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Stoebe passerinoides

Stoebe passerinoides, le branle blanc, est une espèce d'arbrisseau de la famille des Asteraceae, endémique de l'île de La Réunion, caractéristique des landes et fruticées d'altitude.

Description

Stoebe passerinoides est un arbrisseau densément ramifié qui peut atteindre en situations exceptionnelles m de hauteur mais qui dans les conditions écologiques où il est le plus fréquemment rencontré est de taille beaucoup plus modeste, voire reste prostré au plus près du sol.

Le feuillage du branle blanc change de forme au cours du développement de plante.
Rameau fleuri de branle blanc

C'est une plante hétérophylle. Le premier type de feuillage, composé de petites aiguilles verdâtres, écartées de la tige, caractérise la phase juvénile et subsiste sur les individus qui se développent en forêt. Les feuilles du second type, appliquées contre la tige, ressemblent plus à de petites écailles. Leur base est enveloppée d'un enchevêtrement de poils blancs, ce qui donne alors à la plante un aspect général blanchâtre[1]. Cette deuxième morphologie est typique des individus des landes d'altitude qui se développent en pleine lumière.

La floraison, quoique souvent abondante, reste discrète. Les capitules, comble pour un représentant d'une famille caractérisée par ses fleurs composées, ne comportent qu'un seul fleuron tubulé qui est de couleur brune. Ces petits capitules sont eux-mêmes rassemblés en épis au sommet des rameaux. La fructification produit des akènes à pappus plumeux[2].

Appellations

Le nom scientifique du genre, Stoebe, fait rĂ©fĂ©rence Ă  la stĂ©bĂ©e (« stĹ“be Â») des Anciens, une plante mĂ©dicinale que ThĂ©ophraste, Dioscoride et Pline dĂ©crivaient comme commune mais que les botanistes modernes ne rĂ©ussirent pas Ă  identifier avec certitude. Pour couper court Ă  toutes spĂ©culations, LinnĂ© dĂ©cida d'en attribuer le nom Ă  un genre de plantes originaires d'Afrique australe[3]. Quant au nom de l'espèce, passerinoides, il Ă©voque une ressemblance avec la Passerine hĂ©rissĂ©e (Thymelaea hirsuta), un arbuste des maquis mĂ©diterranĂ©ens.

Le nom vernaculaire le plus usitĂ©, « branle blanc Â», comprend le nom « branle » qui est une variante[4] - [5] de « brande » et qui peut dĂ©signer des bruyères ou des landes elles-mĂŞmes dominĂ©es gĂ©nĂ©ralement par les bruyères. L'origine est germanique (« das Brand Â» : le tison)[6] et fait allusion au feu, soit que les bruyères pouvaient servir de brandons, soit que la lande Ă©tait l'expression d'une rĂ©gression de la vĂ©gĂ©tation sous l'effet d'incendies rĂ©pĂ©tĂ©s. Actuellement, en France mĂ©tropolitaine, une « brande Â» dĂ©signe le plus souvent la bruyère Ă  balais (Erica scoparia)[7], avec laquelle on fabrique encore aujourd'hui des panneaux de clĂ´ture. Bien que le branle blanc ne soit aucunement apparentĂ© aux bruyères, il prĂ©sente des caractères d'apparence convergents et fait partie de ce qui est appelĂ© aux Mascareignes la vĂ©gĂ©tation Ă©ricoĂŻde (c'est-Ă -dire qui ressemble au genre Erica, le genre des bruyères). L'Ă©pithète « blanc Â» s'applique Ă©videmment Ă  la couleur blanchâtre du feuillage et permet notamment de marquer la diffĂ©rence avec le branle vert (Erica reunionensis).

Les appellations « Bois Adam Â» ou « Bois galeux Â» pour Stoebe passerinoides sont Ă©galement citĂ©es par Cordemoy[8] mais ne semblent plus guère en usage.

Écologie

Les touffes blanchâtres de branle blanc se mêlent, devant le piton de la Fournaise à celles du branle vert, du thym marron ou de buissons rabougris de tamarin des Hauts.

Stoebe passerinoides est typiquement une espèce pionnière Ă  vie courte[2]. Elle est capable de coloniser des substrats minĂ©raux grossièrement divisĂ©s. C'est l'espèce dominante des zones sommitales, au-dessus de 2 500 m, oĂą elle forme des touffes basses et disjointes. Elle est Ă©galement l'une des composantes principales des formations Ă©ricoĂŻdes d'altitude Ă  Erica reunionensis. Plus bas, potentiellement Ă  toutes altitudes[9], elle est encore prĂ©sente dans les fourrĂ©s arbustifs, mais plus discrètement, avec un dĂ©veloppement en hauteur plus important et la prĂ©dominance d'un feuillage de type juvĂ©nile[10].

Utilisations

Restauration Ă©cologique

En raison de son caractère pionnier, Stoebe passerinoides est une espèce qui peut servir d'appui à une stratégie de restauration écologique[11] en zone d'altitude.

Plante médicinale

Le branle blanc est utilisé en mélange, sous forme de macération alcoolique, par divers tisaneurs de La Réunion pour soigner les rhumatismes par frictionnements. La plante est probablement toxique, car contenant des hétérosides cyanogénétiques, et n'est pas utilisée par voie interne[12].

Voir aussi

Références externes

Notes et références

  1. Thierry Pailler, Laurence Humeau et Jacques Figier (préf. Jean Bosser), Flore pratique des forêts de montagne de l'île de La Réunion : Identification d'arbres, arbustes, arbrisseaux et lianes indigènes, Sainte-Marie, Azalées éditions, , 120 p. (ISBN 2-913158-00-5), p. 95
  2. CIRAD, Arbres et arbustes indigènes de La Réunion : Stoebe passerinoides (Lam.) Willd.
  3. Société de naturalistes et d'agriculteurs, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts : à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc., t. XXXII, Paris, chez Deterville, (lire en ligne), p. 196-197
  4. Annegret Bollée, Dictionnaire étymologique des créoles français de l'Océan Indien, vol. partie 1, Hambourg, Helmut Buska Verlag, , 450 p. (ISBN 3-87548-059-7, lire en ligne), p. 172
  5. Journal des économistes : revue de la science économique et de la statistique, t. troisième, Paris, Guillaumin et Cie, (lire en ligne), p. 84
  6. Observatoire régional de l'Environnement de Poitou-Charentes : Les brandes du Poitou
  7. Tela-Botanica : Erica scoparia L.
  8. Eugène Jacob de Cordemoy, Flore de l'île de la Réunion : (phanérogames, cryptogames vasculaires, muscinées) avec l'indication des propriétés économiques et industrielles des plantes, Paris, P. Klinsksieck, (lire en ligne), p. 534
  9. Sophie Lavaux et Michèle Autheman (ill. Jean-François Péneau et Jeanine Cadet), La Réunion, le piton de la Fournaise : Histoire naturelle et évolution des espèces, La Réunion, Éditions Cormoran, (ISBN 978-2-904043-07-9), p. 106
  10. Thérésien Cadet, « Étude sur la végétation des hautes altitudes de l'île de La Réunion », Vegetatio, vol. 29, 2,‎ , p. 121-130 (lire en ligne)
  11. Julien Triolo, Ile de La Réunion : Guide pour la restauration écologique de la végétation indigène, Saint-Denis de La Réunion, Office national des forêts, Région Réunion, , 88 p. (ISBN 2-84207-301-0, lire en ligne), p. 65
  12. Roger Lavergne, Le grand livre des tisaneurs et plantes médicinales indigènes de La Réunion, éditions Orphie (réimpr. 2001) (1re éd. 1990), p. 417-419
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