Tex-mex (musique)
Le tex-mex est un genre musical ayant émergé au XXe siècle aux États-Unis et au Mexique. Le concept « tex-mex » est une étiquette, forgée par l'industrie musicale sur le modèle de la cuisine tex-mex, pendant les années 1970, pour désigner la musique folk et pop créée par les populations de langue espagnole du Texas, du Nouveau-Mexique, de l'Arizona et, dans une certaine mesure, de Californie[1], qui ont gardé un lien avec la culture mexicaine.
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Scènes régionales |
Elle recouvre de manière maladroite le concept de « musicà tejana » (ou musique tejano) qui englobe l'ensemble des musiques régionales produites par les populations de langue espagnole et de culture d'origine mexicaine du Texas.
Définition classique
Aux États-Unis, comme presque partout ailleurs, « tex-mex » est un adjectif[2] qui s'applique d'abord à la restauration et à la cuisine et qui désigne un plat d'inspiration texane ou mexicaine (cf. cuisine tex-mex). Par mimétisme, il a été étendu à d'autres domaines comme la décoration ou la musique.
Dans les années 1980, sous l'impulsion d'artistes comme Peter Gabriel ou Ry Cooder[3], et à cause des succès que rencontraient des artistes comme Johnny Clegg, Mory Kanté, Ofra Haza, ou Youssou N'Dour, les multinationales du disque ont créé le concept marketing[4] de « Musiques du monde », et créé des départements ou des filiales spécialisées dans la promotion de ce type de musique[5]. L'inclusion dans ce domaine des musiques que l'on appelait, aux États-Unis, jusqu'aux années 1960, « musiques ethniques », comme la musique cadienne, le Zarico, la Musique hawaïenne ou la Musique amérindienne, a paru naturel.
Le concept a peiné, parmi les nombreuses critiques que l'on peut lui adresser, à décrire les musiques portées par l'immigration et les genres musicaux comme la Polka (en)[6] ou le Boléro[7] dont la popularité, les variantes et les adaptations ont dépassé des limites que l'on pourrait légitimement considérer comme ethniques.
Musique Tex-Mex, musique Tejana, musique du Nouveau-Mexique
Le peuplement hispanique du Texas
Le peuplement des rives du Rio Grande, après la conquête de la région par les Espagnols au XVIe siècle a été en grande partie constitué en sédentarisant des tribus amérindiennes de la confédération des Hasinais que les colonisateurs nommaient « Teshas ». Au Moyen Âge, la lettre « x », en espagnol, servait à noter un son comparable à celui du sh de l'anglais ou du ch du français actuel. Au XVIIIe siècle, la prononciation du « x » a évolué vers /j/, mais la graphie et parfois la prononciation des toponymes, notamment ceux qui proviennent des langues Nahuatl, ont conservé la graphie et la prononciation d'origine que l'Académie royale espagnole recommande néanmoins de prononcer /j/[8]. « Texas » et « Tejano » proviennent en réalité d'un même mot dont la graphie a été figée de manière différente dans diverses langues.
Les amérindiens ne constituent néanmoins pas la seule origine des habitants. Craignant l'avancée des Français en Louisiane, la couronne d'Espagne et les autorités qui la représentaient outre-atlantique, ont cherché à encourager l'installation de colons et à diversifier leur recrutement. En mars 1730, par exemple, dix familles originaires de Lanzarote, embarquent à Santa Cruz de Tenerife sur le navire Nuestra Señora de la Trinidad y del Rosario. Elles atteignent en mars 1731, la province que la couronne d'Espagne nomme « Nuevo Reino de Filipinas », et créent, dans une région située entre le Rio San Antonio et le ruisseau de San Pedro[note 1], la ville de San Fernando de Béxar, érigée en municipalité le [9], dont le premier Alcade Juan Leal Goraz[10], né à Lanzarote[11], devient la première autorité civile du Texas espagnol. La couronne reconnait aux membres des familles fondatrices, la qualité d'hidalgo[note 2].
Au moment de l'indépendance du Mexique, en 1821, cette région formait une partie de l'État de Coahuila y Texas dont la partie nord est le Texas qui a alors pour capitale San Antonio[note 3][9] - [note 4]. En 1836, la province de Texas, composée de 23 municipalités dont beaucoup ont été créées à cette occasion[note 5], se sépare de la fédération mexicaine, pour constituer la République du Texas. La région est alors très peu peuplée et bien que les Hasinais avaient été décimés, notamment par les épidémies apportées par les colons, sa population de langue espagnole était principalement composée de « mestizos » qui devinrent des citoyens américains après le rattachement du Texas aux États-Unis, en 1845, et la reconnaissance de cette annexion par le Mexique au Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848.
Le peuplement hispanique de Californie
À l'époque coloniale, la Haute-Californie est une lointaine possession dont la couronne espagnole ne se préoccupe qu'à partir du moment où l'empire russe commence à y établir des colonies. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle utilise le système des « presidios » (établissements militaires) et des missions (fondations religieuses destinées à évangéliser les habitants autochtones) pour contrôler le territoire.
La Haute-Californie finit par être dotée de 21 missions.
Le tournant des années 1990 à 2010
Les tableaux ci-dessous illustrent plus qu'ils n'expliquent l'évolution de la population de langue espagnole aux États-Unis. Ils mettent en évidence le fort impact de l'immigration des travailleurs mexicains aux États-Unis qui a pour effet de relativiser le poids des minorités de langue espagnole anciennes. Il convient toutefois de les interpréter avec prudence, et non pas en termes de flux.
Résidents "latino-américains" légaux aux États-Unis de 1860 à 1899[15] | Résidents "latino-américains" légaux aux États-Unis de 1900 à 1949[15] |
Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, et pour autant que l'on peut considérer complets les chiffres du « U.S Department of Homeland Security » au cours de cette période, et malgré la situation de crise politique permanente jusqu'en 1880, l'immigration mexicaine aux États-Unis est un phénomène marginal. | Pendant la première moitié du XXe siècle, l'immigration des Mexicains est surtout une conséquence de la crise engendrée par les violences de la Révolution mexicaine. Elle subit un arrêt brutal, comme toutes les immigrations, lors de la Grande Dépression. |
Résidents "Latino-Américains" légaux aux États-Unis de 1950 à 2009[15] | Résidents "Latino-Américains" non-autorisés aux États-Unis de 1990 à 2018 [16] - [17] - [note 6]. |
Pendant la seconde moitié du XXe siècle, l'immigration des Mexicains découle essentiellement de la crise économique et politique qui devient évidente au milieu des années 1970. |
Artistes et groupes notables
Ils comprennent notamment Selena Quintanilla, Intocable, La Mafia, Jay Perez, Emilio Navaira, A.B. Quintanilla, Kumbia Kings, et Sunny and the Sunglows.
Notes et références
Notes
- Rio San Pedro, aujourd'hui connu sous le nom de San Pedro Creek.
- Plusieurs des premiers Alcades de San Fernando de Béxar/San Antonio, Juan Leal Goraz, Antonio de los Santos, Manuel de Niz, Ignacio Lorenzo de Armas, étaient nés à Lanzarote ou aux Îles Canaries[12].
- « San Fernando de Bexar » et le village de la mission de « San Antonio de Valero » fusionnent le et deviennent la municipalité de San Antonio de Bexar
- L'organisation politique de la région sous la souveraineté mexicaine reste expérimentale jusqu'en 1864 quand le président fédéral Benito Juárez décrète la séparation des états de Coahuila et de Nuevo León[13]
- Le processus de séparation lui-même est un phénomène complexe qui met en jeu les diverses tendances centralistes ou fédéralistes de l'État fédéral mexicain et leurs supporteurs locaux, les groupes de pouvoirs au sein de l'État de Coahuila, et les divers groupes d'intérêts qui agissent au Texas[14].
- Il s'agit évidemment d'estimations qui ne sont pas homogènes à cause de l'évolution des méthodes du DHS sur la période considérée.
Références
- Manuel Peña 1991
- Merriam-Webster's Dictionary
- Universal Music France
- Julien Mallet 2002
- Alain Gardinier 1991
- Maja Trochimczyk
- Dinh Duy 2016
- Real Academia Española 2005
- Mary Ann Noonan Guerra
- Canary Island Descendants Association - Officers
- Canary Island Descendants Association - Families
- City of San Antonio - Mayors and Alcaldes, 1839 to 1731
- Manuel González Oropeza et Jesús F de la Teja 2016, p. 2, note 2
- Josefina Zoraida Vázquez 2010, pp. 49-94
- Chad Wolf, Scott L. Glabe et Marc R. Rosenblum 2019
- Michael Hoefer, Nancy Rytina et Bryan C. Baker 2011
- Bryan Baker 2021
Voir aussi
Articles connexes
Ouvrages et articles
- Manuel Peña, « Tex-Mex,musique frontière », Le Courrier de l'UNESCO, Paris, UNESCO « Musiques du monde : le grand métissage », , p. 20-22 (lire en ligne).
- Alain Gardinier, « "World Music" ou l'air du temps », Le Courrier de l'UNESCO, Paris, UNESCO « Musiques du monde : le grand métissage », , p. 37-38 (lire en ligne).
- Julien Mallet, « World Music », Cahiers d’études africaines, Editions EHESS, OpenEdition, no 168, , p. 831-852 (ISBN 978-2-7132-1778-4, ISSN 1777-5353, lire en ligne).
- (es) Manuel González Oropeza et Jesús F de la Teja, Actas del Congreso Constituyente de Coahuila y Texas de 1824 a 1827 : : primera constitución bilingüe, México : Tribunal Electoral del Poder Judicial de la Federación : Editorial TEPJF,, , 123 p. (ISBN 978-6-077-08330-6, OCLC 951468088, LCCN 2017386887, lire en ligne).
- (es) Calvin A. Roberts, Susan A. Roberts (trad. de l'anglais par Robert A. Sanchez et Carlos G. Chavez), Una Historia de Nuevo Mexico, University of New Mexico Press - Prensa de la Universitad de Nuevo México, , 252 p. (ISBN 978-0826335081, lire en ligne).
- (es) Josefina Zoraida Vázquez, « Colonización y Pérdida de Texas. », dans México y El Expansionismo Norteamericano, México, D.F., El Colegio De Mexico, (www.jstor.org/stable/j.ctv3f8qzf.7), pp. 49–94.
- Emmanuel Domenech (Abbé), Journal d'un missionnaire au Texas et au Mexique : 1846-1852, Paris, Gaumes Frères 1857, Hachette livre/BNF 2016, (ISBN 978-2-0136-6705-0, lire en ligne).
Ressources en ligne
- « Ry Cooder », sur Universal Music France (consulté le ).
- Maja Trochimczyk, « Polka », sur Polish Music Center, Los Angeles, Thornton School of Music, University of Southern California : « Charles Keil lists six different polka styles, some of which have intermingled in the U.S. since the 1920s resulting in the present-day polka of the Polish American ethnic community: Slavic polkas (Polish, Slovenian), Germanic polkas (German, Czech- Bohemian), and southwestern polkas (Mexican and Papago-Pima). All the “ethnic” terms in this list should be hyphenated with “American” (e.g. Polish-American); moreover, all of the polkas “have come to define a certain persistent quality of ethnic working-class identity” ( Charles Keil énumère six styles de polka différents, dont certains se sont mélangés aux États-Unis depuis les années 1920, qui ont contribué à créer la polka actuelle de la communauté ethnique américaine-polonaise : polkas slaves (polonais, slovène), polkas germaniques (allemand, tchèque-bohème) et polkas du sud-ouest (mexicain et papago-pima). Tous les identifiants « ethniques » de cette liste doivent être préfixés par « américain » (par exemple américain-polonais); de plus, toutes les polkas « ont fini par définir une certaine qualité persistante d'identité ethnique de la classe ouvrière ».) ».
- (en) « Tex-Mex (adjective) », sur Merriam-Webster's Dictionary.
- (en) Dinh Duy, « The Revival of Boléro in Vietnam », sur The Diplomat, The Diplomat, Washington D.C., Diplomat MEDIA Inc, .
- (es) « Letra x », sur Real Academia Española, Diccionario panhispánico de dudas, Madrid, Real Academia Española, .
- (en) Jesús « Frank » de la Teja, « New Philippines », sur The Handbook of Texas on Line, Handbook of Texas Online, Austin, Texas State Historical Association, .
- (en) Jesús « Frank » de la Teja, « San Fernando de Béxar », sur The Handbook of Texas on Line, Handbook of Texas Online, Austin, Texas State Historical Association, .
- (en) Texas State Historical Association, « Canary Islanders », sur The Handbook of Texas on Line, Handbook of Texas Online, Austin, Texas State Historical Association, .
- (en) Cida SA, « The First cabildo of the Villa de San Fernando de Béxar », sur cida-sa.org, San Antonio, Texas, Canary Island Descendants Association (consulté le ).
- (en) Cida SA, « Testimony of the instructions and route carried out by Señor Factor, Don Manuel de Villegas Puente to dispatch the families who by order of His Majesty, are on their way to colonize the Province of Texas », sur cida-sa.org, San Antonio, Texas, Canary Island Descendants Association (consulté le ).
- (en) Mary Ann Noonan Guerra, « Naming the Town and the First Election in Texas : (d'après Francis J. Fuery, San Fernando, Heart of San Antonio, San Antonio, 1977) », sur UIW San Antonio, Journal Of The Life And Culture Of San Antonio, San Antonio, University of the Incarnate Word (consulté en ).
- (en) Municipal Archives & Records, « Mayors and Alcalde, 1839 to 1731 », sur City of San Antonio (consulté en ).
- (en) Richard Flint et Shirley Cushing Flint, « Cicuique (Pecos Pueblo) », Communities, sur New Mexico History, Santa Fe, The Office of the State Historian of the State Records Center & Archives of New Mexico (consulté le ).
- (en) « Estimates of the Unauthorized Immigrant Population Residing in the United States: 1990 to 2000 » [PDF], Office of Policy and Planning, U.S. Immigration and Naturalization Service, Department of Homeland Security, (consulté le ).
- (en) Michael Hoefer, Nancy Rytina et Bryan C. Baker, « Estimates of the Unauthorized Immigrant Population Residing in the United States: January 2010 » [PDF], Office of Immigration Statistics, U.S. Department of Homeland Security, .
- (en) Bryan Baker, « Estimates of the Unauthorized Immigrant Population Residing in the United States: January 2015–January 2018 » [PDF], U.S. Department of Homeland Security, .
- (en) Chad Wolf, Scott L. Glabe et Marc R. Rosenblum, « 2019 Yearbook of Homeland Immigration Statistics » [PDF], National Serials Program, Yearbook of Immigration Statistics., U.S. Department of Homeland Security, Office of Immigration Statistics, (ISSN 0743-538X).
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