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Synthèse peptidique

En chimie organique, la synthèse peptidique[1] - [2] est la production de peptides, des composĂ©s organiques, dans lesquels des acides aminĂ©s sont liĂ©s par l'intermĂ©diaire de liaisons amide, qui dans ce cas prennent le nom de liaisons peptidiques. Le processus biologique de la production de peptides longs (protĂ©ines) est connu comme la biosynthèse des protĂ©ines.

Chimie

Les peptides sont synthĂ©tisĂ©s par le couplage du groupe carboxyle d'un acide aminĂ© avec le groupe amino de l'acide aminĂ© suivant dans la molĂ©cule. En raison du risque d'induire des rĂ©actions parasites non-dĂ©sirĂ©es, la protection prĂ©alable des groupes fonctionnels est gĂ©nĂ©ralement nĂ©cessaire. La synthèse chimique des peptides dĂ©marre en gĂ©nĂ©ral par l'extrĂ©mitĂ© carboxyle et se dĂ©roule en direction de l'extrĂ©mitĂ© amino-terminale, c'est-Ă -dire en sens inverse de la synthèse biologique des protĂ©ines.

Synthèse en phase liquide

La synthèse peptidique en phase liquide est une mĂ©thode classique. Dans la plupart des applications pratiques, elle a cependant Ă©tĂ© remplacĂ©e par la synthèse sur support solide. Elle conserve cependant une utilitĂ© importante pour les applications de production de peptide Ă  grande Ă©chelle Ă  des fins industrielles.

Synthèse sur support solide

Table of Amino Acids.
Synthèse peptidique sur support solide sur une résine Rink amide en chimie Fmoc.

La synthèse peptidique sur support solide (SPPS, pour solid phase peptide synthesis) mise au point par Robert Merrifield[3] est devenue la mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence pour la synthèse de peptides et de protĂ©ines au laboratoire. La SPPS permet la synthèse de peptides naturels difficiles Ă  produire dans des bactĂ©ries, l'incorporation d'acides aminĂ©s non-naturels, ou d'effectuer des modifications du squelette peptidique de peptides et de protĂ©ines.

Des billes de rĂ©sine poreuses sont greffĂ©es avec des liens espaceurs (les "linkers") sur lesquels les chaĂ®nes peptidiques peuvent ensuite ĂŞtre construites. Le peptide reste fixĂ© de manière covalente Ă  la bille de rĂ©sine jusqu'Ă  son clivage final par un rĂ©actif tel que le fluorure d'hydrogène anhydre ou l'acide trifluoroacĂ©tique. Le peptide est ainsi "immobilisĂ©" sur le support solide et reste accrochĂ© lors de rinçages destinĂ©s Ă  Ă©liminer les rĂ©actifs et sous-produits de synthèse restĂ©s dans la phase liquide.

Le principe général de la SPPS consiste à répéter des cycles de déprotection, de lavage, de couplage et de lavage. L'amine terminale du peptide immobilisée est couplée à un acide aminé dont l'extrémité N-terminale est elle bloquée par un groupement protecteur (voir ci-dessous). Ce nouvel acide aminé est ensuite déprotégé, révélant une nouvelle amine N-terminale de l'amine à laquelle un autre acide aminé peut ensuite être attaché. La supériorité de cette technique réside en partie dans la possibilité d'effectuer des cycles de lavage après chaque réaction, en éliminant les excès de réactif tandis que le peptide d'intérêt reste fixé de manière covalente à la résine solide.

Il existe deux stratĂ©gies de synthèse sur support solide, la chimie Fmoc et la chimie Boc, acronymes des groupes protecteurs utilisĂ©s pour bloquer les groupements amine. Contrairement Ă  la synthèse protĂ©ique par les ribosomes, la synthèse peptidique sur support solide s'effectue du C-terminal vers le N-terminal. Il existe des synthĂ©tiseurs automatiques qui permettent de mettre en Ĺ“uvre ces deux techniques, mĂŞme si la synthèse manuelle est parfois encore utilisĂ©e.

Groupes protecteurs

déprotection Fmoc
Déprotection par la pipéridine d'une amine bloquée par un groupement Fmoc.

La performance de la synthèse peptidique repose sur la capacité à éliminer les réactions parasites qui font chuter le rendement lors des cycles répétitifs de synthèse. Dans la synthèse SPPS en phase solide, le groupement acide carboxylique terminal est protégé par le lien avec le support. Il reste donc à protéger la fonction α-amine du squelette peptidique et les groupements réactifs éventuellement présents sur la chaîne latérale, en fonction de la nature de l'acide aminé à coupler à chaque cycle.

Les stratégies de protection des chaînes latérales et de l'amine du squelette doivent être orthogonales, c'est-à-dire que la protection des chaînes latérales doit être stable lors des cycles de déprotection de la fonction α-amine. Les chaînes latérales ne sont en effet déprotégées qu'en toute fin de synthèse, pour éviter des réactions parasites qui produiraient des peptides ramifiés.

Groupements protecteurs des amines

Il y a deux grands types de groupements protecteurs des amines utilisés en synthèse peptidique : le tert-butoxycarbonyle ou Boc et le fluorénylméthoxycarbonyle ou Fmoc. Pour la déprotection, le Boc s'élimine par un traitement acide (acide trifluoroacétique) et le Fmoc par un traitement basique (pipéridine).

Il est possible de protéger conjointement les fonctions α-amine par des groupes Fmoc et les amines des chaînes latérales (lysine) par des groupes Boc, la déprotection du Fmoc à la pipéridine étant sans effet sur les Boc qui restent fixés lors des cycles répétitifs de couplage des acides aminés.

Le groupement carboxybenzyle (ou Cbz ou Z) est également utilisé, essentiellement pour la protection orthogonale des amines de chaînes latérales dans la stratégie de synthèse Boc. La déprotection s'effectue par une hydrogénation catalytique à la fin de la synthèse.

Synthon acide asiatique
Synthon acide aminé utilisé en synthèse SPPS : acide aspartique dont la fonction amine est protégée par un groupe Fmoc (jaune) et la fonction acide carboxylique de la chaîne latérale par un groupement tert-butyle (bleu).


Couplage

Après déprotection de l'amine N-terminale du peptide en cours de synthèse, on ajoute le synthon correspondant à l'acide aminé suivant dans la séquence. Pour que la liaison peptidique se forme entre le groupement carboxyle du synthon et l'amine du peptide, il est nécessaire d'ajouter un agent de couplage pour activer le carboxyle.

On utilise classiquement deux grands types d'agents de couplage : les carbodiimides, parfois en conjonction avec les triazolols[4].

Le dicyclohexylcarbodiimide, le plus employé des carbodiimides, forme un intermédiaire réactif O-acylisourée avec le carboxyle, qui subit ensuite une attaque nucléophile par l'amine libre du peptide.

Les triazolols comme le 1-hydroxy-benzotriazole (HOBt) stabilisent l'acylisourée intermédiaire et limitent le risque de racémisation de l'acide aminé.

Activation par le DCC
Activation de l'acide carboxylique du synthon par le dicyclohexyl-carbodiimide.

Articles connexes

 RĂ©fĂ©rences

  1. Stephen B. H. Kent, « Chemical Synthesis of Peptides and Proteins », Annual Review of Biochemistry, vol. 57, no 1,‎ , p. 957–989 (ISSN 0066-4154, DOI 10.1146/annurev.bi.57.070188.004521, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Miklos Bodzansky, Principles of Peptide Synthesis, Springer, , 329 p. (ISBN 978-3-642-78056-1, lire en ligne)
  3. R. B. Merrifield, « Solid Phase Peptide Synthesis. I. The Synthesis of a Tetrapeptide », J. Am. Chem. Soc., vol. 85, no 14,‎ , p. 2149–2154 (DOI 10.1021/ja00897a025)
  4. (en) Fernando Albericio, Solid-Phase Synthesis. A practical guide, CRC Press, , 848 p. (ISBN 978-0-8247-0359-2, lire en ligne)
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