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Symbolisme des métaux

Le symbolisme des métaux concerne les métaux dans leur capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence. Le métal en général a son symbolisme (il représente la solidité, la matérialité), et chaque métal en particulier a son symbolisme (l'or représente la perfection, le fer la guerre). Sous peine de délire, la symbolique des métaux doit rester dans le cadre de la métallurgie et des caractéristiques des métaux : un métal est un "corps simple, bon conducteur de la chaleur et de l'électricité, libérant des cations et donnant des oxydes généralement basiques par combinaison avec l'oxygène et doué d'un éclat souvent brillant".

Distinctions

  • MĂ©taux rĂ©els ou fictifs. L'orichalque est un mĂ©tal fictif ; dans le Critias (114e), Platon le dĂ©crit comme un mĂ©tal utilisĂ© couramment par les Atlantes, habitants de la lĂ©gendaire Atlantide :
"L’île fournissait la plupart des choses nécessaires à la vie. D’abord, tous les métaux, durs ou malléables, extraits du sol par le travail de la mine, sans parler de celui dont il ne subsiste aujourd’hui que le nom, mais dont en ce temps-là il y avait plus que le nom, de cette espèce qu’on extrayait de la terre en maints endroits de l’île, l’orichalque. C'était alors le métal le plus précieux après l’or."

Métaux précieux (or, argent, platine) ou non (cuivre, plomb, étain). Métaux solides ou non (mercure). Métaux natifs ou non. Les métaux font partie des minéraux, qui comprennent aussi - pour ne citer que ce qui intéresse le symbolisme - les non-métaux (diamant, soufre), les sulfures (cinabre, réalgar), les silicates (quartz, opale, topaze, béryl).

  • Symbole, symbolique, symbolisme, symbologie. Symbolique et symbolisme sont liĂ©s. 1) "Le symbole est un signe concret Ă©voquant par un rapport naturel quelque chose d'absent ou d'impossible Ă  percevoir" (AndrĂ© Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie). 2) Le symbolisme des mĂ©taux concerne d'une part leur capacitĂ© Ă  signifier, peut-ĂŞtre Ă  agir, influencer, activer, d'autre part leur statut Ă  ĂŞtre interprĂ©tĂ©es. 3) La symbolique des mĂ©taux concerne le système signifiant des mĂ©taux : d'une part, ils forment ensemble un système, un tout, un ensemble, un complexe, d'autre part, chacun entre dans un rĂ©seau (chacune appelle son opposĂ©, son proche, etc.). 4) La symbologie est la thĂ©orie : histoire, usages, valeurs...
  • Syntaxe, sĂ©mantique, pragmatique. L'approche sĂ©miotique, depuis Charles W. Morris[1], examine trois points de vue, qui peuvent s'appliquer aux mĂ©taux : 1) la syntaxe (les rapports entre mĂ©taux), 2) la sĂ©mantique (le sens des mĂ©taux, ce qu'ils dĂ©signent indirectement, par analogie naturelle) [soit relation signifiant/signifiĂ©, soit relation signe/rĂ©fĂ©rent], 3) la pragmatique (l'utilisation symbolique des mĂ©taux dans une situation de communication).

Le système des métaux

Une symbolique implique un système, c'est-à-dire une complexité variée (elle comporte plusieurs éléments), interactive (ses éléments agissent les uns sur les autres), organisée (elle obéit à un ordre, tel que succession, priorité), totale (quand on modifie un élément les autres sont modifiés) et finalisée (elle vise un but, en général la signification). Les métaux, même symboliques, forment système. Or et argent vont de pair.

Analogies et correspondances ; synesthésies

Pour saisir le symbolisme d'un métal, il est souvent pertinent de noter les correspondances établies ou les synesthésies ressenties.

Voici une liste de correspondances chez les amateurs de symbolique ou d'occulte, qui ne fait pas l'unanimité. "L'or correspond au Soleil, est en affinité avec le béryl et la sardoine. L'argent correspond à la Lune, est en affinité avec le cristal de roche et l'hyacinthe. Le mercure correspond à Mercure, est en affinité avec l'agate. Le cuivre correspond à vénus, est en affinité avec l'émeraude. le fer correspond à Mars, est en affinité avec le diamant. L'étain correspond à Jupiter, est en affinité avec le saphir. Le plomb correspond à Saturne, est en affinité avec l'onyx."[2]

Un « lapidaire astrologique », dont la première mention serait à trouver dans le Damigéron-Evax[3], donne le premier tableau de correspondances.

Métal ou divinitéPierre précieuseSigne zodiacal
Mercure ou vif argent noble[4]diamantGĂ©meaux
vif-argent vulgairecristal de rocheVierge
Mars (fer)rubisBĂ©lier
VĂ©nus (Cuivre)Ă©meraudeTaureau
Jupiter (Ă©tain)topazeSagittaire
Saturne (plomb)grenatCapricorne
Lune/ Séléna (argent)saphirCancer.

Techniques de décodage

Il y a deux degrés dans l'art de décoder (identifier et interpréter) les symboles, leur code : le déchiffrage et le décryptage. Quand on déchiffre, on connaît le code ; quand on décrypte : on ne le connaît pas.

  • Première technique : identifier les objets liĂ©s Ă  tel mĂ©tal. Quels sont le ou les points communs ?
  • Deuxième technique : examiner les rapports avec les autres mĂ©taux. Ă€ quel mĂ©tal tel objet est-il opposĂ©, auquel est-il accouplĂ©, auquel est-il similaire ?
  • Troisième technique : quel effet produit psychologiquement tel mĂ©tal ?
  • Quatrième technique : que disent les traditions (proverbes, mythes, contes, etc.) et les idĂ©ologues (philosophes, thĂ©ologiens, iconographes, etc.) ?
  • Cinquième technique : quel hiĂ©roglyphe, quel symbole graphique dĂ©signe tel mĂ©tal ?

Histoire

Dans un mythe des races célèbre, Hésiode, dans sa Théogonie (VIIIe s. av. J.-C.) raconte la succession des diverses races d’hommes apparues sur la terre. Les cinq races qu’il énumère s’ordonnent selon une échelle des valeurs représentée par des métaux : l’or, l’argent, le bronze et le fer. Seule la quatrième race, celle des héros, qui précède la race de fer des hommes d’aujourd’hui, ne correspond à aucune espèce métallique.

Les métaux et les religions

En Mésopotamie, le dieu Gabil est invoqué comme celui qui "allie le cuivre et l'étain" et celui qui "raffine l'argent et l'or". Les métaux figurent parmi les pierres dont l'influence est jugée bénéfique, mais l'or, l'argent, l'étain, le fer et le plomb sont placés sur le même plan que la cornaline, l'hématite, le lapis-lazuli et autres pierres semi-précieuses. Une certaine mystique, la même qui attribuait des nombres aux dieux, associait l'argent à Anu, l'or à Enlil et le cuivre à Ea. Un texte portant probablement sur Marduk établit une correspondance entre les membres ou organes et les métaux : "L'argent est son crâne, l'or est sa semence."[5]

Dans le temple d’Apollon à Delphes étaient consacrés un radis d’or, une betterave d’argent et un navet de plomb (Pline, Histoire naturelle, XIX, 86).

Les métaux selon l'ésotérisme

Les métaux en alchimie

L'alchimie reconnaît sept métaux dont deux sont parfaits (l'Or et l'Argent) et cinq sont "vils" (le cuivre, le fer, l'étain, le plomb et le mercure). Éliphas Lévi ajoute ceci : « Les Anciens, outre les sept métaux, admettaient cinq demi-métaux, que nous appelons maintenant : régule d’antimoine, bismuth, zinc, régule d’arsenic et régule de cobalt », ce dernier inconnu autrefois. Le grand problème est celui de savoir avec quelle matière commence le Grand œuvre, si c'est un métal ou non, et, si c'est un métal, lequel (c'est souvent le plomb ou le mercure) ?

Les métaux en astrologie

Tycho Brahe (lettre du 17 août 1588 à Christoph Rothmann) rappelle les correspondances : « Les sept planètes dans le ciel sont ce que sont les sept métaux dans la terre et ce que sont dans l’homme les sept organes principaux… Le Soleil et la Lune correspondent aux deux métaux les plus nobles, l’or et l’argent, et aux deux organes principaux, le cœur et le cerveau ; Jupiter et Vénus correspondent à l’étain et au cuivre, au foie et aux reins… ; Mercure correspond au mercure terrestre ou vif-argent, et au poumon. »

Notes et références

  1. Charles W. Morris, Foundations of the Theory of Signs, article dans l' International Encyclopedia of Unified Science, 1938.
  2. Hervé Masson, Dictionnaire initiatique, Belfond, 1970, p. 278.
  3. Lapidaires Grecs, R. Halleux et J. Schamp, Les Belles Lettres, 1985, Paris
  4. En effet les Anciens distinguaient 2 sortes de Mercure-métal et deux sortes d'Argent : le noble et le vulgaire.
  5. Henri Limet, in Dictionnaire des religions, PUF, 1984, p. 1101-1102.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles. Mythes, rĂŞves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1982.
  • Pierre SAUZEAU et AndrĂ© SAUZEAU, «Le symbolisme des mĂ©taux et le mythe des races mĂ©talliques», Revue de l'histoire des religions, 3/2002,
  • François-Hubert Forestier, La fortune minière des premiers MercĹ“ur. Mercure, Jupiter et la Licorne : symbolisme alchimique Ă  usage minier antique sur le plateau de MercĹ“ur (43) ? : in Cahiers de la Haute-Loire 1990, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire,

Articles connexes

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