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SynthĂšse de Williamson

La synthÚse de Williamson est une réaction organique formant un éther-oxyde à partir d'un halogénure organique et d'un alcool. Cette réaction a été développée par Alexander Williamson en 1850[2]. Cette réaction est importante dans l'histoire de la chimie organique car elle a aidé à prouver la structure des éther-oxydes.

SynthÚse d'un éther par réaction entre le salicylaldéhyde et l'acide chloroacétique en présence d'hydroxyde de sodium[1].

MĂ©canisme

Typiquement, cette rĂ©action implique un ion alcoolate rĂ©agissant avec un halogĂ©nure d'alkyle, ou dĂ©rivĂ© halogĂ©nĂ© (R-X) par une SN2. L'alcoolate est formĂ© par activation nuclĂ©ophile Ă  partir d'un alcool. Pour que cette synthĂšse ait un bon rendement, il faut que l'halogĂ©nure d'alkyle soit primaire. Le rendement dĂ©croit avec l'encombrement du R-X, car l'alcoolate est une base forte, donc mĂȘme Ă  froid les R-X secondaires et tertiaires subissent des Β-Ă©liminations. Le mĂ©canisme gĂ©nĂ©ral est le suivant[3] :

MĂ©canisme de la synthĂšse de Williamson

Attention, il est faux de faire pointer la flÚche de mécanisme provenant de l'oxygÚne directement sur un groupement R' qui représente tout le reste de la molécule, c'est pour cette raison que la flÚche arrive sur un C intermédiaire. (Les atomes d'hydrogÚne ne sont pas représentés.)

Un exemple est la réaction entre l'éthanolate de sodium avec le chloroéthane pour former l'éther diéthylique et le chlorure de sodium :

Na+C2H5O− + C2H5Cl → C2H5OC2H5 + Na+Cl−

Utilisation

La synthÚse de Williamson a un spectre d'utilisation assez large. Elle est largement utilisée à la fois en laboratoire et dans l'industrie et reste la méthode la plus simple et la plus populaire pour préparer des éther-oxydes. Les éthers aussi bien symétriques qu'asymétriques sont facilement préparés par cette synthÚse. La réaction intramoléculaire chez les halogénohydrines en particulier donne des époxydes.

Dans le cas de la synthĂšse d'Ă©thers asymĂ©trique, il y a le choix entre deux types de rĂ©actifs (chaque cĂŽtĂ© pouvant ĂȘtre initialement l'halogĂ©nure ou l'alcool), on choisit en gĂ©nĂ©ral selon la disponibilitĂ© du rĂ©actif, et sa rĂ©activitĂ©. Il est Ă©galement possible, de façon frĂ©quente, d'utiliser la synthĂšse de Williamson Ă  partir de deux alcools ; l'un d'eux est converti en halogĂ©nure (en utilisant gĂ©nĂ©ralement un tosylate), et les deux rĂ©actifs sont ensuite mis Ă  rĂ©agir ensemble.

L'alcoolate peut ĂȘtre primaire, secondaire ou tertiaire. En revanche, l'agent alkyant doit ĂȘtre prĂ©fĂ©rentiellement primaire. Les composĂ©s secondaires rĂ©agissent Ă©galement, mais les tertiaires sont en gĂ©nĂ©ral trop sujets Ă  des rĂ©actions parasites pour ĂȘtre utiles. Le groupe partant est le plus souvent un halogĂ©nure ou un ester de sulfonate synthĂ©tisĂ© pour le besoin de la rĂ©action. Comme les conditions de la rĂ©action sont plutĂŽt dures, des groupes protecteurs sont souvent utilisĂ©s pour protĂ©ger les autres groupes sensibles des molĂ©cules utilisĂ©es (par exemple un autre groupe alcool, un groupe amine).

Conditions

Comme les ions alcoolates sont trÚs réactifs, ils sont en général préparés immédiatement avant la réaction, ou générés in situ ; en laboratoire. Cette génération est effectuée en faisant réagir l'alcool avec un base carbonate ou l'hydroxyde de potassium, alors que dans l'industrie, on utilise souvent un catalyseur de transfert de phase. On peut utiliser une large gamme de solvants, mais les solvants protiques et les solvants apolaires tendent à réduire fortement le taux de réaction, résultant d'une baisse de disponibilité du nucléophile libre. Pour cette raison, on utilise en général l'acétonitrile et le N,N-diméthylformamide.

Une rĂ©action de Williamson est en gĂ©nĂ©ral menĂ©e Ă  50–100 °C et est effectuĂ©e en une Ă  huit heures. Souvent, la transformation complĂšte des rĂ©actifs initiaux est difficile Ă  rĂ©aliser, et les rĂ©actions parasites sont communes. On obtient en gĂ©nĂ©ral des rendements de 50 Ă  90 % en laboratoire, et des conversions presque quantitatives sont obtenues par des procĂ©dĂ©s industriels.

Une catalyse n'est en gĂ©nĂ©ral pas nĂ©cessaire en laboratoire. Cependant, si un agent alkylant non-rĂ©actif est utilisĂ© (par exemple un chlorure d'alkyle), le taux de rĂ©action peut grandement ĂȘtre amĂ©liorĂ© en ajoutant une quantitĂ© catalytique d'un sel d'iodure soluble (permettant un transfert d'halogĂ©nure, crĂ©ant un dĂ©rivĂ© iodure plus rĂ©actif, une variante de la rĂ©action de Finkelstein). Dans des cas extrĂȘmes, des sels d'argent peuvent ĂȘtre ajoutĂ©s, comme l'oxyde d'argent(I)[4] :

SynthĂšse d'Ă©ther avec l'oxyde d'argent

L'ion argent(I) se coordonne avec le groupe partant halogĂ©nure, pour permettre un dĂ©part plus facile. Des catalyseurs de transfert de phase peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s (comme le bromure de tĂ©trabutylammonium ou la 18-couronne-6) afin d'augmenter la solubilitĂ© de l'alcoolate en lui donnant un contre-ion plus doux.

RĂ©actions parasites

La réaction de Williamson est souvent en compétition avec l'élimination en milieu basique de l'agent alkylant[3], et la nature de groupe partant aussi bien que des conditions de réactions (en particulier la température et le solvant) peuvent avoir une forte influence sur la réaction favorite. En particulier, certains agents alkylants peuvent avoir une structure qui les rend propices aux réactions d'élimination. Lorsque le nucléophile est un alcoolate aromatique, la réaction de Williamson est en compétition avec une alkylation du cycle.

Notes et références

  1. (en) A. W. Burgstahler et L. R. Worden, « Coumarone », Org. Synth., vol. 46,‎ , p. 28 (ISSN 0078-6209, DOI 10.15227/orgsyn.046.0028).
  2. (en) A. W. Williamson, « Theory of Ætherification », Philos. Mag., vol. 37, no CCLI,‎ , p. 350-356 (ISSN 1478-6435, lire en ligne).
  3. (en) R. W. Boyd et R. Morrison, Organic chemistry, Englewood Cliffs (NJ), Prentice Hall, , 6e Ă©d., 1279 p. (ISBN 978-0-13-643669-0), chap. 6 (« Alcohols and Ethers »), p. 241–242.
  4. (en) M. Tanabe et R. H. Peters, « (R,S)-Mevalonolactone-2-13C », Org. Synth., vol. 60,‎ , p. 92 (ISSN 0078-6209).
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