Tareq Oubrou
Tareq Oubrou (en arabe : Ű·Ű§Ű±Ù ŰŁÙۚ۱Ù) est un essayiste et imam français, nĂ© en octobre 1959 Ă Taroudant, au Maroc[1]. Autodidacte en sciences religieuses, il est souvent prĂ©sentĂ© comme « l'imam de Bordeaux »[2]. Apparaissant d'abord conservateur, il est maintenant connu pour ses prises de position publiques en faveur d'un islam libĂ©ral. Il affirme notamment que le Coran serait mal interprĂ©tĂ©, notamment par mĂ©connaissance du texte et de l'histoire contemporaine de Mahomet.
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marocaine (jusqu'en ) française (depuis ) |
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Biographie
Tareq Oubrou naßt au Maroc, de parents enseignants et francophones. à 19 ans, il arrive à Bordeaux afin de poursuivre un cursus en biologie et médecine. Mais, trÚs vite, il renonce à ses études afin de se consacrer à la communauté musulmane de France comme imam. Peu pratiquant durant sa jeunesse, il déclare avoir à ce moment « découvert Dieu en une seconde »[3]. Il se rend ainsi dans plusieurs villes françaises de tailles moyennes, telles que Nantes, Limoges ou encore Pau. AprÚs une dizaine d'années passées « au chevet de la communauté », il revient à Bordeaux pour s'y installer durablement et diriger les priÚres (salat) et les sermons (khutba), au sein de la mosquée al Houda, rue Jules-Guesde.
Il entame alors une vaste rĂ©flexion thĂ©ologico-canonique sur les conditions de l'expression et de la pratique musulmanes dans un espace sĂ©cularisĂ©, affirmant renouer avec la tradition des fuqaha (juristes), qui concevaient le droit musulman en prenant en considĂ©ration leur contexte historique et culturel. Il donne le nom de shari'a de minoritĂ© aux premiers fruits de cette rĂ©flexion. Selon lui, elle n'a pas vocation ni Ă se substituer au droit positif français, ni Ă s'y opposer. Il estime que les normes canoniques pourraient ainsi ĂȘtre autorisĂ©es en tant que dĂ©rogations, « une pratique conforme Ă la charia, mais pensĂ©e dans le contexte et le cadre juridique français »[3].
Il a prĂ©sidĂ© l'association des imams de France[3] et a fondĂ© l'AMG (Association des musulmans de la Gironde), affiliĂ©e Ă l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). En raison de ses positions, il est nĂ©anmoins marginalisĂ© au sein de l'UOIF. AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© une conception trĂšs radicale de l'islam, appelant notamment au rĂ©tablissement du califat[4], il rejoint l'UOIF grĂące Ă la lecture d'Hassan el-Banna, le fondateur des FrĂšres musulmans. Il affirme ainsi : « Sâil nây avait pas eu lâUOIF, je serais un taliban »[4].
Au dĂ©but des annĂ©es 1990, il contribue Ă faire construire la mosquĂ©e El-Houda de Bordeaux, dont il devient l'imam en 1991[3]. L'Institut de dĂ©couverte et dâĂ©tude des mondes musulmans est crĂ©Ă© sous son impulsion et il dĂ©cide d'ouvrir les portes de la mosquĂ©e aux visites scolaires[4].
Lors de la guerre de Gaza de 2014, il appelle les musulmans de France à ne pas confessionnaliser le conflit et déplore « un processus d'identification massif au peuple palestinien par une population musulmane vulnérable »[4].
AprÚs l'attentat contre Charlie Hebdo, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve le choisit comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics dans sa volonté de relancer le dialogue avec les représentants musulmans[4].
En mai 2016, l'organisation terroriste Ătat islamique lance une fatwa contre lui, appelant Ă son assassinat[5].
Vie privée
Il est naturalisé français en 1991. Marié, il est pÚre de quatre enfants[3]. Il a pour beau-frÚre Hassan Iquioussen[6] - [7].
RĂ©flexions et positions
Autodidacte en sciences religieuses[8], Tareq Oubrou est connu pour ses prises de position publiques en faveur d'un islam libéral[9]. Selon lui, le Coran serait mal interprété par les jeunes[10]. Il préconise la réécriture de l'Histoire de France dans les manuels scolaires « à la lumiÚre de la présence musulmane aujourd'hui[11] ».
En 2002, dans son livre d'entretien avec la sociologue LeĂŻla BabĂšs, Loi dâAllah, loi des hommes, il Ă©crit : « Le khimĂąr (cachant les cheveux et le cou) et le jilbĂąb (qui cache le reste du corps) sont des prescriptions vestimentaires divines qui ne sont abrogĂ©es par aucun autre texte. Objectivement, sâil y avait le moindre soupçon sur cette norme, je serais le premier Ă prĂŽner sa levĂ©e »[O 1].
En 2004, il est opposĂ© Ă la loi sur les signes religieux dans les Ă©coles publiques françaises tout en estimant que le foulard islamique nâest quâune prescription mineure et en prĂŽnant une « visibilitĂ© discrĂšte de lâislam »[4]. Il est Ă l'Ă©poque considĂ©rĂ© comme un fondamentaliste.
En 2012, dix ans aprĂšs, sa lecture de la question a Ă©voluĂ©, quand il dĂ©clare Ă L'Express : « Quant au voile, je nâai trouvĂ© aucun texte qui oblige la femme Ă se couvrir la chevelure[12] », puis l'annĂ©e suivante il dĂ©clare que le Coran n'oblige pas la femme Ă se couvrir les cheveux mais qu'elle doit cependant rester pudique, car c'est ce principe qui ressort de son interprĂ©tation du Coran. Ainsi pour lui, aujourd'hui le foulard chez les musulmans est devenu un objet obsessionnel qui rĂ©duit la femme musulmane Ă un foulard[13] - [3].
Publications
- Avec Leïla BabÚs, Loi d'Allah, loi des hommes : liberté, égalités et femmes en islam, Paris, Albin Michel, coll. « Spiritualités », 2002 (ISBN 978-2226132789)
- L'unicitĂ© de Dieu : des noms et attributs divins (opuscule 1/10), Saint-Denis, Ăditions Bayane, 2006 (ISBN 2-915147-08-6)
- Avec Cédric Baylocq et Michaël Privot, Profession imùm, Paris, Albin Michel, coll. « Spiritualités »), 2009 (ISBN 978-2226191281)
- Avec Samuel Liéven, Un imam en colÚre, Paris, Bayard, 2012 (ISBN 9782227485327)
- Avec David Meyer et Michel RĂ©maud, La vocation de la Terre Sainte : un juif, un chrĂ©tien et un musulman s'interrogent, Namur, Ădition Lessius, coll. « L'Autre et les autres », no 15), 2014 (ISBN 978-2-87299-263-8)
- Ce que vous ne savez par sur lâIslam, Paris, Fayard, 2016 (ISBN 9782213687513)
- Avec Marie-Françoise Colombani, La féministe et l'imam, 2017
- Appel à la réconciliation : foi musulmane et valeurs de la République française, Paris, Plon, 2019 (ISBN 978-2259268431)
Distinction
Notes et références
Références
- « Tareq Oubrou », sur franceinter.fr (consulté le ).
- Florence Bergeaud-Blackler : Le Frérisme et ses réseaux, chap 3, p.127; Préface Gilles Kepel, 2023, éd. Odile Jacob, (ISBN 9782415003555)
- « Le goût du sacré », sur Libération, (consulté le ).
- Lucie Delaporte, « Tareq Oubrou, l'imam préféré de la République », sur mediapart.fr, (consulté le )
- Bernadette Sauvaget, « L'EI lance une fatwa contre Tareq Oubrou », sur liberation.fr, .
- Mohammed Colin, « Lâexpulsion de Hassan Iquioussen, une dĂ©cision complexe dans une sĂ©quence politique Ă hauts risques pour les musulmans de France », sur Saphirnews, (consultĂ© le )
- « Tareq Oubrou, imam de Bordeaux et beau-frÚre d'Hassan Iquioussen, dénonce un "discours qui produit du séparatisme mental" » (consulté le )
- Marie-Laure Boursin, « Oubrou Tareq, Privot Michaël et Baylocq Cédric, Profession imùm : entretiens avec Michaël Privot et Cédric Baylocq, Paris, Albin Michel, 2009, 248 p. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 131, juin 2012, mis en ligne le 21 novembre 2011, consulté le 6 mars 2016.
- « Ces intellectuels qui tissent un islam progressiste », sur L'Humanité, (consulté le )
- Yabiladi.com, « France : « Lâislam, par sa visibilitĂ©, dĂ©stabilise lâidentitĂ© nationale », selon lâimam marocain Tareq Oubrou », sur www.yabiladi.com (consultĂ© le )
- « Cette affaire va laisser des séquelles », sur Libération.fr.
- Voir sur lexpress.fr.
- Zaman, « Tareq Oubrou : « Le foulard est devenu un objet obsessionnel » », sur Saphirnews
- Décret du 31 décembre 2012 portant promotion et nomination (lire en ligne)
- Sur proposition du ministÚre de l'Intérieur Manuel Valls en (gouvernement Ayrault).
La décoration lui a été officiellement remise par Alain Juppé le 6 février 2014 ; voir sur sudouest.fr.
Ouvrages de Tareq Oubrou
- Loi dâallah, loi des hommes, p. 2016.
Liens externes
- Site officiel
- Long entretien avec le chercheur Cédric Baylocq-Sassoubre en 2003 sur le site Islam et laïcité, association créée à l'initiative de la Ligue de l'ensei