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TĂ©troxyde d'osmium

Le composé chimique tétroxyde d'osmium est un tétraoxyde d'osmium, de formule chimique OsO4, dans lequel ce dernier élément chimique est représenté à son état d'oxydation théorique le plus élevé : +8. Ce corps composé, qui peut se présenter en longs cristaux incolores à odeur forte, est trÚs volatil et vénéneux. La couleur brun-jaune provient de la présence de dioxyde d'osmium OsO2 qui se forme trÚs rapidement par réduction du tétroxyde de formation initiale plus aisée.

TĂ©troxyde d'osmium
Image illustrative de l’article TĂ©troxyde d'osmium
Image illustrative de l’article TĂ©troxyde d'osmium
Identification
Nom UICPA TĂ©troxyde d'osmium
No CAS 20816-12-0
No ECHA 100.040.038
No CE 244-058-7
Apparence corps composé solide polymorphe, incolore à jaune pùle (présence de dioxyde d'osmium), d'odeur acre type chloré (oxydant) ou de pourriture organique (aprÚs oxydation)[1].
Propriétés chimiques
Formule O4OsOsO4
Masse molaire[2] 254,23 ± 0,03 g/mol
O 25,17 %, Os 74,83 %,
Propriétés physiques
T° fusion 42 °C[1]
T° ébullition 130 °C[1]
SolubilitĂ© dans l'eau Ă  25 °C : 60 g l−1[1]
Masse volumique 4,9 g cm−3[1]
Pression de vapeur saturante Ă  27 °C : 1,5 kPa[1]
Précautions
SGH[3]
SGH05 : CorrosifSGH06 : Toxique
Danger
H300, H310, H314 et H330
SIMDUT[4]
C : MatiÚre comburanteD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats gravesE : MatiÚre corrosive
C, D1A, E,
Transport
[5]
Écotoxicologie
Seuil de l’odorat bas : 0,001 9 ppm[6]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Molécule analogue au tétraoxyde de ruthénium RuO4, l'OsO4 forme un tétraÚdre qui a pour centre l'atome d'osmium et pour extrémités les atomes d'oxygÚne reliés à l'osmium central par double liaison covalente.

Un composé oxygéné trÚs oxydant de la chimie de l'osmium

Lorsque de l'osmium, corps simple métal, est exposé sous forme de poudre à l'air chaud, il s'oxyde lentement en tétroxyde d'osmium qui se sublime facilement à température ambiante. La réaction est importante à 200 °C et elle est rapide et totale si on chauffe au rouge vif de 400 °C à 800 °C.

Os solide cristal chauffĂ©, parfois jusqu'au rouge vif + 2 O2 gaz → OsO4 gaz obtenu Ă  tempĂ©ratures Ă©levĂ©es

Cela donne un gaz trĂšs oxydant, extrĂȘmement toxique et Ă  l'odeur particuliĂšrement forte. Cela explique le nom de l'Ă©lĂ©ment, qui vient du grec osmĂȘ qui signifie « odeur ».

Il existe en rĂ©alitĂ© deux formes allotropiques du composĂ© chimique tĂ©traoxyde d'osmium. La plus instable fond vers 39,5 °C et la plus stable existe encore solide Ă  41 °C. Cette forme est trĂšs peu soluble dans l'eau Ă  tempĂ©rature ambiante, Ă  peine 60 g l−1.

Le tĂ©traoxyde d'osmium est beaucoup plus soluble dans le tĂ©trachlorure de carbone, soit 2 500 g l−1.

La solution aqueuse de tétroxyde d'osmium laisse un solide cristallisé, l'acide osmique. L'acide osmique n'est pas une vague forme hydratée de tétroxyde d'osmium, mais simplement un autre corps chimique de formule simple H2OsO4 qui comprend deux terminaisons hydroxydes et oxydes par rapport à l'atome central d'osmium. C'est souvent ce dernier solide cristallisé plus stable, plus facilement manipulable et moins toxique, sorte de "tétraoxyde d'osmium" mis en conserve ou stabilisé, que les chimistes emploient comme agent oxydant en synthÚse organique ou les biochimistes comme colorant de préparations cellulaires en microscopie[7].

Si la formation du tétraoxyde d'osmium est facile, ce dernier corps trÚs oxydant est facilement réduit en dioxyde d'osmium OsO2 par les poussiÚres ou les graisses, ou tous autres corps chimiques potentiellement réducteurs. Ainsi,

OsO4 gaz ou liquide + surface graisseuseorgane cellulaire → OsO2 solide Ă  tempĂ©rature ambiante + surface (bi)oxydĂ©eorgane cellulaire (par O2 aprĂšs destruction du complexe tĂ©traoxyde d'Os fixĂ©)

Toxicité

Cet oxyde volatil et trĂšs oxydant est extrĂȘmement toxique, mĂȘme en trĂšs faible quantitĂ©, et doit ĂȘtre manipulĂ© avec d'importantes prĂ©cautions. En particulier, l'inhalation mĂȘme Ă  des concentrations trop faibles pour en percevoir l'odeur peut entraĂźner des lĂ©sions graves de la peau, des yeux et des voies respiratoires, amenant Ă  des ƓdĂšmes aux poumons, et causer la mort. Des symptĂŽmes dĂ©tectables peuvent n'apparaĂźtre que plusieurs heures aprĂšs l'exposition.

L'irritation des yeux est trĂšs rapide par les vapeurs, elle peut conduire Ă  la cĂ©citĂ©. Le corps oxydant, facilement sublimable Ă  tempĂ©rature ambiante et d'autant plus qu'il est chauffĂ©, est trĂšs irritant et agressif pour les muqueuses. Ses vapeurs peuvent ronger les fosses nasales et provoquer des atteintes graves au systĂšme respiratoire Ă  des concentrations faibles dans l'air, soit 10−7 g/cm3.

Il faut travailler sous hotte spéciale et en milieu sécurisée d'évacuation de vapeurs (procédé de réduction).

Applications

Cet oxydant puissant, qui, à faible dose, est facilement réduit par les graisses et les poussiÚres, peut servir à détecter des empreintes digitales. Il peut servir à colorer les graisses des préparations ou coupes microscopiques au laboratoire de biologie.

Cet oxyde est un puissant colorant souvent utilisĂ© dans la microscopie Ă©lectronique en transmission (MET) pour donner du contraste Ă  l'image. De la mĂȘme maniĂšre, il peut colorer la cornĂ©e humaine, ce qui entraĂźne la cĂ©citĂ©, lorsque les prĂ©cautions nĂ©cessaires ne sont pas observĂ©es.

En synthÚse organique, il est parfois utilisé pour oxyder les alcÚnes en diols, à l'instar du permanganate de potassium, utilisé dilué et à froid. C'est un agent oxydant pour la syndihydroxylation des alcÚnes.

Il est notamment impliqué dans la réaction catalytique appelée dihydroxylation de Sharpless, du chimiste Karl Barry Sharpless, prix Nobel de chimie 2001.

En biologie cellulaire, le tétraoxyde d'osmium est également utilisé pour colorer les saccules de la partie cis de l'appareil de Golgi. Il est aussi utilisé en histologie comme fixateur.

Risques d'emploi de guerre chimique

Le , l'agence de presse américaine ABC News rapportait que les services secrets britanniques auraient déjoué une attaque terroriste impliquant une bombe au tétroxyde d'osmium.

Histoire

Le tétraoxyde d'osmium est responsable de l'odeur nauséabonde des résidus noirs de production de platine à partir du traitement des minerais de platine américain par l'eau régale. Le chimiste anglais Smithson Tennant est un des premiers chimistes à avoir décrit ce composé inconnu en cristal filiforme et proposé le nom d'un nouvel élément osmium en 1804.

Le terme adjectival "osmique" se généralise en français dans les comptes-rendus de l'académie des sciences vers 1842.

Références

  1. TETROXYDE D'OSMIUM, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Numéro index 076-001-00-5 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  4. « Tétroxyde d'osmium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  5. EntrĂ©e du numĂ©ro CAS « 20816-12-0 Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 28 novembre 2008 (JavaScript nĂ©cessaire)
  6. « Osmium tetroxide », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
  7. Fiche de sécurité CNESST québécois
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