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Tenguiz Kitovani

Tenguiz Kitovani (en gĂ©orgien : თენგიზ კიჱოვანი ; nĂ© le ) est un homme politique retraitĂ© gĂ©orgien et un ancien commandant militaire avec une implication trĂšs importante dans la Guerre civile gĂ©orgienne du dĂ©but des annĂ©es 1990, quand il commandait la Garde nationale de GĂ©orgie et servait de Ministre de la DĂ©fense, avant d'ĂȘtre petit Ă  petit dĂ©gradĂ© par Edouard Chevardnadze, qui avait par ailleurs Ă©tĂ© amenĂ© au pouvoir Ă  Tbilissi Ă  la suite de la demande de Kitovani aprĂšs le coup d'État contre Zviad Gamsakhourdia de janvier 1992.

Tenguiz Kitovani
Tenguiz Kitovani
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
თენგიზ კალისჱრაჱეს ძე კიჱოვანი
Nom de naissance
თენგიზ კიჱოვანი
Nationalités
Activités
Autres informations
Grade militaire
signature de Tenguiz Kitovani
Signature

Jeunesse et début

NĂ© Ă  Tbilissi en 1938, Kitovani a Ă©tĂ© diplĂŽmĂ© de l'AcadĂ©mie des Beaux-Arts de Tbilissi, avant de devenir professeur dans une Ă©cole dans la ville de Tetritskaro puis un peintre de grande importance travaillant pour le Bureau d'État des PublicitĂ©s de Tbilissi entre 1967 et 1969.

Kitovani à Rkoni, en août 1991

Tenguiz Kitovani entra dans la politique nationale au dĂ©but de 1990, quand le mouvement nationaliste et indĂ©pendantiste atteint son apogĂ©e dans la GĂ©orgie soviĂ©tique d'alors. Élu au Conseil SuprĂȘme de GĂ©orgie la mĂȘme annĂ©e, il fut associĂ© de prĂšs Ă  Zviad Gamsakhourdia, un ancien dissident soviĂ©tique qui devint alors PrĂ©sident du Presidium dudit Conseil SuprĂȘme, avant d'acquĂ©rir le titre de PrĂ©sident de GĂ©orgie en 1991. En dĂ©cembre 1990, Gamsakhourdia crĂ©a sur dĂ©cret la Garde nationale de GĂ©orgie et nomma Kitovani son chef. Toutefois, les deux hommes entrĂšrent en conflit en aoĂ»t 1991, quand le prĂ©sident renvoya Kitovani alors que la GĂ©orgie entrait dans une pĂ©riode de crise constitutionnelle. Tenguiz dĂ©clara alors que la dĂ©cision avait Ă©tĂ© prise par les leaders du Putsch de Moscou qui auraient Ă©tĂ© influents dans le gouvernement du premier prĂ©sident gĂ©orgien. Toutefois, il ne put prouver ce qu'il avançait et, avec quelques fidĂšles, quitta Tbilissi pour se retrancher dans la Gorge de Rkoni. Ceci symbolise le dĂ©but de la fin de Gamsakhourdia, dont la politique inflexible força plusieurs de ses anciens supporters au sein de l'opposition[1].

Coup d'État et guerre civile

La confrontation entre les factions pro- et anti-Gamsakhourdia dĂ©gĂ©nĂ©rĂšrent bientĂŽt en une sĂ©rie de manifestations et d'incidents armĂ©s. Durant la mĂȘme pĂ©riode, Kitovani fut rejoint par l'ancien Premier ministre Tenguiz Sigoua et le milicien Djaba Iosseliani. Une vĂ©ritable guerre civile commença alors en , quand Zviad Gamsakhourdia se rĂ©fugia dans un bunker du Parlement de Tbilissi pour Ă©chapper Ă  ses ennemis. Pour gagner plus facilement, il est dit (aussi bien par les supporters de l'ancien prĂ©sident que par Iosseliani) que Tenguiz Kitovani fut aidĂ© par les derniĂšres troupes soviĂ©tico-russes stationnĂ©es Ă  Tbilissi dans son attaque contre le gouvernement[2].

Gamsakhourdia fut finalement forcĂ© Ă  l'exil le . Les dirigeants du coup d'État (Kitovani, Iosseliani et Sigoua) appelĂšrent alors l'ancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l'Union soviĂ©tique Edouard Chevardnadze pour diriger le gouvernement provisoire de l'aprĂšs-coup en mars 1992. Dans ce nouveau partage du pouvoir avec Chevardnadze Ă  la tĂȘte et Sigoua fermant la chaĂźne, Kitovani fut nommĂ© une nouvelle fois chef de la Garde nationale avec une importante influence dans le gouvernement. En , Chevardnadze nomma Kitovani Ministre de la DĂ©fense dans le but de garder l'armĂ©e dans le giron de l'administration. Toutefois, Kitovani et Iosseliani ne voulaient pas se soumettre entiĂšrement Ă  Chevardnadze et engagĂšrent des actes sans le consentement du PrĂ©sident du Conseil d'État, et ce parfois au dĂ©triment de la sĂ©curitĂ© de la GĂ©orgie[3].

MĂ©morial de la Guerre d'Abkhazie Ă  Tbilissi

La premiĂšre et la plus visible de ces actions fut prise par Kitovani durant une opĂ©ration militaire planifiĂ©e contre les supporters de Gamsakhourdia qui avaient formĂ© des poches de rĂ©sistance armĂ©e en GĂ©orgie occidentale et avaient pris en otage plusieurs officiels du gouvernement central. Durant la nuit du , les forces de Kitovani entrĂšrent dans la RĂ©publique autonome d'Abkhazie, dont les leaders (aidĂ©s logistiquement par le Kremlin) avaient commencĂ© Ă  monter des Ă©tapes vers le sĂ©cessionnisme, dans le but de rĂ©tablir le contrĂŽle sur les chemins de fer de la rĂ©gion qui avaient Ă©tĂ© sabotĂ©s par les « Zviadistes ». Et mĂȘme si l'opĂ©ration fut un succĂšs pour libĂ©rer les otages de la main des rebelles, les troupes de Kitovani dĂ©cidĂšrent de se rendre jusqu'Ă  Sokhoumi, la capitale abkhaze, pour obliger le chef des sĂ©paratistes Vladislav Ardzinba de s'exiler Ă  Goudaouta[4]. Cette premiĂšre victoire n'Ă©tait malgrĂ© tout pas suffisante pour le Ministre de la DĂ©fense et, contre les demandes de Chevardnadze, l'armĂ©e gĂ©orgienne resta en Abkhazie. Cet acte fut le dĂ©clencheur d'une longue guerre de treize mois durant lesquels plus de 30 000 personnes (dont 25 000 GĂ©orgiens) furent tuĂ©s et 250 000 GĂ©orgiens exilĂ©s de leurs terres. Une autre version de ces Ă©vĂšnements existe en GĂ©orgie. D'aprĂšs celle-ci, la Russie (qui soutenait les sĂ©paratistes) aurait ordonnĂ© Ă  Kitovani d'engager une opĂ©ration militaire dans le but de perdre volontairement l'Abkhazie. Tenguiz aurait alors acceptĂ© en Ă©change d'une promesse d'une nouvelle aide russe dans un coup d'État qui le placerait au pouvoir Ă  Tbilissi[5]. C'est ainsi que plus tard, Edouard Chevardnadze accusera son Ministre de la DĂ©fense d'avoir provoquĂ© un conflit armĂ© entre Soukhoumi et Tbilissi[6]. Kitovani, de son cĂŽtĂ©, blĂąmera Chevardnadze de ne pas l'avoir aidĂ© Ă  lancer une offensive contre Goudaouta, offensive qui aurait permis de capturer Ardzinba et changer le cours de la guerre. Par ailleurs, le successeur de Chevardnadze au pouvoir de Tbilissi, Mikhail Saakachvili, accusera Kitovani d'avoir perdu l'Abkhazie et le traitera d'« agent russe »[7].

Conflit avec Chevardnadze

Durant la guerre en Abkhazie, Kitovani dĂ©veloppa un pouvoir rivalisant avec celui du chef de l'État lĂ©gitime, ne laissant que les Affaires Ă©trangĂšres dans le portefeuille de Chevardnadze[8]. En , le commandant se prĂ©senta aux Ă©lections parlementaires gĂ©orgiennes et fut Ă©lu dans le district de Bolnissi[9]. AprĂšs ces Ă©lections (qui virent E. Chevardnadze devenir PrĂ©sident du Parlement), l'ancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l'URSS tenta de remplacer Kitovani de son poste de Ministre de la DĂ©fense par le GĂ©nĂ©ral Anatoli Kamkamidze, mais n'y rĂ©ussit pas. Toutefois, Ă  la suite de nombreuses accusations de tentatives de coup d'État, le chef de l'armĂ©e fut remplacĂ© par Guia Karkarachvili en mai 1993. Mais Kitovani rĂ©ussit Ă  garder une certaine influence parmi le hauts cercles du gouvernement, notamment grĂące Ă  son contrĂŽle sur la « mafia Ă©nergique » gĂ©orgienne[10] et Ă  ses relations spĂ©ciales avec son ancien homologue russe Pavel Grachev[11].

Pavel Grachev, ministre russe de la Défense et puissant allié de Tenguiz Kitovani

Toutefois, Chevardnadze exploita la défaite militaire en Abkhazie pour miser sur une implosion des groupes paramilitaires géorgiens et leurs leaders. AprÚs que la rébellion pro-Gamsakhourdia fut matée à l'aide de l'armée russe en décembre 1993, Edouard devint capable de consolider son pouvoir et priva Kitovani et Iosseliani de leur influence sur la politique de sécurité nationale[12].

AprÚs avoir passé quelque temps en Russie, Kitovani retourna à Tbilissi et, avec Tenguiz Sigoua et Boris Kakoubava (chef d'une faction de déplacés internes géorgiens d'Abkhazie) fonda le Front national pour la Libération de l'Abkhazie (FNLA) durant l'automne 1994[13].

Le , Kitovani, avec le support de Tenguiz Sigoua, mena une force de quelque 700 hommes armĂ©s dans une marche contre l'Abkhazie. Ils furent stoppĂ©s par la police gĂ©orgienne et arrĂȘtĂ©s[14]. Tenguiz fut poursuivi pour avoir organisĂ© une force armĂ©e illĂ©gitime et fut emprisonnĂ©e pour huit ans en octobre 1996. Il servit durant quatre ans en prison et fut graciĂ© par Chevardnadze sur des bases mĂ©dicales le .

Exil

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, Kitovani vit Ă  Moscou d'oĂč il critiqua vivement le gouvernement de Chevardnadze Ă  plusieurs occasions. En fĂ©vrier 2002, il rĂ©pondit scandaleusement au mystĂ©rieux suicide de Nougzar SadjaĂŻa, un proche alliĂ© de Chevardnadze et l'influent prĂ©sident du Conseil de SĂ©curitĂ© nationale de GĂ©orgie. Il dĂ©clara que SadjaĂŻa Ă©tait un homosexuel et qu'il avait ordonnĂ© en 2001 le meurtre du journaliste Guiorgui SanaĂŻa[15]. Plus tard cette annĂ©e, Kitovani accusa le prĂ©sident gĂ©orgien d'ĂȘtre derriĂšre le rĂ©cent assassinat de l'homme d'affaires et ancien footballeur Kakhi Assatiani. Il supporta Ă©galement les prĂ©tentions russes que quelque 700 combattants rebelles tchĂ©tchĂšnes passĂšrent l'hiver dans la Gorge de Pankissi, en KakhĂ©tie[16]. Il prĂ©tendit Ă©galement que le GĂ©nĂ©ral russe Guennadi Chpigoun, prĂ©tendument capturĂ© et assassinĂ© en TchĂ©tchĂ©nie en 1999/2000, fut en fait pris en otage dans la Gorge de Pankissi et tuĂ© lĂ -bas[17]. Son corps aurait plus tard Ă©tĂ© ramenĂ© en TchĂ©tchĂ©nie. Toutefois, le gouvernement gĂ©orgien refusa toutes ces prĂ©tentions.

Plus tard, le procureur général géorgien Nougzar Gabritchidze prétendit que Tenguiz Kitovani entra en contact avec les vétérans géorgiens qui tentÚrent d'organiser une mutinerie le [18]. Toutefois, l'ancien ministre de la Défense géorgien refusa à son tour les allégations[19].

Références

  1. Wheatley (2005), p. 54-55
  2. Wheatley (2005), p. 65
  3. Wheatley (2005), p. 68-70
  4. Wheatley (2005), p. 72-73
  5. Svante E. Cornell, Autonomy and Conflict: Ethnoterritoriality and Separatism in the South Caucasus – Case in Georgia, p. 183, n. 18. Department of Peace and Conflict Research, Report No. 61. Uppsala.
  6. Eduard Shevardnadze accuses Tengiz Kitovani of provoking war in Abkhazia The Georgian Times,
  7. Saakashvili Says No to Treaty on Non-Use of Force Civil Georgia,
  8. Darchiashvili (2005), p. 6
  9. Wheatley (2005), p. 75
  10. Dawisha & Parott (1997), p. 166-167
  11. Dmitri Trenin, Russia's Security Interests and Policies in the Caucasus Region in: Bruno Coppieters (ed., 1996), Contested Borders in the Caucasus. VUB University Press
  12. Wheatley (2005), p. 79
  13. J. F. Brown (ed., 1997), The OMRI Annual Survey of Eastern Europe and the Former Soviet Union - "1996: Forging Ahead, Falling Behind", p. 227-230. M.E. Sharpe.
  14. Wheatley (2005), p. 87
  15. Irakly Areshidze, NUGZAR SADJAYA, SHEVARDNADZE’S CLOSEST CONFIDANT, COMMITS SUICIDE Central Asian-Caucasus Institute Analyst,
  16. Sergei Blagov, MILITARY ISSUES BLOCK RUSSIA-GEORGIA DETENTE Euraia.net,
  17. Georgia Denies Kidnapped Russian General was Detained in Pankisi Civil Georgia,
  18. GEORGIAN NATIONAL GUARD VETERANS SEIZE MILITARY BASE Radio Free Europe/Radio Liberty,
  19. Veterans' Failed Mutiny Unsettles Georgian Politicians Civil Georgia,

Sources

  • Jonathan Wheatley (2005), Georgia from National Awakening to Rose Revolution: Delayed Transition in the Former Soviet Union. Ashgate Publishing.
  • Bruce Parrott (1995), State Building and Military Power in Russia and the New States of Eurasia. M.E. Sharpe.
  • Karen Dawisha, Bruce Parrott (1997), Conflict, Cleavage, and Change in Central Asia and the Caucasus. Cambridge University Press.
  • David Darchiashvili, « "Georgian Defense Policy and Military Reform" »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), in: Bruno Coppieters (2005), Statehood and Security: Georgia After the Rose Revolution. MIT Press.
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