Boléro cubain
Le boléro cubain est un genre musical dansant au ralenti d'un style calme et noble, né à Cuba à la fin du XIXe siècle en tant qu'héritier très lointain du boléro espagnol, mais avec ses propres caractéristiques musicales. Il est marqué par la clave, et s’éloigne de la danse espagnole du boléro[1]. En termes de rythme, il est plutôt étroitement lié au danzón et à la habanera, bien qu'il soit plus proche du son cubain[2].
Histoire
Il apparaît à la fin du XIXe siècle, à Santiago de Cuba, dans la Province d'Oriente (es). Il se répand dans d'autres pays, laissant derrière elle ce qu'Ed Morales a appelé la « tradition lyrique la plus populaire d'Amérique latine »[3]. En 2021, ce genre est déclaré patrimoine culturel de la nation cubaine[4].
En 1793, l'existence des premiers chanteurs est déjà signalée qui, comme Javier Cunha et Nicolás Capouya (ce dernier n'a laissé aucune composition écrite), composèrent des chansons avec certaines similitudes avec le boléro, à la fois musicales et thématiques[4].
Dans les années 1840, le Boléro joué à Cuba subit une transformation rythmique. Au lieu de garder la signature rythmique du Bolero espagnol (en 3/4), il adopte une signature en 2/4. En 1860, on peut noter la disparition des dernières influences espagnoles. À partir des années 1870, la plupart des morceaux incluent le rythme du cinquillo dans la mélodie[5], souvent combiné au tresillo. Rythmiquement, il sera alors proche de la Habanera et du Danzón. Certains mélodies de Boléro sont même intégrées dans des Danzones[6].
L'un des talents cubains les plus lĂ©gitimes, Matamoros, a rĂ©volutionnĂ© la musique de son temps, devenant l'un des bolĂ©ros cubains les plus acclamĂ©s par le public. En 1925, il fonde le populaire TrĂo Matamoros. Ce groupe lĂ©gendaire combinait dans son rĂ©pertoire les meilleurs rythmes de l'est de Cuba : le son et le bolĂ©ro. Rapidement, Cuba et le monde se sont fait l'Ă©cho de son aptitude incontestable et il a ensuite marquĂ© une Ă©tape importante dans l'histoire universelle de la musique[7].
Avec Tristeza, composée en 1883 par José Sanchez, il est adopté ensuite par les Mexicains, puis par toute l'Amérique latine[4]. Influencé par la musique de variété américaine, le boléro cubain se transforme progressivement avec des pas proches du son ou du danzón.
Le boléro mexicain le plus célèbre est sans doute Bésame mucho, composé par Consuelo Velásquez en 1941, interprété entre autres par Joséphine Baker, Luis Mariano, les Beatles[8], Plácido Domingo, Diana Krall, João Gilberto, Cesária Évora, Rosa Passos, Sara Montielwikilien, Sylvio Rodriguez.
Quelques boléros connus :
Audio externe | |
Vous pourrez entendre le boléro « Granada» interprété par : Néstor Mesta Cháyres avec Alfredo Antonini et John Serry en 1946 ici(en) |
- Quizás, quizás, quizás (« Peut-être, peut-être »)
- Historia de un amor (« Histoire d'un amour »)
- Piensa en mĂ (« Pense Ă moi », autrefois un danzĂłn d'AgustĂn Lara), interprĂ©tĂ© par Luz Casal, entendu dans le film Tacones lejanos de Pedro AlmodĂłvar
- Dos gardenias (« Deux gardenias »)
- Perfidia (« Perfidie »), d'Alberto DomĂnguez (es) (1913-1975)
- Lágrimas Negras (« Larmes noires ») de Miguel Matamoros (1929)
- Granada ( « Granada ») de AgustĂn Lara (1932)
Parmi les interprètes renommĂ©s, il y eut MarĂa Dolores Pradera, Luis Miguel, Olga Guillot (surnommĂ©e « la reine du bolĂ©ro »), Nana Mouskouri, Nat King Cole, le trio Los Panchos, NĂ©stor Mesta Cháyres (surnommĂ© « Le gitan du Mexique »[9]), Juan Arvizu (surnommĂ© « Le tĂ©nor Ă la voix de soie »)[10], Tito RodrĂguez, Daniel Santos, Julio Jaramillo et Gloria Estefan.
La danse de salon appelée rumba, née aux États-Unis, se danse en fait (contrairement à son nom, la rumba) sur des boléros.
Reconnaissance
L’Institut Cubain de la Musique, le Conseil national des Maisons de la Culture et le ministère cubain de la Culture mènent en ce moment plusieurs actions promotionnelles pour mettre en valeur le boléro. Cuba et le Mexique préparent le dossier de candidature dans le but qu’il soit inclus dans le répertoire du Patrimoine immatériel de l’UNESCO[11].
Notes et références
- Carpentier, Alejo 2001 [1945]. Music in Cuba. Minneapolis, MN.
- (es) « Bolero - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le )
- (en) « About », sur ED MORALES, (consulté le )
- (es) « Bolero - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le )
- (es) « Nosotros y el bolero - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le )
- « Le Bolero », sur Musiques et danses cubaines par JulienSalsa, (consulté le )
- (es) by, « 10 boleristas cubanos famosos y sus boleros | Vive el feeling de Cuba », sur Cubago, (consulté le )
- Last Night in Orient- LNO ©, « Bésame mucho, quand Les Beatles chantaient cette chanson de Consuelito Velázquez pour en faire du rock », sur Last Night in Orient (consulté le )
- (en) Biographies - Egly Hill Marin First - Nestor Mesta Chayres - MĂ©jico Biographie de Nestor Mesta Chayres par Egly Colina MarĂn sur oneglycolinamarinprimera.blogspot.com.
- (en)Agustin Lara - A Cultural Biography Wood, Andrew Grant. Oxford University Press. New York. 2014 p. 34 (ISBN 978-0-19-989245-7) Juan Arvizu - biographie sur books.google.com
- anonyme, « Le boléro est inscrit sur la liste du Patrimoine culturel cubain », sur Analyse communiste internationale (consulté le )
Voir aussi
- Jorge SepĂşlveda (1917-1983)