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Streptospondylus

Streptospondylus (signifiant « vertÚbre inversée ») est un genre de dinosaures théropodes du Jurassique retrouvé en France. L'espÚce-type, Streptospondylus altdorfensis, a été décrite par Christian Erich Hermann von Meyer en 1832[1]. Il s'agit du premier nom binomial référant à un théropode.

Streptospondylus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Streptospondylus altdorfensis.

Genre

† Streptospondylus
von Meyer, 1832

EspĂšce

† Streptospondylus altdorfensis
von Meyer, 1832
Reconstitution de Streptospondylus altdorfensis dans son habitat.

L'espÚce-type est basée sur un holotype qui a varié au cours des années pour adopter, en 2001, une forme qui serait définitive[2].

Les lectotypes, MNHN 8605-09, 8787-89, 8793-94 et 8907, ont probablement Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des strates, datĂ©es de la fin du Callovien ou du dĂ©but de l'Oxfordien, des falaises des Vaches Noires, prĂšs de Calvados. Ils sont constituĂ©s de plusieurs vertĂšbres, d'un pubis gauche et de fragments de membres. La plus longue vertĂšbre fait 97 millimĂštres, ce qui indique un spĂ©cimen d'environ 7 mĂštres de longueur.

Streptospondylus serait un tĂ©tanurien. En 2001, le palĂ©ontologue français Ronan Allain a suggĂ©rĂ© qu'il est proche d'Eustreptospondylus et que les deux genres, Streptospondylus et Eustreptospondylus, devraient ĂȘtre rangĂ©s dans le groupe des spinosauridĂ©s[2]. En 2008 et 2010, Roger Benson conclut qu'il est soit un mĂ©galosauridĂ©, un allosauridĂ© ou une forme plus primitive indĂ©terminĂ©e en raison de la nature trĂšs fragmentaire des restes[3]. Il formerait un groupe frĂšre chez les Megalosauroidea avec Magnosaurus[4].

DĂ©couverte

Streptospondylus est l'un des premiers dinosaures retrouvĂ©s et dĂ©crits. En 1778, l'abbĂ© Charles Bacheley (1716-1795), naturaliste amateur normand, rapporta la prĂ©sence d'ossements fossiles dans les marnes callovo-oxfordiennes qui affleurent au pied des falaises des Vaches-Noires entre Villers-sur-Mer et Houlgate[5] - [6]. Parmi ces fossiles se trouvaient des vertĂšbres de thĂ©ropodes et des restes de crocodiliens marins. Bacheley les attribua Ă  des « poissons », terme qui servait encore Ă  cette Ă©poque Ă  dĂ©signer, selon l’usage populaire, les cĂ©tacĂ©s. Bacheley n’excluait pas la possibilitĂ© que ces ossements pĂ©trifiĂ©s pussent appartenir Ă  des formes animales sans analogues vivants.

En l’an VI (1797–1798), aprĂšs la mort de Bacheley, l’administration du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure fit l’acquisition de son cabinet d’histoire naturelle qui fut dĂ©posĂ© Ă  l'École centrale de Rouen[5]. Louis-BenoĂźt Guersent (1777–1848) qui occupait alors la chaire d'histoire naturelle de cette Ă©cole informa Georges Cuvier de la prĂ©sence de ces ossements remarquables. Avec l’accord du prĂ©fet, Jacques Claude Beugnot, les fossiles de la collection Bacheley furent envoyĂ©s au MusĂ©um national d'histoire naturelle de Paris. En 1800, la collection fut briĂšvement mentionnĂ©e par Georges Cuvier qui orthographia le nom de son ancien propriĂ©taire "Bachelet"[7]. Cette erreur explique pourquoi pendant plus de deux siĂšcles l'identitĂ© de l'abbĂ© Bacheley est restĂ©e obscure jusqu'Ă  des recherches historiques publiĂ©es en 2016 [5] - [6].

En 1808, Cuvier dĂ©crit scientifiquement les vertĂšbres et croit qu'elles appartiennent Ă  une sorte de crocodile[8]. Il les associe aux Teleosauridae et Metriorhynchidae[8]. En 1822, Ă  l'aide des travaux de Henry De la Beche, Cuvier commence Ă  comprendre que les restes sont trĂšs disparates et proviennent de pĂ©riodes diffĂ©rentes. En 1824, il conclut qu'ils appartiennent Ă  deux principaux types, mais s'abstient de les nommer. En consĂ©quence, en 1825, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire nomme le genre Steneosaurus Ă  partir de deux crĂąnes, le premier spĂ©cimen (MNHN 8900) devenant Steneosaurus rostromajor et le second (MNHN 8902), S. rostrominor[9].

Cependant, en 1832, le palĂ©ontologue allemand Christian Erich Hermann von Meyer divise le matĂ©riel. Steneosaurus rostrominor est renommĂ© Metriorhynchus geoffroyii alors que Steneosaurus rostromajor devient Streptospondylus altdorfensis. Les restes de thĂ©ropode sont associĂ©s Ă  cette derniĂšre[1]. Le nom gĂ©nĂ©rique est tirĂ© du grec ÏƒÏ„ÏÎ”Ï€Ï„ÎżÏ‚/streptos (« inversĂ© ») et ÏƒÏ€ÎżÎœÎŽÏ…Î»ÎżÏ‚/spondylos (« vertĂšbre »), une rĂ©fĂ©rence au fait que les vertĂšbres diffĂšrent de celles des crocodiles en Ă©tant convexes en avant et concaves en arriĂšre (opisthocĂšle). Le nom spĂ©cifique fait rĂ©fĂ©rence Ă  Altdorf, oĂč d'autres restes de Teleosauridae ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s.

En 1842, Richard Owen souligne que von Meyer aurait fait une erreur en changeant le nom spécifique original[10]. Il crée alors le nom Streptospondylus rostromajor pour Streptospondylus altdorfensis. Il crée également une deuxiÚme espÚce, Streptospondylus cuvieri, basée sur une vertÚbre endommagée datée du Bathonien et retrouvée prÚs de Chipping Norton[10].

En 1964, Alick Donald Walker réfÚre tout le matériel appartenant au théropode à une nouvelle espÚce, Eustreptospondylus divesensis[11] (voir Eustreptospondylus). En 1977, Philippe Taquet crée le genre Piveteausaurus pour cette espÚce.

En 2001, Ronan Allain conclut qu'aucune connexion ne peut ĂȘtre faite entre Piveteausaurus et les autres restes de Normandie. Il souligne que le crĂąne sur lequel von Meyer a basĂ© Streptospondylus altdorfensis est en fait constituĂ© d'os de deux espĂšces : Steneosaurus edwardsi (Deslongchamps, 1866) et Metriorynchus superciliosum (Blainville, 1853). Allain rĂ©ordonne les fossiles et Streptospondylus altdorfensis devient l'espĂšce-type d'un thĂ©ropode, faisant de Laelaps gallicus et Megalosaurus cuvieri des synonymes[2].

En 2010, Gregory S. Paul renomme Magnosaurus en Streptospondylus nethercombensis[12].

Phylogénie

Auparavant attribué aux groupes de crocodiliens, Streptospondylus était au XXe siÚcle typiquement classé parmi les Megalosauridae.

Des analyses rĂ©centes indiquent que Streptospondylus est un thĂ©ropode Tetanurae. Allain en 2001[13] a suggĂ©rĂ© qu'il Ă©tait Ă©troitement liĂ© Ă  Eustreptospondylus chez les Spinosauroidea. Roger Benson en 2008 et 2010 a conclu que le fait qu'il s'agisse d'un mĂ©galosauridĂ©, d'un allosauridĂ© ou d'une forme plus primitive ne peut ĂȘtre dĂ©terminĂ© en raison de ses restes extrĂȘmement fragmentaires[14]. Une analyse cladistique ultĂ©rieure effectuĂ©e par Benson et ses collĂšgues en 2010 a indiquĂ© que le Streptospondylus Ă©tait l'espĂšce sƓur de Magnosaurus au sein des Megalosauridae. Carrano et al. (2012) ont placĂ© Streptospondylus parmi les Megalosauria incertae sedis en raison de sa nature fragmentaire[15].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Streptospondylus » (voir la liste des auteurs).
  1. (de) H. von Meyer, Paleologica zur Geschichte der Erde, Francfort-sur-le-Main, , 560 p.
  2. Allain R, « Redescription de Streptospondylus altdorfensis, le dinosaure thĂ©ropode de Cuvier, du Jurassique de Normandie [Redescription of Streptospondylus altdorfensis, Cuvier's theropod dinosaur from the Jurassic of Normandy] », Geodiversitas, vol. 23, no 3,‎ , p. 349–367
  3. (en) R.B.J. Benson, « A description of Megalosaurus bucklandii (Dinosauria: Theropoda) from the Bathonian of the UK and the relationships of Middle Jurassic theropods », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 158,‎ , p. 882 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00569.x)
  4. (en)Benson, Roger B. J.; Carrano, Matthew T.; et Brusatte, Stephen L., « A new clade of archaic large-bodied predatory dinosaurs (Theropoda: Allosauroidea) that survived to the latest Mesozoic », Naturwissenschaften, vol. 97, no 1,‎ , p. 71–78 (PMID 19826771, DOI 10.1007/s00114-009-0614-x, Bibcode 2010NW.....97...71B) Supporting Information
  5. Brignon, A. (2016) L’abbĂ© Bacheley et la dĂ©couverte des premiers dinosaures et crocodiliens marins dans le Jurassique des Vaches Noires (Callovien/Oxfordien, Normandie). Comptes Rendus Palevol 15 : 595–605.
  6. Brignon, A. (2016) Le premier "chasseur de dinosaures" en France : l'abbé Charles Bacheley (1716-1795). Fossiles: Revue française de Paléontologie 27 : 36-42.
  7. Cuvier, G. (1800) Sur une nouvelle espÚce de crocodile fossile. Bulletin des Sciences, Société Philomathique de Paris, 2 : 159
  8. Cuvier G, « Sur les ossements fossiles de crocodiles et particuliĂšrement sur ceux des environs du Havre et d'Honfleur, avec des remarques sur les squelettes de sauriens de la Thuringe », Annales du MusĂ©um d’histoire naturelle de Paris, vol. XII,‎ , p. 73–110
  9. Geoffroy Saint-Hilaire E, « Recherches sur l'organisation des gavials », MĂ©moires du MusĂ©um national d’histoire naturelle, vol. 12,‎ , p. 97–155
  10. (en) Owen R, « Report on British fossil reptiles », Report of the British Association for the Advancement of Science, vol. 11,‎ , p. 60–204
  11. (en) Walker A.D., « Triassic reptiles from the Elgin area: Ornithosuchus and the origin of carnosarus », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, vol. 248,‎ , p. 53–134 (DOI 10.1098/rstb.1964.0009, Bibcode 1964RSPTB.248...53W)
  12. (en) G. S. Paul, The Princeton Field Guide to Dinosaurs, Princeton University Press, , 320 p.
  13. R. Allain, « Redescription de Streptospondylus altdorfensis, le dinosaure thĂ©ropode de Cuvier, du Jurassique de Normandie [Redescription of Streptospondylus altdorfensis, Cuvier's theropod dinosaur from the Jurassic of Normandy] », Geodiversitas, vol. 23, no 1,‎ , p. 349-367 (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. (en) Roger B. J. Benson, « A description of Megalosaurus bucklandii (Dinosauria: Theropoda) from the Bathonian of the UK and the relationships of Middle Jurassic theropods », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 158, no 4,‎ , p. 882–935 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00569.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Matthew T. Carrano, Roger B. J. Benson et Scott D. Sampson, « The phylogeny of Tetanurae (Dinosauria: Theropoda) », Journal of Systematic Palaeontology, vol. 10, no 2,‎ , p. 211–300 (ISSN 1477-2019 et 1478-0941, DOI 10.1080/14772019.2011.630927, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

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