Suzanne Derval
Jeanne Émilienne Berthe Petit dite Suzanne Derval[1] - [2], née le dans le 12e arrondissement de Paris[3] et morte à une date indéterminée après , est une actrice de théâtre et demi-mondaine de la Belle Époque dont la carrière artistique est documentée de 1889 à 1911.
Naissance | |
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Jeanne Émilienne Berthe Petit |
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Biographie
Jeanne Emiliène[note 1] Berthe Petit naît en 1865 à Paris, fille d’un tonnelier[1]. Devenue couturière, elle se marie en 1883 avec Jules Carpentier, un vannier de Maisons-Alfort. Les époux divorcent en 1889 à la requête du mari. Cette même année, son pseudonyme, Suzanne Derval, apparaît dans la presse.
Avant d'entrer au théâtre, Suzanne Derval est modèle pour Charles Chaplin et Carolus-Duran dont on dit qu'elle est leur modèle préféré[4] - [5].
Elle étudie la tragédie avec Talbot. « Artiste intermittente » selon Paulus[6], elle débute sur scène au Concert Européen dans les revues de Jules Jouy vers 1889, au Jardin de Paris; puis aux Variétés, dans le rôle de Léæna dans une reprise de La Belle Hélène, l'opéra bouffe de Meillac et Halévy en 1890[7] et dans les revues d'Hector Monréal et Henri Blondeau; à La Cigale dans la revue Sur la Butte d'Albert Pajol en 1891[8] - [9] et au Concert parisien[10].
En 1891-92, elle a brièvement pour amant Bidard alias Hayères qui escroque les demi-mondaines en leur promettant le mariage, et dont le procès en février 1893 où l'on peut apercevoir à peu de frais les Reines des scènes parisiennes, fait grand bruit[11].
Aux Menus-Plaisirs, elle chante le rôle d'Angèle dans Bacchanale, opérette de Bertal, Lecocq et Hervé en 1892[12] et elle y triomphe, en remplaçant Émilienne d’Alençon, avec la danse serpentine dans Tararaboum-Revue de Paul Terrier et Alfred Delilia[13] - [14]. Elle passe aux Mathurins en 1893. Elle joue dans la Revue Sans-Gène de Monréal, Blondeau et Delilia[15] et dans Mademoiselle ma femme aux Menus-Plaisirs en 1894[16], dans la revue Allume ! Allume ! au Parisiana en 1894[17], dans des rôles parfois très dévêtus[5] - [18].
En 1895, elle donne Le Coucher d'Yvette, pantomime de Francisque Verdellet, accompagnée d'une musique d'Eugène Arnaud. C'est ce qu'on appelle à l'époque un déshabillé de théâtre[19], ancêtre du strip-tease, crée par Blanche Cavelli, en 1894. À Georges Montorgueil venu l’interviewer, elle déclare : « le transparent n'est pas pour me déplaire, mais entendez ce transparent qui simplement se rose au contact, comme si, timide, il rougissait des frôlements[20]. »
En 1897, le journal Gil Blas publie une liste de « théâtreuses », des femmes « autrefois amuseuses » mais « devenues artistes », dans laquelle on rencontre notamment les noms de Liane de Pougy, Émilienne d’Alençon, Renée de Presles, Blanche de Marcigny, Mathilde Castera, Léo Guyon, Suzanne Derval et Rose Demay[21] - [22].
Fin 1897, elle passe aux Variétés dans Paris qui marche, revue d'Hector Monréal et Henri Blondeau, musique d’Henri Chatau[note 2], avec pour partenaire Juliette Méaly, Germaine Gallois, Ève Lavallière, Amélie Diéterle, Émilienne d’Alençon et Rose Demay[23] - [24] - [25] - [26] - [27]
Elle figure dans le premier fascicule illustré, dans la série intitulée Les Reines de Paris chez elles, publiée en 1898, aux côtés des artistes, des reines de beauté et des demi-mondaines : Clémence de Pibrac, Albany Debriège, Cléo de Mérode, Liane de Pougy, Émilienne d'Alençon qui montre une frontière floue entre cabaret et demi-monde[28]. Elle apparait aussi dévêtue dans la revue Paris-Chansons à l'Eldorado[29].
En 1898, au théâtre des Variétés, elle joue dans la revue de printemps Le Tour du Bois de Gaston Serpette, livret de Oudot et de Gorsse et le rôle de Clara dans une reprise d'Un chapeau de Paille d'Italie de Marc Michel et d'Eugène Labiche[30] - [31]. Elle passe aussi dans la revue du Parisiana[32]. En 1899, elle passe à l'Olympia dans Les Sept Péchés capitaux de Maurice de Marsan, musique d'Henri Hirschman[33] - [34].
En 1900, elle joue dans une reprise de La Poudre de Perlinpinpin des frères Cognard au Chatelet[35]. En 1901, elle crée un rôle dans En fête !, comédie d'Auguste Germain à l'Athénée[36] - [37].
En 1902, Suzanne Derval triomphe dans la Revue des Variétés de Paul Gavault et Adrien Vély, avec Albert Brasseur, Max Dearly, Juliette Méaly et Ève Lavallière[38]; dans Hé ! Hop ! au Casino de Paris[39]; elle joue le rôle de la commère dans la revue C'est d'un raid ! de P.-L. Flers, musique de Charles Raiter, à la Scala[40].
En 1903, elle passe dans la Revue à Poivre à la Scala[41]. Elle joue dans des reprises des opérettes d'Offenbach, elle passe à l'Olympia en 1905 dans Les Saisons de la Parisienne d'Alfred Curti et Louis Varney[42] - [43]; au Casino de Paris, et dans la Revue du Centenaire aux Variétés en 1907[44]. En 1908, elle est la commère de la revue V'la le Potin mondain de Paul Fargue et Paul Faron à la Comédie-Royale[45]; en 1910, dans la revue de Nozière et Mirande à la Comédie-Royale[46].
En 1911, elle crée quelques pièces de Sacha Guitry à la Renaissance : Feu de paille[47], Un beau Mariage où elle tient le rôle d'une cocotte[48] - [49] - [50] - [51] puis quitte définitivement la scène. Elle a alors 46 ans.
En 1927, Suzanne Derval s'installe à Cannes, dans une maison qu'elle vient d'acquérir rue Clémenceau. On perd définitivement sa trace après qu'elle l'a revendue, en février 1940[1].
Vie privée
Le journal Gil Blas, sous-entend une relation avec Liane de Vriès, allusion aux plaisirs saphiques que les courtisanes se plaisent à exalter dans leurs écrits[52].
Suzanne Derval est l'amie de Colette et lui aurait inspiré le personnage de Léa de Chéri[53] - [54] - [55] - [56]. Elles fréquentent toutes les deux le « cercle des arts et de la mode », Villa d'Eylau.
Suzanne Derval invite Willy et sa femme Meg Villars, chez elle à Trouville-sur-Mer, en 1910[57] - [58].
Iconographie
Suzanne Derval a été immortalisée par les peintures de Charles Chaplin[59] et Carolus-Duran[4] - [5].
- Dans les rêves, huile sur toile de Charles Chaplin, vers 1886.
Elle est croquée par le caricaturiste André Rouveyre[60] - [61],
Notes et références
Notes
- Et non Émilienne, d'après son acte de naissance.
- qui compose notamment pour cette revue, la célèbre chanson, Frou-frou.
Références
- Dominique Salva, « Madame X…, dite Suzanne Derval, demi-mondaine », sur Enquêtes d'identité, (consulté le )
- Le krach Bidard. Deuxième représentation. Le XIXe siècle, 26 février 1893, p. 3, à lire en ligne sur Gallica
- Acte de naissance n° 221 (vue 8/16) sans mentions marginales. Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 12e arrondissement, registre des naissances de 1865.
- Georges Montorgueil, Les Déshabillés au théâtre, (lire en ligne)
- Gustave-Joseph-Alphonse Witkowski et Lucien Nass, Le nu au théâtre depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, (lire en ligne)
- Paulin Habans et Octave Pradels, Trente ans de cafe-concert par Paulus, Paris Societe d'edition et de publications, [19--] (lire en ligne)
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- Cahiers du Cinéma, tome VII, n°42, L'Amour au cinéma, Editions de l'Etoile, (lire en ligne), p. 40
- Pierre Dufay, Le pantalon féminin, Paris : Librairie des Bibliophiles parisiens, (lire en ligne)
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- Tralongo 2016.
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- « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
Bibliographie
: documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :
- Le Monde artiste puis "illustré", Paris, 1862-1914 (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica
- L’Europe artiste, Paris, 1853-1904 (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica
- Louis Boulanger, Les reines de Paris chez elles (Beauty's queens), (OCLC 15040358, lire en ligne).
- Catherine Guigon, Les Cocottes : Reines du Paris 1900, Parigramme, , 185 p. (ISBN 978-2-84096-998-3, présentation en ligne).
- Stéphane Tralongo, « Du côté de Cythère. Le “demi-monde” des actrices de Marcel Proust », Revue d'études proustiennes, vol. Proust au temps du cinématographe : un écrivain face aux médias, no 4, , p. 155-178 (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
- Ressource relative au spectacle :
- Photographies et dessins de Suzanne Derval lire en ligne sur Gallica
- « Blanche, Mathilde, Zélie et les autres », sur histoire-vesinet.org (consulté le )