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Édouard Claparède

Édouard Claparède, né le à Genève et mort le dans la même ville, est un neurologue et psychologue suisse. Ses principaux centres d'intérêt sont la psychologie de l'enfant, l'enseignement et l'étude de la mémoire, notamment dans le domaine du témoignage.

Édouard Claparède
Biographie
Naissance
Décès
(à 67 ans)
Genève
Nationalité
Formation
Activités
Parentèle
Théodore Flournoy (cousin germain)
René-Édouard Claparède (oncle)
Henri Flournoy (cousin au deuxième degré)
Autres informations
A travaillé pour
Propriétaire de
Revolver microscope-MHS 1156 (d)
Édouard Claparède vers 1900.

Biographie

S’intéressant très tôt à la biologie et à la zoologie, Claparède fait des études de médecine et obtient son diplôme de médecine en 1897. Parallèlement il s’oriente vers la psychologie. En 1901, il fonde, avec son cousin germain Théodore Flournoy alors titulaire de la chaire de psychologie physiologique de l'université de Genève, la revue les Archives de psychologie et devient en 1904 directeur du laboratoire de psychologie à la faculté des sciences de l'université de Genève[1], où il est titulaire de la chaire de psychologie.

Intéressé par la psychanalyse, il participe au premier congrès international de psychanalyse en 1908 à Salzbourg et rencontre Freud en 1912[2]. Il est président de la Société Psychanalytique de Genève, qui dut se dissoudre à la suite d'une tentative ratée de prise de contrôle par Sabina Spielrein, sur commande de Freud, qui la jugeait trop indépendante par rapport à lui[3].

Il crée en 1912 l’école des sciences de l’éducation, devenue Institut Jean-Jacques Rousseau. Au cours de sa carrière, il aborde des questions de perception, de psychologie animale (comme son étude de 1913 sur les chevaux d'Elberfeld), de psychologie juridique (il étudie en détail les mécanismes du témoignage), de psychologie de l’enfant, de pédagogie (l'Éducation nouvelle par exemple), etc. Ses idées sont marquées par le concept de fonction adaptative issu de ses préoccupations biologiques qu’il applique à la vie mentale. S’opposant aux théories associationnistes, Claparède montre que l’intelligence est une fonction active d’adaptation aux situations nouvelles. Face à une situation inconnue le sujet procède à des tâtonnements qui l’orientent dans la recherche d’hypothèses à vérifier. André Rey a été un de ses proches collaborateurs dès 1929.

Claparède se distingue par ses recherches dans le domaine de la fragilité du témoignage. Alors qu'il est enseignant à l'Université de Genève, il rédige un questionnaire de 15 questions à destination de ses étudiants. Ce questionnaire porte sur les locaux de cette même université obtient 54 réponses. Aucune ne donne l’ensemble des réponses exactes. Les anciens qui fréquentent l’université depuis plusieurs années ne fournissent pas de meilleures réponses que les étudiants nouvellement arrivés. Claparède note la discordance entre quantité de témoignages obtenus pour un objet donné et exactitude de ces témoignages. De même, si 52 étudiants sur 54 donnent une réponse à une question simple portant sur une fenêtre qui faisait face à la loge du concierge, 44 sur les 52 en nient l’existence, alors qu'elle existe bien. Il en déduit que la concordance de témoignages n’est pas un critère de vérité[4].

Claparède mène d'autres expériences avec ses étudiants. Ainsi le lendemain de la célèbre fête masquée, tenue chaque année à Genève (dans les écoles au mois de juin), une personne masquée fait irruption dans l'amphithéâtre où Claparède fait son cours de psychologie judiciaire. L'individu se mit à gesticuler et à proférer des paroles plus ou moins incompréhensibles. Claparède le met à la porte. L'incident dure vingt secondes. Claparède demande à ses étudiants un témoignage au travers d'un questionnaire composé de onze questions. La moyenne des réponses exactes fut de quatre et demie uniquement. Notamment une majorité déclare que le foulard est rouge alors que l'individu, engagé par Claparède pour créer l'incident, porte un foulard brun clair et blanc. Ainsi Claparède est l'un des premiers à montrer que les témoins répondent davantage en fonction du degré de probabilité des choses qu'en fonction de ce qu'ils ont observé. C'est pourquoi, l'anarchie amenée dans la salle de classe par cet individu ne pouvait qu'émaner d'un révolutionnaire, dont chacun sait que, s'il porte un foulard, ce dernier ne peut être que rouge[5] - [6].

Beatrice Ensor avec, de gauche à droite, Ovide Decroly, Pierre Bovet, Édouard Claparède, Paul Geheeb et Adolphe Ferrière, lors d'une conférence de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle.

En 1913 Mina Audemars et Louise Lafendel créent la Maison des petits sur son instigation.

Claparède est l’un des deux ou trois psychologues qui ont profondément nourri la psychologie de Piaget, notamment par sa psychologie de l’enfant et par sa psychologie de l’intelligence.

Claparède se distingue par ses investigations dans le domaine de la neuropsychologie de la mémoire. Il imagina une expérience restée fameuse, destinée à tester l'hypothèse que le traumatisme d'un évènement douloureux était conservé même en cas de perte de la mémoire à court terme. Il examinait une patiente amnésique dont la mémoire ancienne et les capacités de raisonnement étaient intactes mais incapable de se souvenir de son passé récent. Bien que venant la saluer tous les jours, Claparède n'était jamais reconnu par la patiente. Au cours d'une séance de cette expérience, il cacha une épingle dans sa main avec laquelle il piqua la patiente en lui serrant la main. Le lendemain, la patiente ne le reconnut toujours pas, mais lorsque Claparède fit mine de lui serrer la main, il la vit hésiter comme si elle percevait une menace alors que sa mémoire était sévèrement altérée.

La notoriété de Claparède, ainsi que les très nombreux échanges qu’il avait avec les psychologues du monde entier, ont facilité une reconnaissance quasi immédiate.

Vie privée

Édouard Claparède a épousé Hélène Spir (1873-1955), fille du philosophe russe African Spir (1837-1890) et ils eurent un enfant : Jean-Louis, mort prématurément à l'âge de 35 ans le 21 avril 1937[7].

Postérité

Le collège Claparède, école d'enseignement post-obligatoire du canton de Genève porte actuellement son nom. En revanche, la place Claparède à Genève a été nommée en l'honneur de son oncle, René-Édouard Claparède (1832-1871), qui fut un biologiste de renom.

Publications

  • Psychologie de l’enfant et pédagogie expérimentale [1905], (éd. scientifique Andreea Capitanescu Benetti et Maulini, avec Danielle Bonneton, Dominique Ottavi et Françoise Ruchat) L'Harmattan, 2017 (ISBN 2343135851)
  • L’Association des idées (1903)
  • La psychologie du témoignage. Bulletin de l'Union international de droit pénal. 17, 1910. pp. 496 (II, 477; archives Unige.ch)
  • Expérience sur le témoignage. Archives de psychologie. 1906, 5 (20), pp. 344-87 (I, 802 ; archives Unige.ch)
  • Expériences collectives sur le témoignage et la confrontation. VIe congrès international d'anthropologie criminelle. 1906; Turin (I, 856 ; archives Unige.ch)
  • Comment diagnostiquer les aptitudes chez les écoliers, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1924
  • L’Éducation fonctionnelle (1931). (Réédition Fabert 2003)
  • La Genèse de l’hypothèse (1933)
  • Morale et Politique ou Les vacances de la probité. Neuchâtel, éditions de la Baconnière, 1940.
  • Les chevaux savants d'Elberfeld par Édouard Claparède (Conférence à la Société française de philosophie du )
  • Liste exhaustive de publications d’Édouard Claparède (p.2-7 /21) sur le site des archives d'UNIGE.ch

Références

  1. https://www.unige.ch/archives/aijjr/fonds/laboratoire/
  2. Marcel Scheidhauer : Freud et ses visiteurs. Français et Suisses francophones (1920-1930), éditions ERES, Arcanes, 2010, (ISBN 2749212405)
  3. Jacques Bénestau, Mensonges freudiens: histoire d'une déformation séculaire, Pierre Mardaga éd., Hayen 2002, p. 53.
  4. Régis Pouget, « La Fragilité du témoignage », sur ac-sciences-lettres-montpellier.fr, (consulté le )
  5. Michel Godet, Manuel de prospective stratégique - Tome 1 - 3ème édition : Une indiscipline intellectuelle, Dunod, , 296 p. (ISBN 978-2-10-053161-5, lire en ligne)
  6. (en) Jean-Noel Kapferer, Rumors : Uses, Interpretation and Necessity, Routledge, , 295 p. (ISBN 978-1-351-49248-5, lire en ligne)
  7. Charles Baudouin, Jean-Louis Claparède, quelques reflets de sa vie, Neuchâtel-Paris, Delachaux et Niestlé, 1939.

Voir aussi

Bibliographie

  • Édouard Claparède - Hélène Antipoff. Correspondance (1914-1940). (2010). Édition établie et présentée par Martine Ruchat. Bibliothèque Histoire des sciences. Genève. Florence: éditions Leo S.Olschki.
  • Jean Piaget « La psychologie d'Édouard Claparède » Archives de psychologie 1941;28(111):193–213.
  • Eugene Lerner « Édouard Claparède: 1873-1940 » The American Journal of Psychology 1941;54(2):296–299.
  • Jean Château (dir.), Les grands pédagogues 1956, p. 275-290 (par R. Dottrens).
  • Jean Piaget « Pour le centenaire de la naissance d'Édouard Claparède, le professeur Piaget évoque son ancien “patron” » Tribune de Genève, .
  • Centenaire de la naissance d’Édouard Claparède, Genève, Fpse, 1973.
  • Serge Rogowski, La Fonction de l’éducation dans la pensée d’Édouard Claparède, thèse de doctorat, Lyon, université de Lyon II, 1982.
  • F. Eustache, B. Desgranges, P. Messerli. « Édouard Claparède et la mémoire humaine » Revue neurologique 1996, vol. 152, no 10, p. 602–610.
  • F. Eustache, B. Desgranges, P. Messerli. « Édouard Claparède, l'inconscient et la mémoire implicite » Revue internationale de psychopathologie 1996, no 23, p. 625–649.
  • Ruchat, Martine, Édouard Claparède. À quoi sert l'éducation? Lausanne, Éditions Antipodes, coll. « Histoire », 2015, 392 p., (ISBN 978-2-88901-104-9).
  • Édouard Claparède (1873-1940) par Daniel Hameline sur le site du Bureau international d’éducation de l'Unesco

Liens externes

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