice subconsciente: Par Miss Frank Miller de New York », Cahiers jungiens de psychanalyse, vol. 144, no 2,‎ , p. 29 (ISSN 0984-8207 et 2262-4783, DOI 10.3917/cjung.144.0029, lire en ligne, consulté le )
  5. Florent Serina, « Le cas Miss Miller, de Théodore Flournoy à Carl Gustav Jung: Introduction à « Quelques faits d’imagination créatrice subconsciente » de Frank Miller », Cahiers jungiens de psychanalyse, vol. 144, no 2,‎ , p. 11 (ISSN 0984-8207 et 2262-4783, DOI 10.3917/cjung.144.0011, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Mireille Cifali
    • ThĂ©odore Flournoy : la dĂ©couverte de l'inconscient, Le Bloc-Notes de la psychanalyse, n°3, 1983, 111-131.
    • Les chiffres de l'intime (postface), in Flournoy T., Des Indes Ă  la Planète Mars, rĂ©Ă©d, Seuil, Paris, 1983, 371-385.
    • Une glossolale et ses savants : Élise Muller alias HĂ©lène Smith, Études psychothĂ©rapeutiques, n°4, Onirisme et fantaisie, Paris, Bayard, 1991, 67-78 (rĂ©Ă©d) [PDF] .
    • Ă€ propos de la glossolalie d’Élise Muller et des linguistes, psychologues qui s’y intĂ©ressèrent, in Puech C. (Ă©d.) Linguistique et partages disciplinaires Ă  la charnière des XIXe et XXe siècles : Victor Henry (1850-1907), Louvain, Éditions Peeters ; Paris, Dudley, 2004, p. 321-333.
  • Édouard Claparède, « ThĂ©odore Flournoy (1854-1920). Sa vie et son Ĺ“uvre », Archives de psychologie, 18, no 69-70, mai-, 1-125.
  • Alexandre Klein « La correspondance d’Alfred Binet Ă  ThĂ©odore Flournoy : tĂ©moignage inĂ©dit d’une collĂ©giale amitiĂ© », Bulletin de psychologie, Tome 64 (3), N°513, 2011, p. 239-250.
  • Paule Hochuli Dubuis, « Ă€ la rencontre de la planète Mars », sur Bibliothèque de Genève. Le Blog, (consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Annie Le Brun, « L'inconscient de la sĂ©duction Â» dans Ă€ distance, Paris, Jean-Jacques Pauvert aux Ă©ditions Carrère, 1984, p. 206-211.
  • Fabrice Lorin, ThĂ©odore Flournoy : Contribution Ă  l’histoire de la psychiatrie dynamique, thèse mĂ©decine, Montpellier, 1984.
  • Serge Nicolas, Agnes Charvillat. Theodore Flournoy (1854-1920) and Experimental Psychology: Historical Note. The American Journal of Psychology, Vol. 111, No. 2 (Summer, 1998), pp. 279-294
  • Jean Piaget, « ThĂ©odore Flournoy (1854-1920) », Histoire de l'UniversitĂ© de Genève : annexes : historique des facultĂ©s et des instituts : 1914-1956, Genève, Librairie de l'universitĂ© Georg, 1959, 71 p.
  • Florent Serina, C. G. Jung en France. Rencontres, passions et controverses, Paris, Les Belles Lettres, 2021.

Article connexe

Liens externes

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