AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Sous-espace supplémentaire

En mathĂ©matiques, plus prĂ©cisĂ©ment en algĂšbre linĂ©aire, deux sous-espaces vectoriels d'un mĂȘme espace vectoriel sont supplĂ©mentaires dans cet espace si tout vecteur de l'espace se dĂ©compose de façon unique en une somme de vecteurs de chacun des deux sous-espaces.

L'existence d'une telle décomposition pour tout vecteur revient à dire que la somme des deux sous-espaces est égale à l'espace tout entier, et l'unicité équivaut à ce que cette somme soit directe (ce qui se caractérise par le fait que l'intersection des deux sous-espaces est réduite au vecteur nul).

Confusion fréquente

La notion de supplémentaire est souvent confondue avec la notion ensembliste de complémentaire qui est trÚs différente. Les différences entre les deux notions sont nombreuses. Tout d'abord, il y a unicité du complémentaire, alors que pour un sous-espace donné, il existe généralement une infinité de supplémentaires différents. Ensuite, l'intersection d'un sous-espace avec un supplémentaire n'est pas vide mais contient le vecteur nul (et uniquement celui-là). Par ailleurs, le complémentaire d'un sous-espace vectoriel n'est jamais un sous-espace vectoriel. Enfin, la réunion d'un sous-espace et d'un supplémentaire n'est pas égale à tout l'espace, plus subtilement, elle engendre cet espace. De façon intuitive, deux sous-espaces supplémentaires contiennent exactement l'information dont on a besoin pour reconstituer l'espace entier.

DĂ©finition

Dans toute la suite de l'article, et sont deux sous-espaces vectoriels d'un mĂȘme espace .

DĂ©finition — et sont supplĂ©mentaires (dans ), ce que l'on note , si tout vecteur de s'Ă©crit de maniĂšre unique comme la somme d'un vecteur de et d'un vecteur de :

CritĂšres

ThĂ©orĂšme — Les propriĂ©tĂ©s suivantes sont Ă©quivalentes :

  1. F et G sont supplémentaires ;
  2. L'application somme F×G → E, (u, v) ↩ u + v est bijective, autrement dit (puisqu'elle est toujours linĂ©aire sur l'espace vectoriel produit F×G) c'est un isomorphisme d'espaces vectoriels ;
  3. E = F + G et F ∩ G = { 0 } ;
  4. Il existe un projecteur q de E (c'est-à-dire un endomorphisme de E vérifiant q∘q = q) de noyau F et d'image G ;
  5. Il existe deux projecteurs p et q de E dont la somme vaut l'identité et dont les images respectives sont F et G ;
  6. Il existe une base de F et une base de G dont la juxtaposition forme une base de E ;
  7. La restriction à G de la surjection linéaire canonique de E sur l'espace vectoriel quotient E/F est bijective.

En dimension finie, on en déduit d'autres critÚres, dont le plus utile est le suivant :

Si E est de dimension finie alors F et G sont supplémentaires si et seulement si F ∩ G = { 0 } et dim(F) + dim(G) = dim(E).

Propriétés

Le critĂšre 2 prouve le cas particulier suivant de la formule de Grassmann (en dimension finie ou infinie) :

si F et G sont supplémentaires dans E, alors dim(F) + dim(G) = dim(E).

Le critÚre 6 fournit un procédé simple pour construire deux sous-espaces supplémentaires : couper une base de E en deux parties complémentaires et prendre les sous-espaces engendrés par ces deux parties. En matiÚre de base, on réduit ainsi la notion de supplémentaire à celle de complémentaire. Si on part d'une base de F et qu'on utilise le théorÚme de la base incomplÚte pour construire une base de E, les vecteurs qu'on a, ce faisant, ajoutés à la base de F engendrent un supplémentaire de F. Ainsi,

tout sous-espace F de E possÚde des supplémentaires[1].

Le critÚre 7 prouve que tout supplémentaire de F dans E est isomorphe à E/F. Ainsi,

tous les supplémentaires de F dans E sont isomorphes.

Ils ont donc la mĂȘme dimension, finie ou infinie. Cette dimension commune est appelĂ©e la codimension de F dans E.

Supplémentaire topologique

Dans un espace vectoriel normé[2] ou plus généralement dans un espace vectoriel topologique[3] E, deux supplémentaires algébriques F et G sont dits supplémentaires topologiques si l'une des conditions équivalentes suivantes est vérifiée :

  • la bijection linĂ©aire continue + : F×G → E est un homĂ©omorphisme ;
  • F et G sont fermĂ©s et la restriction Ă  F de la projection de E sur E/G est un homĂ©omorphisme ;
  • F et G sont fermĂ©s et le projecteur d'image F et de noyau G est continu.

Si E est un espace de Banach[4], il suffit pour cela que les supplémentaires algébriques F et G soient fermés[2] - [5].

Dans un espace vectoriel normé, tout sous-espace de dimension finie[6] et tout sous-espace fermé de codimension finie admet un supplémentaire topologique[5].

Le problÚme de déterminer, parmi les sous-espaces fermés de tel ou tel espace de Banach E, lesquels possÚdent un supplémentaire topologique, a été trÚs étudié[7] - [8]. Ils en possÚdent tous si et seulement si[9] E est topologiquement isomorphe à un espace de Hilbert. Il est isométriquement isomorphe à un Hilbert si[10] (et seulement si) tout sous-espace fermé est l'image d'un projecteur de norme 1.

Notes et références

  1. Dans le cas oĂč la dimension n'est pas finie, cette construction utilise le lemme de Zorn (indispensable pour prouver l'existence d'une base, et a fortiori pour le thĂ©orĂšme de la base incomplĂšte), et donc l'axiome du choix qui lui est Ă©quivalent.
  2. (en) Mohammad Sal Moslehian, « Complemented Subspace », sur MathWorld.
  3. N. Bourbaki, ÉlĂ©ments de mathĂ©matique : Espaces vectoriels topologiques, Masson, , p. I.4.
  4. ou plus gĂ©nĂ©ralement un espace vectoriel topologique mĂ©trisable et complet sur un corps valuĂ© non discret : N. Bourbaki, ÉlĂ©ments de mathĂ©matique : Espaces vectoriels topologiques, chap. 1 Ă  5, Springer, (lire en ligne), p. I.5
  5. Démontré par exemple dans cet exercice corrigé du chapitre « ThéorÚmes de Banach-Schauder et du graphe fermé » sur Wikiversité.
  6. (en) Bernard Beauzamy, Introduction to Banach Spaces and their Geometry, North-Holland, (lire en ligne), p. 104-105.
  7. (en) Mohammad Sal Moslehian, « Complementary Subspace Problem », sur MathWorld.
  8. (en) M. S. Moslehian, « A Survey on the Complemented Subspace Problem », Trends in Math., vol. 9, no 1,‎ , p. 91-98 (lire en ligne), arXiv:math/0501048.
  9. (en) J. Lindenstrauss et L. Tzafriri, « On the complemented subspaces problem », Israel J. Math., vol. 9,‎ , p. 263–269, lien Math Reviews.
  10. (en) S. Kakutani, « Some characterizations of Euclidean space », Jap. J. Math, vol. 16,‎ , p. 93–97.

Article connexe

Supplémentaire orthogonal

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.