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Stalag IV-B

Le Stammlager IV-B, abrĂ©gĂ© en Stalag IV-B, Ă©tait un camp pour prisonniers de guerre gĂ©rĂ© par la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Il Ă©tait situĂ© Ă  48 kilomètres au nord-ouest de Dresde, sur la commune de MĂĽhlberg dans l'ancienne province de Halle-Mersebourg (aujourd'hui dans le land de Brandebourg).

Stammlager IV-B
Eingang StaLag IVB.JPG
Entrée du Stalag IV-B
Présentation
Nom local Stalag IV-B
Type Stalag
Superficie 30 hectares
Gestion
Date de création 1939
Créé par Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Géré par Wehrmacht
Date de fermeture 1945
Fermé par Armée rouge
Victimes
Type de détenus Prisonnier de guerre
Nombre de détenus Plus de 20000 (camp et sous-camp)
Morts Environ 3000 (camp principal)
Environ 30000 (sous-camp)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
RĂ©gion Brandebourg
Localité Mühlberg
CoordonnĂ©es 51° 26′ 59″ nord, 13° 16′ 55″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Stammlager IV-B
GĂ©olocalisation sur la carte : Brandebourg
(Voir situation sur carte : Brandebourg)
Stammlager IV-B

Le camp principal MĂĽhlberg

Les prisonniers

Ouvert en 1939, le camp est initialement destinĂ© Ă  rĂ©ceptionner les hommes capturĂ©s lors de l'invasion de la Pologne par l'armĂ©e allemande. 17000 soldats polonais sont internĂ©s dans le camp dont les infrastructures ne sont pas encore terminĂ©es et doivent vivre Ă  ciel ouvert ou sous tentes. La plupart d'entre eux ne font que transiter et sont dirigĂ©s vers d'autres camps. En , Ă  la suite de la bataille de France, le camp accueille des prisonniers français, belges, nĂ©erlandais et britanniques. Le nombre de ces derniers (incluant des ANZAC) augmente en avril 1941 après le succès des forces de l'Axe lors de la bataille de Grèce. L'opĂ©ration Barbarossa entre juin et fournit au camp son lot de prisonniers soviĂ©tiques. En 1943, des prisonniers faits lors de l'avancĂ©e des alliĂ©s pendant la campagne d'Italie et prĂ©cĂ©demment enfermĂ©s dans les camps du royaume italien sont transfĂ©rĂ©s au Stalag IV-B après l'armistice de Cassibile. En , après l'insurrection de Varsovie, plusieurs milliers d'hommes et femmes polonais de l'Armia Krajowa arrivent Ă  MĂĽhlberg. Le mois suivant, les femmes sont transfĂ©rĂ©es dans d'autres camps, principalement le Stalag IV-E Ă  Altenbourg et l'Oflag IX-C Ă  Molsdorf. Les AmĂ©ricains sont prĂ©sents au camp depuis la campagne d'Italie puis leur nombre augmente Ă  partir des dĂ©barquements de Normandie et de Provence au grĂ© de l'avancĂ©e des troupes pendant la libĂ©ration de la France. 7500 d'entre eux arrivent Ă  l'hiver 1944-1945 lors de la bataille des Ardennes dont 3000 sont transfĂ©rĂ©s au Stalag VIII-A Ă  Görlitz. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1945, dans un contexte grandissant d'opposition Ă  l'occupant allemand, 1 500 policiers danois sont internĂ©s au Stalag IV-B. Durant toute sa pĂ©riode d'activitĂ©, ce ne sont pas moins de 33 nationalitĂ©s qui ont transitĂ© dans le camp. Celui-ci est libĂ©rĂ© le par l'ArmĂ©e rouge. Après la Seconde Guerre mondiale, le Stalag IV-B, situĂ© dans la zone d'occupation soviĂ©tique est rĂ©cupĂ©rĂ© par l'URSS et devient, sous le nom Speziallager Nr. 1 MĂĽhlberg, un camp d'internement gĂ©rĂ© successivement par le SMERSH, le NKVD et le MVD. Entre 1945 et 1948, environ 22 000 personnes sont emprisonnĂ©es, donc 7000 y laissent la vie. Après que les derniers prisonniers sont transfĂ©rĂ©s dans d'autres camps, l'installation est dĂ©finitivement abandonnĂ©e en 1948

La vie dans le camp

La rue principale du camp.

Construit sur une superficie de 30 hectares, le camp est composĂ© de dix blocs de quatre baraques rĂ©partis de part et d'autre d'une rue principale[1] - [2]. Au centre du camp, une place Ă©tait bordĂ©e de la cuisine et de la cantine[1]. Les baraques, composĂ©es de deux parties sĂ©parĂ©es par une salle d'eau, pouvaient accueillir jusqu'Ă  400 hommes qui dormaient sur des lits quadruples Ă  trois Ă©tages[2] - [3]. L'intĂ©rieur est chauffĂ© par un four en brique. Le camp est entourĂ© d'une triple haie de barbelĂ©s d'une hauteur de 2,5 mètres. Les prisonniers arrivent par wagons Ă  la gare de Neuburxdorf, Ă  3 kilomètres au nord, et rejoignent le camp Ă  pied[1] - [2]. FouillĂ©s, photographiĂ©s et affublĂ©s d'un numĂ©ro de prisonnier, ils doivent remettre leurs effets personnels et se font distribuer une tenue de prisonnier et des sabots[1].

Un des miradors.

Chaque baraque compte un chef de baraque et quatre ou cinq sous-officiers chefs de groupe, le tout sous les ordres d'un allemand[3]. Des interprètes sont également désignés. Les prisonniers sont réveillés à cinq heures tous les matins puis devaient se rendre à l'appel après avoir ingurgité un maigre petit-déjeuner se limitant à une tasse de tisane[3]. De huit heures à onze heures et de treize heures à seize heures, les hommes doivent obligatoirement se trouver dans les baraquements pour pouvoir être désignés à volonté pour des travaux dans le camp ou à l'extérieur[2] - [3]. Chaque corvée est conclue par une séance de fouille pour lutter contre les vols de matériel ou de denrées, ce qui ne dissuade pas toujours les hommes malgré les sanctions encourues[1]. Entre onze heures et treize heures, pour le repas, un seau de nourriture est distribué par groupe de quinze prisonniers[2] - [3]. Il s'agit le plus souvent de rata ou d'une soupe faite d'un mélange de farine, de choux et de pommes de terre[3]. Vers seize heures étaient distribués une tisane et un casse-croûte constitué d'une boule de pain et d'une tranche de saucisson ou de boudin[3].

Le soir après les horaires de travail, le bâtiment de la cantine est le théâtre d'un véritable marché clandestin où sont vendus le butin des vols, le contenu des colis de la Croix-Rouge et quelques objets récupérés ou achetés avec la complicité de quelques soldats allemands[3]. Les marchandises vendues sont très diverses : briquets, cigarettes, tabac, linge, stylos, rasoirs, montres, nourriture[3]. Les loisirs sont le plus souvent limités aux parties de carte mais le jeudi et le dimanche certains prisonniers, acteurs professionnels dans le civil, jouent des pièces de théâtre dans une salle réservée à cet effet[3].

Sous-camp Stalag IV-H

En , un camp initialement destinĂ© aux seuls prisonniers soviĂ©tiques est installĂ© Ă  Zeithain, Ă  10 kilomètres au sud de MĂĽhlberg[4]. NommĂ© Stalag 304, il accueille en juillet 2 000 dĂ©tenus qui construisent les quartiers des gardes, des bâtiments agricoles puis les baraques[4]. Ă€ la fin de l'annĂ©e, le nombre de prisonniers a atteint 11 000 hommes dont environ 7000 sont morts du typhus et de malnutrition[4]. En 1942, le Stalag 304 devient un sous-camp du Stalag IV-B sous le nom de Stalag IV-H. En , le Stalag IV-H est transformĂ© en camp hospitalier destinĂ© Ă  soigner les prisonniers malades en provenance du camp principal ou d'autres camps[4]. Les conditions ne s'amĂ©liorent pas pour autant et le taux de mortalitĂ© est particulièrement Ă©levĂ©, en particulier chez les soldats soviĂ©tiques victimes de tuberculose. Moins bien traitĂ©s que le reste des prisonniers, les hommes de l'armĂ©e rouge constituent la majeure partie de l'effectif du camp et sont enterrĂ©s dans des fosses communes[1]. En , une partie du camp est rĂ©servĂ©e aux soldats italiens malades emprisonnĂ©s après la chute du royaume d'Italie[4]. BĂ©nĂ©ficiant de meilleurs soins que leurs homologues soviĂ©tiques, ils comptent cependant 900 morts enterrĂ©s dans des tombes individuelles. En , une autre section du camp est isolĂ©e pour abriter les hommes et femmes de l'Armia Krajowa[4]. Le contingent polonais compte 55 mĂ©decins et 168 infirmières dont l'arrivĂ©e au camp permet une grande amĂ©lioration des conditions d'hygiène[5]. Ainsi le Stalag IV-H est certainement le seul exemple de camp de prisonniers de guerre abritant Ă  la fois des hommes et des femmes et dans lequel ont eu lieu des naissances, les nourrissons recevant des numĂ©ros de prisonniers comme leurs parents. Le IV-H est libĂ©rĂ© le mĂŞme jour que le camp principal, le .

Le cimetière militaire de Neuburxdorf

Ă€ Neuburxdorf, Ă  proximitĂ© de la gare d'arrivĂ©e des prisonniers, est implantĂ© un cimetière militaire accueillant les dĂ©pouilles des prisonniers morts dans les camps de MĂĽhlburg et de Zeithain. Mis en place dès les dĂ©buts des camps, il accueille les tombes individuelles d'hommes de toutes nationalitĂ©s, exceptĂ©s les soviĂ©tiques qui sont enterrĂ©s dans des fosses communes. De nos jours, le cimetière abrite 600 tombes. Après 1945, un grand nombre de corps furent exhumĂ©s et rapatriĂ©s dans leurs patries d'origine. Les corps de la fosse commune soviĂ©tique ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s dans le cimetière de la ville voisine d'Elsterwerda. Une septantaine de prisonniers russes reposent maintenant a Genk (Belgique), oĂą leurs dĂ©pouilles ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es.

Prisonniers notables

Galerie

  • Cimetière de Neuburxdorf.
    Cimetière de Neuburxdorf.
  • MĂ©morial aux victimes du camp dans le cimetière de Neuburxdorf.
    Mémorial aux victimes du camp dans le cimetière de Neuburxdorf.
  • MĂ©morial aux soldats soviĂ©tique au camp de Zeithain.
    Mémorial aux soldats soviétique au camp de Zeithain.
  • Monument commĂ©moratif au camp de Zeithain.
    Monument commémoratif au camp de Zeithain.
  • Restes de bâtiment du Stalag IV-B.
    Restes de bâtiment du Stalag IV-B.

Notes et références

  1. Laurent Guillet, Il s'appelait Joseph, , 448 p. (ISBN 978-2-918588-03-0 et 2-918588-03-2)
  2. (en) Tony Vercoe, Survival at Stalag IVB : soldiers and airmen remember Germany's largest POW camp of World War II, McFarland & Company, , 212 p. (ISBN 0-7864-2404-4, lire en ligne)
  3. joseph Moalic, « stalag ivb muhlberg - journaldecaptivite1940 », sur journaldecaptivite1940 (consulté le )
  4. (en) « Zeithain Memorial Grove | Gedenkstätte Ehrenhain Zeithain | Stiftung Sächsische Gedenkstätten », sur en.stsg.de (consulté le )
  5. (en) Bill Biega, Thirteen is My Lucky Number, Syrena Press, , 316 p. (ISBN 1-57087-204-X)

Bibliographie

  • Laurent Guillet, Il s'appelait Joseph, AutoĂ©dition, , 448 p. (ISBN 978-2-918588-03-0 et 2-918588-03-2).
  • (en) Tony Vercoe, Survival at Stalag IVB : soldiers and airmen remember Germany's largest POW camp of World War II, McFarland & Company, , 212 p. (ISBN 0-7864-2404-4, lire en ligne).
  • (de) Achim Kilian, MĂĽhlberg 1938-1948 : Ein Gefangenenlager mitten in Deutschland, Cologne, Böhlau Verlag Wien, , 377 p. (ISBN 3-412-10201-6, lire en ligne).
  • Yves Durand, La captivitĂ© : Histoire des prisonniers de guerre français (1939–1945), FNCPG, .
  • Yves Durand, La vie quotidienne des prisonniers de guerre dans les stalags, les oflags et les kommandos : 1939-1945, Paris, Hachette, , 305 p. (ISBN 2-01-012341-7).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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