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Sommet des Amériques de Québec

Le Sommet des Amériques a lieu dans la ville de Québec, au Canada les 20, 21 et et est le lieu des pourparlers concernant la proposition de zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). Le sommet est également connu pour l'ensemble des dispositifs de sécurité mis en place pour l'événement et pour les nombreuses manifestations civiles qui entourent les négociations.

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Progrès des négociations

Cette rencontre était la troisième entourant le processus de négociation de la ZLÉA après celles de Miami, aux États-Unis en 1994 et de Santiago du Chili, au Chili en 1998. Tous les chefs de gouvernements des Amériques étaient présents, excepté Cuba. Le motif officiel de l'exclusion de Cuba est sa non-conformité au critère selon lequel seuls les chefs d'État démocratiquement élus pourront participer aux négociations. Cependant, beaucoup de critiques soutiennent qu'il s'agit d'un prétexte pour écarter Cuba de la Zone de libre-échange, puisque son inclusion rendrait l'embargo américain désuet. En partie en raison de la résistance d'Hugo Chavez, président du Venezuela nouvellement élu en 1998, aucun accord ne fut entériné lors du Sommet de Québec.

Mesures de sécurité

Depuis le début, les autorités avaient indiqué leur intention d'utiliser des mesures de sécurité très contraignantes afin de restreindre l'accès au site de la rencontre par les manifestants des différents mouvements altermondialistes, en réaction aux rencontres de Seattle (), Prague () et Montréal ().

L'érection d'une clôture de sécurité de près de trois mètres de haut, et de près de quatre kilomètres de long, entourant une partie du centre-ville, incluant la zone des négociations et plusieurs résidences, fut probablement la mesure la plus controversée et décriée de la rencontre. Seuls les résidents de la zone, les délégués au sommet et certains journalistes accrédités s'étaient vu accorder le droit d'entrée à l'intérieur du périmètre. Les églises et magasins s'étaient vus interdire le droit d'ouvrir leurs portes.

Les forces de sécurité furent fournies par la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), en collaboration avec les Forces armées canadiennes et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Protestations contre le sommet

Protestations contre le Sommet des Amériques de Québec
Informations
Date --
Localisation Québec Drapeau du Canada Canada
Caractéristiques
Organisateurs
  • Convergence des luttes anticapitalistes
  • Comité d’accueil du Sommet des Amériques
  • Opération Québec printemps
  • Groupe opposé à la mondialisation des marchés
Nombre de participants plus de 50 000[1]
Types de manifestations
Bilan humain
Morts 0
Blessés plus de 431[1]
Arrestations 463[1]

Les mouvements de protestation contre le Sommet de Québec (aussi appelés A20) rassemblent plus de 50 000 manifestants provenant de partout en Amérique. Les groupes représentés aux manifestations sont nombreux, dont, entre autres, l'organisation environnementale Greenpeace, le Conseil des Canadiens, le Nouveau Parti démocratique (NPD) le Parti québécois, le Parti communiste du Canada section Québec, le Rassemblement pour une alternative politique, le Parti de la démocratie socialiste, le Parti communiste révolutionnaire et de nombreux groupes anticapitaliste, syndicaux, étudiants, communautaires et féministes provenant de l'ensemble de l'hémisphère.

Marche dans la « zone verte » sur l'autoroute Laurentienne, en direction d'un rassemblement civil près du Colisée de Québec
Manifestation à l'intersection du boulevard Honoré-Mercier et de la rue Saint-Jean le 21 avril 2001. La fumée provenant des gaz lacrymogènes et la barrière de sécurité peuvent être aperçus sur cette image.

En plus des visées politiques du mouvement altermondialiste, les grands médias portent leur attention sur la division de la ville avec la barrière de sécurité et la répression policière qui entoure les manifestations.

Les manifestants commencent à arriver à partir du 20 avril. Plusieurs de ceux-ci sont accueillis à l'Université Laval, sur les campus des Cégeps de la région ou dans les églises. Dans l'après-midi du vendredi des militants « plus décidés que les autres » et très bien organisés réussissent à renverser le mur du périmètre de sécurité près du Grand Théâtre. Plusieurs manifestants entrent ainsi dans la zone sécurisée déclenchant des affrontements avec le cordon policier. Ce dernier finit par céder sous la pression des manifestants et cède sa place à une deuxième ligne de policiers, tous équipés de masques à gaz. Sans avertissement, une pluie de bombes lacrymogènes s'abat sur les manifestants[2], y compris ceux n'ayant pas franchi la clôture de sécurité. Plusieurs rassemblements pacifiques, comme un concert et un dîner végétarien sous l'autoroute Dufferin-Montmorency ont aussi lieu. Durant la nuit de multiples altercations et quelques actes de vandalisme sont commis.

Le deuxième jour des protestations a lieu le samedi 21 avril. La journée débute avec l'ouverture du second Sommet des Peuples, un rassemblement éducatif et politique près de la Gare du Palais, dans la Basse-Ville à l'est du site du sommet. Depuis cet endroit, entre 25 et 30 000 manifestants marchent sur le boulevard Charest en direction nord-ouest, vers la rue de la Couronne. Un autre groupe de participants à cette grande marche débutent leur marche de l'université Laval en passant par le Cégep de Sainte-Foy pour rejoindre un important contingent réuni au Musée national des beaux arts sur les plaines d'Abraham. Le total de ces manifestants est évalué à entre 50 000 et 65 000 personnes.

Les protestations sont divisés en trois zones[3].

  • La "zone verte", caractérisant un lieu de manifestation légal et familial sans aucun risque d'arrestation;
  • La "zone jaune", manifestation pacifique et non sanctionnée mais comportant certains risques d'arrestation ou d'affrontements avec la police;
  • La "zone rouge", lieux de désobéissance civile comportant un haut risque d'arrestation.

Ce système fut développé après les manifestations qui ont eu lieu à Montréal en novembre 2000. Quoique se voulant pacifique avec un faible taux d'arrestation, celles-ci furent violemment réprimées par la police anti-émeute, à dos de cheval. Ce système de zones fut prévu afin de protéger ceux qui ne souhaitent pas se retrouver en état d'arrestation ou dans un lieu d'affrontements avec la police.

Arrivé à la rue de la Couronne, la marche se divise[2], emportant une majorité de protestants vers la "zone verte" au nord, vers le rassemblement prévu devant le Colisée de Québec. Plusieurs autres décidèrent de se rendre dans les zones jaunes et rouges au sud. Parmi les premiers, nombre d'entre eux se disséminent à travers l'aire Saint-Jean Baptiste; d'autres marchèrent en suivant la Côte d'Abraham vers l'intersection avec l'autoroute Dufferin-Montmorency[2], à travers laquelle la clôture passe. Des affrontements entre policiers et manifestants[2] se déroulent durant toute la journée et plusieurs brèches dans la barrière de sécurité sont ouvertes.

Même si initialement justifiable, la répression policière devint bientôt sans limites. Les gaz lacrymogènes et les lanceurs de balles de plastique furent utilisés sur les rassemblements pacifiques et sur des citoyens de la ville non impliqués dans les mouvements de protestation. Des bombes lacrymogènes furent larguées si près de la zone verte que des gens faisant leurs courses sont forcés de quitter les lieux, étouffant dans les fumées. Une bombe est même larguée à l'intérieur d'une résidence, où son occupant doit rapidement mettre son enfant de six mois à l'abri des gaz..

La répression policière prend plusieurs formes : en plus des gaz lacrymogènes largement utilisées, la police utilise à plusieurs reprises un canon à eau et tire des balles de plastique pour disperser les manifestants(incluant les équipes médicales affairées à aider les blessés). La Gendarmerie royale du Canada A utilisé 3 009 canettes de gaz lacrymogène et tiré 502 balles de caoutchouc et la Sûreté du Québec 1 700 bombes lacrymogènes et 320 balles de caoutchouc[4].

Parmi les autres formes d'interventions tactiques de la part des forces policières, on dénombre notamment les arrestations ciblées de figures connues des mouvements d'opposition et l'expulsion du centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ). Le gaz lacrymogène est à ce point utilisé que les délégués à l'intérieur même des lieux de la réunion sont incommodés par la fumée.

Les protestations continuent durant la nuit. En parallèle des manifestations pacifiques et des nombreux actes de désobéissance civile, quelques manifestants s'en prennent aux devantures de magasins et aux panneaux publicitaires. Le largage de bombes lacrymogènes continue, même en des endroits où aucune protestation n'avait lieu, tout comme les affrontements directs avec les manifestants.

Les manifestations prennent fin le dimanche 22 avril, avec la fin de la rencontre.

Réponse aux événements

La police se justifie en disant que ses actions visaient à protéger les délégués des tentatives d'infiltration de manifestants en "zone rouge" à travers la barrière de sécurité et à prévenir certains manifestants violents de s'en prendre à la propriété d'autrui, à la police, aux médias ou même aux autres manifestants. Entre 12 et 40 policiers auraient été blessés[5] - [6].

Plusieurs manifestants accusent la police d'avoir utilisé une force excessive, disant que l'usage de gaz lacrymogènes et de balles de caoutchouc était complètement disproportionné au niveau de violence rencontré sur place et que souvent, ceux-ci furent utilisés contre des manifestants pacifiques. Plusieurs personnes furent blessées par les balles de caoutchouc et de plus, disent-ils, les bombes lacrymogènes furent souvent larguées directement sur des manifestants, en violation des protocoles régissant leur utilisation. Un manifestant, touché par deux balles de caoutchouc, qui a subi une fracture du larynx poursuit la SQ[7]. Plusieurs critiquent également les actions des autorités des centres de détention. Globalement, le mouvement altermondialiste décrit les actions de la police durant le Sommet de Québec comme une tentative de suppression de la dissidence et du droit d'opinion.

Les opérations des services secrets sont également très critiquées : par exemple, Joan Russow, alors le chef du Parti vert du Canada, est arrêté en tentant de photographier la prison où les manifestants seront détenus par la suite. Certains disent également que des manifestants de renom, tels Jaggi Singh furent arrêtés par des agents en civil alors qu'ils participaient à des actions légales loin des affrontements avec la police.

Une plainte officielle envers la GRC fut formulée par le député néo-démocrate Svend Robinson[4].. Le , la présidente de la Commission des plaintes publiques à la GRC, Shirley Heafey, déclara:

« [...] les membres de la GRC utilisèrent une force excessive et injustifiée dans leur usage de gaz lacrymogène pour déplacer les manifestants quand une réponse plus appropriée aurait pu être mise à l'épreuve en premier. »

La commission recommanda notamment une amélioration des techniques de contrôle des foules, une action disciplinaire contre certains agents et des excuses formelles aux manifestants.

Notes et références

  1. Catherine Bouchard, « Il y a 15 ans, Québec était assiégée », sur journal de quebec, (consulté le )
  2. « Du 16 au 22 avril 2001, Québec voit s’affronter deux visions de l’avenir des Amériques », radio-canada.ca, (lire en ligne).
  3. « 20 ans après, que reste-t-il du Sommet des Amériques? », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le )
  4. « Interventions au Sommet des Amériques : la GRC sévèrement critiquée », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le )
  5. "Nouvelle nuit d'émeute à Québec", 22 avril 2001, LCN
  6. "Les principales manifestations altermondialistes depuis 1999", Le Nouvel Observateur
  7. « Sommet des Amériques: un manifestant poursuit la SQ », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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